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FORT FORT LOINTAIN

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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptyMar 6 Jan - 3:50



 
Charmant & Blanche
« There's nobody like him anywhere at all ! »

«La sirène amputée ? Vraiment ? » Blanche-Neige se contentait de hocher la tête, Astor ne put s'empêcher de laisser échapper un léger ricanement, amusé d'imaginer Blanche-Neige dans un tel endroit. « Je passerai quelques fois pour m'assurer que tout va bien. » L'amusement était perceptible dans sa voix, mais on y dénotait également une petite touche d'inquiétude. Ce n'était pas vraiment l'endroit le plus recommandé pour quelqu'un comme elle, mais Blanche-Neige ne se faisait pas vraiment de soucis, même les gens à la réputation plutôt mauvaise ne l'inquiétaient pas vraiment, elle était convaincue qu'il y avait du bon en chaque personne, sauf peut-être en la fée marraine, mais ça c'était une autre histoire. « Je te connais assez mon cher ami pour savoir que si tu passes me voir, ce sera pour l'hydromel et non pour garder un oeil sur moi. Tout va bien se passer. » Elle blaguait bien entendu, Astor avait toujours été capable de faire ces deux choses en même temps. Passant doucement sa main dans ses cheveux, elle lui souhaita une bonne fin de journée et quitta en direction de la taverne où elle devait se produire dans moins de trente minutes. Blanche adorait chacun des contrats qu'elle obtenait et elle ne voyait rien de dégradant à chanter dans un tel lieu au contraire, rien n'était plus satisfaisant que de voir ces gens qui la regardent à peine lui accorder toute leur attention dès les premières notes.

Arrivée à la sirène amputée, Blanche déposa les quelques effets personnels qu'elle avait apportés derrière la scène et elle attendit qu'on la présente. Son regard balayait la salle, à la recherche de visages connus et elle fut presque surprise de voir que ce soir aucun de ses plus fidèles habitués ne se trouvaient dans le bar. Blanche-Neige trouvait qu'il était encore plus amusant de pouvoir captiver l'attention de ceux qui ne l'avaient encore jamais entendue chanter. Au bout de quelques minutes, un homme légèrement éméché monta sur la scène et annonça sa venue, la majorité des gens restèrent concentrés dans leur conversation, mais elle sourit en sentant que d'autres semblaient s'intéresser à sa présence. Cette expression de bonheur se transforma en sourire gêné dès l'instant où les remarques vicieuses sur son physique retentirent. N'y porte pas attention... Ils comprendront rapidement que tu n'es pas là pour leurs plaisirs pervers. Sans trop attendre, Blanche se concentra sur un point invisible situé dans le fond de la pièce et elle laissa les premières notes quitter ses lèvres, chanter avait toujours été pour elle une véritable libération, un moyen d'éclairer sa vie lors des jours les plus sombres. Elle s'en voulait de l'avoir négligé pendant si longtemps et sentait réellement une amélioration marquée de son humeur depuis qu'elle avait redécouvert le plaisir de chanter. Cela ne prit que très peu de temps avant que presque tous les regards de la salle ne se tournent vers elle, surpris de voir à quel point sa voix avait quelque chose d'angélique et d'apaisant. Blanche-Neige avait pourtant choisi un chant très rythmé, consciente que la clientèle ne raffolait probablement pas du même répertoire que celui qu'elle réservait aux oiseaux. Augmentant de plus en plus le rythme au fil et à mesure des chants, elle comprit rapidement ce que les clients préféraient et continua dans cette lignée. Partout autour d'elle, les gens s'amusaient et parlaient en ne la privant jamais très longuement d'une parcelle de leur attention.

Plus l'ambiance s'installait et plus le regard de Blanche se promenait dans la salle, s'arrêtait quelques secondes dans celui de certains des clients, apprenant à les connaître d'une certaine manière. Leur nombre changea fréquemment au fil et à mesure que le temps passait, certains quittaient la taverne pour être remplacés par d'autres à une vitesse impressionnante, la taverne ne semblait pas réellement connaître de moment de répit. Ne voulant pas se laisser distraire, Blanche ne regardait que très peu ceux qui avaient tendance à bouger, elle gardait donc son attention bien loin de la porte d'entrée et pourtant, alors qu'elle était au début du dernier chant qu'elle allait leur offrir, elle sentit un regard différent se porter sur elle. Blanche fut immédiatement parcourue d'une étrange chaleur et elle ne put combattre la tentation de regarder. Dès l'instant où ses prunelles croisèrent les siennes, toujours aussi claires et envoutantes, elle sentit son coeur se mettre à battre la chamade. Elle ne parvenait plus à détourner l'attention alors qu'elle continuait de chanter encore et encore comme si rien n'était venu la troubler. Blanche-Neige se rappelait à quel point elle avait aimé chanter pour lui. Charmant... se trouvait-il réellement ici où sa mémoire s'amusait à lui jouer de vilains tours ? L'effluve de son shampoing était resté gravé dans sa mémoire olfactive tout comme le goût de son gloss à la fraise des bois était imprégné sur ses lèvres. Blanche-Neige ferma les yeux en poussant la dernière note et les laissa fermer quelques instants. La voix de l'annonceur - qui cette fois-ci était largement intoxiquée par l'alcool - résonna à nouveau. « et une bonne main d'applaudississessement pour la jooolie Mira ! » Blanche-Neige remarqua à peine les troubles de langage de l'homme, son attention était entièrement portée en direction de cet homme à l'allure bien trop familière. Elle venait de réaliser qu'il n'était pas seulement une hallucination, Charmant était là, à quelques pas et elle était complètement paralysée. Blanche ignorait comment réagir, elle n'avait jamais réellement pris le temps de savoir ce qu'elle lui dirait si elle le croisait à nouveau et l'envie de partir en courant et sortir par la porte de derrière lui traversa l'esprit un court instant. « non Blanche... Tu ne dois plus fuir. » Respirant un grand coup, elle parvint à se convaincre que tout allait bien aller et obtint le courage de saisir ses choses, ramasser les pièces qu'elle avait gagnées et se diriger vers la porte de devant.
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptyLun 12 Jan - 21:21


