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FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
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⊱ leave it by its pain, leave it all alone (selivan)


FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

⊱ leave it by its pain, leave it all alone (selivan) Tumblr_n7g64c7ACY1s5lesdo2_250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

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⊱ leave it by its pain, leave it all alone (selivan) EmptyMer 29 Juil - 4:43


 
Selivan, Marie

La neige gardait nombre d'empreintes, parfaitement formées, comme un tableau de maître. Dieux que le froid avait manqué à Marie.
Elle laissait s'enfoncer ses bottes avec une lenteur calculée, s'approchant du haut d'une colline. Elle y était, enfin. Chez elle. En bas de la pente était un petit village, peuplé d'à peine une centaine d'habitants. Un petit cocon bien poussiéreux qu'elle n'avait pas revu depuis tant, tant d'années, à en oublier parfois que même loin d'elle, les murs de ces maisons s'affaissent et le bois des cheminées se consume, tout le temps. Les mains bien cachées sous un manteau en peau, Marie prenait le temps d'observer. D'observer le temps se suspendre des heures durant, et éclater comme une bulle quand une silhouette se décidait à sortir d'une maison pour entrer dans la prochaine. De scruter la neige pendant des éternités comme s'il lui était possible de différencier chaque flocon et d'apporter à tous une seconde d'attention. À quelques heures en calèche d'ici, le soleil tapait sur Fort Fort Lointain, bien trop fort pour elle. Elle prenait toujours ses vacances en été, pour pouvoir rentrer ici, à la maison, se mettre sous une couverture au coin du feu. Toujours, chaque année, et c'était pourtant la première fois qu'elle revenait, qu'elle foulait la poudreuse de son enfance depuis qu'elle l'avait laissé, le soir d'un terrible drame. Un soupire lui échappa, laissant une fumée blanche couvrir sa vue pour un instant. Revenir ici était aussi bon que douloureux.
La maison de ses parents n'était qu'à quelques centaines de mètres en contrebas, et elle n'avait pourtant pas le projet de s'y rendre. C'était un voyage inutile, dont elle devrait s'occuper du retour à pied, ayant renvoyé la calèche à Fort Fort Lointain. Des heures de voyages pour un instant, un seulement à regarder ces toits rouges et ces murs blanchis par la neige. Pour un instant à pleurer une mort sur laquelle elle ne s'était pas encore attardé, le regard rivé sur la maison des Dragibus, tous volets fermés. La veille, elle avait brûlé toutes les lettres mort-nées. Celles où elle voulait s'excuser de ne pas être revenue, ni pour sa famille ni pour l'enterrement de Niki. Celles où elle implorait ses chers voisins de n'avoir rien pu faire. De n'avoir jamais rien fait pour aider Niki. Celles où elle jurait être capable de faire n'importe quoi, maintenant. Mais c'était trop tard. Le temps de revient pas et les gens ne renaissent pas. Les Dieux devaient bien se ficher de son avis sur la question, et chacune de ces lettres finissaient en pattes de mouches et en larmes sèches sur le papier. Un tiroir entier qu'elle avait fait cramer dans le parc à chevaux où elle avait tenté de dire adieu à Niki, une heure seulement avant de prendre la route pour Yasen. Pour un instant, son regard se tourna vers le vieux cimetière, à la sortie du village. Elle n'aurait jamais la force d'aller jusque là-bas, pas même contre sa vie. La simple vue d'un nom qu'elle pleure sur une pierre aussi froide laisserait son cœur pour mort. Serrant fort le Charnel de son amour dans le fond de sa poche, elle ne put s'empêcher de se plier à une coutume qu'elle n'avait jamais comprise. Elle ferma les yeux, aussi animée qu'une statue, ne laissant plus bouger que ses lèvres. Les Dragibus lui avaient envoyé le Charnel de Niki, ainsi qu'une prière qu'elle avait bien lu mille fois. Ça n'était pas même religieux, Marie ne croyait qu'en peu de choses, c'était juste une manière de s'excuser. De se sauver, peut-être, de ses malheurs. De ses maux qui n'en finissent pas depuis des mois. Qui la ramènent dans les bois, chez le dresseur de chevaux, et maintenant à Yasen. Une manière de faire taire ses mémoires qui se jouaient bien d'elle maintenant qu'elle n'avait plus que ça. Des mémoires, c'est ce à quoi elle résumait sa vie, et même elle trouvait ça d'une tristesse inouïe. Marie n'était plus une enfant, c'est certain, et une seule larme suffit pourtant à la faire ressembler à une enfant perdue. Sans repères. Loin de sa terre, d'une famille vers laquelle n'ose plus s'avancer. Loin, bien trop loin d'un amour qu'elle avait eu et à qui elle avait tant, tant de choses à dire. Tant d'excuses à formuler et de baisers à faire éclore sur ses lèvres absentes. Il était trop tard, et elle ne pouvait rien y faire; le fantôme de son amour ne revenait même pas la hanter en personne et elle se savait seule dirigeante de ses tourments. Manquer à son devoir de Capitaine avait toujours, depuis vingt ans, été son idée de l'échec, de la cause de chaque mal qui lui viendrait. Mais l'air froid lui éclairait l'esprit, et un flocon lui soufflait une vérité bien triste. Elle était son propre échec, l'essence de ses malheurs. Marie était son propre cancer, et chaque respiration qui la faisait vivre plus longtemps aidait à contaminer une nouvelle partie de son être. De son cœur, la maladie atteignait sa tête et elle craignait ne trouver aucun remède.
Retrouvant l'usage de ses jambes pour un court instant, Marie retint un sanglot et s'enfonça entre les arbres de la Forêt Sucrée. Loin des odeurs du passé qui lui brûlaient les yeux et les sentiments.
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FORT FORT LOINTAIN

