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⊱ be a man, with all the strenght of a raging fire


FORT FORT LOINTAIN

Shéhérazade Fildor
CAY LA DANSE DU BIBOUDE

Shéhérazade Fildor

⊱ be a man, with all the strenght of a raging fire 289254tumblrniuza7qYnz1qiyullo4250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aishwarya rai
⊱ crédits : avatar, moua. gifs, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 29/08/2014
⊱ manuscrits : 470

⊱ tes licornes : marie la catin, barthélemy l'assassin, cúchulainn le loup.
⊱ schillings : 851

⊱ ton conte : les mille et une nuits
⊱ ta race : humaine
⊱ métier : diseuse de bonne aventure; arnaqueuse de première. reine d'afshin.
⊱ tes armes : une dague en permanence sur elle. quand elle est à afshin, elle a parfois un sabre.
⊱ allégeance : sans avis.

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⊱ be a man, with all the strenght of a raging fire EmptyMar 17 Fév - 14:31



Potté, Shéhérazade
"you're unsuited for the rage of war; so pack up, go home you're through, how could I make a man out of you?"

Il n'a suffit que d'un électrochoc. Une réalisation. Shéhérazade s'est enfuie.
Ses pieds nus ont tapé les pavés de la ville encore endormie pendant quelques heures. La nuit avait été courte, et sa course avait commencé par le grand port de Fort Fort Lointain. Oh, ça n'avait pas été de tout repos, mais elle n'avait jamais eu tant d'énergie en elle. L’Écorchée était en ville depuis trop longtemps pour qu'elle soit sûre qu'il ne repartirait pas le lendemain, et il lui fallait absolument agir aujourd'hui. C'était le jour où sa vie changeait, le jour de sa nouvelle existence, ou ça n'arriverait jamais. Sa main encore recouverte de dessins au henné avait tambouriné un long moment sur la porte en bois de la cabine de Sinbad. Elle avait du prendre une grande inspiration en sentant que la poignée se tournait; le capitaine avait jusque là toujours été capable de déceler le moindre de ses mensonges. Du plus petit au plus gros, aucun ne lui avait jamais résisté dans leur jeunesse – mais aujourd'hui, elle revivait. Ses joues retrouvaient plus de couleur qu'auparavant, son regard de rallumait peu à peu. Au fond, elle avait commencé sa nouvelle vie il y a seize ans déjà, mais les fantômes de l'ancienne embuaient trop son horizon pour pouvoir y faire quelque chose. Elle y avait apprit à mentir, quand bien même on la disait fatalement malade, et aujourd'hui elle aurait pu l'embrasser de lui offrir tant d'opportunités de changer, de se métamorphoser. Son cocon avait été long à apprivoiser, mais elle sentait les ailes lui pousser dans le dos à chaque instant. La silhouette du marin lui apparut comme une bénédiction, mais leur échange fut bref. Je dois voir Potté, avait-elle commencé. Urgent, informations, garde royale. Si Potté était recherché, tous sur l’Écorchée savaient pertinemment qu'elle ne ferait rien; ni n'attaquerait le mercenaire, ni ne dévoilerait sa position. Elle pariait en ce jour-ci bien trop sur lui pour le vendre de la sorte. Des informations sur la garde royale auraient pu lui être plus qu'utiles, et elle s'en serait presque voulu de faire croire à une telle aide. Un baiser s'était écrasé sur la joue du capitaine du bateau maudit, avant qu'elle ne s'échappe à toutes jambes. Ses talons menaçaient de s'ouvrir et de saigner au moindre obstacle, mais c'était bien le dernier de ses soucis. Les clochettes s'agitaient à ses pieds; elle les avait mises dans le seul but de n'alerter personne, de même que ses bijoux scintillants. Elle n'en aurait plus besoin dans les jours qui viennent, mais personne ne devait savoir. Personne, si ça n'était Potté. Son passage à la tente qui lui servait de chambre aussi bien que d'office fut tout aussi bref que sur le bateau. Elle n'emporta de sa vie que quelques habits, un collier cher à son cœur et le sabre de son vieux père au fond d'un sac, avant de repartir aussi vite. Une renaissance n'attend pas, et à chaque seconde de retard elle aurait pu la voir s'envoler bien trop haut pour pouvoir la rattraper. Son esprit se concentra à trouver le mercenaire dont elle n'avait que trop besoin, passant un regard rapide sur chaque établissement de chaque rue. Elle avait croisé des poissonneries, des confiseries, des boutiques de luxe et même le plus fin des bijoutiers; tous les commerces qu'elle