Mowgli & Clémence

petites retrouvailles

Il a des jours où je me dis que vraiment, la vie à la jungle, c'est quand même vachement plus simple. J'ai du me taper toutes les rondes dans Rollywood en plein cagnard aujourd'hui. Je déteste Rollywood. C'est plein de grands prétentieux qui passent leur temps à péter plus haut que leur cul... Ça m'exaspère à chaque fois d'en voir un débouler vers moi sur ses chaussures à talonnettes en hurlant comme un dératé « A MOI ! AIDEZ MOI ! » juste parce qu'il se fait courser par un pauvre chien affamé. J'te mettrais bien tout ça dans la jungle moi ! Ces pauvres aristos, ils y tiendraient même pas deux jours. Et encore, je me trouve sympa, parce que si ils tombent direct sur Shere Khan, là... Là je donne vraiment pas cher de leur peau.

Penser au vieux tigre boiteux me rend un peu nostalgique. Est-ce qu'il est toujours vivant lui ? Est-ce qu'il est en ville et porte le Charnel ? Je sais pas... Mais en tout cas, maintenant que je suis ici, je n'ai plus la trouille constante de le voir me sauter dessus pour me bouffer. Pourtant, bizarrement, ça me permet pas de mieux dormir la nuit. J'ai toujours cette sorte d'appréhension, cette peur de plonger dans un sommeil profond et de ne pas pouvoir me réveiller si jamais je me fais attaquer. C'est con, parce que je vis dans un appartement, que j'ai un porte et une serrure. Et ça, ce principe de sécurité absolue de son espace vital, c'est vraiment nouveau pour moi. Quand je vivais dans la jungle, que ce soit avec la meute ou après avec Baloo, Frère Gris et Bagheera, il y avait toujours des tours de garde. On dormait à la belle étoile pendant que l'un de nous veillait. J'aimais bien faire le guet. La nuit, dans la jungle, il y a une sorte de quiétude presque surnaturelle, comme si tout était suspendu dans le temps. On entend toujours le bruissement des serpents dans les feuillages, le chant du fleuve qui s'écoule tranquillement à travers la forêt pendant que les crocodiles dorment. Mais ce que je préférais, c'était quand les lucioles dansaient autour de moi et venaient se poser sur les museaux de mes amis endormis. Je pousse un long soupir. Tout ça me manque tellement ! J'ai l'impression que depuis que je vis en ville, aux milieux des hommes (ou de ces gens qui prétendent en être que ce soit sous la contrainte ou non), le temps file à une allure délirante pendant que moi, je piétine. Parce que c'est vrai, j'en suis toujours au même point : je ne sais toujours pas ce qu'est devenu Frère Gris et je n'ai aucune nouvelle de la part de Baloo et Bagheera. Ouais c'est ça : je piétine.

Un sentiment de... je sais pas trop, quelque chose qui ressemble à de l'abattement, mélangé à de l'énervement et à quelque chose d'encore plus puissant qui me donne envie de me débarrasser de toutes ces fringues encombrantes que j'porte et de courir sans réfléchir dans la forêt en hurlant à la Lune me prend tout d'un coup. Mais j'ai fini par capter qu'ici, c'est pas un truc qui se fait en général, même quand on est vraiment vénère. Alors, comme je peux pas retourner dans la jungle pour le moment, je décide de finir ma journée en me dirigeant vers un lieu où j'me sens vraiment bien : la boutique de Clémence. Pour le coup, je peux me dire que j'ai pas tant perdu mon temps en venant ici : Clémence est une jolie fée qui tient une boutique de fleurs. Des fleurs qui viennent en partie de chez moi. Et du coup, aller chez elle, c'est un peu comme si je rentrais à la maison.

J'entre dans la boutique et tout de suite, je suis accueilli par un grand « Bonjour ! » qui me remonte le moral. Clémence, tout sourire, s'approche de moi en me disant :

« Tiens, tiens, si ce n’est pas monsieur justice en personne ! Alors, comment tu vas, depuis le temps ? Tu t’ennuyais de ta fée paix et amour préférée ? »

J'ai même pas le temps de dire quoi que ce soit que déjà elle éclate de rire. Je n'ai jamais compris cette manie des gens de la ville qui consiste à poser des questions sans laisser le temps à son interlocuteur d'y répondre. Mais bon, j'aime bien voir Clémence rire. Elle produit un joli son qui me rappelle les cascades de la jungle. Du coup, ça me fait sourire. Elle reprend son sérieux et continue :

« Allez, qu’est-ce qui t’amène ? Désolée de ne pas t’offrir de chaise, tu peux toujours prendre la mienne derrière la caisse. »

Je jette un coup d’œil sur le banc qu'elle me désigne du menton et me rends alors compte que je suis épuisé. Je n'ai pas arrêté une seule minute aujourd'hui et j'ai vraiment envie de me poser quelques secondes.