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⊱ leave it by its pain, leave it all alone (selivan) EmptySam 1 Aoû - 0:17

Il s'était volatilisé, comme un chat domestique qui un jour n'honore plus son foyer de sa présence. Selivan avait fermé sa boutique et l'appartement qui y était aménagé au-dessus, avait laissé mourir les cendres du four, et était parti sans prévenir personne.
Il avait une folie de grands espaces, une agoraphobie galopante, un besoin de se barrer de là pour, juste, respirer. Alors il avait laissé Fort fort loitain derrière lui, partant à pied en direction du Yasen. Il s'était fait ramasser par un conducteur de charrette amical, avec lequel il avait fumé un peu d'herbe à chat en cours de route, ce qui lui avait avantageusement permis de le trouver sympathique et de ne pas avoir envie de le tuer.
Quand il était en ville, entouré de tous ces bâtiments, cette humanité bruyante et disons-le, franchement pénible, il n'avait pas tellement envie de virer sa chevalière à tête de chat. Il était plus discret, plus adapté, moins menaçant.
C'était une toute autre chose une fois dans la nature.

Il arriva à Yasen après il ne savait combien de jours de voyage et il s'en foutait totalement. Il jouait nerveusement avec sa chevalière, la faisant tourner autour de son annulaire, avisant le paysage de Yasen d'un regard circulaire.
Il avait pas assez d'yeux pour tout regarder, l'air coupant les poumons lui avait manqué, et bon sang, cette forme humaine c'était vraiment de la bouse. Il se pelait, mais genre, violemment. Et puis il faisait un bruit d'enfer en se déplaçant dans la poudreuse, c'était lamentable.
Selivan était outré de l'inadaptation notoire et manifeste des humains à leur environnement. Pas étonnant qu'ils se retrouvent dirigés par d'autres espèces, franchement. Même pas foutus de marcher discrètement dans la neige, je vous demande un peu ?

De sa forme originelle de chat géant, Selivan avait quand même gardé une ouïe affûtée comme la lame d'un couteau, et alors qu'il était en train de se demander s'il ne valait pas mieux quitter son Charnel n°5 pour s'ébattre librement, un bruit de pas attira son attention, réverbéré par les arbres de la forêt Sucrée tout autour de lui.
Les yeux attentifs et effilés du chat sauvage se portèrent sur l'origine du bruit. Eut-il été sous sa forme de base, il aurait sûrement pu s'esquiver comme le font les grands prédateurs fantômes des glaces.
Pas une fois transformé. C'était très crispant de ne jamais être en pleine possession de ses moyens juste à cause de la volonté de quelqu'un d'autre. Selivan se contenta de serrer les mâchoires, battre des cils parce qu'un flocon de neige s'y était pris, et transperça du regard la femme qu'il avait repérée, masse sombre découpée sur la neige, entre deux troncs d'arbres nus et glaciaux.
Elle exsudait à la fois la tristesse et un air connu. Seli avait déjà vu cette tête quelque part, et ça devait pas être dans sa boulangerie. Il remonta les mains jusqu'à les planquer contre son corps, tentant de s'éviter des engelures mortelles – ce pays n'aimait pas les pauvres enveloppes humaines. Ah ouais, ça lui revenait.
La nana toujours enfermée dans sa boîte en fer-blanc avec son air sévère. Capitaine de la garde. Les mecs à éviter quand on avait décidé de trouver de quoi cuisiner des tourtes lors d'une nuit sombre.

