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Dragon-Mother, what big teeth you have !


FORT FORT LOINTAIN

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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyJeu 4 Sep - 18:08


L
a journée avait si bien commencé.
Ses prémisses avaient irradié la contrée d'une nitescence poétique, d'un dégradé qui force la contemplation et convie étrangement à l'introspection. Les teintes aurorales s'en étaient venues transpercer les rideaux diaphanes, invitées par les persiennes que nul n'avait pensé – ni voulu – à clore la veille. Les souffles au diapason, le silence  à savourer comme une parcelle d'ambroisie avant que le chaos ne vienne l'étêter, une harmonie adorée dans l'alcôve conjugale qu'elle n'aurait désiré quitter pour rien au monde. Les voies olfactives étourdies par la fragrance du quidam au crin bistre alité à ses côtés, ses lippes s'étaient évasées durant son sommeil, mimant un sourire contenté que son subconscient avait accroché sur son minois de gypse blanc. Une sorgue quiète, sans un fracas, sans une mouvance inopportune, une utopie qu'elle savait pertinemment éphémère. Ce fut la raison pour laquelle ses bras avaient pris soin d'étreindre un peu plus le galbe qu'ils tenaient, un soupir – l'annonce de l'éveil, elle avait senti gesticuler, puis ses cils avaient battu l'air pour enfin dévoiler le jade irien qui s'était caché sous les paupières. A l'instar d'un félin veule, elle s'était étirée, pour mieux se complaire dans sa position, avant d'élever son menton en direction du faciès masculin. Elle avait eu le loisir de lui voler un regard, une risette, puis une salutation matinale, avant que l'huis ne s'ouvre pour faire apparaître un chapelet de crânes aux houppettes brunes, qui s'étaient ensuite hâtés de bondir sur les dunes formées par les couvertures pour réveiller leurs géniteurs si cela n'avait pas été chose faite. Toutefois, même si l'arrivée avait été tonitruante, les six bambins s'étaient allongés pour un instant de tendresse et de rires entremêlés – elle avait remercié les cieux pour cela, car combien de fois s'étaient-ils fait tirer hors du lit par des bouts de mutants impatients ? Et tous ensemble, ils avaient profité du plaisir simple qu'était l'amour familial, car il n'en fallait souvent guère plus pour atteindre l'ataraxie. Elle s'était même plu à rêver qu'aujourd'hui, ils seraient sages à s'en damner, qu'ils n'ajouteraient aucune catastrophe à leur longue liste de succès. Durant un instant candide, elle y avait sincèrement cru. Dommage.
La journée avait si bien commencé.


Et la cohorte de diables sur ressorts s'était allègrement vengée  de ce commencement tout en douceur. Elle avait presque envié L'Âne qui se devait déjà d'être à pied d'oeuvre dans le restaurant qui, comme un énième enfant trop capricieux ou une amante envahissante, n'attendait jamais. Mais elle ne lui en tenait pas rigueur, il n'avait pas érigé sa réussite sur l'apathie ou la procrastination, il suait sang et eau pour être digne de ses proches et de la notoriété de La Fleur Bleue Epines Rouges. A chacun ses besognes, même si la sylphide n'aurait pas refusé une aide quelconque. Manque de chance cependant, ni Doris ni Shéhérazade n'avait répondu présente, toutes deux assignées à d'autres occupations, ce qu'elle comprenait amplement. Et si elle avait cru pouvoir compter sur leur subordination filiale pour les emmener flâner dans les environs de la ville, elle s'était lourdement fourvoyée.

« Coco reviens ici ! Mais ! Arrête de taper sur ton frère ! Parfait, les pommes de pin, ça ne se mange pas ! Suzette, Eclair, descendez de cet arbre, tout de suite ! Ah ! Non, Cacahuète, non, attention le collier de mamGROOOOAARRR. » Elle eut tout juste le temps de faire claquer sa paume sur ses lèvres desquelles avait résonné un grognement guttural qui n'aurait rien eu à faire dans le gosier d'une dame, et pourtant ! Un tintement significatif avait hurlé à ses tympans, son pendentif – non, son Charnel et donc son passeport pour Fort Fort Lointain venait de se briser. Elle vit la fiole choir de son buste, et il ne fallut pas plus d'une poignée de seconde pour que ses délicates phalanges se muent en griffes affilées. Elle lâcha aussitôt son fils pour se sentir croître, et avant qu'elle n'ait pu prononcer un traitre verbe, il était déjà trop tard. La truffe bien trop loin du sol, elle passait outre les frondaisons alentours et plus aucun mot intelligible ne sortait de sa bouche. Le derme d'albâtre était devenue écailles purpurines, plus de cataracte bistre en guise de coiffe, mais d'imposantes cornes qui ne raviraient pas la régente du royaume si elle venait à les voir. Dans son idiome draconique, Dragonne se lamenta, elle mira ce qu'elle pouvait de sa silhouette transformée sans parvenir à croire qu'un tel incident lui arrivait séance tenante. Pis encore, puisque sa progéniture en profita pour s'esbigner à travers arbres et rocailles pour disparaître de son champ de vision, et si leur mère s'apprêta à s'élancer à leurs trousses, elle fut stoppée dans son élan. Si des citadins l'apercevaient dans pareils atours, c'était l'exil plus que son époux qu'elle risquait d'embrasser, une perspective tout bonnement inconcevable.

Sentant la panique poindre, l'auguste créature se mit à ratisser le par terre avec prestesse, maudissant intérieurement cette forme qu'elle aimait usuellement tant. Usuellement, oui, mais pas ici, pas ainsi, même si dans une encoignure de son esprit, elle ne put s'empêcher de songer que tout serait infiniment plus aisé si cette loi inique sur le paraître n'avait pas été instaurée. Ils n'auraient alors pas besoin de se tapir au revers d'une apparence captieuse, ils pourraient être Eux, comme dieu les avait fait. Mais ce n'était pas le temps des doléances, du moins, pas sur ce sujet-ci, car elle distingua dans une crevasse l'éclat caractéristique du sortilège embouteillé. Elle tenta, du bout de la griffe, de se frayer un sentier dans la fissure beaucoup trop étroite pour qu'une quelconque partie de son corps puisse s'y glisser. Furieuse, ses narines expectorèrent involontairement deux flammèches, puis elle redressa le chef, en quête d'une solution d'urgence. Aux grands maux les grands remèdes, il lui fallait tout de go partir à la recherche d'un individu enclin à lui venir en aide, car sans un acolyte plus chétif qu'elle ne l'était, elle n'osait imaginer les conséquences de cette innocente badauderie. Avant de déployer ses ailes, elle pria pour que peu de gens la voient, et que ceux-là n'aillent pas immédiatement conter ce qu'ils avaient vu émerger de la sylve. Elle prit enfin son essor, rasant les feuillages pour voleter le plus bas possible, et la Providence lui sourit lorsqu'elle distingua une forme humanoïde en train de traverser la clairière. Ni une, ni deux, elle fendit vers lui, son ombre colossale trahit sa discrétion en passant sur sa proie qui put ainsi la voir. Avant qu'il n'ait réagi, la patte écarlate le prit en étau, raclant brutalement le sol pour y creuser de profonds sillons et l'emporter lui – ainsi qu'un morceau dudit sol – vers la voûte céleste. Elle n'avait pour l'heure cure de qui il pouvait bien être, les explications et remerciements viendraient après le sauvetage, car elle repartit vers son point de départ.

Une fois revenue sur les lieux, elle prit cette fois garde à ne pas traumatiser son convive plus qu'il ne devait déjà l'être, et plutôt que le relâcher nonchalamment sans se tourmenter de sa réception, elle atterrit, et le déposa précautionneusement devant elle. Il s'agissait d'un bel adonis aux allures de corsaire, dont le visage lui était par ailleurs familier. De toute sa hauteur, elle l'observa, traquant la moindre brèche pour sonder l'âme du malheureux qui se retrouvait face à un interlocuteur peu banal. Comment lui signifier, à présent, qu'elle avait cruellement besoin de ses services ? Le dialecte humain était peut-être alambiqué, mais au moins, il était compréhensible par tous ou la majorité, alors que sa parole ne ressemblerait maintenant plus qu'à des râles animaux et horrifiants. Elle essaya malgré tout, sa gueule jalonnée de crocs acérés s'ouvrit béante et elle rauqua, dispersant un arôme de soufre autour d'elle en plus de faire fuir les oiseaux nichés dans les ramures avoisinantes. Quelle serait la prochaine scène de cette drôle de saynète ? L'éphèbe allait-il la confronter, ou essaierait-il de s'échapper ?
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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyVen 5 Sep - 14:17




Dragonne et Sinbad
The weak are meat, and the strong do eat.

Il touche les nuages, il doit être mort. Quelle sensation étrange que de voler, c'est vrai que tout paraît plus beau vu d'en haut que l'on pense être le roi du ciel, du soleil et pouvoir tout manipuler. Sauf que Sinbad, pour le coup il manipule strictement rien, pas même ses mouvements. Ses yeux sont écarquillés et fixent la forme qui l'emporte avec fougue vers un lieu dont il ne connaît peut-être même pas l'existence. L'instant d'avant il était plus de vingt mètres en dessous, dorénavant il se retrouve au même niveau que les oiseaux qui guettent avec intelligence une quelconque proie à attraper. Qui est-il exactement tout de suite ? Une victime qui va se faire gober par ce qui semble être un lézard géant. Pas de plumes, encore moins un sifflement pour le rassurer en se disant que ce n'est qu'un aigle qui a eu la chance de pouvoir être énorme. Bêtise. Un dragon. C'est ce qui manquait à sa longue liste de ce qu'il n'avait pas encore eu la chance de concrètement affronter. Un dragon. Il a croisé des serpents géants, vaincus des éléphants aussi grands que des montagnes, a eu le respect venant d'un peuple cannibale, cependant, un dragon ? Vraiment ? Il devrait penser à se faire exorciser par une sorcière blanche, qu'enfin sa malchance le laisse de côté pour s'attaquer à quelqu'un d'autre. Sur l'instant, le marin il se rend même pas compte de la situation dans laquelle il est actuellement, il en rirait presque de nervosité. Ce doit être un cauchemar. Pourtant, la matinée ne semblait pas lui réserver un sort aussi funeste, encore moins le midi, et passons seulement l'après-midi ! Lui qui souhaitait décuver de la veille qui avait été forte en émotions avec tout son équipage, le rhum avait coulé à flots autant que les chansons paillardes, il s'était levé avec la tête dans un état plus que mémorable. Ce qu'il savait, c'est qu'il avait foutrement mal, avait besoin d'air. Mal réveillé, mal embouché, mal tout. Sinbad prétend qu'il perd la raison, qu'il se retrouve présentement dans sa couche et que rien de cela ne s'est déroulé. C'est faux, tout est faux, il aime bien se mentir pour relativiser une situation. D'un seul coup ses organes décident de s'activer en même temps, témoin d'un réalisme qui le prend à la gorge. Ses poumons se compressent, son coeur redouble de vitesse autant que ses muscles qui se crispent. Encore dans les airs, il se retrouve avec sa main droite, à enfoncer l'ongle de son index dans la chair de son pouce. Il se fait souffrir. Paraît que ça marche quand on veut se réveiller en sursaut. Rien n'y fait. Il recommence une fois, puis deux, puis trois, ça ne sert à rien si ce n'est de faire rougir son épiderme déjà atteint par les méfaits du temps. Il s'attend à se faire déchiqueter, se retrouve à prier pour un Dieu auquel il ne croit pas, se veut à faire un mélange des souvenirs qu'il a emmagasiné durant ces trente-quatre dernières années. Sinbad Septmers doit s'avouer vaincu par bien plus fort qu'il n'a jamais pu voir. Qu'est-ce que la bête choisira ? Les flammes ou les crocs pour le servir en déjeuner ? Pinçant sa lèvre inférieure, son attention valdingue d'un endroit à un autre, cherchant un dernier espoir de fuite. Même si c'est inutile, il est naturel qu'un être humain ou tout ce qui s'en rapproche cherche à trouver sa porte de sortie, nul ne s'avoue à terre avant d'avoir eu la tête coupée.
La peur, ma douce amie, ça faisait un bail.
Le dragon décide d'avoir pitié de lui, ou bien de jouer avec sa carcasse sanglante avant de l'avaler comme un légume. Un mortel ça craque sous la dent de ce qu'il a entendu dire, c'est même pas trop dégoûtant, bien que des tas de personnes comme dernier recourt disent qu'ils sont ignobles pour faire fuir la bête sauvage. La terre lui semble bien basse d'un seul coup, ses pieds retombent avec finesse sur l'herbe, quant au lézard immense il se décide à tout juste reculer. Enfin, il peut le voir dans toute sa splendeur - mâle ou femelle ? C'est pas comme s'il avait le temps de vérifier -, des écailles rappelant la couleur des framboises, des cils papillons qui battent à la vitesse d'un colibri et une gueule pouvant attraper toute une armée de chevaliers. Sinbad fronce les sourcils, il devrait se tirer comme toute personne normalement constituée. Cependant, il est tétanisé et en plus se décide à pousser sa réflexion le plus loin possible. Il l'a déjà vu ce monstre cracheur de feu, il y a quelques années encore alors qu'il souhaitait visiter les tréfonds de la capitale et ses alentours. La forêt enchantée n'avait pas été suffisante, alors il avait marché des vivres sur le dos et était tombé sur un château aniline, posé lui-même sur de la lave en fusion. Il devait être complètement cinglé, inconscient pour avoir eu le courage de rentrer dedans, et c'est là qu'il avait vu ce dragon. Exactement le même, pas de rides en plus malgré les années écoulées, il avait essayé de ne faire qu'une bouchée de son invité au départ. Étonnamment, il fut relâché et survécut à cette mésaventure qui signait à nouveau son contrat de guigne. S'il n'avait pas pris le temps de s'attarder sur la dégaine de la bête, dorénavant il le peut. « Toi ? » Il peut comprendre, enfin, plutôt elle. Parce que maintenant qu'il est planté dans l'herbe comme une pousse, il remarque des détails qui ne manquent pas de frapper dans ses prunelles sombres, des faits qui ne sont pas à refaire. Une femelle dragon, une dragonne. Il ne doit y avoir pire comme assemblement sur terre que celui-ci. Parler à un homme s'avère plus simple quand il s'agit de faire exploser au grand jour les malaises, quant à une donzelle ? C'est autre chose, il faut savoir les manier avec parcimonie pour ne pas blesser cet être délicat et bourré de nerfs qui peuvent d'un moment à un autre s'emballer. « Que - ? » Se coupant seul dans son propre élan, Sinbad a déjà perdu le fil sans même avoir cherché à le retrouver. Les grognements de la dragonne s'éparpillent en écho contre les arbres lointains pour mieux s'incruster dans l'âme du malheureux.  « Si ton but est de vouloir rattraper la méprise de notre première rencontre, je n'y tiens pas. » Il sait pas ce qu'il raconte, ça sort naturellement parce que y'a tout qui s'affole dans son corps. A son tour il recule de plusieurs pas, lui permettant de voir avec plus d'exactitude l'être époustouflant qui l'a ramené ici. Il voudrait disparaître, se mettre le visage sous le sol au même titre qu'une autruche. Peut-être peut-il essayer une autre feinte ? Elle aurait déjà pu s'occuper de son cas il y a des tas de minutes, elle n'en a rien fait. Par conséquent, il pourrait éventuellement filer sous ses naseaux ? « En tout cas, je te remercie pour cette balade aérienne, à la revoyure ! » Qu'il rajoute tout en faisant un mouvement de main sur son front, comme pour faire ses adieux à un ancien capitaine du ciel. Sa destination se veut toute faite, pas besoin de réfléchir plus longtemps à comment retourner à la capitale. Ses pas sont rapides sans pour autant être de la course, il contourne la bête tout en suppliant son karma de lui lâcher la grappe pour aujourd'hui, il aura qu'à lui remettre le double en mer. Un dragon bon sang. Un dra-gon. Ses hommes croiront jamais cette petite nouvelle, surtout s'il n'enjolive pas les chapitres. Un dragon qui s'est subitement jeté sur lui pour d'obscures raisons qu'il dira comme ça, comme ci, comme le hasard le voulait voilà tout. Sauf que forcément, y'a un truc qu'il a pas prévu c't'idiot.
Son calvaire est loin d'être bouclé.
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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptySam 6 Sep - 22:33