blanche & charmant

Allez venez, qu'il avait dit, vous n'en serez pas déçu, majesté ! Au contraire, vous en resterez bouche-bé ! Ah, Jeiran, la fougue de l'âge et l'or dans les pupilles ; il avait cette sale manie de balader ses mains sur tout -et n'importe-qui- mais celles-ci étaient de fées et d'artisan entremêlés, harmonie parfaite entre la justesse, la rigueur et la beauté, aussi brute soit-elle. Mais plus étonnant encore que ses capacités à créer de belles choses, innovatrices, souvent inutiles certes, c'était sa capacité à pousser le prince à faire ce qu'il voulait de lui. Comme, par exemple, un soir, où le crépuscule laissait doucereusement retomber ses filets, l'amener dans les quartiers les plus malfamés et obscurs de la capitale pour lui faire part de sa toute dernière-née. Mais Charmant, passant une main dans son brushing d'enfer, avait accepté l'offre, assuré d'avoir les étoiles plein les yeux, et une garde invisible suffisamment proche en cas de pépin. Quand on est l'héritier de la régence, il faut toujours sortir couvert, c'est bien connu. Ainsi, sa lame d'or et de fer blanc à couvert dans son fourreau, ses solerets cirés et son haleine rafraîchie à la lime, il arpentait les rues pavées et noires de Ragtown, en quête du point de rendez-vous.
L'air était lourd, noyé dans une brume qui marquait le lien entre les cieux et le sol, tout aussi grisonnant l'un que l'autre. Mais c'était le cœur léger que le quarantenaire s'avançait entre les échoppes lugubres et les badauds avinés, certain de réchapper de cette escapade nocturne. Même la tête haute et le regard porté loin devant, sur un horizon masqué, il sentait les iris vitreux ou débordants de mépris qui se posaient tour à tour sur lui. L'homme n'était pas particulièrement le bienvenu dans les bas-fonds de la capitale depuis son accession au pouvoir. Beaucoup le voulaient disparu mystérieusement ou tout bonnement pendu entre deux arbres, mais le prince savait. Il savait qu'aucun de ces malheureux ne commettrait le moindre geste. Leur vie leur est trop précieuse pour daigner reluquer un instant supplémentaire celui qu'il considérait comme une raclure sociétale.Et Charmant dans tout ça ? Il se donnait l'impression de s'en tapoter l'oreille avec la babouche de Shéhérazade. Même si, au fond de la gorge lui restait ce goût terriblement amer de l'hypocrisie. Il voulait être roi, le plus grand de tous, le plus aimé de tous. Il n'avait obtenu en retour que des menaces muettes, des sifflets, des huées réprimées. Tous jaloux, qu'il pensait, pour adoucir sa conscience. Tous des gueux, qu'il ajoutait alors. Mais tous si francs. Et c'était sans doute le pire. Cependant, donner l'impression qu'on se voile la face, que rien ne nous atteint, que le monde entier et ses misères vous glissent dessus comme des perles de nacres polies, c'est tellement plus simple. Tous ici portent des masques, bandent leurs yeux pour ne pas briser les illusions qui les bercent, et rares sont les véritables âmes qui s'osent et se complaisent à vivre dans l'honnêteté la plus totale. Parce que Charmant le sait, il l'a appris à ses dépens. L'honnêteté, c'est pour les faibles. Ça vous les brise plus que ça ne forge ; et la sincérité n'est que peu souvent primée et gratifiée. Offrez aux gens vos affections les plus franches et vous serez pris dans le piège crédule de ce que les savants de ce monde appellent l'amour. Mais l'amour aussi, c'est pour les faibles.
Il trépignait la veine du quartier, quand un vieillard, la bedaine bien pendante et les traits taillés à la serpe le bouscula, bredouillant un court « scusez sire » dans sa barbe aux effluves d'eau-de-vie. La mine renfrognée, Charmant s'interrompit dans sa marche, le temps d'épousseter son épaulette et de couler un regard hautain à l'ivrogne inconnu. Et c'est alors que la porte de la taverne s'ouvrit dans son dos, pour laisser sortir un petit groupe de festoyeurs aux mines enjouées. Et c'est alors qu'il l'entendit. Une voix. La voix. Sa voix. L'espace d'une seconde, son cœur eut un raté et il pensa son esprit déconnecté de la réalité. Un moment d'oubli, ça leur arrive à tous. Il s'ébroua d'un revers, chassant de mauvaises idées de son crâne. Puis la poterne s'ouvrit à nouveau. Il porta son attention sur l'entrée, incapable de discerner quoi que ce soit hormis un brouhaha constant qui surplombait quelques notes douces et suaves et des silhouettes épaisses, encapuchonnées, chantantes et avinées pour la plus part. C'était comme si le monde autour de lui, évoluait à vive allure, alors que lui, restait planté là, droit comme un piquet, l'esprit en rade. Le temps était-il trop rapide ? Ou était-ce son esprit embrumé, tiraillé entre mille émotions, qui était trop lent ?
Oui, c'était ça. Il n'aurait pas dû abuser de sucre, au cours du repas. Ses pensées divaguaient et lui jouaient de vils tours. Ce n'était pas la même voix. Il ne l'avait entendu depuis plus de cinq ans. Il s'était même persuadé de l'oublier, de l'ensevelir dans un recoin perclus de son crâne, à huit clos entre les souvenirs détestables qui occupaient ses mémoires mortes. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi une démence si vicieuse le prenait-elle alors qu'il n'avait rien fait, rien omis, rien demandé ? Pourquoi s'en prend-on aux âmes innocentes qui ne demandent à échoir sur des bancs de sable et de tranquillité ? Un revers du destin, du karma, des dieux, qu'importe.
Sans vouloir l'admettre, sans parvenir à les interrompre, ses pas le menèrent d'eux-mêmes à cette même ouverture de bois dans un mur de mensonge.
Il se tenait au fond de la pièce, adossé au chambranle de la porte, les bras ballants. Elle était au-devant de la scène, la gorge déployée à bercer des inconnus de son bercement mélodieux.
Et dans un craquement, perceptible de l'abîme des enfers jusqu'à la cime des cieux, son palpitant se fendilla. Et les plaies qu'il avait vainement tenté de panser chaque nuit durant, depuis son départ, furent rouvertes. Jamais véritablement aseptisées, jamais entièrement cautérisées. Elles brûlaient toujours de la même intensité, ce même brasier contradictoire qui lui léchait la peau et lui tordait les organes. Il aurait voulu clore les paupières, croire au mirage et se réveiller dans sa chambre, au palais. Mais une fois ses globes rouverts, le même spectacle s'offrait toujours à lui. Quoique plus beau encore, plus douloureux encore, exalté par la force de souvenirs resurgissant et de sentiments s'entrechoquant contre les parois de son être.
Elle n'avait pas changé. Sans doute ne changerait-elle jamais. Il y a des femmes aux pouvoirs miraculeux, aux voix enchanteresses, à l'aura lumineuse et divine, à la beauté pure et gracile, des femmes sur lesquelles le temps n'avait aucune emprise. Blanche était tout ceci à la fois. Et elle était là. En écho à ses pensées, leurs prunelles se croisèrent. Choc du bronze contre l'acier, le coup fatal. Comme Pandore dans les anciens écrits, un vil chérubin se saisit de la clé de sa mémoire et ouvrit le coffre maudit. Celui-là même où il avait scellé son humanité, sa passion tremblante et les flammes qui l'animaient jadis, rien que pour elle, rien que pour une femme. Il y a des femmes sur lesquelles le temps n'a peut-être aucune emprise, mais Blanche a une main de fer dans un délicat gant de velours sur le cœur de Charmant.
Elle vous a abandonné, prince. Une voix secrète provenant d'une quelconque Providence divinement mauvaise lui susurrait les mots qu'il ne voulait entendre, les mots vrais, les mots durs, les mots morts. Elle est partie lâche, vous laissant seule âme à déplorer. Instinctivement, il se crispa et serra les poings, masquant ses jointures blanches dans son dos. « Et une bonne maind'applaudississessement pour la jooolie Mira ! » Mira.
Mira ?

Charmant ne put détacher son regard de son port altier et de ses grâces naturelles avant que la cantatrice elle-même s'évanouisse au-derrière de la scène sous une salve d'applaudissements furieux. Le prince quant à lui, patienta. Stoïque soldat de plomb à l'affût du moindre geste, il se fit à nouveau spectateur de l'environnement autour de lui. Mais jusqu'à son retour, ces quatre lettres que le tavernier avait prononcées marquaient au fer rouge le grain de sa peau et sa chair toute entière. Il ne connaissait pas de Mira, seule une Blanche au teint diaphane comme la neige, à la chevelure aussi sombre que l'ébène et aux lèvres aussi rouges que le sang. Et une part de lui-même souhaitait ne jamais avoir rencontrer pareille sylphide au regard océan. Mais voilà que cette dernière reparue, visiblement sur le point de partir. Le blond ne cessa de la fixer, et en galant homme qu'il était, lui tint la porte, avant de s'avancer à sa suite, dans la froideur de la nuit. Au diable l'entrevue avec son inventeur, il avait de vieilles amours et de vieilles rancœurs à corriger.
L'incompréhension et la surprise avaient cédé la place à une once de fureur, qui s'insinuait dans les entrelacs bleutés de ses veines, alors que leurs deux corps étaient stoppés au cœur même de la ruelle. Charmant ne savait comment proprement réagir. Ni sur quel pied danser. Devait-il s'abandonner à la joie et au soulagement de retrouver enfin son premier amour, son premier infini ? Ou plutôt s'adonner à lui renvoyer les mille et un vices qu'elle lui avait fait subir mille et une nuits durant ? À défaut de réflexion plus poussée, la seule chose qu'il parvint à prononcer, sur un ton néanmoins acerbe, fut, « Mira ? Et depuis quand ? » Se doutait-elle seulement, de l'ouragan qu'elle avait provoqué en lui ? Du désastre que celui-ci avait accompli, décimant bonté et belles images, colombes et roses pures ? Charmant, il a pas l'air particulièrement sensible aux beaux sentiments, tout juste à sa propre personne et à sa tenue capillaire. Mais au final, c'est rien qu'un homme, un petit garçon dans une enveloppe charnelle beaucoup trop grande pour lui-même, mais trop étroite pour retenir tout ce qu'il ressent ; Charmant, c'est rien qu'une esquisse, un croquis, une ébauche pas complétée, et qui restera sans doute inachevée. Il avait du mal à déglutir, tout d'un coup. C'est pas comme si l'émotion lui montait au nez, et le rouge aux oreilles. « Pourquoi ? » Pourquoi ? Pourquoi, Blanche, Pourquoi ? C'était tout ce qu'il arrivait à dire, c'est tout ce que ses pensées perdues lui permettaient de formuler d'audible.
Charmant, il a un empire dans le cœur. Le seul problème, c'est que c'est pas lui qui dirige là-d'dans.
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptyMer 14 Jan - 14:00



 
Charmant & Blanche
« There's nobody like him anywhere at all ! »

Il n'y avait que quelques mètres entre le derrière de la scène et la porte de sortie et pourtant ce trajet sembla prendre une éternité. Dire que Blanche-Neige était chamboulée était un euphémisme. Les émotions s'enchaînaient à un rythme effréné et elle peinait à garder son souffle, le simple fait de regarder droit devant elle lui prenait toute son attention. Ses prunelles fixaient la lourde porte alors qu'elle l'atteignit, consciente qu'il y était adossé. Elle ne brocha pas et continua de fixer un point invisible devant elle, trop effrayée de ce qu'une telle proximité lui ferait ressentir. Bien qu'elle ne se permit pas de le regarder, elle ne put retenir un« Merci... » Un simple mot qu'elle avait lassé échapper dans un souffle, presque murmuré et pourtant malgré le son environnant elle était convaincue qu'il l'avait compris. Elle avait toujours aimé sa galanterie, cette façon avec laquelle il parvenait à prendre soin d'elle encore mieux qu'il prenait soin de lui-même. Une manière d'agir que très peu semblaient capables de voir en lui. Blanche vivait après tout au coeur de la population, elle n'avait pas besoin de porter attention pour entendre ce que bien des gens disaient. Si certains de ces commérages la blessaient, jamais elle ne les croyait entièrement. Charmant était un homme bon, elle en était absolument convaincue. Blanche-Neige regrettait seulement qu'il n'offre pas la chance aux autres de le voir comme elle avait eu l'occasion de le voir lui. Avait-il seulement conscience à quel point il était capable de choses merveilleuses ? Conscience qu'il pouvait réellement faire de la vie à fort fort Lointain une vie meilleure . Si la première fois qu'elle avait posé les yeux sur lui, son physique avait su la rendre aussi nerveuse qu'une adolescente devant son chevalier favoris de Flic-Story, c'est la bonté de son coeur qui la fait complètement chavirer.