Il ne sortit pas de la cachette toute relative que lui constituait à la fois les arbres de la forêt Sucrée et la forteresse de souvenirs dans lesquels s'était enfermé la Capitaine, la reluquant tout à son aise, en se demandant quel goût aurait ce coriace adversaire. Les doigts nerveux et griffus du kot baïoun relâchèrent sa chevalière dans un mouvement fluide, toute nervosité remise au placard. Il n'était absolument pas conseillé de se débarrasser du sortilège en présence de la garde.
Selivan affecta ses airs gracieux de prédateur naturel, inclinant légèrement la tête sur le côté.
Bon le truc c'était que son – court, relativement à sa déjà longue vie – séjour parmi les hommes ne lui avaient pas tout à fait appris à adresser la parole aux femmes seules qui ne l'avaient pas remarqué. N'importe qui avait tendance à foutre la trouille aux gens dans ce genre de situation. Eh bien, Selivan, c'était encore un cran pire.
Il prit soin de faire du bruit en se déplaçant dans la poudreuse, annonçant son arrivée entre deux troncs d'arbre, et s'y appuya d'une épaule d'un air à la fois canaille et très propriétaire des lieux. A le voir on aurait pu croire que son fameux dixème royaume, l'endroit dont il était le souverain, donc, c'était ici.
Ça ressemblait.
Glacial, venteux, inhospitalier, le chat était justement passé de quatre pattes à deux, et semblait avoir rentré les griffes pour un temps.

« Bonjour. »

Selivan faisait des progrès de jour en jour avec la politesse, et c'était pas franchement grâce à ses fréquentations. Enfin on ne pouvait pas être commerçant tout en insultant les clients en permanence. C'était ce que disait une de ses voisines de palier en tout cas, et Seli l'avait écoutée – et s'en félicitait chaque jour.

« Vous êtes perdue, peut-être ? Vous avez l'air d'avoir froid. »

Et oh, il pouvait parler lui, qui n'était clairement pas équipé pour affronter les rigueurs du temps de Yasen, trop légèrement vêtu. Il faisait preuve de ses capacités de projection approchant celle d'un vulgaire bouffeur de souris ; il ne s'était tout simplement pas posé la question de savoir s'il allait se les geler dans le Nord ou pas. Réponse ? Affirmatif mon amiral.

« Et vous n'avez pas l'air très en forme non plus, n'est-ce pas ? »

Le propre sourire un peu triste et las de Selivan fit écho à l'expression qu'arborait la garde. Selivan n'avait pas eu la chance de vivre une enfance ou une adolescence perturbée, il avait grandi tout à fait normalement. Enfin, pour un chat géant en tout cas. Il était très heureux dans son petit arpent de forêt enneigé parcouru de cadavres et des esprits maléfiques des assassinés – enfin c'était ce qu'il se racontait. Selivan avait jamais croisé personne une fois qu'il leur avait réglé leur compte. Non, là où il s'était pris la différence dans le museau, c'était quand il avait voulu rejoindre l'humanité.
Et bon.
Les chats, plus ils échouent à quelque chose, plus ils essaient, c'est plus fort qu'eux. Selivan, sans égard pour ses doigts qui commençaient très sérieusement à geler, claqua ses mains entre elles, l'écho du bruit retentissant dans la forêt, rebondissant entre les arbres paraissant morts.
Oh c'était p'têt ça l'esprit des assassinés.

« Je vous invite à boire quelque chose de chaud, et préférentiellement alcoolisé, pour nous réchauffer. »

Le corps et l'âme.
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Marie Lopaline
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⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

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⊱ leave it by its pain, leave it all alone (selivan) EmptyJeu 13 Aoû - 16:34