L
e rêve devenait mauvais songe, une belle ironie du sort que se languir chaque jour nouveau de sa forme originelle pour finalement s'y faire encelluler. En d'autres circonstances, en d'autres lieux, elle aurait flirté avec la félicité en ayant les pattes griffues, les tempes cornues et des excroissances dans le râble enclines à la porter par-delà les nues. Ressentir cette chaleur incandescente dans son abdomen, comme si ses poumons faisaient office de foyer pour le plus alouvi des feux, était une sensation grisante. La fragrance des braises était à ce point capiteuse que s'il n'y avait pas eu drânons à retrouver, elle se serait peut-être octroyée une flânerie lointaine, un semblant de pèlerinage pour se remémorer ce que cela était d'être un dragon. Une folie dont il n'était pas même question, pas alors que le bien-être de son entière famille dépendait de ses agissements, car l'autorité royale ne pardonnait aucune incartade, elle le savait pertinemment. Ecartelée entre plaisir de la transformation et inquiétude quant aux hypothétiques conséquences, elle voyait presque trouble, ne savait plus vers quel désir diriger son museau. Mais même avec la plausibilité de planer à travers les nuages, il lui fallait rester terre à terre, et ne pas se surprendre l'envie de goûter à la carne du quidam devant elle. Une friandise, qu'il était à ses prunelles de géant reptile, mais une friandise salvatrice qui ferait la différence. Le fait qu'il n'ait pas encore pris ses jambes à son cou dans une impulsion épeurée était de meilleur augure qu'elle ne l'aurait imaginé, nonobstant sa mimique épouvantée et les pulsations du minuscule organe qu'elle aurait quasiment pu ouïr depuis sa place. Sans doute était-ce peur et surprise qui le rendaient ainsi perclus, c'était à se demander si sa volonté ou son sens commun n'avait pas profité de leur essor pour s'évaporer dans les cieux. Tous deux se contemplaient, parlant un dialecte tant intangible qu'eux-mêmes s'en retrouvaient dépassés, jusqu'à ce que les lèvres du flibustier ne s'agitent, torchère inespérée dans cet obscur conciliabule sans queue ni tête. Si la bête fut en premier lieu pantoise de tant de familiarité, elle parvint à extirper l'identité de l'éphèbe dans le vortex de ses réminiscences, pour le peu qu'ils se connaissaient. Décidément, cette journée était placée sous d'étranges auspices, les sentiers s'entrecroisaient toujours lorsque l'on s'y attendait le moins, et il fallait espérer que ces retrouvailles soient davantage pour le meilleur que pour le pire.

L'image du corsaire tributaire qui était venu se hasarder dans la forteresse d'antan lui revint, même si plus qu'un baroudeur téméraire, il avait eu l'allure d'un badaud s'étant égaré. Elle ne s'y était d'ailleurs pas trompée, puisque avant que les hostilités n'aillent trop loin, il avait hissé le drapeau blanc en jurant par toutes les mers qu'il était venu sans intention particulière. Dragonne était peut-être un féroce cerbère, mais elle n'avait jamais été dénuée de compassion, et si la tâche à laquelle elle avait consacré sa vie – à savoir la veillance de la princesse Fiona – n'était pas en péril, n'y avait aucune raison pour qu'il trépasse sous ses crocs. En un sens, cette canaille lui était redevable, et c'était là l'opportunité ou jamais d'estomper cette dette. Encore fallait-il qu'elle se fasse intelligible, et si elle eut l'infime espérance que cela marche, elle fut envahie d'un mauvais pressentiment en voyant son vis-à-vis reculer comme s'il possédait des coussinets sous ses bottes. Elle sourcilla, arborant sans le vouloir un faciès menaçant pour le moins inopportun au vu des circonstances, et se redressa aussi lentement que lui s'éloignait. L'estocade vint lorsqu'il annonça, tranquille, son départ imminent, allant même jusqu'à défier l'ubuesque en la saluant. Totalement décontenancée par la désinvolture du geste, elle le suivit du regard sans parvenir à y croire – mais où allait-il, d'un si bon pas ? N'avait-il donc rien compris à l'urgence vitale de la situation ? Et depuis quand tournait-on l'échine à un dragon comme s'il était le plus inoffensif des volatiles ? Nom d'un dragonneau écorné, cela ne se passerait pas ainsi ! La Coeurdebraise secoua le chef comme pour revenir à la réalité, sa gueule se retroussa pour faire luire l'opale de sa denture, puis elle rugit, furibonde, contrariée d'être ignorée de la sorte. Peut-être aurait-elle dû s'abstenir, car l'avertissement térébrant eut un effet instantané sur son prétendu sauveur, qui effectivement, se sauva, sans rien demander de son reste et avant beaucoup plus de prestesse que précédemment. Immédiatement, la donzelle squameuse se hâta à l'action.

En moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire, elle ravala la distance d'un puissant coup d'ailes, et abattit sa patte sur le galbe de l'adonis dans le dessein de le retenir. L'impact souleva un cumulus de poussière qui aveugla temporairement l'assaillante, dont le souffle caverneux résonna telle une prose monstrueuse. Une fois sa vue réhabilitée, elle s'inclina pour distinguer son captif... qui, à son plus grand étonnement, ne se trouvait pas entre ses phalanges. Non sans une certaine frénésie, elle se mit à chercher du regard pour finalement apercevoir une jolie croupe s'esbigner de l'autre côté. Comment diable avait-il fait pour prendre la poudre d'escampette sans même qu'elle ne le remarque ? Avait-il à ce point perdu la main en matière de rixe avec les humains ? Fichtre, diantre – bordel, qu'il allait l'entendre, ce fieffé coquin ! Dans une expiration toujours aussi éraillée, elle fendit derechef les airs pour le rejoindre et tenter de l'appréhender, en vain, puisque ce ne fut qu'un ridicule imbroglio dans lequel elle n'arriva même pas à prendre l'avantage. A chaque fois qu'elle essayait de le saisir, le bougre rivalisait de dextérité et de rouerie pour passer entre les mailles du filet, il bondissait à l'instar d'une sauterelle entre les griffes d'un chat malhabile – elle le sentit même faire varappe sur son long appendice postérieur avant d'en sauter, ne faisant par là qu'accroîtra l'ire d'une Dragonne qui fulmina. Les tentatives devinrent inconsciemment plus violentes, et si elle manqua par quelques fois de l'occire, elle ne s'en préoccupa pas particulièrement. Le pirate parvint en fin de compte à se loger dans la sylve, sous les frondaisons et derrière les troncs trop serrés pour que le bras du reptile ne puisse s'y immiscer. Pour ce qu'elle réussit à introduire, les serres frôlèrent le corsaire mais ne firent que lacérer le sol, avant de se faire substituer par une grande prunelle d'une teinte émeraude qui scruta dans la cache. Le fourbe réussirait à s'échapper s'il se frayait un chemin à travers la forêt, forêt qu'elle ne pouvait décemment embraser sous prétexte qu'il l'avait courroucée. Loin d'abdiquer, la créature écailleuse émit un grognement dévastateur, puis s'envola, n'abandonnant dans son sillon qu'un lourd et inconfortable silence.

Elle prit son mal en patience, attendit que la confiance gagne l'écumeur et que celui-ci se déplace dans l'espoir de sortir de ce cauchemar. De longues secondes s'écoulèrent sans plus de signe d'elle, puis, à l'instant le plus inopiné, elle surgit depuis la voûte céleste. A l'aide de ses paumes et du poids de son corps, elle écrasa et écarta les arbres comme s'ils n'avaient été que de vulgaires fétus, et sa mâchoire plongea vers le jeune homme qu'elle goba. Fort heureusement pour lui, elle veilla à ne pas le croquer ni l'avaler, et rapidement, elle retourna au fameux endroit auquel elle se posa. Sans réel égard, elle expectora l'adonis intact, et avant que ne lui vienne l'idée de repartir sur les chapeaux de roue, elle martela la terre de sa queue pour l'en dissuader. Après un moment, le temps que la trop grande tension dans l'atmosphère se lénifie un tant soit peu, elle mira avec insistance en direction de la crevasse dans laquelle se trouvait son Charnel. Pour illustrer tout le problème, elle se remit à fureter dans la fissure du bout de l'ongle, manifestement trop étroite pour elle. Puis, elle joua de la longueur de son cou pour placer son crâne dans l'échine du quidam, qu'elle gratifia de légers coups de museau pour lui signifier d'agir. Un écho différent de tous les autres naquit du gosier du reptile, un feulement moins agressif, plutôt comme... une manifestation courtoise – une demande d'aide.
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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyDim 7 Sep - 11:35




Dragonne et Sinbad
The weak are meat, and the strong do eat.