« Avec plaisir ! J'ai passé une journée épuisante, j'en peux plus ! Et j'avais besoin de me changer un peu les idées, de retrouver... tu sais, quelque chose de familier. »

Je passe derrière la caisse et me laisse lourdement tomber sur le meuble en bois en poussant un soupir d'aise. Puis je me décale un peu pour lui faire de la place et tapote la place à côté de moi.

« J'pense qu'il y a suffisamment de place pour deux alors ramène tes jolies fesses ! D'ailleurs, comment vont les affaires ? Personne ne te cherche des noises j'espère ? Sinon, dis le moi tout de suite ! »

Je ne sais pas si ce sont des choses qui se disent en ville, mais pour moi ça me semble normal de vouloir la protéger : Clémence a été l'une des premières à me faire un accueil digne de ce nom quand je débarquais tout juste de ma jungle. C'est comme si elle faisait partie de ma meute. Et moi, je protège ma meute.

 

Mowgli & Clémence

petites retrouvailles

Avant d'arriver en ville, j'avais jamais vu de magie. Je corrige : j'avais jamais vu de fée. Du coup, voir Clémence redonner un second souffle à toutes ses fleurs d'un simple coup de baguette, ça me parait à la fois super flippant et fabuleux. Les plantes reprennent du poil de la bête, elles s'épanouissent de nouveau. Je souris. J'aimerais bien régler mes problèmes comme ça moi aussi. POUF ! Un peu de magie et Frère Gris réapparait. Le rêve. Mais il y a des choses que même la magie n'est pas en mesure de faire. Et c'est peut être pas plus mal en fin de compte. J'observe Clémence qui semble contente de son petit tour. Elle me parle un peu de sa journée qui n'a pas été de tout repos, comme la mienne, et vient s'installer à côté de moi sur le banc. C'est vrai qu'elle a l'air claqué. Finalement elle me demande :

« Et toi, comment se passent tes journées ? Pas trop terribles depuis les derniers évènements ? »

J'étire mes bras au dessus de ma tête et lâche un long soupir qui en dit long sur ma lassitude.

« Mes journées sont longues et chargées. C'est le bordel dans les rues en ce moment. Tu es à Romeo Drive donc tu le sens peut être un peu moins, mais à Ragtown c'est presque ingérable. Ce ne sont pas les émeutes en elles même qui m'inquiètent le plus en fin de compte, mais plutôt les personnes qui se font prendre au milieu de la cohue et qui n'arrivent pas à s'en sortir alors qu'elles n'ont rien demandé. »

Je fais un pause. Je viens de me rappeler de ma ronde de tout à l'heure. Pour une fois, j'étais seul parce que je devais tourner du côté de Rollywood. J'aime pas aller là bas en général parce que ça me met sur les nerfs. Les regards condescendants de ces aristos à trois bananes me sortent par les trous d'nez. C'est viscérale, à chaque fois que j'en croise un j'ai envie de lui sauter dessus pour le tabasser. Mais c'est pas mon boulot. Je suis censé les défendre. Putain, l'ironie du sort quand même. Bref, je faisais mon bon petit chevalier et je n'avais rien relevé de suspect. Quand le chevalier-flic à ma suite est arrivé, je suis passé du côté de Ragtown pour m'assurer que personne n'avait besoin d'aide là bas. J'ai bien fait. Une nouvelle émeute avait éclaté, les gens étaient complètement incontrôlables. En soi, j'étais pas plus étonné que ça. Je m'y attendais, depuis le temps que ça couvait. Le problème, c'est que la plupart des chevaliers sont des brutes qui savent pas faire leur boulot correctement. Au lieu d'essayer de contenir la foule comme Lance l'aurait fait ou de sortir les personnes prisent au piège dans l'émeute à ma façon, ils balayent l'air avec leurs épées pour effrayer la populace en colère. Mais quand on la menace, elle s'énerve encore plus. J'étais tellement estomaqué par tant de stupidité que j'ai pas réagi tout de suite. C'est que quand j'ai vu un gamin au milieu de l'émeute que je me suis ressaisi. J'ai foncé dans le tas en poussant tout le monde pour atteindre le petit garçon, puis je l'ai élevé sur mes épaules pour le dégager de là. J'ai méchamment galéré pour m'échapper mais finalement, on a atteint une petite rue plus calme et j'ai raccompagné le môme chez lui. Après ça, je suis directement passé chez Clémence. Il me fallait un lieu calme pour respirer un peu, me reposer quelques minutes.