Selivan, Marie

Si le village de son enfance manquait cruellement à Marie qui s'en trempait les yeux et le cœur, il fallait avouer que rien de ce qu'il y avait entre les arbres de la Forêt Sucrée ne lui faisait plus envie. Elle les avait grimpés, ces arbres, et elle avait ramassé toutes les branches qu'elle trouvait chaque automne pendant trois ans pour faire des cabanes, mais tous ces souvenirs étaient loin. Il n'y avait plus la magie qu'elle avait toujours associé à l'endroit avec un regard probablement trop rêveur et enfantin – pour un instant, elle se demanda où était enterrée cette part d'elle-même, avant de chasser cette pensée. La neige la glaçait à travers ses bottes et sa peau de bête, trempant le revers de sa robe, alors que la brise constante faisait rougir ses mains. Cet endroit était mort plus qu'autre chose, et c'était d'autant plus vrai maintenant qu'elle le voyait débarrassé de tout animal magique. Où étaient les chiens sauvages et les écureuils bien cachés qui courraient partout, gueulant joyeusement les uns sur les autres ? C'était définitivement une bien triste journée.
Il lui restait toujours cette impression que le monde s'arrêtait de vivre, se mettait en pause quand elle ne le côtoyait pas, mais cette forêt ne semblait pas décidée à s'y remettre. D'une main délicate, elle effleura le tronc gravé d'un arbre, quelques initiales inconnues qui lui rappelaient celles qu'elle avait elle-même gravé sur l'un de ces arbres, sans se souvenir duquel. Il ne devait plus en rester beaucoup, maintenant, des enfants qui venaient chercher du bois et graver leur nom – c'était pourtant un souvenir qu'elle savait qu'elle chérirait toute sa vie.
La tempête de ses pensées ignora les bruits de pas du chat qui s'approchait aussi doucement qu'un prédateur approche sa proie. Les bottes de Marie continuaient de s'enfoncer dans la poudreuse sans ralentir – après tout, il n'était pas rare en ces lieux de se sentir observé. Il y avait toujours comme une présence qui flottait, quelque chose qu'elle n'avait jamais réussi à voir mais qu'elle savait là. Peut-être cette présence faisait-elle partie de la magie qu'elle avait, enfant, attribué à cet endroit ? Sentir une seconde paire d'yeux fixée sur elle ne l'alarma pas tant que ça – pas suffisamment, se plaindrait-elle bientôt – tant elle était obnubilée par les fantômes du passé qui lui tournoyaient tout autour. Du revers de la main, Marie essuya ses joues rougies et humides de larmes, avant de se pencher pour se saisir d'une fleur, plantée là sans raison, seule survivante du climat ambiant. Elle prit le temps, cette fois-ci, de s'arrêter pour en chercher quelconque autre – au pied de l'arbre, en faisant le tour, ou plus haut dans ses branches, mais il n'y en avait aucune autre pour l'accompagner. Comme si c'était un geste de la plus grande bonté, Marie enfouit sa main sous son manteau animal, cachant la fleur entre ses doigts, jouant en douceur avec par peur de l'abîmer. Bonjour. Un sursaut lui prit, avec pour seul réflexe d'attraper la dague attachée à sa taille et de la brandir en avant, se tournant pour faire face à un homme. Un simple homme, tout ce qu'il y a de plus banal – excepté sa tenue, compte tenu de l'endroit où ils se trouvaient. Sourcils froncés sur un regard plein de jugements – on ne change pas une équipe qui gagne –, Marie détaillait l'homme avec la plus grande minutie. Son air détendu comme s'il était à la maison, l'impression qu'elle avait qu'il détaillait lui aussi chacun de ses gestes comme s'il savait ce dont elle était capable. Le plus inquiétant, c'était qu'elle ne savait ce qu'il pouvait bien lui faire. Sa poigne se resserra sur le manche de sa dague alors qu'elle se redressait comme le bon petit soldat qu'elle était. Elle n'avait pas souvenir d'avoir croisé l'homme ni à Yasen ni à Fort Fort Lointain, quand bien même il semblait avoir à peu près son âge. Son teint pâle et ses cheveux aussi noirs que l'âme d'un rebelle (vade retro) n'étaient rien d'anormal si on s'imaginait qu'il venait du pays enneigé; ses yeux, en revanche...
Il avait les pupilles qui brillaient d'une couleur bien trop profonde pour que ce soit naturel, et elle se demanda alors si ce pouvait être un effet secondaire de l'onium dont elle n'avait encore jamais entendu parler ; un simple regard vers ses mains, décorées d'une chevalière facilement reconnaissable comme étant un Charnel, suffit à la convaincre que c'était un simple manque d'humanité qui devait donner cette teinte à ses yeux. Fendus comme un chat, il aurait fallu s'en douter.
Marie déglutit, bien emmitouflée dans ses habits tant la vue de cet homme presque dévêtu vu l'endroit lui donnait froid. Des chats magiques à Yasen qui se baladent dans les forêts, elle n'avait jamais entendu parler que d'un – et si le capturer pour l'enfermer aux cachots (vraiment, quelle plaie les bêtes parlantes) serait le plus gros coup de sa carrière, elle n'était pas certaine que ça vaille suffisamment le coup. Si ses suppositions s'avéraient vérité, elle n'avait plus qu'à courir, et vite, se réfugier... elle ne savait où. Marie rangea sa dague, d'un geste toujours aussi gracieux, se convainquant que s'il désirait vraiment sa peau, elle n'aurait pas assez d'une si petite lame pour lui faire face. D'un pas puis de deux, elle s'approcha, sur ses gardes. Vous êtes perdue, peut-être ? Vous avez l'air d'avoir froid. Venant de la part de celui qui n'avait pas même un manteau sur le dos, c'était plutôt ironique. Elle avait froid au cœur, mais ça n'avait rien à voir avec la météo. Et vous n'avez pas l'air très en forme non plus, n'est-ce pas ? Dieux, se prenait-il pour son psy ? Marie se permit une grimace éphémère, arrêtant ses pas à un mètre et quelques de l'étranger.
Perdue dans mes pensées plus que dans cette forêt, à vrai dire. Elle avait réussi à les oublier, le temps de ces présentations muettes, avant que l'image de Niki ne lui revienne en tête. Comme si c'était plus efficace, elle chassa cette image d'un geste de la main sous sa fourrure, avant de se concentrer à nouveau sur œil-de-chat. Quelqu'un peut-il vraiment être en forme à slalomer entre ces arbres quasi-morts ? J'en viens seulement à trop penser; il n'y a pas grande distraction dans les parages pour s'éloigner de ses propres réflexions. Elle sourit, moins tristement que Selivan comme pour se convaincre que ça n'était qu'une question d'environnement – devinez quoi ? Ça ne l'était pas. Le claquement de mains la fit sursauter, à nouveau, et elle le pria dans un soupir de cesser de l'effrayer et la surprendre. Je vous invite à boire quelque chose de chaud, et préférentiellement alcoolisé, pour nous réchauffer. Je ne vous ai jamais vu par ici. Marie n'attendait que pas pure politesse la fin de la phrase de l'inconnu pour s'exprimer, sourcils froncés. Un tel être avait-il réellement une maison dans les environs, ou prévoyait-il seulement de la bouffer et lui laisser boire les acides de son estomac ? L'hésitation la laissa perplexe un instant avant de hocher la tête. La notion d'alcool n'aidait pas à rendre sa décision objective et raisonnable. Vous ne semblez pas être du coin, bien que je vous devine de Yasen. Avez-vous sous-estimé le climat pour sortir ainsi vêtu, ou vous faites-vous seulement des journées de pleine inconscience pour sortir dans la neige et aborder une inconnue en pleine forêt ? Elle haussa un sourcil interrogateur, complètement sérieuse dans son questionnement. S'il devait la bouffer, autant lui donner un prétexte valable pour le faire.
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⊱ leave it by its pain, leave it all alone (selivan) EmptyMer 19 Aoû - 16:22