L'étude des dragons doit être quelque chose de très intéressant. A ne pas en douter qu'à l'école perdue sur l'île de Graaoul ils étudient ces créatures mythiques qui ne se voient qu'une fois dans une existence. Faut croire que Sinbad est une genre d'exception puisque au total, ça fait deux fois, oui parfaitement, deux fois qu'il recroise cette dragonne au regard perçant. Il pourrait s'étaler sur le fait que c'est le destin qui l'a voulu, il pourrait même affirmer qu'elle ne souhaite plus que lui comme repas pour le midi, malgré tout il ne préfère pas mettre de mot sur cette retrouvaille plus qu'étrange. Qu'est-ce qu'elle lui veut ? C'est tout ce qui tape dans son esprit comme un marteau et l'empêche de parfaitement réfléchir, le marin n'arrive même plus à se demander quel est le chemin exact pour poser ses pompes cirées sur des pierres faisant une route jusqu'à la capitale. Bigre, nom d'une pêche de troll, l'information est toujours pas montée dans sa tête, du moins jusqu'à ce que la bête pousse un hurlement le faisant littéralement sursauter. Il se retourne, n'a pas le temps d'admirer la forme qui s'approche telle une furie pour se débarrasser de son corps qu'il prend déjà les devants. Courir, vite, ne pas la laisser faire ce qu'elle veut de ce pauvre être humain qui au final n'a rien demandé. Ne pourrait-on pas lui foutre la paix une journée ? Il demande rien Sinbad, une journée c'est que vingt-quatre heures qui passent vite, c'est quand le soleil se lève et quand la lune se tape une poilade dans le ciel. Une seule, c'est quoi dans des années de regrets ? C'est rien. Son karma est pas de son avis, il veut même lui en faire voir plus que de toutes les couleurs. Son souffle se saccade, ses muscles font fi de la douleur de ce départ précipité pour le pousser à avoir des ailes. Ou alors ? Non, ce n'est pas lui qui d'un seul coup dévie la gravité pour refaire une tournure d'un film réputé à Fort Fort Lointain qui passe chaque semaine dans le miroir magique, c'est bien les serres de la femelle lézard qui ont eu le coup de génie de le prendre tel un moins que rien. Sauf que ce qu'elle a pas prévu, c'est bien serrer pour lui broyer tout son être, il s'en détache pour mieux s'écraser sur la terre qui forme un nuage de poussières qui perturbe la bestiole écarlate. C'est l'instant propice pour se découvrir sportif de bien grand niveau. Les arbres seront son salut, il s'engouffre dans le petit bois, se jette derrière un tronc et attend. Au loin il peut encore entendre cette donzelle animale qui ne veut clairement pas lâcher le morceau. Si un jour il se décide à faire un journal de bord à l'instar de Kale, il précisera ceci : les dragons sont des bêtes profondément bornées, même quand un obstacle se présente, ils continuent à aboyer comme des dégénérés. Si d'ici là il s'avère qu'il respire encore. Grimaçant lamentablement, ses mains se mettent à serrer l'herbe au même moment il se met à jurer, pester sur le monde entier qui veut sa perte.

Et maintenant ? Se cacher ne mène à rien, elle l'a vu, elle ne va pas partir comme ça sans savoir un petit bras à croquer. Il se redresse derechef en entendant seulement le bruit des piafs qui paniquent, du dragon il n'en voit plus rien si ce n'est une ombre qui s'approche dangereusement. Ah si seulement ils étaient plus petits, ils se feraient moins vite prendre en filature, et surtout ils auraient bien moins de mal à arracher la tête de leurs victimes. A cette idée Sinbad en vient à déglutir, pourquoi est-ce qu'il est encore là ? Il devrait déjà être sur un chemin ou même à La pomme empoisonnée qui ne crachera pas sur un nouveau client totalement déboussolé. Le pauvre idiot, c'est déjà trop tard, il a tout juste le temps de se mettre à faire un mouvement que le voilà déjà dans le noir. Sur l'instant sa matière grise ne se rend pas compte de l'emplacement où il se trouve, à l'intérieur ça sent la viande digérée, ça pique, c'est tout baveux et ça va tâcher sa cape, sa chemise, autant dire tout son attirail pour lui donner la dégaine d'un corsaire. Et là, c'est le drame, sa mâchoire se laisse avoir par la stupeur, sa tout le bas de son visage se détache du reste pour ne donner que des lèvres ouvertes et paralysées par la suite. Ses paupières papillonnent un peu pour avoir une meilleure vision de ce qui se trouve devant lui. Une superbe rangée de dents aiguisées comme des rasoirs. Soit, après le fameux paragraphe sur le caractère des dragons, voici celui-ci sur l'intérieur de ces monstres : ça sent mauvais, il fait chaud comme dans un four et c'est tout mouillé en même temps, clairement, ne vous bernez pas, ce n'est pas de l'eau mais bien de la bave gluante, collante qui fort heureusement n'est pas acide. Encore une fois il ne peut s'étaler plus dans sa thèse que revoilà le retour du jour, étonnement mis à part cette sensation répugnante d'avoir été près d'un bain de restes humains, animaux ou qui sait quoi encore ? S'estimant presque heureux de n'avoir eu qu'un avant-goût d'un sort réservé aux plus hardis il passe ses mains sur le tissu quelque peu tâché pour se débarrasser du maximum possible, alors qu'il fait un pas en regardant avec envie la forêt presque déracinée par la dragonne, elle lui rétorque à sa manière que ce n'est pas la chose à faire en tapant de sa lourde queue, faisant par extension trembler le minable morceau de sol qui les supporte. Elle le veut lui. Pourquoi ? Si seulement elle savait faire autre chose que baragouiner des greuh ou des graouh, la situation aurait été bien plus ludique. Forcément, demander à un être légendaire de tout lui traduire, c'est comme demander à un ogre de prendre un bain une fois par jour : et puis quoi encore ? Pinçant sa lèvre inférieure, ses bras se croisent sur son torse, il ne préfère plus rien ajouter attendant qu'elle fasse ce qu'elle peut pour lui signifier l'objet de son désir. Ce qu'elle fait peu de secondes après, fait à peine bouger ses jambes pour se retrouver non loin d'une crevasse à priori moyenne pour Sinbad néanmoins de faible dimension pour la bête enflammée. Des mimes, c'est ce qu'elle trouve de plus pratique pour lui signifier que y'a un petit problème ici, là pas ailleurs, présentement dans cette fissure qui doit renfermer ce pour quoi elle a ramené le marin ici. A son tour il se rapproche, ayant presque de la peine pour le regard qu'elle lui lance - au moins s'il y a un fait à ne pas dénigrer c'est celui-ci, il est possible de tout faire avec deux yeux expressifs, même les bêtes en ont. Se baissant un tant soit peu pour regarder le trou étroit, il y passe sa main gauche et s'y enfonce. De la pierre, de la pierre, un insecte qui glisse sur le dos de ses doigts le faisant frémir et enfin quelque chose. Ce doit être ça. Relevant le fameux bibelot il n'en croit pas sa vision. Un collier tout ce qu'il y a de plus standard et de vu à Fort Fort Lointain, à priori rien d'alarmant, sauf que le pendentif se veut révélateur comme très discret, et surtout cet entêtement à vouloir le récupérer. Ceci explique cela. « Le charnel, vraiment ? » Elle ne peut toujours pas lui parler. Secouant un peu ses boucles brunes pour se mettre une baffe seulement par esprit, il tend le charme à la créature qui à son simple contact commence à se transformer de manière plutôt conséquente, voire même fascinante. En premier cas c'est sa taille qui change, se faisant de plus en plus ridicule jusqu'à s'arrêter. Son museau se met à rentrer dans son visage, formant par la suite un nez en trompette, de ses griffes il n'y en a plus que des ongles et de sa protection garance qu'une peau fine pouvant accueillir toute blessure à bras ouverts. Une chevelure réglisse tombe agréablement sur ses épaules, de là il ne pourrait dire qu'elle est à l'origine un lézard gigantesque à l’appétit insatiable. De ce qu'il reste du monstre ? Des yeux verts à en faire pâlir d'envie n'importe qui. Sinbad ne bouge pas plus qu'avant, sent son coeur faire un bond violent dans le fin fond de son torse. Marraine la bonne fée a pas prévu dans sa potion étrange un forfait vêtement. La dragonne se trouve face à lui, nue comme un ver dévoilant ses formes au capitaine qui se retourne derechef avant de se prendre un poing en pleine figure pour cause de reluquage non voulu. Fixant un point invisible sur une pierre, il décroche sa cape et la tend vers l'arrière. Il ne bougera pas, il ne fera rien de plus. Certes, elle aurait pu n'en faire qu'une bouchée il y a quelques instants, maintenant elle pourrait encore le frapper pour avoir eu l'audace d'apprécier cette forme vraisemblablement banale. « Hm, avant que tu ne me gifle, je tiens à préciser que je n'ai rien vu - ou presque. Et s'il te plaît, prends cette cape, il serait disons... » Petite pause. « Regrettable que tu tombes malade. » Foutre, il les enchaîne les étourderies le Septmers. Néanmoins y'a un détail qui le perturbe au plus profond de son être. Non pas la forme de la poitrine de la donzelle, ni la taille de ses hanches et encore moins son organisme parfaitement proportionné - quoique hors du principe que sa taille originelle soit un dragon, il aurait pu ne pas se remettre d'une telle dégaine - plutôt le charnel, ses priorités dépassent l'entendement. Pourquoi marraine aurait-elle donnée le droit à ces cracheurs de feu de pouvoir se transformer en mortels ou du moins, d'avoir cette apparence ? Il n'y pige pas grand-chose, même à ce nouvel arrêté qui fait perdre la raison à bien de ses proches, dont Potté qui regrette son pelage roux. Sinbad pourrait en être hilare, alors c'est quoi les contes modernes de nos jours ? C'est le dragon qui vient demander aide à son chevalier ? Si encore le terme chevalier est juste, parce que dans son cas finalement, il n'est qu'un voyageur doublé d'un malfrat ne manquant pas de principes. Ah, Fort Fort Lointain que je t'aime.
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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyMer 10 Sep - 16:34


E
lle osa songer, un instant, à ce qui se produirait si par malheur, le corsaire se détournait de la quête qui lui avait été confiée de manière totalement inique. Elle n'en avait cure de patienter des jours durant pour qu'une âme charitable flâne dans les environs et vole à son secours, mais ses enfants, eux, risquaient de mettre Fort Fort Lointain sens-dessus sens-dessous, et la simple perspective que l'un d'eux puisse se meurtrit en son absence lui mettait le coeur à l'orée des lippes. Avec un peu de chance, un bon samaritain les reconduirait à la Fleur Bleue Epines Rouges auprès de leur géniteur – ce n'était pas comme si cette cohorte de diablotins n'était pas connue de toute la ville avec leurs frasques en kyrielles ininterrompues. Bien plus que son intuition de créature se sachant interdite de présence ici bas, c'était son instinct de mère qui se rongeait les sangs, plus que jamais consciente qu'un accident était bien vite arrivé. Elle était prête à toutes les cabrioles plausibles et imaginables pour se faire comprendre de l'adonis qui aurait eu matière à repartir en courant, bien plus enfiévré par sa survie que par l'idée d'un service rendu même à un dragon. Usuellement, ses mirettes étaient intelligibles à tous, expressives dans leur brasillement et leur teinte smaragdine, c'étaient après tout avec ces gemmes oculaires qu'elle était parvenue à séduire l'homme qui était aujourd'hui son époux. Et pour son plus indicible soulagement, le flibustier se mit à fureter dans la fameuse crevasse, sous son regard psychotique qui mirait la moindre mouvance effectuée. Dieu, elle espérait que la fiole ne se soit point immiscée plus loin dans le sol, auquel cas, c'est du nez du Pinocchio en bois dont elle aurait besoin ! Fort heureusement, elle vit bientôt le Charnel baller au bout des phalanges de celui qui était officiellement son sauveur, ce qui manqua d'ailleurs de lui faire éternuer des flammes de bonheur. L'ironie aurait toutefois été de trop si elle avait involontairement calciné son bienfaiteur, elle se sentit trépigner à l'instar d'un bambin devant une sucrerie tandis que ce dernier peinait à croire à la truculente odyssée qu'il était en train de vivre, puis, il lui tendit enfin son bien, qu'elle récupéra du bout des griffes pour un effet instantané.