avait côtoyé ces derniers mois défilaient sous ses yeux sans qu'elle y fasse attention, ne s'attardant que devant un établissement d'un nouveau genre. Une maison close, voilà une excentricité d'un nouveau genre. Ses pieds franchirent l'entrée de l'établissement, presque timidement. Ça ne devait pas être grand chose que de demander à voir quelqu'un, ici, mais son quelqu'un n'était pas n'importe lequel. Suite aux récents événements, Potté était un fugitif, un voyou recherché, et on ne laisserait pas n'importe qui le rencontrer. Pour la première fois de sa vie, son statut de princesse d'une contrée étrangère ne pourrait pas aider la belle dans sa quête la plus importante. De petits pas rapides l'amenèrent à suivre ceux d'un groupe de femmes, jusqu'en haut des escaliers étroits en bois sombre. Ses tissus à elle étaient de bien meilleure facture que les leurs, mais il semblait à la princesse que les dorures afshennes étaient de mise aujourd'hui – elle pensait de plus en plus sérieusement à jouer au Loto aujourd'hui, vu comme la chance lui souriait. D'un revers de main délicat, elle écarta quelques rideaux pour entrer dans une salle où des airs de luth se répercutaient sur chacun des murs. C'était son jour de veine, pour sûr; elle n'avait jamais été capable de maîtriser les danses de Yasen ou Saay, mais celles de son désert d'origines étaient sans secrets pour elle. Sa démarche habituelle était une danse à elle seule, sa silhouette ne pouvant que difficilement s'empêcher de se mouver dès qu'elle entendait de la musique.
Il était loin d'y avoir autant de couleurs que dans les salles de danse qu'elle avait connu petite, mais il n'était pas difficile de comprendre que l'on regardait d'avantage les corps que les dorures en un tel endroit. Shéhérazade aligna quelques pas maladroits, ses pieds toujours nus, avant d'inspirer un grand coup et de se laisser guider par les notes. À gauche et à droite, elle voyait des femmes et des hommes prendre possession de chambres aux portes grandes ouvertes, certains restant assis dans le fond sur un des canapés sombres et moelleux. Son regard allait et venait, de ses pieds à l'étage ouvert où elle apercevait quelques silhouettes penchées sur les balustrades. Ses pieds se secouaient vivement, faisant tinter les clochettes à ses chevilles et secouer ses longs cheveux sans son dos presque nus. Les volants de sa jupe formaient par moment un cercle parfait, alors que son sourire ne parvenait pas à se faner s'il entendait une telle mélodie. Elle travers a toute la pièce en sautillant, tournant, parfois en ondulant plus sensuellement, un sourire malicieux adressé aux hommes qui lui prêtaient leur regard. Sinbad lui avait assuré que Potté serait ici, entre ces murs, mais elle n'en voyait rien. Son regard tentait de s'accrocher aux intimités en s'invitant dans les petites ouvertures des portes qu'on fermait à la hâte, mais elle ne reconnaissait dans aucune d'elle la grâce féline du délinquant qu'elle recherchait. Quelques fois, l'envie de demander à une autre femme où se trouvait la matou lui brûlait les lèvres, mais elle se mêlait en silence aux autres danseuses sur les tapis disposés en une sorte de mosaïque aux teintes chaudes. Elle détaillait les visages et les mouvements, se fondait facilement dans la masse des danseuses au centre de la pièce, jusqu'à ce qu'un bruit de pas la stoppe dans ses mouvements, quelques secondes seulement. C'était idiot; il fallait bien plus pour reconnaître quelqu'un, mais tant de mensonges avaient peut-être payé, elle devenait peut-être un peu voyante. Elle se tourna vivement, envoyant sa natte dans les airs, avant que ses pas ne reprennent leur rythme soutenu. Le temps de faire un tour sur elle-même, Potté était bel et bien là, assis sur un canapé avec bien plus de classe que la plupart des hommes ici. Elle avança en essayant de paraître naturelle, sans arrêter sa danse, tournoyant face au félin, allant jusqu'à lui adresser un signe de tête. Son souffle se libéra enfin; elle était tout près du renouveau, bien trop près pour qu'il puisse lui refuser quoi que ce soit. Elle lança un clin d’œil au voyou, ne se démarquant pas plus du reste des danseuses avant qu'il ne réagisse à sa présence.
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⊱ be a man, with all the strenght of a raging fire EmptyJeu 19 Fév - 18:24