Une fois dehors, le vent frais lui fit du bien pendant quelques secondes. Elle parvint à voir plus clair, mais ce sentiment ne dura pas bien longtemps. Blanche continuait sa route sans savoir où elle allait réellement, marchant dans la direction opposée de son appartement. Le claquement de ses chaussures retentissait dans la nuit alors que la rapidité de ses pas était bien loin d'équivaloir à ce qu'elle avait imaginé. Même ses pieds semblaient refuser ses demandes, plus elle souhaitait accélérer et plus ils ralentissaient. Blanche ne s'était pas retournée, mais elle le savait, Charmant était là derrière elle prêt à la suivre. Prisonnière de ses pensées, elle n'entendait même pas le bruit de sa démarche, c'était sa présence qu'elle ressentait. Sans même en avoir pleinement conscience, elle s'était immobilisé dans la nuit, le regard toujours fixé sur l'horizon. Fermant les yeux, elle tenta de contrôler le rythme accéléré de son coeur. Charmant ne l'ayant pas dépassé, elle comprit rapidement qu'il l'avait imité en arrêtant ses pas derrière elle. Le silence se faisait long et lourd. Aucun mot ne quittait leurs lèvres et pourtant Blanche avait l'impression de se faire bourdonner les oreilles par de multiples voix, ses pensées ne semblaient avoir aucune envie de respecter le silence. Les yeux toujours clos, elle se laissa bercer par l'une d'elles, lui permettant de croire ne serait-ce qu'une seule seconde qu'elle n'avait qu'à accourir vers lui et sauter à son cou. Sentir son corps ce lover contre le sien à nouveau et laisser ses lèvres embrasser les siennes après tant d'années de famine. Blanche savait que c'était tout simplement impossible et pourtant d'y rêvasser lui faisait un bien immense jusqu'à ce que la réalité la rattrape et que cette douce rêverie lui provoque une douleur comparable à du jus de citron que l'on laisse couler sur chacune de ses plaies. « Mira ? Et depuis quand ? » Blanche ferma les yeux et grimaça légèrement de douleur, jamais Charmant n'avait pris un tel ton avec elle et pourtant elle était consciente qu'elle méritait entièrement cette attitude. Ces simples mots étaient grandement caustiques et elle aurait aimé pouvoir s'évaporer dans la nuit et disparaitre. « Cinq ans... » Blanche souffrait et pourtant elle n'avait encore qu'une seule priorité en tête, son bonheur. Elle savait qu'il était parvenu à accéder à beaucoup de pouvoirs depuis son départ et elle ne voulait pas briser tout ce qu'il avait accompli. « C'est ce que je suis maintenant. » Sa voix était douce, mais néanmoins brisée, un ton révélateur de la souffrance qui l'habitait. Blanche fixait encore la ruelle qui se dessinait devant elle. Elle avait l'impression de ne même plus avoir le contrôle sur son propre corps. La belle laissa échapper un soupir, tentant de retirer de son corps un peu de pression, une autre tentative vaine de se sentir mieux... « Je t'en supplie... Personne ne doit savoir qui je suis. » Elle avait réalisé les risques qu'elle prenait en revenant dans la capitale et elle avait choisi de vivre plutôt que de toujours devoir rester cachée. Elle avait appris à accepter le fait que cela conduirait probablement à sa mort, mais elle ne voulait pas pour autant faire exprès d'abréger sa vie en criant sa réelle identité. La mère de charmant était sans aucun doute la dernière personne qui devait apprendre la nouvelle de son retour. Blanche avait beau être convaincue qu'il n'avait pas l'intention de lui en parler, elle avait senti le besoin de se protéger en lui précisant à quel point c'était vitale qu'elle demeure aussi insaisissable que la fumée.

« Pourquoi ? » La question qu'elle redoutait le plus et qui pourtant était la plus évidente. Blanche finit enfin par se retourner, elle aurait aimé paraître forte et stoïque, pourtant cela semblait impossible. Elle plongea son regard dans le sien et l'effet fut immédiat. Les souvenirs lui revinrent les uns après les autres, lui remémorant de la plus cruelle des façons à quel point elle avait été heureuse avec lui. À quel point elle l'avait aimé de tout son être. Jamais n'avait-elle recroisé un homme capable de lui faire ressentir ne serait-ce que le quart de cet amour. Blanche n'était jamais parvenue à passer à autre chose, dès qu'elle parlait à un homme, c'était Charmant qu'elle recherchait en lui. Ses souvenirs l'empêchaient de pouvoir passer à autre chose, de pouvoir vivre une autre histoire. La raison était simple, il était le bon, le seul et unique grand amour de sa vie et tous les autres étaient destinés à obtenir d'elle de l'affection et non des sentiments. Pourtant, elle n'allait pas lui dire ces mots, elle ne pouvait lui dire la vérité et en même temps ne voulait lui mentir. « Charmant... Je suis désolée... » Toute la sincérité du monde était perceptible dans ses paroles. Blanche n'avait pourtant jamais eu de difficulté à s'exprimer, elle aimait les mots et trouvait toujours quelque chose à dire sur tout, mais cette fois-ci, elle avait l'impression que rien n'avait été inventé afin d'expliquer ce qu'elle ressentait, afin d'expliquer ce qu'elle avait à lui dire. La seule chose dont elle était capable, était de s'excuser, s'excuser d'être partie sans même lui avoir dit au revoir et de ne jamais lui avoir donné la moindre nouvelle. C'était pour lui, mais il ne pouvait et ne devait pas le savoir. Blanche aurait eu envie de faire quelques pas vers lui, de lui caresser la joue avec la plus infime tendresse, lui dire à quel point elle l'avait aimé et l'aimerait toujours, mais elle savait que d'agir ainsi ne serait que torture pour elle et lui. « Je devais disparaitre, je n'avais pas d'autre choix. Je n'aurais pu supporter qu'il... » t'arrive quelque chose. Sa voix venait de couper, réalisant qu'elle ne pouvait aller plus loin dans son explication. Lui dire que sa propre mère était la responsable de sa fuite était impensable. En agissant ainsi, elle mettrait leurs deux têtes à prix, mais surtout elle mettrait Charmant dans une situation inconfortable où il serait poussé à faire un choix entre sa mère et elle. Blanche ne voulait le mettre dans un tel embarras et à quelque part une parcelle d'elle craignait qu'en plus de toutes les conséquences que cela entrainerait, il n'en croirait aucun mot. Ses frêles épaules se haussèrent légèrement avant de retomber lacement, impuissante et consciente... consciente qu'il avait tous les droits de lui en vouloir.
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptySam 31 Jan - 17:28