Une radiation enchanteresse l'immergea dans une ineffable sensation, semblable à un ressac de chaleur apte à atteindre son âme. Paradoxalement, cette impression qu'un magma l'embaumait dulcifia le brasier qui s'était éveillé en ses entrailles à la seconde où elle avait recouvert sa forme originelle, ses membres ankylosés perdirent de leur volume et de leur singularité reptilienne, bientôt, les frondaisons reprirent leur droit de grandeur et elle sentit derechef la brise sur un derme lisse et sans égide naturelle. La donzelle prit une profonde inspiration, faisant le pantomime d'un poupon dans la nécessité de décoller ses poumons pour goûter à l'air environnant. Son souffle mourut en soupir sur ses lèvres églantines, qui s'évasèrent en une risette rassurée, instinctive. Ses épaules firent quelques cercles pour retrouver leur mobilité, puis ses doigts firent office de peigne et s'infiltrèrent dans le crin d'obsidienne qui cascadait jusqu'aux creux de ses reins. Puis, ses paupières s'ouvrirent, la lueur diurne effaroucha les pupilles qui s'étrécirent pour laisser le jade prédominer les yeux de biche qui papillonnèrent. Non pas qu'elle préférait cette apparence à la précédente, mais au moins, elle passerait inaperçue dans le commun de la contrée. Devant elle, Dragonne observa le pirate qui à présent, s'avérait plus grand qu'elle ne l'était – brusque changement de situation ! Elle lui aurait ployé le plus envoûtant de ses sourires s'il n'avait pas subitement fait volteface pour une raison qui, de prime abord, échappa à la principale intéressée, jusqu'à ce que lui soit aimablement suggérée une sombre cape. Ses tirades lui firent entonner un rire cristallin, et pour la première fois depuis leur rencontre – ou plutôt le rapt du pauvre bougre – son interlocutrice prononça des mots compréhensibles. « Qui eut cru que vous fîtes un si gentilhomme mon bon sieur, certainement pas moi le jour où votre croupe s'est agitée devant ma truffe à travers cette vieille forteresse. » A l'époque, elle s'était persuadée que les humains étaient, à peu de choses près, tous les mêmes, qu'ils n'étaient qu'une légion d'épigones  benoîts et cupides ainsi que les antagonistes naturels des bêtes de son espèce. L'Âne avait été l'exception, justement parce qu'il était un équidé et non pas un homme. Heureusement pour tous, elle avait depuis revu ses préjugés, même si demeuraient certaines habitudes de ce peuple qui lui échappaient encore.

« Il est vrai que je supporte beaucoup plus aisément la chaleur que l'inverse, mais il m'en faut tout de même plus pour attraper froid. Tu souffriras d'une crampe au bras bien avant que moi je ne souffre d'un quelconque mal ! Savais-tu que la pudicité était totalement inconnue aux dragons ? C'est un concept typiquement humain que je n'arriverai jamais à comprendre, vous êtes tellement téméraires et bégueules à la fois. » Que son corps soit jalonné de squames ou non, quelle différence ? Même en animal mythique, elle avait été nue, et il ne s'en était pas formalisé comme c'était actuellement le cas – peut-être s'était-il même empourpré ? Trop sémillante d'être tirée de son mauvais pas et d'humeur taquine, elle ne s'empara pas tout de go du vêtement tendu et se rapprocha à pas feutrés. « A moins que tu ne préfères les écailles ? Ahh, je me disais aussi que tu me reluquais beaucoup tout à l'heure, tout s'explique ! » La sylphide se mit sur la pointe des pieds et plaça son minois au-dessus de l'épaule de l'éphèbe, ses voluptueuses cambrures presque conglomérées au râble de celui-ci, pour finalement lui susurrer à l'oreille. « La bienséance veut que l'on ne tourne pas le dos à une dame à laquelle on est en train de faire la conversation... » Mais elle se désopila bien vite et cessa ses innocentes bravades. « J'arrête, j'arrête ! Je t'ai assez torturé comme ça pour aujourd'hui. » Se disant, elle prit enfin l'habit et s'emmaillota à l'intérieur pour que plus une parcelle inopportune ne soit visible, non sans rire à l'idée qu'il puisse la maudire pour tant de hardiesse. Après l'essor dans les cieux et l'avoir presque croqué, elle lui imposait une promiscuité que L'Âne n'aurait diantrement pas tolérée – mais pas vue pas prise, et les mâles étaient décidément trop irrésistibles à tourmenter.

« Désolée pour le séjour dans ma gueule, même si tu ne m'as pas vraiment laissé le choix. Tu te doutes que je ne te voulais pas de mal, auquel cas je t'aurais avalé rond. Mais si ça peut te rassurer, je suis au régime sec depuis le Charnel – plus de nourriture vivante dans mon assiette. » Ce qu'elle regrettait parfois, surtout lorsqu'elle voyait les gardes de Marraine La Bonne Fée se pavaner jusqu'au château. Avec une moue qui se voulut innocente, elle haussa les épaules puis contempla le jeune homme aux belles boucles bistres. Elle se souvenait parfaitement de lui à présent, et il fallait admettre qu'il était autrement plus attractif sous cet angle qu'il ne l'était déjà sous un plus en hauteur. « Je m'appelle Dragonne. Enfin... C'est ainsi que l'on me nomme, mon vrai nom n'étant prononçable que dans notre langue à nous autres dragons. Qui es-tu, écumeur ? Que je puisse te remercier comme il se doit. »
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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyJeu 18 Sep - 17:53




Dragonne et Sinbad
The weak are meat, and the strong do eat.

Il ne pipe mot. A situation gênante, paroles muettes c'est une chose dont Sinbad a fini par prendre la sale habitude. Rien à ajouter, ni à marmonner de plus, il faut juste apaiser la scène pour que d'un seul coup la fameuse norme revienne pointer le bout de son nez un sourire collé sur son masque de froideur. Il passe sa vie à attendre le marin, ou du moins il a passé la moitié à le faire, attendant fièrement que l'aventure vienne à lui pour le chercher, l'embarquer, il était de ceux qui ne se posaient pas les bonnes interrogations et attendaient le déluge. Puis un jour sans prévenir, l'inconscience est venue frapper à sa porte comme une logique implacable parce que c'est ce qu'il devait faire. Aucune escapade ne se fait quand on attend. Attendre c'est pour ceux qui ne veulent rien faire finalement, c'est pour ceux qui ne savent pas où ils vont. Attendre ça pourrait lui refiler des boutons si une allergie existait, ça le crèverait sur place s'il devait continuer ainsi, dans cette longue pente d’ennui et d'incertitude. La cape tendue dans les airs attends elle aussi celle qui viendra à la vêtir, après tout lui, muni de sa chemise bouffante, de son pantalon sombre et de ses bottes n'a clairement pas à se plaindre d'un vent un petit peu trop frais. Quant à elle ? Qu'est-ce qu'il saurait en dire ? L'image est encore trop fraîche dans sa tête pour qu'il la fasse déguerpir d'un mouvement de bouclettes. Oh certes, il aurait pu placer une remarque sur la parfaite courbure de son corps un peu trop pâle, néanmoins au fil des années, il est possible d'apprendre que les femmes sont aussi secrètes que les hommes, imprévisibles et très susceptibles, elles changent d'une classe à une autre. La dévergondée n'en aura que faire contrairement à la timide qui peut vite sortir de ses gonds en cas d'un regard trop vagabond sur ses membres. Il ne la connait pas cette dragonne, vaut mieux ne pas attiser sa haine, un coup de crocs lui serait définitif, cependant se prendre un coup de pied bien placé ne le tente pas non plus. Le silence, c'est un peu l'arme des faibles et des forts, ça va à toute la populace et ça peut sauver pour ne pas envenimer une conversation déjà bien mal partie. Si même dans ce cas il n'est pas dans l'idée d'entamer un débat sur tel ou tel sujet, vaut mieux prévenir que guérir. Pinçant sa lèvre inférieure avec un certain entêtement, s'il n'était pas aussi patient il aurait depuis longtemps secoué l'étoffe épaisse pour la pousser à s'en accaparer. « Qui eut cru que vous fîtes un si gentilhomme mon bon sieur, certainement pas moi le jour où votre croupe s'est agitée devant ma truffe à travers cette vieille forteresse. » Donc en plus, elle sait utiliser sa langue la jolie donzelle. Bien, soit, parfait, on aura tout vu. Un dragon qui en plus de pouvoir utiliser le charnel, s'amuse parfaitement avec la langue et les mots bourgeois, d'un seul coup Sinbad se sentirait presque miteux. Papillonnant des cils, étonné par ce fait qui ne lui était pas si évident il y a quelques secondes, si abasourdi par les termes qui sortent des lèvres pulpeuses de la lézarde écarlate, il n'arrive pas à trier ce qu'elle lui dit par la suite. Ce qu'il a du mal à associer, c'est en quel honneur marraine la bonne fée aurait eu le coup de génie d'offrir son aide à un cracheur de feu. Peut-être est-elle plus docile que ces bêtes féroces qui n'ont aucune pitié en eux, peut-être est-elle même différente de ce lourd classique qui pousse les enfants à pleurer de désespoir dans leurs lits. Mâchonnant le petit bout de chair qu'il a entre ses dents, un vague soupir lui échappe alors que ses idées frappent douloureusement contre les parois de son crâne. Point positif elle n'a pas eu l'envie de le carboniser, point négatif et irrémédiable, la reine de Fort Fort Lointain ne s'arrête donc pas qu'aux petites bêtes qui ont eu le don de parler à l'instar de Potté. Non, ça va plus loin, jusqu'aux monstres qui sont censés rester des mythes, qui ne s'approchent pas, dont on ne peut bavarder sans avoir un frisson gelé traversant l'échine. Tout se rabaisse à cette forme humaine qui vraisemblablement fait un malheur. Quoi qu'il en soit, elle n'a pas l'air d'avoir honte de son apparence originelle, elle aurait pu pleurer, le supplier de ne pas aller rapporter son erreur aux gardes. Pourtant non, la belle brune doit avoir un bien grand égo ou quelque chose s'en rapprochant. La minute d'après, sa voix se glisse dans ses tympans comme une douce mélodie. « A moins que tu ne préfères les écailles ? Ahh, je me disais aussi que tu me reluquais beaucoup tout à l'heure, tout s'explique ! » A quoi est-ce qu'elle joue au juste ? Les sourcils du mercenaire se froncent, il se crisperait presque en sentant les formes légères de son interlocutrice taper un peu sur son dos. Les dragons n'ont à priori honte de rien, pas même de ce à quoi ils ressemblent sous l'emprise du charme. Il est bien vrai que l'époque où le peuple se promenait nu dans les champs n'est plus d'actualité, cependant elle était pas si mauvaise, même si Sinbad n'a pas eu l'honneur de la connaître. De nos jours il est plus utile d'avoir des règles pour ne pas s’engouffrer dans des chemins trop tortueux, on reste poli, on se tient le plus droit possible, on ne rigole pas, on pouffe juste et la nudité fait partie de ces choses qui ne se dérogent plus. Typiquement humain avait-elle dit pendant qu'il se plongeait dans ses pensées ? Elle a raison, tout se forge par cet être bien trop instable, aussi dangereux pour les autres que pour lui-même. « La bienséance veut que l'on ne tourne pas le dos à une dame à laquelle on est en train de faire la conversation... J'arrête, j'arrête ! Je t'ai assez torturé comme ça pour aujourd'hui. » Un murmure qui le pousse à grimacer, une bestiole aussi aguicheuse ne devrait pas exister, surtout pas avec Sinbad Septmers qui libre comme l'air se laisse facilement tenter aux plaisirs de la chair. La douleur dans son avant-bras s'apaise lorsqu'elle lui usurpe la cape sombre, dorénavant il peut se retourner, ce qu'il fait derechef en ayant un seul sourcil haussé sur les deux. Perplexe. Pas convaincu, néanmoins plutôt abasourdi, il peut détailler les traits de cette beauté froide. Ce qu'il fait sans même réfléchir, ses yeux sont d'un vert à en faire pâlir d'envie n'importe quelle courtisane qui n'aurait rien de bien spécial, sous son costume de dragon elle fascine déjà, sous celle-ci elle impose le respect ainsi que la stupéfaction. « Désolée pour le séjour dans ma gueule, même si tu ne m'as pas vraiment laissé le choix. Tu te doutes que je ne te voulais pas de mal, auquel cas je t'aurais avalé rond. Mais si ça peut te rassurer, je suis au régime sec depuis le Charnel – plus de nourriture vivante dans mon assiette. » C'est qu'elle papote beaucoup en plus la demoiselle en détresse pas si paniquée que cela. Il est vrai qu'elle piaillait déjà avant par le biais de ses grognements, quand les greuh et grah prennent une bonne signification, le sens paraît alors bien limpide. Elle marque un point pour la combientième fois ? Il a cessé de compter il y a pas mal de minutes, depuis qu'elle a remis le bijou pendant à son cou gracieusement à vrai dire.