Shéhérazade & Potté


Une ombre. Potté n’est plus que l’ombre d’un espoir éteint. La lumière du jour n’a pas caressé sa peau hâlée du désert depuis bien trop longtemps. S’il symbolisait la révolution et était prêt à entraîner tout le monde avec lui, se soulever pour un avenir meilleur et une liberté de grande saveur, aujourd’hui il ne sait plus quel est son but. Des blessés, du sang coulé, son second en danger, et Gretel. Si c’est le prix à payer, mieux vaut tricher. Une grosse somme est en jeu, et comme le dit ce bon vieux Sinbad, beaucoup aimeraient voir Potté se faire écarteler sur une place publique. Mais tel le mercenaire qu’il a toujours été, il se cache quand le feu s’embrase, attend patiemment que son visage ne soit plus placardé sur ces murs où pissent les soldats pendant leurs patrouilles qui n’en finissent pas. Il attend, jouant la carte de la discrétion le temps que cette histoire se taise. Le temps que le trône retrouve une certaine stabilité. Il attend parce qu’il ne lui reste plus que ça. L’attente. Entre les murs de cette maison, les rideaux couvrent toujours les fenêtres, plongeant les pièces et couloirs dans une ambiance chaude et tamisée, de couleurs affriolées, associées au désir. Un univers de secrets, et quel bel endroit pour se cacher. Potté peut jouir de plaisirs dignes d’un marquis. Affalé tel un chat bienséant sur ces coussins moelleux à longueur de journée, sirotant le thé et fumant les parfums divers des plus délicieuses contrées, en contemplant les femmes user de leurs atouts de charme. Mais Gretel occupe toutes ses pensées, et malgré ses doutes envers leur avenir ensemble, envers le mérite qu'il ne porte pas, le voleur se fait violence pour changer.