« Lance arrête pas de me gueuler dessus en ce moment. J'crois qu'il est sur les nerfs à cause des émeutes. On l'est tous un peu, même si c'est pas forcément pour les mêmes raisons. Et puis, comme on a pas la même façon de bosser ni de penser, ça finit toujours par péter un peu. Mais j'l'aime bien. Il est très pro. C'est agréable de bosser avec quelqu'un qui a conscience de ses responsabilités. »

C'est presque bizarre de m'entendre moi-même lancer des fleurs à Lance. Mais je suis quelqu'un d'honnête. Il a beau me taper sur les nerfs, c'est par pour autant que j'irai lui casser du sucre dans le dos. Je sors de mes réflexions concernant mon collègue et souris à Clémence en lui disant :

« Je vais t'acheter quelque chose aujourd'hui. Tu aurais un truc qui vient de chez moi ? Je connais pas le nom des fleurs donc je m'en remets à toi. Quelque chose que je pourrais mettre sur ma table de chevet sans que ça risque de me bouffer pendant la nuit si possible. » j'ajoute avec un clin d'oeil.

Mowgli & Clémence

petites retrouvailles

Clémence part fouiller dans ses bouquins pour me trouver un plante pas trop agressive qui pourrait être sympa dans mon appartement. J'ai enfin pris la décision de le rendre un peu plus beau à regarder, en faire autre chose qu'un simple endroit où je dors. J'ai déjà été dans l'appartement de quelques nanas avec qui j'ai passé la nuit et à chaque fois, je me sentais bien chez elles parce que c'était beau. Au fond de moi, je sais que j'ai les jetons de me sentir trop à l'aise. Si je commence à réellement m'installer en ville, est ce que j'aurai la force de retourner dans la jungle, une fois que j'aurai retrouvé Frère Gris ? Je l'ai déjà fait une fois, le coup de passer de la vie civile à la vie sauvage et franchement, c'était pas de la tarte. Bon, faut pas non plus oublier que j'ai dû faire une croix sur ma mère biologique en retournant dans la jungle. Elle m'a pas élevé, mais elle reste la femme qui m'a mise au monde. Pour elle, je crois que j'aurai pu tenter de devenir un homme à part entière. Mais ma meute avait besoin de moi à l'époque. Et la meute a longtemps été tout ce que je connaissais, tout ce que j'avais dans la vie. Je ne pouvais pas les lâcher à ce moment, pas même pour ma mère.

Il faut que j'arrête de penser à tout ça, sinon je sens que je vais partir en cacahuète. Du coup je reconcentre mon attention sur Clémence, toujours le nez plongé dans ses bouquins et réponds à une question qu'elle m'a posé un peu plus tôt :

« Je dirai qu'on a facile 3 ou 4 émeutes par jour ces derniers temps. La plupart du temps elles sont à Ragtown. Une fois on en a eu une sur le port aussi. La vache, ça c'était quelque chose : la foule a poussé un bon paquet de chevalier-flics dans la flotte, je te raconte même pas l'odeur de poisson pas frais qui flottait après au QG ! »

Je pars dans un petit fou-rire en me rappelant la tête qu'avaient tirés les boss en voyant rentrer la plupart d'entre nous trempé de la tête aux pieds. Et puis, j'avoue en avoir bousculé "malencontreusement" quelques uns dans l'eau dégueu du port, du coup ça m'a fait encore plus plaisir de voir ça. Je reprends une contenance et voit la jolie fée revenir vers moi, un gros livre ouvert entre les mains. Elle le pose sur le comptoir et commence à me parler d'une fleur qui pourrait être sympa pour chez moi. L'hibiscus. Je fronce les sourcils et m'approche d'elle pour regarder par dessus son épaule à quoi ressemble la plante dont elle me parle. Quand je vois la gueule que ça a, j'ai un petit coup au cœur. La vache. J'ai dormi dans des fleurs comme ça quand j'étais môme. Je me souviens que Mère Louve les adorait et que j'allais souvent lui en cueillir. Je savais pas que ça s'appelait comme ça dans le langage des hommes. Mais c'est un joli nom qui va bien à la fleur. Je pense que Mère Louve aurait aimé connaître le vocabulaire humain des plantes. Pour une louve, elle passait plus de temps à renifler la végétation de la jungle que les carcasses dénichées par ses louveteaux pour le dîner. Si elle avait été humaine, elle aussi aurait probablement tenu une boutique comme celle de Clémence. Un endroit agréable à vivre, qui sent bon et qui rend de bonne humeur. Mère Louve était tout ce que l'on peut chercher chez une bonne maman. Et même si elle ne m'a pas mis au monde, pour moi elle gardera toujours cette place dans mon cœur.