Croisant ses bras sur son torse, c'est toujours dans le plus grand mutisme qu'il garde ses oreilles à l'affut de la moindre des paroles de celle sans nom qui se trouve face à lui. Penchant à peine sa tête sur le côté, alors qu'il se prépare à lui demander qui l'a jeté dans ce pétrin, elle lui coupe l'herbe sous le pied. « Je m'appelle Dragonne. Enfin... C'est ainsi que l'on me nomme, mon vrai nom n'étant prononçable que dans notre langue à nous autres dragons. Qui es-tu, écumeur ? Que je puisse te remercier comme il se doit. » Dragonne. Est-ce vraiment un prénom ? Il faut croire que oui, que chez les animaux on ne s'enquiquine plus à regarder dans des livres qui se trouvent à la bibliothèque pour donner une étiquette au marmot. On se contente de simple, ce qui quelque part ne doit pas être plus mal. C'est que son vêtement sied bien avec le contraste de sa peau opaline, abordant un petit sourire en coin de lèvres, le capitaine se décide à faire une courbette, c'est en se redressant qu'enfin il vient à prendre la parole. « Et qui pourrait croire que sous cette charmante allure se trouve un coeur de braise ? Je suis d'autant plus étonné d'entendre que tu connais notre dialecte à la perfection. » Un rire léger fait frémir sa gorge, main droite posée sur le manche de son sabre comme attache, il continue sa déclaration. « Sinbad Septmers, humble négociant et sauveur de ces dames. » Pourtant, il n'arrive pas à croire à ce qu'il dit. Sauveur est un titre qu'il ne mérite pas. A la rigueur plutôt briseur, casseur, arracheur, destructeur de ces coeurs trop fragiles qui ne méritent pas que son attention se pose sur lui. Mais ça, cette Dragonne n'est pas censée le savoir, quand on ne connaît pas, il est toujours possible de fignoler les histoires pour qu'elles conviennent un peu mieux, loin du mensonge, cependant pas très proche de la vérité, ils ne sont que deux inconnus qui se tournent autour. « Si j'avais su que notre bonne fée partageait ses talents avec les mythes tels que toi, tu n'aurais pas eu besoin d'en arriver à un tel extrême. Mais, soit, un mal pour un bien, je ne pourrais pas dire à mon équipage que je n'ai pas tout vu. » Sept voyages qui n'en finissent pas, Sept mers qui se sont écoulées sous son rafiot, Sept, ce chiffre si révélateur. De ces escapades sur la terre ferme il n'a jamais pris le temps de les compter, quand bien même il aurait pu le faire, il en serait très certainement à une dizaine, Sinbad ne jouant aux cartes qu'avec la malchance qui lui réserve des sorts bien différents. Bien assez proche de cette femme, il en profite pour passer ses deux mains sur ses épaules, il se rend compte qu'il est le plus grand des deux. C'est que ça laisse pantois de voir ce que peut faire une dose de magie bien faite dans cet univers si imparfait. « En tout cas, ma très chère Dragonne, ma cape te va à ravir, je confirme que tu as bien fait de la prendre. » Serait-ce une sorte d'excuse dissimulée sous une boutade ridicule ? Possible, certainement aussi une demande pour qu'elle ne l'enlève pas. Bien qu'il ne sache pas si elle est en concubinage ou non, les foudres d'un dragon mâle ne le font pas autant rêver que les ballotements des vagues. Ah, quelle horreur, elle en provoque des mystères cette créature au regard hypnotisant. « Tu peux la garder si tu le souhaites, quitte à avoir le rôle du prince charmant une journée, autant le faire jusqu'au bout, même si ma princesse a voulu m'avaler il y a de cela plusieurs lunes. A ce propos, je suis rassuré de savoir que je ne suis pas sur ta liste de nuisibles. » Ses doigts retombent, ses bras s'affalent le long de son corps, ce contact lui suffit, peut-être était-il même de trop dans de telles circonstances. De princes il n'en a entendu parler que dans les livres, de grands chevaliers il en croise chaque matin dans les ruelles de la capitale, toutefois des charmants il n'en voit plus. Dans les livres ont parle d'eux comme ayant un physique faisant tomber les jouvencelles comme des abeilles, d'un sens de la justice aigu autant qu'un coeur bon, et surtout cette fameuse armure brillante qui fait illusion chez chaque petit garçon. Il serait mentir que de dire que petit, Sinbad ne voulait pas avoir un tel destin, ça n'avait pas duré bien longtemps, pourtant il en était convaincu qu'être un prince ça pouvait être un beau métier. On ne peut pas devenir membre de cette communauté riche sans y avoir été convié, le devenir n'est donc qu'une illusion, c'est naître avec une épée dans les mains qui paraît plus convenir. Il a vu le jour avec quoi, lui ? Un gouvernail, un poignard, une tenue bouffante ? Et elle ? Une pierre volcanique, des dents pointues, un bout d'écaille coloré ? A choisir, il prendrait les trois, dans un cas comme dans celui de Dragonne. Ils ont été façonnés pour ça, pour faire ce qu'ils font actuellement. Elle pour empêcher aux courtisans d'attraper leur unique amour et lui pour laisser un héritage fait de coraux. Esprit de l'eau, esprit de feu, un jour ils se consumeront.
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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyMer 24 Sep - 23:44


Q
uelle truculente odyssée, qu'elle prendrait soin de garder pour elle. Si ce n'était pas tous les jours que l'on croisait fortuitement la route d'un dragon, ce n'était pas non plus usuel que cette même créature quémande de l'aide auprès d'un humain, aussi loin qu'elle s'en souvenait, c'était même la première fois qu'elle y avait été contrainte. Autrefois, gondolée par sa dignité de mastodonte ailé et sa fierté de misandre, elle aurait préféré patienter, moribonde, que la mort l'emporte plutôt que de clamer le soutien de l'Homo Sapiens, plutôt accoutumé à finir entre ses crocs puis dans son rumen qu'avec sa gratitude en couronne de roses. Une fois encore, elle prenait conscience de l'évolution de ses moeurs, de ce que sa romance, sa parentalité ainsi que les coercitions du Charnel n°5 avaient eu pour irrémissible effet sur son être embrasé. Mais il ne fallait point se leurrer, et grand mal ferait à celui qui, après l'avoir coudoyée elle, s'en irait à la rencontre d'une autre bête de son espèce en croyant être hors de danger. Non, elle était une exception dans son genre, drapée d'une unicité qui faisait d'elle plus que ce que la nature lui avait offert à sa genèse. Tant mieux pour le corsaire, qui n'aurait ainsi pas à souffrir – ou pas davantage – de ce conciliabule qui prenait à présent des allures infiniment plus suaves, bien plus bienséant tant dans sa forme que dans son fond. Ce n'était pour déplaire ni à l'un ni à l'autre, en particulier en terme de dialogue, maintenant que les rauquements inintelligibles s'étaient transformés en tirades joliment construites – des heures et des heures d'entraînement et de pédagogie intensive pour en arriver à ce résultat, alors, son interlocuteur pouvait être pantois ! Elle-même l'était presque à chaque fois qu'elle oyait le son de sa voix exprimer autre chose que ses illustres graouh. Son nouveau dialecte semble d'ailleurs seoir au jeune adonis qui se plait à faire courbette devant elle, courtois jusqu'au bout des bottes, ce qui fait arborer une risette conquise à la damoiselle qui apprécie les gentilshommes, quand bien même eut été une époque où elle les avait dévorés sans vergogne. La galanterie n'était malheureusement pas intrinsèque à tous les quidams, et gare à ceux qui s'essaieraient à l'incongruité avec la CoeurdeBraise, sous sa chétive apparence se camouflait une force prompte à en surprendre plus d'un.

Un délicat ricanement se fraya un sentier hors de ses lippes charnues lorsque l'adonis la complimenta, ensuite de quoi, il leva enfin le voile de l'anonymat en lui révélant une identité qu'elle niella dans son esprit, et qu'elle n'était pas prête d'omettre. « Enchantée. » Ponctua simplement dragonne, qui trouva ironique le titre autoproclame de sauveur de ces dames, elle qui n'en était pas réellement une, elle qui avait justement empêché les sigisbées dans son genre de secourir les jouvencelles esseulées au sommet  de leur tour. Les patronymes étaient des opuscules ouverts quant à leur propriétaire, Septmers, au moins autant d'incroyables péripéties à conter, elle en était certaine. Il était un humble baroudeur, cela se portait sur sa physionomie et jusque dans sa contenance, il était le genre d'homme qui fascinait aisément, celui qui suait une tentation à la fois inopportune et irrésistible. Celui que les demoiselles adoraient, celui que les pères abhorraient, elle portraiturait facilement le protagoniste qui n'était pas exempt de charme, bien au contraire. Si elle avait été célibataire, nul doute quant au fait qu'elle l'aurait emporté dans son nid vertigineux pour se repaître de ses belles manières, mais l'alliance à son doigt occultait toute perspective de cet ordre, elle était loin d'être en manque d'amour. Un rictus naquit à ses lèvres lorsqu'il reprit la parole puis elle haussa légèrement les épaules, avant de commenter. « Tu pourrais être coi des créatures que notre très chère Bonne Fée ensorcelle, il me plait parfois de croire que Fort Fort Lointain en compte désormais plus que sa plèbe humaine. » Ce n'était pas le cas, les humains avaient cette inconcevable propension à pulluler partout où ils s'installaient, et dans une contrée comme celle-ci, ils restaient et resteraient dominants à moins que les enchantés n'entament une croisade. Elle fut coupée dans son fantasme par les paluches du pirate qui s'apposèrent sur ses épaules, un contact inopiné qui l'étonna, et elle en profita pour plonger ses mirettes hyalines dans les calots masculins. Elle effleura l'âme du bon samaritain dans un battement de cils, considéra qu'il préférait danser sur la prudence plutôt que sur une hardiesse trop prononcée, qu'il l'eut trouvée à son goût ou pas, et il avait raison de surveiller sa témérité. Pour autant, cette furtive promiscuité n'incommoda pas la sylphide, qui n'exprima aucune mimique ni réflexe pouvant trahir un quelconque agacement, bien au contraire. Et voilà qu'il lui faisait offrande de sa cape, qu'elle serra instinctivement un peu plus autour de son galbe.

« Quand bien même serais-tu sur cette liste tu n'aurais rien à craindre tant que tu es amarré à la ville. Il me faudrait te suivre sur bien des lieues avant d'avoir le droit d'exprimer mon courroux, car aussi surprenant cela peut-il paraître, je tiens à ma place dans les environs. Je n'ai pas l'intention de retourner le me terrer dans le versant d'une montagne ou où sais-je d'autre, je me plais assez dans la vie citadine, malgré quelques ratés. » Elle lui sourit, loin d'elle l'idée de lui faire croire à son innocuité, elle n'était ni innocente ni cruelle, qu'il sache qu'elle était parvenue à trouver un équilibre satisfaisant qui lui permettait d'avoir une existence tout à fait dans la norme. Elle était parfaitement consciente des lois et ne les outrepasserait pas pour une simple vindicte personnelle ou autre notion triviale. Dès aujourd'hui, il saurait à quoi s'en tenir avec l'écailleuse, dont le regard biaisa subitement sur le côté pour observer la sylve qui les entourait. « J'adorerais faire plus ample connaissance, mais je vais être obligée de ravaler ma curiosité et de t'abandonner ici, une urgence m'appelle. » Elle en avait même six, qui devaient probablement être en train de rudoyer de pauvres badauds de leurs galéjades, elle espérait d'ailleurs qu'elle n'aurait à déplorer aucune victime jetée à l'eau, enduite de crème, de fange, ou que savait-elle encore. Ses enfants n'avaient pas leur pareil en terme de frasques, et cela faisait déjà trop longtemps qu'ils étaient sans surveillance. Alors, sitôt son annonce faite, elle se mit sur la pointe des pieds et claqua un chaste baiser sur la joue de son vis-à-vis, puis elle s'éloigna à pas hâtifs. Mais avant de disparaître, elle s'immobilisa et fit volte-face, dans le dessein de lui adresser de derniers mots. « Merci à toi Sinbad Septmers, je n'oublierai pas ce que tu as fait pour moi. Nos chemins se recroiseront, et ce jour-là, je te rendrai ta cape. » Une ultime oeillade, captivante à en faire tressaillir un ogre, puis elle s'en alla.