Malgré sa forme bipède inutilement bruyante, Selivan était apparemment suffisamment discret pour surprendre les gens en plein milieu d'une forêt. A la sortie au clair de la dague et au regard de la jeune femme, il se contenta d'arquer un sourcil avec son expression calme de félin certain d'être au sommet de la chaîne alimentaire.
Ce fut peut-être ça qui lui mit la puce à l'oreille. Ou les yeux. Ou la chevalière. Ou l'accent. Mais le chat-conteur eut soudain la conscience d'avoir été reconnu, comme si la liste innombrable de ses crimes contre l'humanité venait de se dérouler entre eux sur un parchemin interminable – comme si c'était une putain de blague. Un sourire fleurit sur ses lèvres, un de ceux qui n'engageait à rien. Il eut simplement un hochement de tête affirmatif aux paroles de la dame, son regard effilé traînant sur les troncs comme s'ils avaient des réponses aux questions qu'elle se posait.

« Hmmm. C'est l'écorce de bouleau-rêveur, ça. »

Impossible de dire s'il était sérieux ou pas – c'était difficile sur quelqu'un qui avait toujours cette expression de concentration extrême et qui semblait persuadé que les sourires n'étaient qu'une façon de montrer les dents et prévenir de sa dangerosité. La domestication n'était pas tout à fait achevée, et ne le serait sans doute jamais. C'est pas évident de domestiquer un animal qui a compris combien les humains sont faibles par rapport à la puissance pure, mieux vaut les abattre immédiatement. Selivan replia ses bras contre lui, planquant ses doigts fragiles qui étaient en train de sérieusement geler. Il ne pouvait pas lâcher le Charnel alors qu'elle était dans la zone, c'était vraiment une très mauvaise idée. En plus, vu la manière dont elle le considérait, elle prendrait certainement ça pour une déclaration de guerre.
Autrefois, le chat-conteur ne discutait pas vraiment avec les voyageurs. Il se contentait de les trouver après avoir repéré une intrusion sur son Dixième Royaume, de les encercler avec sa présence et ses habitudes de fauve chasseur solitaire, et … c'était lui qui parlait. Il était doué pour ça. Mais pas pour dialoguer, curieusement.
Depuis sa défaite cuisante face au Démuni, le chat avait quelque peu révisé ses techniques ; il y avait peut-être plus à faire avec l'humanité que simplement la boulotter. Il avait d'abord repris sa liberté et fait régner un brin de terreur, et maintenant, il en était passé à l'étape de l'assimilation. Donc non, il n'avait aucune intention de manger la jeune femme, et les anciens de Yasen en seraient fort étonnés parce que l'appétit du terrible chat-conteur était bien connu dans les contrées les plus reculées du pays.
Le regard de venin et de promesses silencieuses de Seli se porta de nouveau sur la jeune femme qui demandait si le milieu de la forêt pouvait convenir à quiconque. Il haussa des épaules, superbe de dédain.