blanche & charmant

L'on dit des hommes qu'ils sont de faces multiples ; qu'ils peuvent être rustres, cruels et sanguinaires comme galant, doux, et dociles. L'on dit aussi qu'ils ne sont que des animaux, à moitié sauvages, à moitié domestiqués, et qui, dans leurs élans les plus bestiaux, vont jusqu'à s'entre-tuer, se meurtrir entre frères de cœur et de sang. Mais ce qu'on omet souvent de dire, c'est qu'il n'y a d'homme sans femme comme il n'y de jour sans soleil, de nuit sans étoiles, de fumée, sans feu. Car les femmes sont un brasier à cœur ouvert, un incendie aussi beau que dévastateur qui déchire le cœur des uns et brûle à vif les entrailles des autres. Elles ont ce pouvoir, si particulier et puissant soit-il, de tout faire basculer. Elles peuvent exalter chaque instant, chaque sentiment, chaque pensée d'une seule parole, d'un seul regard. Mais elles peuvent aussi anéantir un empire d'un claquement de doigts, d'un éclat de voix de trop, d'une seule promesse brisée.
Et Blanche-Neige a beau être la plus pure, bénie d'entre toutes, la plus honnête et affable, elle n'en reste pas moins une femme. Et quel autre rôle aurait-elle pu jouer que celui de destructrice ? Des années durant, elle avait été l'infini. Son tout, son rien, son lui ; la panacée de ses cauchemars, ce remède si efficace contre l'agonie qui lui restait dans le creux de la gorge. Mais Charmant se disait qu'au final, c'étaient de belles illusions. Un tour de magie vicieux, qui l'a perdu entre deux mondes.
Pour toujours et à jamais. Elle avait promis. Elle avait promis de ne jamais s'en aller, de ne jamais quitter cette galaxie de miel et de sucre qu'ils s'étaient forgés. Mais le serment s'était fracassé contre des rocs acérés, des îles austères, s'échouant lamentablement avec le flux de déferlantes noires. Et tout ce que Charmant avait trouvé à faire, c'était d'expier sa rage et ce goût de fer dans sa bouche en détestant le monde entier ; en retranchant ses bons sentiments au fond d'un compartiment hermétiquement fermé, laissé à l'abandon sous son lit, entre deux nids de poussière et de chaussettes sales. Il aurait pu se dire que c'était qu'un vieux revers karmatique, mais c'était pas le cas ; la faille dans cette histoire de karma, c'est que ça se saurait, depuis le temps, si se comporter comme une enflure était condamné par l'Histoire. Et tous les dieux confondus savaient à quel point le prince pouvait se montrer exécrable. Et tous les dieux confondus savaient à quel point ce même prince se doutait bien qu'un jour ou l'autre, on oserait le poignarder dans le dos, en plein sommeil. Faut dire que c'était bien le genre de la vie en général, ce processus en deux temps, ce rythme binaire à vous en fêler le crâne ; elle commence par vous anesthésier à petites doses, à vous plonger dans un semblant de bonheur et de stabilité, histoire d'endormir votre instinct de survie, puis elle frappe. Sèchement, en une fois une seule, comme le bris d'une lame des plus tranchantes sur un lot de veines cervicales. Charmant s'était préparé à ce que des badauds sans foi ni loi le trahissent. Mais pas Blanche. Sa Blanche. Toujours dos à lui, cette dernière s'était arrêtée net au beau milieu de la rue, sa chevelure d'ébène fondue dans l'obscurité de la nuit. À croire que les ténèbres lui vont si bien, murmurait une conscience sournoise.
« Cinq ans... C'est ce que je suis maintenant. » Cinq ans. Cinq ans qu'il n'avait plus croisé son regard. Et cinq ans qu'elle vivotait sous une autre identité. Et Charmant pendant ces cinq ans ? Comment se faisait-il nommer L'usurpateur, le prince, la loque. Cinq années durant, il avait conservé des morceaux d'ailleurs dans le creux de l'âme, des bouts d'avant. Il était condamné à avoir éternellement le mal du pays, à chercher, de façon ineffable et indéfectible, à retrouver partout et en chacun, la chaleur de ses bras, la douceur de ses lèvres, le bleu de ses yeux, le son de sa voix. « Je t'en supplie... Personne ne doit savoir qui je suis. » Personne ne doit savoir qui elle est ? La chose en soi n'était pas si compliquée, lui-même ne savait plus qui elle était véritablement. Qui de Blanche-Neige ou de Mira s'adressait actuellement à lui ? Il avait passé des mois à la chercher dans tous ceux qu'il croisait. Comme un amnésique perdu entre deux souvenirs : l'odeur de ses tartes aux pommes, le touché de leurs draps froissés. Il gardait dans l'esprit les traits fins de son visage d'ange, sur la peau les stigmates de leurs amours perdues et dans l'fond des yeux, un orange constellé, des paquets d'étoiles mortes qui ne demandaient qu'à être ravivées. C'est ce qui l'avait poussé à oublier, à enterrer vivantes ses dernières pensées, leurs derniers moments. Le seul moyen de survivre au temps, c'était de mettre de la distance.
L'odieuse se retournait enfin. Et dans le même instant, une déflagration silencieuse implosa dans son corps, ébranlant toute sa musculature, faisant vibrer tous ses os, jusqu'aux jointures de ses côtes et aux plaies qui bardaient son palpitant. L'affreuse vérité le giflait alors qu'il se noyait dans des iris océan. Elle est tout sauf odieuse ; elle est innocente et sincérité, douleurs présentes et passées. Même avec toute l'obstination et la détermination dont il se croyait capable, il était impossible à Charmant de se fermer à la présence même de celle qui avait été, qui est, son premier amour véritable. D'anciens textes prétendent que la femme a été créée suite à l'homme ; d'autres déclarent qu'homme et femme ne formaient qu'une seule et même âme, dans un corps à deux têtes, quatre bras et quatre jambes et que, jugés trop puissant par une divinité supérieure quelconque, les deux parties de cette même essence ont été divisées et depuis lors n'aspirent qu'à se retrouver, se compléter. C'est ce qui est arrivé aux deux idiots qui stagnent en pleine rue un soir de fin de semaine. Mais la traîtrise de l'une et la rancune de l'autre les empêchent de vivre correctement un semblant d'histoire. « Charmant... Je suis désolée... » A ces mots, à ces regards, Charmant ne pouvait résister plus longtemps. La fureur sordide qu'il lui avait secoué l'échine rien qu'un instant auparavant s'était muée en mélancolie ; et cette même nostalgie était née l'envie. L'envie de s'approcher un peu plus, l'envie de sentir à nouveau son souffle sur sa nuque, de connaître encore une fois, une dernière fois, ce filament d'électricité qui le prenait au moindre contact entre leurs peaux. Ses pupilles étaient fixées sur les siennes, incapables de s'en détourner. « Je devais disparaître, je n'avais pas d'autre choix. Je n'aurais pu supporter qu'il... » Qu'il ? Ce lambeau de phrase atrophiée attisait sa curiosité plus que de raison. Subitement, il ne savait pas vraiment ce qui animait le plus son désir, celui de connaître les raisons de son départ, ou bien d'entendre le bercement de sa voix enchanteresse un peu plus longtemps encore ?
Arrête-toi, stop. Fais demi-tour et ne regarde pas en arrière, le passé est passé et l'avenir t'ouvre ses bras.
Un véritable conflit éclatait en lui-même. Ses convictions, desquelles il avait tant souffert à mettre en place, oscillait dangereusement, prêtes à se décomposer à la moindre bourrasque. Comme son visage. Son incompréhension et son désarroi étaient lisibles dans les moindres pores de sa peau ; il ne doutait même pas que Blanche-Neige puisse apercevoir les fissures qui marquaient son cœur au travers de ses pupilles glacées. Perdues, aussi. Charmant était complètement diffracté, incapable d'aligner deux pensées cohérentes l'une à la suite de l'autre. C'était comme s'il était debout, sur un fil, au beau milieu d'un précipice, à une centaine de mètres d'un sol dur et sombre. Il ne savait trop de quel côté chuter, vers quelle direction s'échouer, se laisser tomber sans vergogne.
Alors que la cantatrice concluait par un hochement d'épaules incertain, il ferma un instant les paupières, pour tenter vainement de se vider la tête.
Et lorsqu'il rouvrit les yeux, il su.
Un pied après l'autre, il acheva lentement la distance qui séparait leurs deux corps. Il sentait son rythme cardiaque s'accélérer à mesure que son visage se rapprochait de celui de son interlocutrice. « Que n'aurais-tu pas supporté ? » Sa voix s'était faite plus douce, l'inflexion moins acerbe. « Blanche-Neige. » Il avait besoin de le dire, il avait besoin de prononcer son prénom à voix haute. Il s'y était interdit depuis trop longtemps pour continuer à s'affamer ainsi. Les trois syllabes lui avaient paru familières, comme si c'était hier. Charmant inspira longuement, redécouvrant le parfum de Lajuste, à la fois doux comme du coton et aux notes fruitées et suaves. Combien de nuits, sans oser l'admettre, s'était-il réveillé en fracas avec l'envie irrépressible de la revoir, de percevoir une fois encore, l'effluve qui se dégageait d'elle, cette aura si lumineuse qui l'entourait de jour comme de nuit ? Posément, il tendit un index vers son minois. Il s'apprêtait à rétablie le contact, mais s'abstint. Son cœur ne le supporterait pas. Il dériva alors sur la gauche et compensa par une mèche de cheveux qu'il enroula autour de son doigt, les paupières à nouveau closes. « J'ai besoin de savoir, je n'en peux plus de désespérer. »
J'ai besoin de savoir, j'ai besoin de l'entendre. J'ai besoin de t'entendre.
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptyVen 13 Fév - 0:12



Charmant & Blanche
« There's nobody like him anywhere at all ! »

Blanche-Neige restait complètement immobile. Le vent venait faire valser doucement ses cheveux et sa poitrine se soulevait à chacune de ses respirations, mais tout le reste semblait être figé par le temps. Elle attendait, mais quoi au juste . Elle-même ne le savait pas. Qu'est-ce qui était mieux ? Elle était incapable de savoir ce qu'elle préférait obtenir comme réaction comme chacune d'entre elles lui semblait plus terrifiante que la précédente. Elle restait donc là, le cœur battant à tout rompre à fixer ses paupières closes.

Blanche sentit son estomac être retourné alors qu'il ouvrait les yeux et avançait vers elle. Chaque pas qu'il faisait dans sa direction ne faisait que la renverser davantage. Elle était aux prises entre l'envie de se reculer afin d'être capable de garder le contrôle sur son esprit et celui de s'avancer également afin de le rejoindre, de sentir à nouveau son souffle contre son visage, de pouvoir regarder chaque parcelle de ce visage magnifique. Incapable de prendre une décision, elle demeurais figée dans le sol. « Que n'aurais-tu pas supporté ? » Cette douceur... Elle se rappelait tant de mots doux prononcés par cette voix, cette même voix qui l'avait fait chavirer quelques années auparavant. « Blanche-Neige. » Le noir total, elle avait eu besoin de fermer les yeux pour garder ce moment encré au plus profond de son esprit. L'entendre dire son nom était à la fois une caresse et une gifle contre son visage. Un visage vers lequel elle le vit porter son doigt et immédiatement son rythme cardiaque entra dans une danse folle dans sa poitrine. Elle avait peur de sentir le moindre de ses contacts, elle était consciente qu'elle ne pourrait probablement pas le supporter et rester indifférente. Elle mourrait d'envie de pouvoir à nouveau toucher sa peau, sentir sa main contre la sienne, laisser leurs lèvres se retrouver et c'était exactement pourquoi elle ne devait pas. Elle devait rester le plus stoïque pour lui et ce même si ça la faisait terriblement souffrir. Blanche avait fait l'un des choix les plus difficiles de sa vie il y a cinq ans de cela lorsqu'elle avait décidé de fuir pour lui permettre de vivre et d'être heureux. Elle avait tout récemment choisi de prendre un risque et de revenir chez elle à Fort Fort Lointain en prenant bien soin de se tenir loin des lieux où elle risquait d'être reconnue. Elle était convaincue que de se tenir dans des tavernes aussi peu recommandables lui permettrait d'être transparente et de vivre tel un fantôme. Pourtant le destin semblait bien décidé à lui prouver qu'un ne pouvait pas éternellement fuir son passé. Blanche avait souvent rêvé à ce qu'elle ferait si elle se retrouvait face à lui, de nombreux et longs rêves pendant lesquels elle n'était jamais parvenue à dire un seul mot. Aujourd'hui n'était par contre pas un rêve, Charmant était là devant elle et son doigt n'était qu'à quelques centimètres de son visage. Elle sentit son souffle se couper alors qu'elle était convaincue qu'il y aurait contact, mais l'homme sembla changer d'idée et jouer dans ses cheveux comme il avait si longtemps eu l'habitude de faire. Un geste qui lui rappela de nombreux souvenirs...qui avait quelque chose de rassurant et d'effrayant en même temps.