Cependant, elle n'était assurément pas dans la tenue adéquate pour traquer ses drânons, aussi fit-elle diligence en direction de la ville, précautionneusement emmaillotée dans l'habit emprunté, si bien que nul n'aurait pu se douter qu'elle était entièrement nue sous le simple textile d'obsidienne. Pour autant, elle ne s'attarda pas en bavardages avec les connaissances qu'elle rencontra jusqu'à son logis, où elle put enfin mettre la main sur ses propres vêtements. Fiole magique réinstallée à son cou, elle enfila une robe au purpurin passionné, mais ne perdit pas un temps précieux à associer ces détails ornementaux qu'elle adorait tant. Ce fut sans d'autres bijoux, sans coiffure étudiée, sans retouche maquillage et sans fragrance qu'elle repartir, les pans de tissu sensiblement retroussés pour lui octroyer une course plus habile et agréable. Si lui vint l'idée de sonner chez les voisins pour leur demander s'ils n'avaient pas aperçus ses garnements, elle jugea cela vain si tôt qu'elle se souvint qu'il s'agissait justement de ses garnements, et que là où ils se trouvaient, le désordre et la cacophonie l'étaient aussi. Il n'y aurait qu'à suivre les pots cassés et les cris d'indignation, elle croisait les doigts que personne ne soit déjà allé présenter ses doléances à L'Âne très certainement pris par sa besogne. Sa compagne ne voulait ni l'importuner ni l'inquiéter, et ce n'était jamais que la énième fois qu'elle s'embourbait dans pareille situation. Si elle ne réussissait pas à la retrouver, c'était généralement sa progéniture qui la rejoignait après avoir distribué son lot de facéties, dans tous les cas, elle reverrait leurs visages poupons et mutins avant la nuit. Ce qui ne l'empêcha pas de se lance au trot dans les venelles de la glorieuse cité, furetant dans les endroits favoris et les plus biscornus de ses petits monstres, interrogeant les passants sans glaner aucun indice, elle s'arrêta même au Muffin Man avec le regret de ne pouvoir s'accorder une accalmie en compagnie de son pain d'épice préféré, mais Tibiscuit eut l'extrême gentillesse de lui offrir un panier garni de succulents friandises qui lui serait fort utile pour amadouer les insatiables gourmands qu'elle avait engendrés. Elle hésita longuement à pénétrer dans la Fleur Bleue Epines Rouges pour s'assurer qu'ils n'avaient pas été rejoindre le Fierdestrier, mais elle n'en eut guère besoin, puisqu'un damoiseau lui ploya enfin une piste : le port ! C'était l'endroit dont il venait vraisemblablement et où il avait aperçu une cohorte de fripons et polissonnes, une bien curieuse troupe parmi les capitaines et marins. Dragonne brama quelque remerciement et s'élança tout de go au triple galop jusqu'au lieu dit, où elle questionna matafs affairés ou en train de pocharder, et tous les index lui indiquèrent la même direction. Ce fut finalement en longeant le quai que ses tympans vibrèrent en percevant des rires infantiles qui s'élevèrent à l'unisson. Percluse sur place, elle leva le museau vers le plus proche navire arrimé, visiblement vidé de son équipage à l'exception d'un écumeur assis sur une caisse à l'entrée de la passerelle, une piètre sentinelle qui ronflait aussi fort que les vagues en pleine tempête. Elle en profita pour se hisser sur le bateau, tant pis si l'initiative dérangeait.

Sur le pont, elle se laissa guider par un phonème masculin en train de narrer ce qui semblait être un prodigieux récit. Tapie derrière une rangée de tonneaux, elle se pencha discrètement, et ses tourments se pacifièrent instantanément lorsqu'elle aperçut sa portée au complet. Les drânons s'étaient installés à moitié les uns sur les autres au pied de l'immense mât, ils faisaient office d'auditoire à un pirate qui, pour l'occasion, s'était improvisé conteur. Les prunelles et les bouches grandes ouvertes, tous étaient sous l'emprise du périple, dociles comme des images, s'esclaffant aux moments adéquats et s'effarouchant à d'autres. Une scène qui fit fondre le coeur de leur mère, attendrie, jusqu'à tomber des nues en reconnaissant son bienfaiteur qui avait réussi l'indicible exploit de tempérer ses diablotins. Ce dernier avait décidément plus d'un talent à son arc, et si elle brûlait d'envie d'étreindre ses enfants – et de les vitupérer pour leur mauvaise farce – elle s'en abstint, trop curieuse d'entendre les fantaisies de Sinbad.
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyMar 30 Sep - 19:04




Dragonne et Sinbad
The weak are meat, and the strong do eat.

Il est le soleil, elle est la lune, il est le jour, elle est la nuit, il est l'eau, elle est le feu. Deux entités qui n'auraient pas dû se voir, se croiser à la rigueur mais certainement pas finir dans une telle situation. Ils n'étaient pas destinés à se connaître, pas même se parler de cette manière. Et pourtant, voilà que la chose était faite, qu'ils essayaient de trouver dans le regard de l'un comme de l'autre, une once d'existence pétillante à souhait. Il est son antipode, elle est son contraire, ils sont de ceux qui se refusent autant qu'ils s'attirent. de ces êtres qui ne se regardent qu'une fois à chaque fois qu'un astre se lève haut dans le ciel. Finalement, cette journée n'est pas si mauvaise, pleine de rebondissements, de sourires charmés et de rires entremêlés. Y'a de ces rencontres qui persistent dans le temps, des visages qui ne partent pas, Sinbad il a comme cette impression que jamais son image ne partira de ses souvenirs. Elle marque. D'une manière ou d'une autre, tant sous sa forme reptilienne que celle divinement remarquable humainement parlant. Elle a cette force dans le regard, cette douceur dans les gestes, cette volupté dans le coeur et une flamme ardente sous la peau. Elle brûle, s'enflamme, s'embrase sous ses yeux à chaque terme offert, suave, amusée comme amusante, elle joue des hommes comme un vieux chat peut s'occuper avec une pelote de laine, des heures durant. Dragonne doit savoir ce qu'elle est, ce qu'elle vaut et surtout quand et comment s'arrêter, elle a la grandeur d'esprit des dirigeants de ce royaume vaste. Le marin regretterait presque de n'avoir pas eu affaire avec elle bien plus tôt, si seulement le charnel avait fait son effet il y a quelques années, ils auraient pu entretenir une relation tant bercée par la malice que par le respect commun. Y'a ce truc chez elle qui colle à la peau, cette authenticité qui la rend d'autant plus légendaire qu'elle ne l'est déjà. Quand elle parle c'est poétique, quand elle cause c'est aussi agréable qu'un oiseau qui siffle au petit matin. Fascinante, étonnante, il se surprendrait presque à vouloir étaler cette rencontre des heures durant, apprendre à la connaître par le biais de son être et non pas de son paraître. Sauf que, bien évidemment, il aurait été trop idyllique que tout ceci se passe comme il l'aurait voulu. Quand bien même elle lui rétorque que sa vie lui plaît à la manière des humains, il pense qu'à sa place il ne supporterait pas telle situation, c'est se faire couper les ailes, se faire arracher les pattes pour une cause qui n'en vaut vraisemblablement pas la peine. Que vaut la sensation de fendre l'air comparée à la capacité de pouvoir marcher sur deux pattes ? Rien, ce serait un regret selon lui, une injustice pour cause d'une reine qui cherche à correspondre à ses idéaux d'une beauté unique à tout à chacun. S'il avait le temps de culpabiliser, il le ferait, cependant, ce cas ne le mine pas assez pour qu'il puisse prétendre à un renversement de trône. Jamais. Il se contente de son navire, de l'air salé et de l'écume dans toute sa violence. « J'adorerais faire plus ample connaissance, mais je vais être obligée de ravaler ma curiosité et de t'abandonner ici, une urgence m'appelle. » Alors soit, sonne le glas des adieux qui clairement ne sont pas déchirants, bien que décevants sur un point comme un autre. C'est avec un léger pincement au coeur qu'il a droit à une pression de lèvres sur une de ses joues, légère, futile comme le battement répétitif d'un papillon en plein vol. Sourire collé sur le visage pour ne point changer des bonnes habitudes, c'est d'une petite courbette qu'il répond à cette séparation peu orthodoxe. Des chemins qui se séparent, qui changent, s'étalent sur des mètres et peuvent se rejoindre un jour comme un autre, qui saurait le dire ? Pour une fois que le destin ne veut pas de lui comme d'un buffet pour des âmes dérangées, il remercie vaguement le ciel d'un coup d'oeil, tout en écoutant attentivement les dernières paroles de la donzelle pas si en détresse que cela. « Merci à toi Sinbad Septmers, je n'oublierai pas ce que tu as fait pour moi. Nos chemins se recroiseront, et ce jour-là, je te rendrai ta cape. » De quoi lui ravir l'humeur un peu plus alors qu'elle s'effondre dans la forêt, jusqu'à totalement disparaître. Secouant tout juste ses boucles brunes pour se remettre les idées en place, il ne se souvient même plus de ce qu'il devait faire à l'origine. Chercher quelques babioles pour son bateau, remplir de la paperasse ? Soupirant à peine, il inspire longuement histoire de se donner le courage de rentrer dans les méandres de sa mémoire un peu douteuse selon ce qu'elle décide de faire de lui ou non, si en plus le hasard s'acoquine de lui, son corps tout entier lui réserve généralement des surprises - aussi bonnes que mauvaises, là, en l’occurrence il ne veut pas se rappeler du pourquoi du comment il avait pris tel ou tel chemin avant de se faire happer par une ombre gigantesque.