Ça me fait bizarre de devenir si nostalgique. Enfin, quand j'y pense, c'est un peu ce que je cherche en venant ici à chaque fois : retrouver l'air de la jungle, le souvenir de ma famille, de mes parents loups que je ne verrai plus jamais. Mère Louve est morte il y a quelques années déjà mais je me souviens encore du sentiment de vide que sa disparition à laissé en moi. Frère Gris a eu encore plus de mal à s'en remettre et pendant un bon moment il m'a reproché de ne pas avoir été assez présent pour elle, d'avoir osé hésiter entre ma famille humaine et ma famille louve. Hésiter entre mes deux mamans. Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine. Est ce qu'il pense qu'aujourd'hui encore j'hésite à venir le chercher ? Et quand je l'aurai trouver, est ce que je balancerai vraiment entre rester ici et retourner à ma vie d'homme sauvage ? Pour l'instant, la jungle me manque trop pour que je puisse tirer un trait dessus. Et si les choses ne s'arrangent pas avec Marraine, je pense que le choix sera vite fait. Mais je ne peux m'empêcher de penser à ce que je laisserai derrière moi en retrouvant mon ancienne vie. J'ai des amis ici : Clémence, Iseut... Même Lance me manquerait.

Je secoue la tête. Bon, inutile de se poser ce genre de questions maintenant. J'aurai tout le temps de m'interroger là dessus quand Frère Gris sera en sécurité avec moi. Je me racle la gorge et concentre de nouveau mon attention sur Clémence en lui offrant le sourire le plus sincère que j'ai en stock. Le genre que je ne fais qu'aux membres de ma famille, qu'ils soient ours, panthère ou loup.

« L'hibiscus c'est parfait. Tu as un don pour trouver ce qui me convient Clémence. Une vraie fée. »

Je prends une grande inspiration, m'imprégnant de l'odeur fleurie du magasin et pause mes deux mains sur les épaules de mon amie, toujours devant moi.

« Je vais te prendre celle qui reste. Et si tu as un arrosoir, je le prendrai aussi, histoire que la fleur ne crève pas au bout de deux jours. Tu sais, je crois que je vais commencer à vraiment m'installer ici. Après tout, je risque de rester un bon moment ici, il est temps que je commence à me faire un vrai nid. »

Ouais, voilà, il faut que je prenne les choses comme elles arrivent. La jungle reste ma maison, mais en attendant d'y retourner, il faut que je me sente chez moi ici aussi. Après tout, même les loups s'adaptent.

Mowgli & Clémence

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Je ris en entendant Clémence m'annoncer qu'elle me fait cadeau de la fleur. Décidément, cette fille est vraiment mignonne. Le concept de cadeau comme ça m'était totalement inconnu avant d'arriver en ville. Chez les loups, on ne parle pas de cadeau ou de présent : on te donne un truc et c'est tout, ce n'est pas une marque d'affection particulière. Tu le veux tant mieux, t'en veux pas bah tant pis pour toi. Clémence ne le sait pas, mais c'est la première fois que je reçois un vrai cadeau de ma vie et si je me marre comme un con, c'est juste parce que je ne sais pas du tout comment réagir en vérité. Je me tourne vers elle et lui souris en lui attrapant les mains.

« Merci Clémence. Ça me touche vraiment. Et pour te remercier, je t'invite au resto. Il y en a un vraiment très sympa juste à côté de chez moi, les proprios sont sympas donc ce que je te propose, c'est que tu viennes avec moi dans mon appart', qu'on aille déposer la fleur et l'arrosoir et qu'après, on aille casser la croûte. Parce que je sais pas toi, mais moi j'ai super faim et je me ferai bien un bon steak. »

Je jette un coup d’œil en direction de l'hibiscus. Décidément, je suis d'humeur sensible ce soir parce qu'une fois de plus, mon cœur se serre dans ma poitrine. Bon allez, reprends-toi vieux. C'est pas une petite fleur qui va te faire craquer hein ! Maintenant que j'y pense, je regrette qu'il n'y ait pas de cimetières chez les loups. Je trouve ce concept humain vraiment très bon, même si je suis sûr que Baloo aurait jugé que c'est le meilleur moyen de rester enfermé dans le passé. Parfois, il est bon de retourner un peu en arrière pour mieux reprendre sa route. Merde... C'est bien le genre de phrase barbante à mourir qu'aurait pu me sortir Lance en plein sermon ça. Putain je deviens comme lui, c'est la loose ça. Va vraiment falloir que j'étende un peu mon cercle des connaissances moi, sinon je vais finir comme mon coéquipier. Bon, c'est clair que y'a pire. Mais y'a mieux aussi.