« J'ai besoin de savoir, je n'en peux plus de désespérer. » Et j'ai besoin de te le dire... Si seulement tu pouvais savoir à quel point Charmant Blanche fixait ses paupières closes, elle sentit les larmes montées à ses yeux et elle était heureuse qu'il ne puisse les apercevoir. Elle prit une longue inspiration, espérant les voir sécher. Tu mériterais la vérité... Tu ne mérites rien d'autre que la vérité. J'aimerais te raconter cette journée là où elle m'a fait comprendre que je devais choisir entre la vie et la mort. Entre ton bonheur et ton malheur. Je n'avais pas encore réalisé qu'en réalité peu importe le choix que je ferais le résultat serait destructeur et meurtrier pour moi. Je ne me suis jamais réellement sentie vivante depuis ce jour-là. J'ai l'impression d'avoir laissé mon coeur derrière moi, auprès de toi. Ce qui me fait le plus mal est que je dois accepter que je ne puisse jamais le récupérer. J'ai passé cinq ans à rencontrer des gens nouveaux, des hommes nouveaux et aucun d'entre eux ne pouvait se vanter de me procurer ne serait-ce que le huitième de ce que tu me faisais ressentir. Ta mère ne m'a pas laissé le choix Charmant, elle savait pour notre histoire depuis le début et il n'était pas question pour elle d'accepter de nous voir vivre notre amour. Elle m'a menacé et forcé à fuir, c'est pourquoi je suis partie, c'est pourquoi je t'ai abandonnée. La larme qu'elle tentait tant bien que mal de conserver finirent par s'enfuir et glisser sur sa joie vermeille. Blanche se dépêchait de les essuyer et tentait de dénouer sa voix afin de lui répondre ce qu'elle devait lui dire... une réponse bien différente de celle qu'elle voulait. « J'aimerais tant pouvoir te le dire Charmant... Mais chacun de mes mots ne ferait que te mettre d'avantage en danger... Je suis partie parce que je n'avais pas le choix et malgré toutes ses années sache que je t'aime encore de tout mon cœur. Mais... je suis dangereuse... je refuse d'être le poison qui te sera fatal. »

La voix de Blanche-Neige s'était cassée à la fin et elle avait l'impression que le feu dévorait son cœur et se rependait jusqu'à ses nez. Les larmes semblaient être prêtes pour une nouvelle attaque et sa voix était complètement nouée. Elle aurait aimé avoir la force de se contenter de partir, de lui faire croire qu'elle ne l'aimait pas, de lui permettre de l'oublier, mais son cœur était trop pur pour un tel mensonge. Jamais elle ne serait capable de prétendre être complètement détachée de lui alors qu'il hantait la moindre de ses rêves. « Tu as la vie dont tous les petits garçons rêvent, tu es prince d'un royaume, tu as une magnifique fiancée... Tu as absolument tout ce dont on peut rêver. Ton bonheur est la seule chose qui compte. » Et je ne vais pas te l'enlever en te révélant ce que ta mère était prête à tout faire pour me voir disparaitre Blanche avait beau se tenir loin de tout ce qui était royal, les gens parlaient et elle avait l'impression de tout savoir sur ce qui se passait dans la vie de Charmant. Du moins du point de vue extérieur. La raison pour laquelle elle ne parvenait pas à lui dire la vérité était à quatre-vingt-dix pourcents parce qu'elle tenait à son bonheur et a dix pourcents parce qu'au fond d'elle elle avait terriblement peur qu'il puisse ne pas la croire. Après tout, comment pouvait-elle espérer qu'il croit cette femme qui l'avait fui depuis les cinq dernières années plutôt que sa propre mère, la fée dont le sang coulait dans ses veines. Blanche supportait difficilement de devoir rester loin de lui, mais elle ne pourrait tout simplement pas supporter le fait qu'il n'ait pas confiance en elle.

Spoiler:
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptySam 14 Fév - 11:25


blanche & charmant

« J'aimerais tant pouvoir te le dire Charmant... » Alors dis-le, dis-le, je t'en prie, libère-moi des doutes qui m'enchaînent, de cette peine qui me retient éternellement prisonnier au passé, de cette douleur que j'ai, dans le creux du thorax, celle qui me relie toujours à toi, celle qui me rend malade, qui me rend fou, qui me donne le mal du pays, le mal de ton amour. Apatride cardiaque, perdu dans ses pensées comme entre deux mondes, Charmant ne savait que faire, quoi répondre. Il était là, debout dans la nuit aussi noire que son cœur à espérer. Ça faisait longtemps qu'il espérait plus, le prince. Parce qu'il avait appris ses leçons. Du moment même où vous daignez vous laisser enivrer par le vin de l'espérance, vos jours sont comptés. Vous direz qu'ils le sont pour tous ; que chacun possède sa propre date limite de consommation, que chacun redoute l'instant fatidique, la date butoir, la dernière échéance ; que pour les malades et les vieillards, c'est moins flou que pour les derniers-nés. Mais c'est pas de la même mort dont il s'agit. Y a mort et mort. Y a mort, la fin de la vie, l'envol de l'âme vers un dernier paradis ; et y a l'autre mort, celle qui ne touche que quelques malheureux privilégiés, celle qui anéantit comme on respire. Celle qui gâche et qui crache, qui craque et qui fêle ; celle qui émiette votre palpitant, et le laisse-là, comme une loque au bord de la route, en décomposition, en train de battre avec difficulté, le muscle bardé de fer, les plaies à vif, tuméfié. Elle fait mal cette mort-là, terriblement mal, mais y a pas d'autres options que de serrer les dents, encaisser et avancer. Parce que le problème, dans tout ce concept d'espoir, c'est que c'est bien beau sur le papier ; mais au final, c'est rien d'autre qu'un néant dissimulé. Ceux qui le portent en eux, ont beau se regarder dans le fond des yeux devant une glace, ils auront beau croire que c'est ce putain d'espoir qui se réverbère dans leur pupilles, ce sera jamais rien d'autre qu'une illusion. Mais le pire, c'est qu'on s'en rend pas compte immédiatement, on le comprend pas, on veut pas comprendre. C'est que la nature humaine est faite ainsi, terriblement bornée, jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Puis, vient l'instant terrifiant où vous ouvrez finalement les paupières, parce que quelqu'un vous a forcé à le faire, parce que quelqu'un a réduit l'effusion en cendres et a noyé les braises dans un océan de chagrin. Et Charmant, il le sait tout ça. Il le sait, parce que des années durant, c'est lui qui éteignait l'incendie et écumait les constellations qui brillaient sur la rétine des gens. « Mais chacun de mes mots ne ferait que te mettre d'avantage en danger... Je suis partie parce que je n'avais pas le choix et malgré toutes ses années sache que je t'aime encore de tout mon cœur.» Le coup fatal. Il ferma les yeux, histoire de se remettre. Cinq ans, mille neuf-cent jours passés, quarante-quatre mille heures écoulées et pourtant, toujours cette même petite phrase. Ce même verbe, qui revenait, qui valsait d'un bout à l'autre de son corps. Il prit une inspiration douloureuse et il revint à la réalité, trop enivré par le bercement de sa voix pour risquer de perdre le fil de la conversation. « Mais... je suis dangereuse... je refuse d'être le poison qui te sera fatal. » Et comment pourrais-tu, Blanche-Neige ? Jamais Charmant n'avait fait la rencontre de quelqu'un d'aussi doux, honnête et pure que sa cantatrice. Même empoisonnée, sous la manipulation du Malin ou véritablement haineuse, elle ne serait jamais mauvaise. Elle était le soleil et la lune, les étoiles et la voie lactée, les fleurs fraîchement éclos et le clapotis de l'eau, elle était le gazouillis des oiseaux et l'odeur des tartes aux pommes et la cannelle, elle était la beauté et la clarté, la chaleur du feu, la douceur du coton, la fraîcheur de l'eau et le confort de la terre. Elle est l'infini et l'au-delà, elle était galaxie à elle seule. Mais elle n'était pas dangereuse. « Tu as la vie dont tous les petits garçons rêvent, tu es prince d'un royaume, tu as une magnifique fiancée... Tu as absolument tout ce dont on peut rêver. » À la bonne heure, haut les cœurs, mes sœurs. Sur le fond, la belle n'avait tort. Il avait accompli tout ce dont il avait toujours rêvé. À la tête d'un royaume brillant de gloire, porteur d'une flopée de titres tous aussi pompeux les uns que les autres, vainqueurs de toutes les batailles qu'il avait jusque-là menées. Mais il y a cette chose, qu'aucun livre de contes n'a jamais daigné préciser. C'est que le prince est las de sa royauté. Pas même une année complète au pouvoir que, déjà, il étouffe dans ses propres draps de soie et de satin. À quoi bon avoir tout, si ce n'est rien ? Plus aucune cause pour laquelle se battre, plus aucun défi à relever.« Ton bonheur est la seule chose qui compte. » « Non. » Il articula le monosyllabe d'un seul geste, en un seul temps, du tac au tac. Le ton était froid, déterminé. Ses pupilles stagnaient dans celles de son premier amour. Qu'elle était belle la mer qui venait s'y échouer, qu'ils étaient beaux, les oiseaux qui volaient avec tous ses rêves. « Jamais mon bonheur ne sera complet si tu ne vis pas le tien. » Et c'était vrai, c'était sincère. Il avait beau avoir mal digéré les cinq années précédemment écoulées, il tenait trop à elle pour lui souhaiter autre chose que d'être heureuse, que de vivre pleinement, d'embrasser ce destin lumineux qui lui est destiné. Elle le méritait. Elle méritait largement mieux que lui et infiniment plus que ce qu'il était capable de lui offrir. L'inspiration suivant fut plus douloureuse encore, chevrotante. « Je t'ai cru morte, Blan- » Une pause. « Mira. » Il appuya le dernier mot, sans trop comprendre pourquoi, sans vouloir trop chercher non plus. Si la duchesse avait choisi l'exil, sans doute avait-elle ses raisons, et en galant chevalier, Charmant s'y tiendrait, obtempérant sans broncher, sans critique aucune. Il déglutit, tentant vainement de faire redescendre le nœud qui lui barrait la trachée. « J'ai survécu avec peine à ces cinq dernières années, sans toi. J'essayais d'oublier ton visage, le bleu de tes yeux, la douceur de ta voix. Mais je n'y arrivais pas, jamais complètement, en tout cas. Je te cherchais partout où j'allais, la gorge nouée d'amertume et de regrets. » Il la voulait traître, il la voulait sournoise et mesquine. Il voulait matière à la détester, de quoi se trouver une excuse derrière laquelle se cacher. Mais au fond, il n'avait jamais véritablement pu se défaire de l'emprise qu'elle avait sur son cœur. Son nom était marqué au fer sur sa chair, comme un mantra intemporel qui lui rappellerait toujours qui il est, qui il était et ce qu'il a vécu. Il entrouvrit les lèvres, afin de faciliter le passage de l'air, qui semblait se faire plus en plus rare dans ses poumons. Comme si ses confidences lui demandaient trop d'efforts, trop d'énergie, et, qu'une fois la limite atteinte, il chancellerait et retomberait dans le gouffre qui l'avait recraché des années plus tôt. « J'ai pensé des choses terribles. » Sur cet aveu, et, comme dégoûté de lui-même, il recula d'un petit pas. « Je m'en veux, si tu savais à quel point je m'en veux » Charmant aurait aimé posséder un bouton magique, de celui qui permet le retour en arrière, rien qu'en le déclenchant. Il serait alors revenu au temps où il avait rencontré Blanche-Neige. Il aurait affronté sa mère, lui assurant qu'il ne voulait pas de trône ni de montagne de schillings, simplement une vie d'amour avec un ange. Elle l'aurait sans doute compris, elle aurait sans doute accepté, soucieuse du bonheur de son fils. Et alors, il n'en serait pas là aujourd'hui, à ressasser le passé, à essayer de s'échapper de cette impasse qu'il s'était forgé lui-même. Mais la vérité et la bravoure ne sont pas des qualités prédominantes dans la famille.
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptyDim 22 Fév - 16:38