« Pour ceux qui sont faits pour, oui. Sinon, c'est très douteux. »

Donc il parlait de lui, évidemment. Comme elle l'avait si bien remarqué, Selivan n'était pas humain, il n'avait rien de ça, n'avait pas été élevé parmi eux, et avait mis bien 150 années à se rendre compte qu'ils n'étaient pas que des proies.
Alors oui, la forêt pour lui, c'était un peu un paradis sur terre. Son royaume – enfin, pas tout à fait ici, mais presque tout comme.
Evidemment, pour des hommes … c'était beaucoup moins hospitalier. Il passa la main dans ses cheveux, continuant d'ignorer le froid. Ça devenait de plus en plus compliqué.

« On ne me voit pas si je ne veux pas être vu, ça n'a rien d'étonnant. Et de toute façon, je ne suis pas vraiment du coin, j'étais … un peu plus au Nord. Et il y a quelques années. »

Une main suspicieusement griffue balaya l'air alors que les yeux verts accrochaient un rayon de soleil qui s'était perdu par là. Il avait l'air de ce qu'il était ; un prédateur coincé dans un corps inadapté. Un tigre aux crocs en cours de guérison. Un entre-deux qui n'avait pas grande signification, mais il paraît qu'il faut se méfier des fauves blessés. Il eut un petit rire de gorge, profond, frémissant, sans cause manifeste.

« Alors, vous ne préférez pas débattre de ma conscience ou mon inconscience devant un verre et près d'un feu ? Ça serait sûrement beaucoup plus agréable pour nous deux, même si, d'accord … Plus pour moi. »

Le langage corporel du chat-conteur se déliait, se réchauffait quelque peu, et il n'avait déjà plus l'air d'avoir si froid. En fait, si, il était pâle comme un cadavre à cause du froid, et était en train de geler de partout, mais plus fort que le reste, il y avait la sensation d'être à sa place. De maîtriser l'environnement. Ici, il était chez lui.
Un sourire cruel et coupant prit place sur ses lèvres alors qu'il surveillait les environs, tranquille.

« Oh, et vous êtes loin d'être une inconnue. Vous êtes plutôt connue, vous savez ? Et j'essaie de me tenir au courant.
J'apprends. »

Le regard vert se posa sur son visage, l'expression illisible. Peut-être une étincelle de contentement sous les longs cils.

« Allez, venez. Ça ne sert à rien de mourir de froid ou de tristesse. »

Le chat-conteur fit demi-tour, abandonnant là la forêt, ses rêves de chasse, et sa sensation d'être pleinement lui-même pour rejoindre le monde des hommes, et plus particulièrement l'auberge du village natal de Marie, où il se glissa sans bruit. Il fit sursauter le tavernier en lui commandant deux hydromels à la manière de Yasen, et lui adressa un demi-sourire amusé et prédateur.
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⊱ leave it by its pain, leave it all alone (selivan) EmptyJeu 27 Aoû - 2:05