Il revient sur son chemin, ses godasses se cognent à des pierres de toutes tailles qui roulent un peu plus loin, l'air frappe doucement sa peau et le soleil s'occupe de le réchauffer juste ce qu'il faut. C'est dans ces moments que Sinbad regretterait presque sa contrée natale, Afshin. Ce n'est pas pareil, ce n'est pas la même ambiance qui règne et les senteurs sont radicalement différentes. Là-bas, on se balade sur les dos des chameaux, pour les plus riches sur des tapis volants, ici on se contente de canasson et taxi-calèches qui ne se font pas prier pour commettre diverses arnaques. La capitale, c'est pas pareil. La capitale, c'est comme si on lui enlevait une partie du coeur, là où ses origines peuvent le ramener. Loin de tout, là où l'escapade est maître, où les habitudes n'ont aucune place à se faire, tout bonnement parce que ce n'est pas fait pour lui, à croire que même les évènements d'une journée ne s'accordent pas à se mettre d'accord sur ce fait, l'ennui ça ne lui correspond pas, encore moins attendre après des êtres qui ne viendront jamais. Inspirant longuement, c'est petit à petit qu'il peut sentir les reflux de la mer, le gloussement des mouettes qui vicieuses, se posent comme des reines sur des bâtisses non loin, attendant l'heure fatidique pour ruiner la chemise d'un gentilhomme. Pourtant, le marin il fronce les sourcils, y'a comme qui dirait du grabuge sur sa bicoque flottante, un petit problème de grande ampleur qui lui fait prendre un pas bien plus rapide. Des ombres qui sautent, qui grimpent, des rires qui claquent contre le bois et personne pour les arrêter. Aujourd'hui il est seul, faut bien qu'il assume sa responsabilité d'avoir à gérer cette galère. Enfin, il arrive à la planche qui le fait rentrer dans son propre univers, et qu'elle n'est sa surprise en voyant un marmot essayer de grimper au mat avec un déchaînement à peine croyable. « Et bien, si j'avais su que j'allais avoir des invités surprises, j'aurais préparé meilleur accueil. » L'enfant vraisemblablement petit garçon le fixe sans comprendre ce qu'il lui dit, ou du moins son air un peu hébété lui donne la sensation que ses mots passent dans une oreille et ressortent par l'autre. Le corsaire s'en approche, c'est là que d'autres arrivent en gloussant, l'un joue avec le gouvernail, un autre essaie d'ouvrir la porte de la cabine, une petite fille s'est jetée dans un tonneau vide la gueule ouverte, du reste il n'arrive pas à discerner qui fait quoi avec exactitude. Ses prunelles s'élargissent, sa bouche s'ouvre tout juste laissant voir sa surprise, d'accord, bien. Parfait. Ils se ressemblent tous, et combien sont-ils ? Cinq ? Six ? Moins ? « HEY ! PAR LA BARBE DE MERLIN TU VAS TE BLESSER. » Sinbad il y connaît pas grand-chose aux petits humains qui gambadent comme des lutins, néanmoins si y'a un truc qu'il sait, c'est qu'un bambin et une arme, ça ne fait pas bon ménage. L'un a un sabre entre les mains, tape avec furie sur la rambarde de l’Écorchée ayant nécessité des heures de travail. Puis il reprend la lame, vient à courir à gauche, à droite pour tous les attraper, sauf qu'ils sont trop rapides en plus d'être quelque peu vicieux. Au bout de quelques minutes, il s'arrête dans son élan, pose ses mains sur ses genoux en soupirant. Qu'est-ce qui pourrait s'avérer utile pour arrêter les monstres miniatures ? Un doute, un scepticisme qui lui tombe dans l'estomac, cependant pas le temps pour réfléchir plus longtemps, moins ils joueront, mieux ce sera pour la survie de son navire. « Moi qui pensais pouvoir vous conter une de mes aventures, il est regrettable que vous ne soyez pas dans de bonnes conditions pour l'entendre. Tant pis, je m'en vais le coeur en peine. » Mélodramatique ? Tout juste, en tout cas, cette unique phrase a suffi pour qu'ils s'arrêtent tous en même temps, fixent l'adulte avec des yeux suppliant et posent leurs fesses sur le parquet grinçant. Le silence. Abordant un sourire satisfait, il jette un vague coup d'oeil à l'extérieur de cette bulle d'eau. Pas un parent à l'horizon, il ose croire qu'ils ne tarderont pas à faire irruption, il ne pourra pas les tenir en haleine aussi longtemps. Quoi raconter ? Le jour où il est tombé sur des mangeurs d'hommes ? Les serpents géants ? Le cyclope ? Non, un souvenir bien plus frais s'installe dans son esprit. « Les enfants, avez-vous déjà aperçu un dragon ? Non, bien sûr, tous les villageois savent qu'ils ne se voient qu'une fois dans une vie, et quand il est possible de les croiser, vous n'avez plus qu'à courir le plus loin possible. En ce qui me concerne, j'ai échappé à cette bête légendaire. » Prologue d'une mise en scène qui ne vaut pas la peine d'être bourrée d'éloges, cependant, pour épater une grosse fratrie, il faut frapper le plus fort possible.  « C'était il y a bien des lunes de cela, à cette période, je passais beaucoup de temps à visiter les alentours de la capitale, étant déjà passé par les ruines de Duloc, je me devais de pousser mes recherches plus loin. Je suis tombé sur un bien vieux château un beau matin, il sentait le soufre à plein nez, ne présageait rien de bon, et pourtant, je suis entré à l'intérieur sans même me douter qu'un dragon se cachait à l'intérieur. » Froncement de sourcils, un léger mouvement de corps qui se penche vers l'avant donnant une impression de supériorité ou même pour les impressionner. « Saviez-vous qu'une princesse attendait dans sa tour ? Car moi non, je n'étais qu'en quête de savoir, à seulement apprécier ce paysage funeste de mes deux yeux. Alors que je gravissais des escaliers qui menaient vers une salle inconnue, là je l'ai entendu. » BOUM, grâce à un mouvement sec du pied servant à démontrer la grandeur du lézard ailé. « Un tremblement à vous en faire séparer Fort Fort Lointain en deux, son grognement a traversé les âges et avant même de voir ses naseaux, ce sont ses flammes qui ont effleuré ma cape. » Hochement de tête que les gamins suivent avec admiration, il se redresse un peu mieux, mains posées sur ses hanches. Sinbad sent qu'il ne faut pas les perdre maintenant qu'il a un petit public. « J'ai tout juste eu le temps de me rendre compte de ce qui m'arrivait que je courrais déjà, dévalant les marches comme file le vent. Malheureusement, ça n'a pas été suffisant et je me suis retrouvé entre ses griffes quelques mètres après ma misérable fuite. Et voulez-vous que je vous dise ? Je me suis lourdement trompé en pensant que ce dragon allait m'avaler sans même me mâcher, d'une part parce que ce n'était non pas un dragon mais une dragonne, et qui plus est, elle m'a laissé le temps de me défendre avec quelques mots. » Haussement de sourcils malicieux, cette fois ses bras se croisent sur son torse. « Je lui ai expliqué paniqué que je ne voulais pas m'attaquer à la jolie donzelle qu'elle protégeait, qu'au contraire je n'étais que de passage. Elle m'a écouté, pensive, puis m'a relâché sans hurlement rauque ni menace, et avant de partir je me suis retourné pour contempler une dernière fois ses écailles briller sous le soleil de plomb. » Une vérité sous l'influence d'une poésie totalement improvisée, beaucoup des enfants ont un sourire aussi conséquent qu'un croissant de lune sur le visage. Sauf un. Celui-ci paraît obnubilé par quelqu'un ou quelque chose, si bien qu'il se redresse et grâce à ses deux jambes se jette hors du bateau pour retrouver une silhouette lointaine en gueulant. « 'MAAAAAAAN. » Ouf, il peut souffler, surtout que le petit groupe suit le plus grand, ou le plus jeune, de toute manière ils sont clones et dire qui dépasse l'autre serait vraisemblablement impossible pour l'étranger qu'il est. Pinçant sa lèvre inférieure, il reste en revanche fort curieux de voir le visage de la mère ayant mis au monde ces terreurs terrestres. Posant tout bonnement ses coudes sur la rambarde du côté du port, sa tête se penche sur le côté, la voilà qu'elle sort de sa cachette une mine radieuse collée sur ses traits. « Je n'imaginais pas que notre séparation allait être d'aussi courte durée. » Oh que oui, la dragonne de son récit réserve bien des surprises, plus qu'il n'en pensait, jusqu'à s'attirer son admiration. Sinbad est un sacré menteur, fuyez quand vous en voyez un avait-il dit, et pourtant il reste à sa merci sans broncher.
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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyLun 6 Oct - 13:04


C
amouflée dans son encoignure, la donzelle tendait l'oreille, attentive à la moindre oscillation de la phonation du conteur émérite. Il était à n'en point douter de ces quidams que l'on pouvait écouter toute la nuit durant, à narrer mille et une péripéties, véritables ou fallacieuses, pléthoriques ou exactes, qu'importait, rien n'altérait le plaisir d'entendre une belle histoire. En particulier lorsque l'un des protagonistes principaux s'avérait être vous-même, de toutes les péripéties qu'il avait dû traverser, elle ne s'était pas attendue à ce qu'il choisisse celle-ci, sans savoir qu'il s'adressait à la portée de celle qui jadis et naguère, avait bien manqué de le dévorer. L'ironie n'avait décidément aucune lisière, et quand bien même savait-elle parfaitement comment cette aventure allait se clôturer en fin de chapitre, elle jugea congru de ne pas faire incursion en plein milieu du récit et se contenta de la place de spectatrice auditive. Ce n'était point tous les jours qu'un étranger réussissait l'indicible exploit de tenir ses drânons en haleine, voilà que ceux-là étaient pratiquement en rang d'oignons, cois et attentifs, comme lorsqu'ils se trouvaient devant l'une de leurs séries favorites du miroir magique. Plus les explications de Sinbad avançaient, plus le sourire de la Coeurdebraise s'évasait, chaque scène se reflétait dans son esprit et elle concédait que cette fois-là, peut-être avait-elle été un peu trop vite en besogne et en conclusion. Mais il était rare qu'un sigisbée s'égare simplement ou flâne sans mauvaise intention dans un endroit telle que cette forteresse vétuste et embrasée. C'était tout naturellement qu'elle avait pensé à un énième prétendant venu tenter sa chance quant à la princesse Fiona. Fort heureusement pour lui qu'elle avait été éduquée avec un iota de civilité nonobstant sa nature draconique, ce n'était diantrement pas le cas de tous ses congénères, qui eux, avaient pour habitude de ne tout simplement pas ergoter avec les ennemis. Un coeur trop tendre, trop en proie à la solitude, à cette époque, si bien qu'elle se laissait aisément flatter par les beaux verbes de ces damoiseaux en quête de salut. Ubuesque, au fond, mais c'était ainsi qu'elle s'était énamourée de son équidé chéri, et elle avait été aussi comblée que surprise de constater qu'il était revenu vers elle lorsque, près du lac, tous deux labourés par le chagrin, ils s'étaient retrouvés. Avec une descendance telle que la leur, difficile d'avancer que tout ceci n'avait été qu'un flirt éphémère, même si elle ne se serait jamais doutée trouver l'amour auprès d'un âne.

Avec le timbre, le Septmers y ajoutait une gestuelle pour le moins fructueuse, qui fit doucement ricaner la sylphide toujours à l'affût. Quel étrange hasard qu'ils se soient aujourd'hui retrouvés, pour le meilleur ou pour le pire. Et voilà qu'il confessait avoir lorgné sur ses fameuses écailles à l'amalgame d'écarlate et de violine – elle l'avait toujours su, qu'il adorait sa robe de squames ! Peut-être même davantage que sa chétive et banale apparence humaine ? Puis, le délassement prit fin après que l'un de ses garnements l'ait remarquée. Il abandonna le reste de l'auditoire pour mieux faire diligence dans sa direction, et finalement lui bondir dans les bras comme s'ils s'étaient quittés il y avait déjà plusieurs lunes. Sa génitrice l'étreignit avec tendresse et protection, avant que les cinq autres ne viennent se frayer un chemin dans l'antre de ses bras. A l'instant t, elle était bien incapable de les vitupérer, trop contente de les retrouver tous et en pleine santé. Elle ne put toutefois s'empêcher de promptement les détailler les uns après les autres, à la recherche d'une même minime écorchure, mais les sextuplés étaient aussi coriaces que ne l'était leur mère, qui redressa la tête vers le corsaire. « Moi non plus, si j'avais su, j'aurais rapporté ta cape. » Tant pis, la lui ramener servirait de prétexte pour le revoir lors d'une quelconque opportunité prochaine. Même si elle supputait que l'adonis ait bien autre chose à faire que supporter la grande famille, elle ne put décemment tourner les talons et partir à l'instar d'une voleuse, un peu comme elle l'avait malgré elle fait dans la sylve voisine. Non, il méritait plus qu'une vulgaire salutation de la main et une échine tournée, après tout, il aurait très bien pu chasser ses petits démons hors de son navire sans plus s'intéresser à ce qu'il adviendrait d'eux, ce qu'il n'avait pas fait. Mais cela ne l'étonnait guère plus que cela, plus le temps passait, plus elle commençait à cerner ce personnage qui, pourtant, lui promettait encore bien des surprises.

Alors, elle le rejoignit, suivie à la file indienne par ses enfants non mécontents de pouvoir derechef se prendre pour des pirates de haute mer. Quant à elle, elle s'apprêta à adresser à nouveau la parole au capitaine, mais fut littéralement coupée par l'un des sacripants qui lui passa devant en hurlant à s'en décrochant les poumons et en gesticulant comme s'il avait le diable au corps. Cependant, la poigne de Dragonne le rattrapa avant qu'il ne puisse aller plus loin, et pantois, il se tut, la truffe relevée vers son parent. « Eclair, allons ! » Ils avaient beau tous se ressembler comme de parfaites copies – ce qu'ils étaient. - elle savait très bien les différencier, elle ne s'y fourvoyait d'ailleurs jamais. « Ca ne va pas de crier comme ça ?! Et on ne court pas sur un pont, c'est dangereux, c'est un coup à te prendre les pieds dans quelque chose et à finir par-dessus le bastingage ! Et d'ailleurs, on obéit au capitaine, ici. » Un peu penaud, Eclair se tourna vers Sinbad qu'il contempla de ses grandes prunelles scintillantes, toujours tenue par sa mère qui obliqua à son tour vers le reste de sa portée, étrangement tranquille. « Il en va de même pour vous ! Je ne suis pas contente du tout, non seulement vous trouvez le moyen de m'arracher mon Charnel, mais en plus vous faites des misères au Capitaine Sinbad ! Vous avez de la chance qu'il soit un homme avenant, cassez ou abîmez quoi que ce soit sur son navire et vous ne reverrez plus le port avant longtemps ! Est-ce que c'est clair ? » Elle lâcha enfin le bambin qui rejoignit le reste de sa fratrie, et tous baissèrent docilement la tête sous les mirettes légèrement rougeâtres de la Coeurdebraise, qui plus qu'élever le ton, l'avait simplement endurci de façon à se faire péremptoire. Elle les observa un moment d'un air sévère, le temps qu'ils aient réalisé l'ampleur de leurs frasques du jour, puis elle se radoucit. Il aurait été vain d'évoquer leur père, L'Âne n'était pas un exemple en matière d'autorité, il était bien trop fantasque et altruiste pour cela, lui qui avait marotte à gâter leurs enfants plus qu'à les disputer même lorsqu'il le fallait. Elle se souvint alors du panier qu'elle avait entre les mains, et après avoir récupérer deux gâteaux qu'elle garda pour elle, elle le tandis enfin aux drânons qui se mirent à humer de manière presque frénétiquement l'atmosphère. « Soyez sages le temps que maman discute, d'accord ? Tenez, tonton Tibiscuit m'a donné ça pour vous, essayez de mâcher avant d'avaler cette fois. » Les sextuplés se jetèrent sur les friandises à l'image de vautours sur une carcasse, ils s'installèrent en rond autour dudit panier et semblèrent enfin enclins à ne plus faire de bêtises, au moins le temps de se bâfrer de sucre.