Charmant & Blanche
« There's nobody like him anywhere at all ! »

« Non. » Blanche-Neige sursaute presque devant cette réponse. L'homme était resté muet tout au long de ses explications et elle lui en était grandement reconnaissante, mais elle avait presque cru qu'il avait perdu la voix. Oublié qu'il pouvait parler. Blanche hochait la tête devant autant de détermination. Il ne devait pas croire ça... si seulement il savait à quel point « Jamais mon bonheur ne sera complet si tu ne vis pas le tien. » Son regard s'embuait instantanément alors qu'elle ne parvenait plus à décrocher ses prunelles des siennes. Blanche-Neige cherchait quelque chose au fond de ses magnifiques perles, elle cherchait sans même savoir ce qu'elle espérait trouver. Une indication de ce qu'elle devait dire pour le convaincre de ne pas se soucier de son bonheur alors qu'elle n'avait pas encore trouvé un moyen de leur permettre à tous les deux de vivre heureux ? Peut-être cherchait-elle tout simplement à encrer à jamais dans sa mémoire cette déclaration qui lui faisait chaud au cœur et à oublier la souffrance de l'échec assuré? Elle l'ignorait, mais dans tous les cas elle ne parvenait pas à obtenir ce qu'elle voulait, tout simplement parce qu'il n'y avait aucunes paroles qu'elle avait le droit de prononcer pouvant lui faire comprendre tout ce qui se passait dans sa tête tout comme l'affection qu'elle trouvait dans ses quelques mots la faisait souffrir tant il était impossible de réaliser son souhait. . « Je t'ai cru morte, Blan-... Mira. » Elle lui adressa un sourire navré, elle avait sincèrement cru que de simplement disparaitre serait la meilleure solution, mais plus l'homme parlait et plus elle se demandait s'il n'y avait pas quelque chose qu'elle aurait pu faire de plus. . « J'ai survécu avec peine à ces cinq dernières années, sans toi. J'essayais d'oublier ton visage, le bleu de tes yeux, la douceur de ta voix. Mais je n'y arrivais pas, jamais complètement, en tout cas. Je te cherchais partout où j'allais, la gorge nouée d'amertume et de regrets. » Elle aurait tant aimé avoir la force de lui mentir en prétendant ne pas l'aimer, lui permettre de sincèrement la détester et de l'oublier, de passer à autre chose rapidement. Si elle en avait été incapable, ce n'était pas parce qu'elle souffrait à l'idée de le voir dans les bras d'une autre même si cette image lui arrachait le coeur, elle avait compris depuis déjà longtemps qu'elle ne pouvait être cette femme qui le rendrait heureux et elle était réellement comblée pour lui de le savoir fiancé. Elle avait été incapable de lui mentir parce qu'elle ne pouvait tout simplement s'imaginer lui dire de telles choses, parce qu'en une fraction de seconde il aurait pu deviner qu'elle mentait. Charmant la connaissait mieux que quiconque, lorsque le bleu cristallin de ses yeux se portait sur elle, il pouvait deviner le moindre de ses sentiments et elle en était consciente. Elle avait choisi la voie facile et lâche, la fuite. « Si tu savais à quel point je suis navrée de t'avoir fait vivre tout ça. J'avais l'impression, et je l'ai encore, qu'il n'existait aucune façon valable pour t'expliquer... » La pensée qu'il l'avait oublié et était passé à autre chose avait été douloureuse pour elle, mais elle avait été sa favorite. Celle qui lui permettait d'espérer que tout allait bien pour lui. « J'ai pensé des choses terribles. » Blanche-Neige n'eut pas le temps de lui dire qu'elle comprenait qu'il se recula légèrement d'elle. « Je m'en veux, si tu savais à quel point je m'en veux » Elle hocha la tête en s'avançant d'une léger pas à son tour. « Charmant.. » Sans même réfléchir elle fit ce qu'elle s'était pourtant interdit pour son propre bien être et franchit la barrière qui les séparait. Sa main se leva afin de venir caresser sa joue et la sensation de sa peau contre la sienne l'électrisa. Elle toléra la douleur qu'entrainait la pensée qu'il s'agissait sans aucun doute de la dernière fois qu'elle caressait cette joue comme elle l'avait si souvent fait auparavant. « Tu n'as pas à t'en vouloir, tu avais toutes les raisons de me détester. » Sa respiration devenait difficile et elle tentait du mieux qu'elle le pouvait de contenir ses larmes. Elle devait se montrer forte pour lui. « J'ai passé avec toi les deux plus belles années de ma vie, j'étais la femme la plus heureuse du monde. Tu m'as comblé, permis de voir que le grand amour dont j'avais toujours rêvé existait, tu m'as permis de le vivre et je t'en serai à jamais reconnaissante. » Elle baissa le regard en sentant une larme s'enfuir et elle l'essuya rapidement de sa main libre et reposa son regard dans le sien, essayant de prétendre que rien n'était arrivé. « Tu dois m'oublier Charmant... Je suis sincèrement heureuse pour toi, pour la vie que tu mènes présentement. Ce moment serait arrivé un jour ou l'autre, nous étions prédestinés à vivre cette impasse. Je n'ai pas ma place à tes côtés ici. Les raisons de mon départ ne sont pas importantes, c'était tout simplement ce qui devait arriver. » Elle arracha sa main à contre coeur de sa joue et fit quelque pas en arrière. Si seulement il pouvait comprendre à quel point son bonheur lui était cher. Elle avait l'impression qu'elle venait de se déchirer le coeur en avouant à voix haut cette terrible réalité, mais avec chance son premier amour comprendrait à quel point c'était important... qu'il parviendrait à l'oublier complètement.
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptyDim 1 Mar - 14:56