Je sors de mes divagations en me rappelant tout d'un coup d'un truc : Clémence est végétarienne, elle m'en a parlé un jour que je lui racontais un peu ma vie chez les loups. J'avais tout de suite vu à la tête qu'elle tirait quand je lui ai parlé de nos festins qu'elle était pas branché bonne bidoche. Du coup j'essaie de me rappeler si j'ai vu un menu végétarien sur la carte du resto... Ouais, j'crois qu'il y a des salades et des trucs du genre. Je lève donc un doigt et précise avec un sourire en coin :

« Et si ça peut te convaincre de venir, je suis sûr à 99% qu'il y a des bons morceaux pour les végétariens. Et puis tu sais quoi ? Si y'en a pas on aura qu'à se faire un truc à la maison. J'ai de la laitue dans mon frigo. »

Bon, ce que je dis pas c'est que la laitue, je l'utilise pour avoir bonne conscience quand je bouffe des hamburger : j'en mets juste une feuille et j'ai l'impression de manger un peu de vert. Mais ça, elle est pas obligée de le savoir.

Mowgli & Clémence

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Je suis un peu déçu de voir que Clémence ne peut pas manger avec moi ce soir parce que je l'apprécie beaucoup et j'apprécie tout particulièrement les attentions qu'elle a eu pour moi en trouvant la fleur parfaite pour mon petit appart' cradingue et moche (faut dire les choses comme elles le sont, mon chez moi, c'est loin de ressembler au boudoir du palais royal ça c'est clair). Bon, elle l'a fait sans s'en rendre compte, mais elle l'a fait quand même et c'est tout ce qui compte à mes yeux. Et puis, du coup ça me donnera une bonne raison de retourner la voir : maintenant, je le veux notre resto en tête à tête !

Quand elle me dit que ça lui fait plaisir de me voir passer quand je rentre du boulot je souris et je peux pas m'empêcher de lui ébouriffer légèrement les cheveux : elle est trop mignonne cette fille, des fois, elle me fait un peu penser à Aki, une petite louve qui avait 5 ans de moins que moi mais que j'adorai. A chaque fois qu'elle se faisait embêter par les autres louveteaux, je m'occupais personnellement de leur faire comprendre que si ils touchaient encore une fois un poil de sa fourrure, je les démontais. Bah là, c'est un peu pareil avec Clémence. Souvent, quand je fais mes rondes du matin, je m'attarde un peu devant son magasin pour être archi sûr qu'il y ait pas un sale môme qui ait l'idée d'abîmer sa jolie devanture toute fleurie. Et les dieux loups savent que si j'en chope un qui s'amuse à faire ça, je le défonce.

Elle me tend tous mes achats et je les attrape pendant qu'elle me donne des derniers conseils pour prendre soin de la plante. L'arroser deux fois par jour, ok je prends note. C'est la première fois que je vais avoir la responsabilité d'une fleur comme ça et j'ai pas envie de me planter (bonjour le jeu de mot tout pourlingue). Bon, ok, je sais que c'est juste une fleur et que si je la fais mourir sans faire exprès ça sera pas la mort du p'tit ch'val non plus, mais quand je vois Clémence qui est si passionnée par ce qu'elle fait et qui prend tellement soin de ses plantes, ça me donne vraiment envie de faire des efforts moi aussi. Donc je fais bien attention à ce qu'elle me dit et garde en tête chacun de ses conseils. Quand elle a terminé et qu'elle me demande si j'ai d'autres questions, je secoue la tête en lui souriant et réponds :

« Non c'est bon, je pense que tout est très clair ! Merci Clémence. »

Je me penche sur elle et dépose un baiser sur sa joue. J'ai vu d'autres personnes le faire alors je suppose que c'est un truc courant par ici. Puis je me retourne et me dirige vers la porte du magasin que j'ouvre à l'aide de mon coude. Avant de sortir, je me retourne une dernière fois et dis :

« Je vais te laisser du coup, prends soin de toi, je repasserai sûrement dans la semaine pour te donner des nouvelles de la plante et pour te réclamer notre dîner ! »

J'accentue ma phrase avec un clin d’œil, puis, sur un dernier coucou de la main, je sors de la boutique et, tout content, ma fleur pressée contre moi et l'arrosoir magique sous le bras, je rentre chez moi, tout guilleret après cette excellente fin de journée.