Selivan, Marie

Hmmm. C'est l'écorce de bouleau-rêveur, ça. Marie haussa un sourcil, interloquée. Des gens, elle en avait croisé des tas et du plus banal au plus étrange – elle avait connu des rois et des reines, côtoyé les plus pauvres des citoyens de Yasen comme de Fort Fort Lointain, mais Selivan semblait être de loin le plus original de tous.
Elle savait qui il était, qu'il avait été; c'était quelque chose qui se sentait, qui se trouvait au fond de son regard. Qui l'effrayait et l'amusait tout autant. Une rencontre singulière, c'était le meilleur remède à un cœur brisé et une tête embuée. Les légendes de l'énorme chat conteur, ses histoires envoûtantes et son gosier bien rempli peuplaient les écoles de Yasen depuis bien des décennies. On n'en parlait qu'à messe basse, de peur qu'il observe, là, quelque part, mais l'histoire de passait de bouche à oreille. L'histoire du terrible destin de milliers d'hommes à travers les âges, comme s'il avait toujours été là et y serait toujours. Un élan de responsabilité dans l'esprit de Marie fit courir un frisson le long de son corps, la remuant des pieds à la tête, avant qu'elle ne revienne à elle-même, fonçant tête basse dans la gueule du loup – enfin, du chat.
Prenant en compte plus sérieusement les paroles de Selivan, Marie se surprit à se poser des questions sur la Forêt Sucrée dont ils semblaient être les seuls habitants désormais. Une certaine magie s'échappait peut-être d'entre ces arbres, tout compte fait – et le seul problème, c'était elle. Elle et le trop plein de sérieux et le trop peu de magie qui étaient en elle depuis quelques années. Si la Garde Royale l'avait endurcie, elle n'avait aucunement aidé à stimuler sa créativité et son imagination. Pour ceux qui sont faits pour, oui. Sinon, c'est très douteux. D'une parole, il l'arracha à ses courtes pensées. Outre le froid, il semblait étrangement à l'aise en ces lieux, contrairement à elle qui n'avait que le confort de son manteau de fourrure. On évoquait parfois, dans le secret, la mégalomanie dudit chat qui allait jusqu'à se croire propriétaire de ces terres enneigées, et l'idée qui lui revenait soudain d'une telle futilité matérielle pour un être qui alimentait les légendes semblait plaisante. Un brin d'humanité en lui, enfin; ce qui revenait à  lui trouver une faille, un défaut. Il était, de force ou de choix, humain ne serait-ce qu'en apparence et ce simple fait soulageait Marie, quand bien même l'association chat cannibale/humain semblait d'autant plus dangereuse. Encore un sujet sur lequel elle disserterait en silence, lors d'une autre expédition solitaire.
On ne me voit pas si je ne veux pas être vu, ça n'a rien d'étonnant. Et de toute façon, je ne suis pas vraiment du coin, j'étais … un peu plus au Nord. Et il y a quelques années. Sur un ton ironique, Marie reprit ses dernières paroles. « Quelques années », oui. Elle se permit un sourire par la suite, un simple rictus appuyant ses paroles avec une douceur qui n'avait pas grand chose à faire entre eux. De quelques pas dans la poudreuse, elle s'approcha de Selivan avec un air faussement assuré qui aurait fait hésiter quiconque pour définir qui était proie et qui était prédateur. Vous apprenez vite, dans ce cas. Mais si vous me connaissez, vous devez savoir qu'il pourrait être, en un sens, tout aussi dangereux pour vous que pour moi qu'une telle rencontre s'éternise. Un sourire plus franc que le précédent dévoila une rangée de dents plus blanches que la neige. Le simple fait que vous traîniez dans la neige aussi peu vêtu me semblerait bien suspect en d'autre circonstances. Elle s'arrêta face à lui, détaillant ses yeux félins de plus prêts. Prisonniers et meurtriers. Un paradoxe tout entier. Allez, venez. Ça ne sert à rien de mourir de froid ou de tristesse. La grâce et la légèreté de ses paroles l'étonnèrent en un bon sens, et elle aurait pour peu cru qu'il tentait déjà de lui conter merveilles.Sur ses gardes, elle le regarda s'éloigner en hâte, le poursuivant sans jamais le dépasser sur le chemin de l'auberge où les villageois avaient vu la capitaine grandir, il y a des éternités de ça. Par mégarde et curiosité à la fois, Marie ne détachait que peu son regard de Selivan, ignorant jusqu'aux grincements du bois vieilli de l'auberge. Avec la plus grande délicatesse, comme si chaque mouvement risquait de la briser en mille morceaux, Marie se posa à une table, se contentant de la commande passée par le grand chat. Jusqu'à poser ses longs doigts sur son verre, en rythme comme sur les touches d'un piano, la capitaine ne jugea pas nécessaire de prononcer un seul mot – en réalité, il y en avait qui se bousculaient dans sa tête qu'elle n'en trouvait aucun autre à prononcer. Puis, entre deux gorgées comme si c'était une potion de Marraine, les mots lui revinrent. Je dois vous avouer que l'idée que vous en sachiez plus sur moi que le contraire ne me séduit guère. De simples suppositions ne pourront égaler le savoir sûr que vous semblez avoir de ma vie. Une seconde gorgée, restée silencieuse quelques instants de plus, sa fleur solitaire toujours coincée entre les doigts de sa main libre. Ceci dit, je ne suis pas certaine que connaître jusqu'au nom de vos parents ou vos enfants me mène quelque part. Dites-moi, plutôt, comment se passe cette vie parmi les hommes pour celui qui semble n'être né que pour tenir compagnie aux arbres des forêts ?
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⊱ leave it by its pain, leave it all alone (selivan) EmptyVen 28 Aoû - 17:18