blanche & charmant

« Charmant... » Jamais son prénom n'avait eu résonance si douce et si douloureuse à la fois. La duchesse déchue expiait les deux syllabes maudites avec cette même grâce divine qui lui était contée à travers le royaume depuis sa plus tendre enfance. Blanche-Neige, l'enfant miracle au teint de lait, aux yeux d'océans, aux cheveux d'ébène et aux lèvres de sang. La plus belle femme que la terre n'avait jamais jusque là portée, la plus tolérante et juste de surcroît. Mais toute sa bonté d'âme n'avait su préserver son avenir doré et sa silhouette lumineuse, lentement, s'était noyée dans les ténèbres du souvenir. Et pourtant, elle était toujours là. Debout face à lui, éclairant les ruelles de son teint diaphane, embrassant le monde de son aura céleste. Une vague de chaleur mêlée à d'électriques frissons parcoururent son corps entier lorsqu'une paume gracile fut déposée sur sa joue. Comme si elle avait été façonnée pour se mouler dans ses vallées creusées par le temps et des sanglots inavoués. Charmant percevait le soulèvement de son estomac, et la bataille qui régnait dans sa propre enveloppe, les cadavres de papillons qui doucement pulsaient leurs ailes poussiéreuses et fébriles. Il appuya son visage contre le pulpe de ses doigts, savourant cette sensation délicieuse qu'il avait pourtant pensé avoir oubliée au cours de ses nuits solitaires. « Tu n'as pas à t'en vouloir, tu avais toutes les raisons de me détester. » Il conserva ses paupières closes. Il ne supportait pas d'avoir à soutenir son regard, alors même qu'elle avouait à voix haute ce qu'il avait essayé de commettre avec bassesse pendant cinq ans. Oui, il avait souffert de son départ, et plus encore de son absence. Elle n'avait pas seulement brisé son cœur, elle l'avait émietté en une centaine de fragments difformes et palpitant avec peine. Et il avait passé des jours entiers à recoudre les lambeaux d'une idylle atrophiée, avec ses mains entachées de rage et son sang riche en regrets. Oui, il en voulait d'avoir fui sans un adieu, sans une explication, mais jamais il ne pourrait la détester. Jamais il ne pourrait haïr celle qui avait été son premier amour, pas même si leurs émois relevaient du passé. « J'ai passé avec toi les deux plus belles années de ma vie, j'étais la femme la plus heureuse du monde. Tu m'as comblé, permis de voir que le grand amour dont j'avais toujours rêvé existait, tu m'as permis de le vivre et je t'en serai à jamais reconnaissante. » Les mots dansaient à ses oreilles et il avait bien du mal à discerner le sens de chacun d'entre eux. Ses prunelles alors rouvertes se perdaient dans les lagons qui découlaient des siennes et la seule chose qu'il perçut, fut le vide qui envahissait doucereusement ses veines. Charmant ne savait que dire, que penser, que souffler à sa dame d'antan. Son éloquence habituelle s'était muée en réserve sentimentale beaucoup trop douloureuse à garder, mais tout autant à déployer. Ses narines se mirent à picoter, alors qu'il sentait ses propres larmes perler au coin de ses yeux. Il inspira par le nez ; il ne craquerait pas. Pas immédiatement. « Et tu m'as rendu plus heureux encore ; tu m'as appris à aimer mais surtout à accepter cet amour. Tu es celle qui m'a ouvert la voie vers un ailleurs moins monotone, celle qui a fait éclater une bulle de couleurs dans un monde qui me paraissait bien trop terne. » Le prince baissa à nouveau les yeux, et appuya davantage ses lippes contre la paume lisse et chaude de Blanche-Neige, humant le parfum délicat de sa peau avant qu'elle ne se détache de ce semblant d'étreinte pour reculer de quelques pas, à son instar quelques instants plus tôt. « Tu dois m'oublier Charmant... Je suis sincèrement heureuse pour toi, pour la vie que tu mènes présentement. Ce moment serait arrivé un jour ou l'autre, nous étions prédestinés à vivre cette impasse. Je n'ai pas ma place à tes côtés ici. Les raisons de mon départ ne sont pas importantes, c'était tout simplement ce qui devait arriver. » Le froid de la nuit mordait à nouveau son derme, et il regrettait déjà le contact réconfortant de leurs deux peaux. La jeune femme avait sur lui l'impact de l'onium ; du moment où il percevait sa simple présence, son corps réagissait comme un camé en manque, comme un enfant en mal d'affection. Mais il ne pouvait se le permettre. Il se devait de réprimer cette envie douce-amère qui l'enivrait un peu plus à chaque fois. « Tu ne peux toujours endosser le rôle de la sacrifiée, Blanche-Neige. » Elle méritait bien plus. « J'aurais pu, j'aurais dû, partir à ta recherche, te sommer de rentrer, te convaincre de rester, où à défaut, de fuir avec toi ; j'aurais dû-- » Il s'ébroua lentement, lui même incapable de terminer sa phrase. Alors, pour pallier au silence et mettre au clair ses idées, il avança d'un pas, ses iris détaillant son interlocutrice. « Ma mère aurait compris, je suppose. Elle n'a toujours voulu que le meilleur pour moi. » Il avait d'ailleurs tant redouté que sa génitrice ne les surprenne ou n'apprenne ne serait qu'une rumeur de leur passion. Mais il conservait toujours ce goût de cendres dans le creux de la gorge, qui le poussait à regretter de n'avoir su s'interposer, de n'avoir pris parti, cinq ans auparavant. Ils n'en seraient pas là. « Tout comme tu l'as fait. » L'esquisse d'un sourire triste étira ses lèvres. « Mais tu ne peux t'obstiner toute ta vie durant à délaisser ton propre bonheur au profit des autres. » Il raccourci enfin l'espace nouveau qui les séparait. Il dépassait la cantatrice d'une tête et pourtant il ne pouvait s'empêcher d'observer son visage. Il ancrait ses traits fins dans sa mémoire, juste au cas où. Il conserva ce même sourire, quoi qu'un peu plus étiré encore et sa main vint trouver celle de Blanche-Neige. Il porta sa paume sur son torse, sur le marquage de son cœur. Il voulait qu'elle le ressente, il voulait qu'elle comprenne. « Le sens-tu ? Mon cœur a pris son temps, mais il s'en est sorti. Et ta place n'en reste pas moins inchangée. Jamais je ne pourrais t'oublier. » Il fit une pause, pour reprendre un peu plus de souffle entre leurs respirations mêlées. « Peut-être n'as tu pas tort ? Peut-être est-ce bien le destin ou une quelconque Providence qui nous a séparé puis uni à nouveau. Mais je ne me permettrais pas d'être le seul survivant de cette guerre-ci. Parfois, une certaine dose d'égoïsme a du bon ; et je ne saurais avancer si je sais que tu n'y parviens pas toi-même. » Et Dieu sait qu'il souhaitait son bonheur autant qu'elle, le sien. Deux êtres bornés au possible qui se faisaient ainsi souffrir pour leur propre bien ; une partie d'échec interminable dont la fin n'avait que deux alternatives : ils seraient deux à s'en sortir, ou deux à sombrer.
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptyDim 29 Mar - 14:31



Charmant & Blanche
« There's nobody like him anywhere at all ! »

« Et tu m'as rendu plus heureux encore ; tu m'as appris à aimer mais surtout à accepter cet amour. Tu es celle qui m'a ouvert la voie vers un ailleurs moins monotone, celle qui a fait éclater une bulle de couleurs dans un monde qui me paraissait bien trop terne. » Entendre ses mots lui donnait l'impression d'être projetée plusieurs années en arrière, à cette époque où son seul souci était de faire en sorte que sa belle-mère n'apprenne pas qu'elle était toujours vivante, qu'elle ne découvre pas où elle se cachait. Blanche était nostalgique de cette époque, mais pourtant elle se forçait à continuer de regarder en avant. Elle voulait oublier cette petite voix qui lui soufflait qu'elle aimerait se retrouver à nouveau à cette époque, ouvrir les yeux en sentant le soleil caresser sa peau alors qu'elle était étendue dans les bras de l'homme à qui son coeur appartenait. Elle enterrait cette voix du mieux qu'elle le pouvait en laissant parler sa raison et la plupart du temps cela fonctionnait même si la douleur ne semblait jamais vouloir disparaitre complètement. « Tu ne peux toujours endosser le rôle de la sacrifiée, Blanche-Neige... J'aurais pu, j'aurais dû, partir à ta recherche, te sommer de rentrer, te convaincre de rester, où à défaut, de fuir avec toi ; j'aurais dû-- » Son coeur s'emballait et elle n'était pas capable de définir clairement si c'était dû à son pas vers elle ou à ses paroles. Il avait raison lorsqu'il parlait de sa tendance à se sacrifier, mais elle hochait doucement la tête afin de lui montrer son désaccord alors qu'il se reprochait à lui-même de ne pas l'avoir suivi. Non. Il avait bien fait, très bien fait. Tout d'abord, parce qu'en agissant ainsi il se serait mis dans un grand danger, mais aussi parce qu'elle n'aurait sans doute jamais été capable de lui dire non lorsqu'il lui aurait proposé de fuir avec elle. « Ma mère aurait compris, je suppose. Elle n'a toujours voulu que le meilleur pour moi.» La cantatrice sentit un frisson la parcourir et il n'avait absolument rien à voir avec les frissons que le prince lui avait déjà procurés. Immédiatement, elle se rappellait pourquoi elle ne lui avait rien dit, pourquoi elle n'y parviendrait peut-être jamais. Incapable de lui mentir, elle se contentait de rester muette, fuyant son regard afin qu'il ne puisse y lire la peur que lui provoquait la simple évocation de l'existence de cette femme. « Mais tu ne peux t'obstiner toute ta vie durant à délaisser ton propre bonheur au profit des autres. » Blanche-Neige se décidait enfin à replonger son regard dans le sien alors qu'il franchissait les derniers centimètres qui les séparaient encore. Elle lui adressait un sourire navré, elle ne pouvait s'empêcher d'agir ainsi, cet aspect de sa personnalité était ancré au plus profond de sa chair. Je sais Pensa-t-elle tout simplement, il ne pouvait même pas imaginer le nombre de fois où Astor lui avait dit quelque chose de semblable, lui avait reproché de toujours de se torturer de cette façon et pourtant Blanche avait l'impression de ne pas être capable d'agir autrement. « C'est vrai...» Lâchait-t-elle sur un ton d'excuse. Elle se sentait impuissante, incapable de mettre ses instincts naturels de côté, mais elle y parviendrait peut-être, un jour. Étrangement, sa présence auprès d'elle ce soir avait beau faire rejaillir de douloureux souvenirs, il lui insufflait également une force qu'elle ne pouvait décrire. Son regard quittait le sien afin de se poser sur sa main dont il venait de s'emparer et ses prunelles le suivi alors qu'il venait la poser contre son coeur. « Le sens-tu ? Mon cœur a pris son temps, mais il s'en est sorti. Et ta place n'en reste pas moins inchangée. Jamais je ne pourrais t'oublier. » Blanche-Neige replongeait aussitôt son regard dans le sien afin de fouiller ses prunelles à la recherche de réponses qu'elle ne pourrait jamais véritablement trouver en lui. C'était en elle qu'elle devait chercher, elle devait fouiller afin de savoir où elle était rendue dans cette guérison. Elle hochait tristement la tête, elle savait qu'il avait raison, elle savait qu'elle devrait le faire, c'était la dernière étape et elle était convaincue que ce serait la plus difficile de toutes. Le pouce de Blanche-Neige caressait doucement le tissu recouvrant la peau à l'endroit où le coeur de Charmant battait.« Je crois que de ne jamais avoir pu te faire mes adieux a empêché mon coeur de cicatriser, mais maintenant..» Elle avait beau être certaine que ça avait été la bonne chose à faire, la seule solution, elle était également consciente que cette décision avait entraîné énormément de séquelles, la culpabilité l'avait rongé et bien qu'elle ne se sentait pas moins désolée de l'avoir quitté sans un mot. Elle sentait un poids quitter ses épaules maintenant qu'elle avait l'occasion d'avoir un nouveau moment avec lui. Il allait bien et pour la première fois elle vit une lueur d'espoir lui laissant croire qu'elle parviendrait peut-être à guérir un jour. « Peut-être n'as tu pas tort . Peut-être est-ce bien le destin ou une quelconque Providence qui nous a séparé puis uni à nouveau. Mais je ne me permettrais pas d'être le seul survivant de cette guerre-ci. Parfois, une certaine dose d'égoïsme a du bon ; et je ne saurais avancer si je sais que tu n'y parviens pas toi-même. » Alors qu'il parlait elle se sentait fondre et s'enfoncer dans le sol. Combien de fois Astor lui avait-il demandé de passer à autre chose, combien de fois avait-il tenté de lui faire oublier et parfois, l'espace de quelques minutes voir quelques heures il y parvenait, mais elle ne pouvait complètement guérir tant qu'elle ne serait pas prête elle-même à le faire. Pourtant ce que disait Charmant la bousculait particulièrement. Elle qui ne souhaitait que son bonheur le voyait être menacé par ses propres agissements. Blanche-Neige hocha tristement la tête et réalisant que sa main était encore contre son coeur, elle la baissa afin de venir saisir sa main enroulant ses doigts. « Je te promets d'essayer d'y parvenir. Ensemble ce sera peut-être plus facile. » Ensemble était un grand mot, elle n'entendait pas par là qu'ils seraient ensemble de corps, en agissant ainsi elle se mettrait beaucoup trop en danger. Ce serait comme crier à Marraine de venir en profiter pour la faire quitter Fort Fort Lointain à jamais. Elle voulait plutôt dire que leur coeur ferait équipe, qu'elle puiserait dans sa force pour tenter de passer à autre chose. Son coeur devait continuer d'avancer, ce serait un pas important, mais malheureusement elle savait que cela ne réglerait pas tous les problèmes. « En attendant... promet moi d'être prudent Charmant. Ne fais confiance aveuglement à personne, je ne pourrais supporter qu'il t'arrive quelque chose. » Elle craignait cette confiance qu'il avait envers sa mère et espérait qu'il écouterait ses paroles et ce même si elle était incapable de se montrer trop précise. « Peut-être viendra-t-il un jour où je pourrai tout t'expliquer, c'est surement ce moment qui marquera le début de ma nouvelle vie, mais en attendant, soit prudent... » Son regard brillait toujours peuplé par des larmes qui commençaient tout juste à sécher. Elle craignait ce qu'il lui répondrait et pourtant c'était senti obligé de lui dire. Il ne devait pas tenter d'en savoir plus, pas maintenant. Blanche-Neige se rappelait encore tout le bien qu'elle avait ressenti à racontant à son fidèle cheval la discussion qu'elle avait eu avec Marraine, elle avait donc espoir que le jour où elle parviendrait à tout dire à Charmant, le poids sur ses épaules disparaîtrait beaucoup plus. Cependant ce jour ne pouvait être aujourd'hui, il était trop dangereux pour eux deux de dire la vérité.
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I'm not running away anymore  ღ Charmant EmptyDim 19 Avr - 10:03