Dragonne put enfin rejoindre le mataf à quelques coudées de là, sans crainte que ses petits ne détruisent la moitié du bateau pendant qu'elle avait le dos tourné. « Tu comprends pourquoi je suis partie en hâte tout à l'heure. Je suis désolée qu'ils aient investi ton navire, j'espère qu'ils n'ont causé aucun dégât ? » Elle lui sourit, enchantée d'être en mesure de passer un peu plus de temps en sa charmante compagnie. Même s'ils n'auraient sûrement pas le loisir de converser de tout et de rien comme elle le souhaiterait, au moins pourraient-ils ne pas se quitter sur une note pressée et approximative. Et maintenant, elle savait où le trouver, si jamais l'envie de le revoir la prenait. « Je t'ai entendu leur raconter notre première rencontre... T'a t-on déjà dit que tu avais un don pour la narration ? Et j'ignorais que tu conter ceci à qui voulait l'entendre, j'oublie parfois qu'il est rare pour vous humains de rencontrer une créature telle que moi. Et... si tu veux, la prochaine fois, je t'offrirai quelques-unes de mes écailles... » Elle arbora une risette taquine, puis se mit à mirer autour d'elle, notamment l'immense mât qu'elle aurait volontiers ascensionné. « Beau navire en passant. Je suppose qu'il est baptisé ? » Elle se souvint soudain des deux gâteaux encore dans ses paumes, et elle en tendit naturellement un au Septmers. « Mh ? » Fit-elle pour le lui suggérer.
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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Dragon-Mother, what big teeth you have ! EmptyMar 14 Oct - 18:08




Dragonne et Sinbad
The weak are meat, and the strong do eat.

La joie d'être père, d'avec la personne aimée fonder un foyer, le bonheur de voir sa petite pousse grandir jusqu'à ce qu'elle quitte le nid du jour au lendemain. Cette sensation, Sinbad ne peut pas dire qu'il la connaît, à vrai dire, il ne sait quoi en penser, s'il regrette amèrement d'avoir foutu en l'air sa possibilité d'avoir un mariage parfait ou si au contraire, il vaut mieux faire un trait sur une fratrie plutôt que de dire adieu à la liberté. Oh c'est sûr, il aurait pu en avoir des marmots, peut-être deux ou trois au grand maximum, des filles ou des garçons, peu lui importe finalement. Sur le coup, il y voit même le visage de sa femme qu'aurait pu lui les donner. Déglutissant difficilement au prénom qui lui vient en tête, il passe une main fébrile dans sa tignasse indomptable tout en poussant un vague soupir. Maintenant que le mercenaire approche de la quarantaine, il le sait, c'est peine perdue pour se vanter d'avoir une descendance digne de ce nom. Après tout, les mouflets des légendes ne tiennent jamais bien la route ou basculent dans des abysses pour ne jamais en revenir. Peut-être est-ce le mieux, bien pour cette humanité qui n'a pas besoin d'un Sinbad en miniature pour la faire tourner en bourrique - tout sauf ça, déjà qu'il rend folle les vagues et dépasse ses limites à chaque fois. Cependant et pendant quelques secondes, il s'avère qu'il s'imagine très bien à la place de la donzelle qui d'une main de fer remet les sept enfants en place. Oh ce serait trop pour lui, néanmoins, aucun doute sur le fait qu'il serait aussi sévère qu'aimant, il agirait comme un père se le doit, avec parcimonie et justesse, enseignant à la chair de sa chair les principes qui dirigent son existence comme sur du papier à musique. Être père, ça doit être marrant comme sensation, que du jour au lendemain le gros ballon gonflant l'estomac de votre femme retombe, laissant place à une bestiole humanoïde toute rosée, un poupon pas bien joli à regarder, cependant le plus magnifique du monde aux prunelles de celui qui a eu l'idée de le concevoir. Ce doit être violent aussi, dans le sens où les responsabilités tombent sur le dos comme d'un affreux boulet offert à un prisonnier pour qu'il ne puisse pas aller loin durant une balade matinale. Un doux fléau, un chaos formé entre deux personnes qui se sont mis d'accord sur ce fait, quitte à en baver, autant le faire à deux, après tout on a rien sans rien et un marmot dit-on peut arriver à consolider le couple, comme le briser en deux. Pinçant un tantinet sa lèvre inférieure, il se surprend à réécrire sa propre histoire, se demandant le résultat qu'aurait pu donner son présent s'il n'était pas partie loin de son premier amour. Marié aujourd'hui, probablement chef de famille entouré de sa princesse et de ses têtes brunes courant à gauche à droite. Toutefois, serait-il vraiment heureux ? Probablement pas totalement, il regarderait avec un air envieux la mer qui se déchaîne sous la lune, tout en ayant ce pincement dans le coeur semblable à un aveu regrettable. « Moi non plus, si j'avais su, j'aurais rapporté ta cape. » Il écoute sans écouter, ses oreilles ne sont pas forcément attentives au grabuge qui prend place à cause des petits clones qui font plus de pagaille qu'autre chose. Perdu dans ses pensées, si bien qu'il en zieute seulement un point invisible sur un mur, il divague, part dans des images qui ne concernent même pas son personnage. Il se voit différent le Septmers, jusqu'à se dénaturer complètement. Alors qu'au fond il n'est qu'un être humain, bourré de défauts qui font son charme - ou presque. Trop volage, trop rattaché aux rivages lointains qui l'appellent, un tantinet rêveur avec un mélange de réalisme qui lui tape dans le crâne à un point tel où il s'en rendrait malade. Il n'aurait peut-être pas convenu à cette tâche de pilier pour des débutants qui ne cherchent qu'à comprendre la vie. Oh c'est pas qu'il est mauvais comme maître pour apprendre ceci ou cela à des nouveaux, bien au contraire, il s'avère plutôt à l'aise quand il s'agit de remettre des matelots à leur place ou bien de pousser une gueulante pour de bonnes raisons. En revanche, apprendre à parler, à marcher, à faire attention aux vilains - il saurait pas. Sinbad il a une notion bien à lui de ce qui est bon, de ce qui est mauvais, ça en fausse les principes qu'on a voulu lui inculquer quand il avait même pas dix ans, le vilain c'était le voleur, le bon c'était le prince. Mais, qu'est-ce que ceci pourrait donner dans le cas où le prince serait aussi mauvais que le voleur ? L'expérience, le fait de mûrir et de mourir un jour, ne laisser aucun souvenir derrière. Elle, Dragonne laissera une tripotée de rires cristallins qui à leur tour fonderont une accroche solide, et vice-versa. C'est comme ça, fatalement ça se termine de la même manière, dans l'ombre et dans la paix.

Le temps du rêve éveillé se termine avec une certaine brutalité, il se rend à peine compte que la troupe s'est jetée sur un panier empli de gâteaux, tout en ayant encore vaguement la voix de la belle brune dans sa tête résonnant de manière forte. Elle sait les tenir, ce qui n'est pas plus mal auquel cas elle se ferait littéralement gober toute crue. Ce qui l'étonne et lui titille la langue, c'est de savoir ce qu'ils sont à la réalité. Qu'il sache, peu de dragons ont eu la chance d'avoir un charme autour du cou, eux ils en ont un, mais que sont-ils ? La création d'un amour interdit entre un mortel et une bête mythique ? Cette idée lui paraît saugrenue, quoique pas totalement impossible étant donné que Fort Fort Lointain lui réserve plus que de surprise qu'il ne le voudrait, toujours accoudé au bois qui grince un peu, donnant plus de vie au navire par extension, son sourire ne quitte pas sa figure en voyant Dragonne s'approcher à pas délicats. « Tu comprends pourquoi je suis partie en hâte tout à l'heure. Je suis désolée qu'ils aient investi ton navire, j'espère qu'ils n'ont causé aucun dégât ? » Personne n'est mort, c'est déjà ça. Lui qui quand il touche du bout du doigt quelqu'un le pourri littéralement de l'intérieur, c'est un début, à croire que des jours nouveaux se lèvent pour le capitaine de l'immense bateau qu'en a déjà beaucoup trop vu pour son jeune âge. Haussant légèrement les épaules et secouant la tête négativement, c'est l'unique réponse qu'il lui apporte, ayant une attention toute particulière pour ses rejetons plus loin qui s'empiffrent de desserts. Des tâches volètent, des petits grognements se font entendre, des piaillements insupportables pour un esprit renfermé mais étrangement agréables pour un type tel que Sinbad qui ne peut s'empêcher d'être radicalement attendri, tout en ayant une admiration poussée bien plus à l'extrême pour cette figure plus que respectable qu'est Dragonne. Elle l'impressionne, et bien qu'il ne la connaisse pas depuis une éternité, il sait d’ores et déjà que sa confiance il peut lui donner à l'aveuglette sans avoir peur de représailles. « Je t'ai entendu leur raconter notre première rencontre... T'a t-on déjà dit que tu avais un don pour la narration ? Et j'ignorais que tu conter ceci à qui voulait l'entendre, j'oublie parfois qu'il est rare pour vous humains de rencontrer une créature telle que moi. Et... si tu veux, la prochaine fois, je t'offrirai quelques-unes de mes écailles... » Oh, génial, en plus elle a entendu sa piètre performance pour ce qui est de raconter une petite nouvelle. C'est sûr qu'il va pas percer et certainement pas postuler pour jouer la nouvelle grande star dans Amour, Gloire et Royauté, il n'empêche que s'il a fait bon effet, pourquoi pas après tout, au moins c'est une flèche en plus à ajouter à son arc de talents cachés. « Beau navire en passant. Je suppose qu'il est baptisé ? Mh ? » Qu'elle rajoute tout en tendant la douceur sucrée. Acceptant avec grand plaisir de quoi sustenter son estomac criant famine, ses doigts libres passent sur la forme colorée assez moelleuse, lui mettant derechef l'eau à la bouche. « Le dragon nourrissant le chevalier, décidément tu renverses la tendance ma chère. » Un remerciement voilé derrière une petite boutade qui, à ce qu'il peut supposer défini assez bien leur relation naissante, ça se fonce dedans sans pour autant se faire du mal, ça se respecte surtout et ça embaume le coeur d'un tissu chaud qui fait du bien. Comme d'une parenthèse dans ses aventures qui s'enchaînent sans lui demander son avis, elle marque une pause dans ses voyages qui n'en terminent jamais, pour son plus grand plaisir fort heureusement. « Mon égo te remercie pour ce compliment qui me va droit au coeur, cependant je pense que le rôle de dirigeant d'un navire me va mieux. » Petit rire en coin de lèvres. « Je garde ma face cachée pour tes enfants dans ce cas, ils seront des privilégiés si je puis le dire ainsi. » Chanceux de quoi ? De voir un grand gaillard leur raconter des horreurs ? Le passage avec le lézard ailé doit être le plus doux parmi des tas d'autres. Parler de cannibales n'est jamais bien fringant, encore moins de serpents géants, d'un cyclope dévoreur de mortels et surtout un marchand d'esclaves ayant marqué son dos à vif sous le claquement accusateur d'une corde suspendue à un manche. Rien qu'à s'en rappeler il a mal à la nuque jusque dans la plus petite parcelle de sa colonne vertébrale. Se redressant pour s'étirer avec une certaine nonchalance, il se décide enfin à croquer dans le gâteau, haussant les sourcils avec surprise. Cette tempête pour les papilles, c'est bien digne du petit bonhomme de pain d'épice - plus si minuscule que ça - travaillant au Muffin Man. Se pinçant la lèvre après que le bout ait passé sa gorge, il se recule d'un petit pas, ajoutant. « J'en oublie la politesse ! Dragonne je te présente l’Écorchée, l’Écorchée je te prie de bien vouloir accueillir Dragonne. » Comme si elle allait répondre, bien sûr qu'il sait que non - m'fin des fois on pourrait se poser des questions, à force de côtoyer le bois brut, on en vient à se questionner s'il n'y a pas une âme qui réside en son sein. Jusqu'à ce qu'à nouveau, son attention finisse par être accaparée par les petits montres qui n'en finissent plus de tâcher leurs vêtements. Glissant sa main libre dans la poche de son pantalon, il hausse curieusement les sourcils, il est dit que les femmes cachent bien des secrets, ne correspondent pas aux clichés que l'on peut voir d'elles. Comme par exemple la perfidie ou encore le fait qu'elles dévorent des diamants jusqu'à plus soif. Elles aiment, c'est tout, ce qu'il y a de plus beau en ce bas-monde, peuvent se permettre d'être heureuses ou du moins un minimum, à moins qu'une tierse personne vienne gâcher ceci, elles vivent les choses à travers des yeux sincères. « J'imagine qu'avec autant de chérubins, tu dois être sur bien des fronts. » Comment fais-tu ? Comment supportes-tu ? Est-ce si parfait de ce que l'on dit d'avoir droit à tant d'amour ? Tant de questions qu'il s'empêche de dire pour ne pas se faire souffrir. Le passé est le passé, le présent ne doit devenir un calvaire et le futur seulement révélateur des actes. Tout ce qui a été loupé, tout ce qui a été apprécié. Il faut juste savoir regarder les bons côtés.
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