Potté secoue cette tignasse qui lui est si chère devant le miroir qui reflète le couloir et le fait paraitre deux fois plus long qu’il ne l’est en réalité. Peut-être pour se perdre un peu plus dans cette maison close qui aime à veiller sur les âmes de ses proies. Il caresse sa moustache broussailleuse et cligne d’un oeil pour lui-même, avant de sortir de la poche de son veston un sachet d’herbe à chat. Avec l’adresse qui lui est propre, le mercenaire roule juste ce qu’il faut d’herbe dans sa fine feuille et en lèche l’extrémité pour la fermer. Il porte la cigarette à ses lèvres, embrase le bout et inhale profondément, jusqu’à laisser s’échapper un vague nuage de fumée dans l’air. Il ne connait rien de mieux ces temps-ci que de respirer patiemment son herbe, et s’évader avec elle comme un bon brouillard censé disperser l’amas de ses pensées. Il aurait du rester une bête. « Les filles arrivent. » lui annonce, sourcil levé, la marâtre avant de disparaitre à l’angle d’un couloir. Potté rabat rapidement la capuche de sa cape devant son visage, jette le mégot au sol et esquisse un sourire amusé, avant de partir à sa suite. Malgré le dédale des chambres et couloirs, il commence à connaitre les lieux, le voyou. Après le temps qu’il y a passé caché avec sa dulcinée, il pourrait en faire une visite guidée. La musique s’élève alors et les notes ont un goût de sable sur son palais, un tintement de perles résonne à ses oreilles. Aucun doute, le thème de cette semaine rend honneur à l’endroit d’où il vient, le pays où il est né. Afshin. Son ombre voltige entre les manteaux et vestes de ces hommes trop obnubilés par les mouvements des danseuses pour remarquer qu’ils se font dépouiller. De poche en poche, il glisse ses mains et attrape quelques bourses, plus ou moins remplies, dont des boutons de manchettes cassés qu’il récupère sans grande conviction. Mais alors que la foule se bouscule, Potté en profite pour se faire discret, posant son royal séant sur un des canapés, les bras grands détendus. Une canine lui mord la lèvre tandis que son oeil pétille dans la pénombre, observant alentour quelle sera sa prochaine cible, et son prochain butin. Mais alors qu’il devait être le prédateur, il se retrouve être la proie. Une danseuse s’approche élégamment de lui, alors qu’elles savent bien toutes qui il est, et qu’il ne doit pas être démasqué. Son sang ne fait qu’un tour et son palpitant hurle à en perdre haleine, tandis qu’il craint le pire. C’est après un instant, deux regards profonds confrontés et un clin d’oeil de la gazelle qu’il comprend. Shéhérazade, la tempête de sable. La princesse du désert, cachée derrière ses  tissus qui valent mille fois plus de rubis que ceux que l’on trouve par ici. Comment ces hommes ont-ils pu être bernés, alors qu’elle rayonne de noblesse entre toutes ces superficialités. Le mercenaire ne trouve le temps que d’écarquiller ses yeux, béat comme un chat voit passer un fantôme, avant de se redresser de toute sa stature en avant, les coudes posés sur les genoux. Mais déjà un client approche de la belle, la pièce en avant. « Celle-ci, elle est trop bien pour toi. » murmure le mercenaire à son oreille avant de le repousser d’un coup d’épaule silencieux. Il ne prête aucune attention à sa réaction et attrape rapidement l’avant-bras de Shéhérazade, avant de les faire tous deux sortir. C’est sans mots qu’ils traversent les couloirs, et sans regard que Potté la fait entrer dans une chambre suffisamment éloignée. « De toute ma vie, je n’ai jamais rencontré de princesse plus imprudente que toi. Si je n’avais pas été là, tu aurais pu être démasquée et je préfère t’épargner les pensées qu’auraient eues ces hommes assoiffés. » Sa voix grave ricoche contre les murs, mais le voleur ne ressent pas de colère. Il préfère la savoir ici, avec lui, plutôt que dans les rues. D’autant plus qu’elle a risqué sa peau pour le voir. D’un geste brusque, il fait glisser sa capuche et se raisonne pour ne pas dévoiler de sourire prétentieux. Pourtant, cela lui brûle les lèvres. « Mais les filles gâtées sont bornées et fougueuses, n’est-ce pas. J’imagine  que tu as donc une excellente raison d’être ici. »
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Shéhérazade Fildor
CAY LA DANSE DU BIBOUDE

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⊱ tes licornes : marie la catin, barthélemy l'assassin, cúchulainn le loup.
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⊱ ton conte : les mille et une nuits
⊱ ta race : humaine
⊱ métier : diseuse de bonne aventure; arnaqueuse de première. reine d'afshin.
⊱ tes armes : une dague en permanence sur elle. quand elle est à afshin, elle a parfois un sabre.
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⊱ be a man, with all the strenght of a raging fire EmptyLun 23 Fév - 4:38



Potté, Shéhérazade
"you're unsuited for the rage of war; so pack up, go home you're through, how could I make a man out of you?"