blanche & charmant

« Je te promets d'essayer d'y parvenir. Ensemble ce sera peut-être plus facile. » Le contact de leurs deux peaux était chaud, rassurant, quoiqu’électrique, grisant. Comme une sensation trop longtemps oubliée, ravivée dans le feu ardent des retrouvailles. Leurs doigts entremêlés, Charmant pressa sa paume un peu plus fort encore, pour être certain. Certain qu’elle ne s’envolera pas au premier coup de vent, qu’elle ne s’évanouira pas dans les ténèbres. Certain que c’était la dernière fois qu’ils se perdaient, pour les cinq prochaines années et l’éternité toute entière. « En attendant... promet moi d'être prudent Charmant. Ne fais confiance aveuglément à personne, je ne pourrais supporter qu'il t'arrive quelque chose. » La voix maternelle de Blanche-Neige résonnait à ses oreilles comme une douce berceuse. Néanmoins, il conserva l’idée du conseil dans un recoin de son esprit. Il savait les femmes facilement inquiètes, mais il savait aussi cet instinct de fer qui les animait, ce sixième sens propre à la gente féminine uniquement. Le prince hocha la tête silencieusement, fermant les paupières un millième de seconde à peine, pour appuyer son entendement. La confiance était une notion abstraite et pourtant nécessaire à tout, parfois suffisante à certaines relations. Certains l’accordaient trop vite, d’autres étaient trop réfractaires, trop fermés, trop seuls. Mais ce stratagème était compréhensible. La confiance se brise plus aisément que le verre. D’un simple mot, d’un simple regard, de quelques soupçons, d’une rumeur inavouée, d’un secret partagé, elle peut voler en éclat et se fragmenter en mille poussière, sans oublier de laisser une cicatrice mal cautérisée sur le palpitant du trahi. Mettre sa confiance en une personne était un choix crucial, un équilibre tendu et instable. C’était un risque à prendre. Et Charmant l’avait pris, des années auparavant, pour l’appuyer tout entier en l’affable personne qu’était la jeune femme face à lui. Cependant, même les êtres aux cœurs les plus purs, aux voix les plus douces, aux regards de sucre et de miel étaient capables de ruiner cet espérance aveugle. Pouvait-il seulement obéir à une femme qui l’avait ainsi quitté, sans le moindre mot d’adieu ?
Oui.
Il le pouvait. Au fond de lui, il sentait quelque chose remuer, quelque chose qui lui soufflait tendrement à l’oreille que la cantatrice était digne et honorable, que ses paroles étaient justes. « Peut-être viendra-t-il un jour où je pourrai tout t'expliquer, c'est sûrement ce moment qui marquera le début de ma nouvelle vie, mais en attendant, soit prudent... » Charmant chargea ses orbes de bronze de détailler le visage de poupée au teint de porcelaine. Il serait prudent, comme il l’a toujours été, des années auparavant, de sa naissance à ce jour. Mais on ne pouvait toutefois ordonné à quelconque chevalier de se monter « prudent ». Pour certains, synonyme de lâcheté, elle semblait peu compatible avec le goût d’aventure et de récits chevaleresques qui hantaient ses nuits depuis de nombreux mois. Mais il ne souhaitait pas contrarier la belle, il ne souhaitait pas l’empêcher d’atteindre son propre idéal, de trouver sa voie, d’obtenir sa deuxième chance. Il ne le souhaitait pas autant qu’il aurait voulu passer plus de temps avec elle, à caresser le bout de ses phalanges, à embrasser les souvenirs sucrés et cotonneux qui n’avaient quittés son esprit depuis qu’il avait croisé son regard ce soir-là. Il soupira finalement et esquissa un petit sourire. « Très bien. » Elle lui en apprendrait davantage quand elle serait prête. Il connaissait le chemin tumultueux qui mène à la paix intérieur. Nombre de fois, il s’était retrouvé sur la bonne voie, s’était aussi égaré un millier d’autres. Se perdre pour mieux se retrouver. Il lui semblait que c’était le principe même de ce voyage intérieur. Et après cinq ans d’errance, il espérait le meilleur pour Blanche. Elle méritait plus que quiconque dans ce monde le droit au bonheur, qu’importe les avis, qu’importe sa belle-mère ou la sienne, qu’importe les lois célestes, régies par des dieux anciens et cruels. Chaque ange devait avoir sa clé pour le paradis. Alors, il ne lui en voulait pas. Il savait que, d’une façon ou d’une autre, le moment viendrait et elle lui avouerait les raisons de son départs, aussi futiles ou odieuses soient-elles. Lentement, il détacha ses doigts des siens. L’air frais du soir commençait à s’infiltrer au travers des mailles de son ensemble. « Blanche-Neige… Ce n’était pas la dernière de nos rencontres. Je te retrouverais à nouveau. » Et soudain, il s’approcha d’elle au possible et entoura sa frêle carrure de ses deux bras, enfouissant son visage dans sa nuque. Il inspira le doux parfum de la lady, nostalgique. Depuis trop longtemps, le désir de se réunir à nouveau enflammait le derme de sa peau. Mais l’étreinte charnelle n’avait plus la ferveur des passions passées. Toujours, l’aura de l’amour les entourait, mais il était cette fois différent. L’on dit qu’on n’oubliera jamais son premier véritable amour, et Charmant ne saurait démentir. Mais il avait besoin de ce contact, de cette chaleur humaine qui lui avait manqué plus que de raison. Plus rien ne serait jamais pareil, avec Lajuste. Mais l’avenir était ouvert sur de nouvelles possibilités, tout aussi douces et pleines de promesses. Il releva légèrement la tête, de manière à pouvoir murmurer à son oreille. « Je te retrouverais toujours. » Blanche-Neige aura toujours droit à son chevalier servant. Il accourrait au moindre problème, à la moindre trace de danger. C’était inscrit d’or sur le parchemin de son code. Gardien des grandes valeurs, de la justice, de la probité, sauveur des veuves et orphelins, protecteurs des faibles et de ceux qui ne peuvent se protéger eux-mêmes. Et quoi qu’il advienne d’eux, quand bien même tous deux changeraient de direction, prendraient des chemins opposés, il serait toujours là pour elle. Guetteur tapi dans l’ombre. Et il savait que le sentiment était réciproque. Il mit ensuite fin à leur étreinte, à contrecœur. Néanmoins, c’était nécessaire. Il serait malvenu pour son honneur de la voir avec le prince, leurs corps tendrement emmêlés dans les bas-fonds de la capitale. Et soudainement, il se souvint pourquoi il était venu dans ce quartier. Jeiran. Oups. Avant de s’en aller pour de bon, il coula un dernier regard dans les pupilles océans de son premier amour, appuya sa paume sur son épaule. « Je… on m’attends. Veillez sur vous, ma dame. »
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