Une des caractéristiques les plus remarquables de Selivan – hormis le fait d'être capable de recracher des boules de poil avec une précision encore inégalée chez les humains, ha ! – était son incapacité totale à comprendre le langage corporel des bipèdes.
En réalité, déjà avec sa propre espèce – ou proches cousins type tigres, panthères des neiges et compagnie –, il avait du mal à comprendre ce que signifiait les oreilles couchées, les vibrations de vibrisses, et les grondements. Le terrible chat-conteur ne faisait aucune différence entre un grondement d'apaisement et une menace – oui c'est terriblement handicapant dans la vie de tous les jours.
On ne peut qu'imaginer que lorsqu'il s'était retrouvé pour la première fois face à d'authentiques humains sans avoir l'intention de leur coller une trouille phénoménale avant de les bouffer, il s'était retrouvé fort … démuni. (Quelle foutue ironie.)
Quelques années plus tard, rien n'avait changé. Il observa donc de côté le frisson parcourant la capitaine avec un haussement de sourcils qui ne voulait rien dire de spécial, confiant et tranquille, confit dans son immobilité de grand prédateur – ou peut-être parce qu'il était positivement en train de geler sur pied. Forme à la con.
C'est aussi pour ce manque de lisibilité des comportements humains qu'il opposa à l'ironie de la jeune femme son calme tout félin, se contentant de lui renvoyer un regard de ses yeux verts tranquilles.

« Une chance que vous soyez bien disposée, alors. »

Son manque d'affolement devant la perspective d'une issue dangereuse à leur rencontre pouvait passer pour l'impertinence la plus caractérisée. C'était pas tout à fait ça, en fait. Ne pouvaient se montrer impertinents que les personnes conscientes de leur infériorité, or, ça n'était pas le cas de Selivan.
Il était inclassable, et en portait l'assurance sur son corps tout entier.
Etre détaillé de pied en cap ne le dérangeait manifestement pas outre mesure, alors qu'il prenait place à la table, le regard posé sur l'aubergiste qui accédait à ses désirs, cognant entre elles les timbales en fer grossier. Quand est-ce que les hommes de Yasen évolueraient ? Déjà 150 années et rien n'avait changé.
Cette partie du monde était comme figée dans la glace, et le chat-conteur aurait peut-être pu remercier le Démuni de l'avoir fait évoluer de force. Peut-être seulement. La capitaine prit la parole et Selivan eut à nouveau son sourire, ni chaleureux ni rassurant.

« Je ne connais ni le nom de vos parents, ni de vos enfants si ça peut vous rassurer. Je sais seulement qui vous êtes, ce qui semble nous placer sur un pied d'égalité … A moins que vous ne fassiez erreur ? »

Il leva sa chope, lui servit un clin d'oeil rapide et en avala une gorgée. La voix de Selivan, qui était son arme principal déjà du temps où il était félin, et d'autant plus maintenant qu'il était homme, avait les inflexions de l'accent de Yasen. Elle était caressante comme les pattes d'un chat dont les griffes sont rentrées, teintée d'une légère raucité qu'il avait attrapé en se mettant à fumer de l'herbe à chat.
Une voix faite pour captiver son public jusqu'à la mort.
Mais que le public en question se rassure, Selivan avait arrêté ce genre d'exactions depuis quelques années maintenant, et se contentait de jouer aux boulangers démoniaques dans la capitale, ce qui en soi serait suffisant pour lui attirer pas mal d'emmerdes.
La question suivante, justement, portait sur sa façon de vivre parmi les humains alors qu'il n'était pas prévu pour. On se demandait d'ailleurs bien pourquoi il avait été prévu, n'ayant été, au final, qu'une grossière erreur de la Baba Yaga qui n'y avait ensuite plus pensé. Selivan évitait d'y penser, les animaux ne croient pas au destin ; ils croient à la survie.

« Oh, et vous vous inquiétez pour moi, ou pour vos humains protégés ? »

Il avala une gorgée supplémentaire d'hydromel, la couleur revenant un peu à son visage, prenant ça comme prétexte pour détourner son regard de la militaire. Ça n'était pas parce que l'on savait mentir à la perfection qu'on aimait à le faire.

« Je m'adapte, je découvre. Je reste parfaitement sage. »

Ou parfaitement discret …
Une vague de paranoïa frappa le chat sauvage. Elle était capitaine, elle pouvait lui créer de gros problèmes. Ça n'était pas parce qu'il s'était exilé que Yasen lui avait pardonné ses exactions. Le regard vert prit une teinte craintive, méfiante, celle d'une bête traquée. Celle que le Démuni lui avait appris, en fait.

« Vous comptez faire quoi, exactement ? »

Que faisaient les humains dans ces cas-là ? Ah oui, ils tentaient de marchander, non ? Selivan n'était pas très bon à cet exercice-là même si Cheshire avait tenté de lui apprendre – ou tout au moins lui expliquer – et il inclina la tête sur le côté.

« Je suis sûr que l'on peut trouver un terrain d'entente. »
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