Une flamme s'allumait, doucement, tout au fond de Shéhérazade. Un feu qui s'agite et se consume, dévore ses pieds et ses chevilles, fait accélérer ses jambes, secouer ses hanches et tournoyer ses bras. C'était bon, comme sensation; c'était comme se sentir vivant après avoir dormi trop longtemps, c'était comme se réveiller d'un coma sans fin ponctué de tourments et cauchemars. Mais elle s'éveillait, à nouveau, et la flamme grandissait. Ça n'avait été qu'une étincelle pour des années, à grandir et se laisser couver pour mieux s'épanouir encore. Ça cramait tout autour d'elle, jusqu'à cracher des flammes dans ses pupilles. C'était un brasier infini, la flamme du renouveau qui s'emparait d'elle. Qui effaçait tout ce qui l'avait jusque là empêché de bouger, de s'enfuir.
Afshin.
Shahryar.
Sinbad.
Ses mouvements changeaient selon les différences de musiques, mais aucune de ses danses n'avait jamais été comme ça, pas même les danses de ses premiers émois amoureux. Ses pieds étaient plus légers, sa tête tournait plus facilement; elle s'envolait comme une plume dans un ciel sans limites et ça faisait un bien incroyable. Comme ôter les chaînes auxquelles on était trop longtemps attaché. C'était trouver autre chose à faire qu'à pleurer, c'était savoir que l'on est pas forte en survivant mais prendre conscience qu'on le devient en se battant. Et Shéhérazade, si elle avait prit son temps, était prête.
Ses pas la rapprochaient de Potté, et elle touchait son but du bout des doigts – mais il ne fallait pas l'approcher, jamais, pas si aucune autre ne s'y risquait. Il était recherché, et elle n'était pas certaine de son statut ici – n'était-il pas risqué pour lui, même dans un tel lieu, de se dévoiler ainsi ? Une capuche ne cache pas un être tout entier et la distance qu'installait chaque danseuse avec le félin rendait évident le fait que chacun avait pour consigne de ne pas l'approcher. Était-il au moins accompagné, ou présent ici tant pour la débauche que son cache-cache incessant ? La princesse l'y aurait mal vu, mais un homme peut surprendre en bien des manières – son esprit s'échappait entre deux vagues de pensées, alors que la musique l'emportait plus loin encore. Elle tourne, sautille, agite ses tissus et un homme d'à peu près sa taille s'approche d'elle, main tendue. Elle s'écarte d'un pas puis de deux, avant que Potté ne vienne la sauver d'une situation bien inconfortable pour une femme de son rang. Elle tentait de n'avoir aucune expression inappropriée, aucune surprise quand à la proposition indécente qui lui avait presque été faite, mais il faut admettre qu'elle n'avait pas eu suffisamment de temps jusque là pour penser à cette éventualité. Si elle avait prit plus de temps à trouver le chat roux, il lui aurait été compliqué de garder la face ici. Celle-ci, elle est trop bien pour toi. Shéhérazade se fait arrêter entre deux notes de luth et entraîner par Potté, qu'elle suit bien gentiment. Sa remarque lui faisait rosir les joues doucement, alors qu'elle sautillait au travers des couloirs pour ne pas perdre le fil de la course qu'il lui imposait. Une porte s'ouvre devant eux et ils entrent, rapidement.
Un regard inquiet fit tout d'abord sa route jusqu'au mercenaire, qui pourrait très bien s'énerver de l'inconsciente face à lui. Mais il ne cesse jamais de la surprendre, et n'a pas l'air plus énervé que les autres fois où elle a pu l'apercevoir. Potté reste fidèle à lui-même; un homme intelligent et raisonnable, bien loin des portraits que les gens lui avaient dressé. De toute ma vie, je n’ai jamais rencontré de princesse plus imprudente que toi. Si je n’avais pas été là, tu aurais pu être démasquée et je préfère t’épargner les pensées qu’auraient eues ces hommes assoiffés. Sa capuche tombe, et Shéhérazade ne peut s'empêcher d'échapper un rire sincère, aussi joyeux que la voix de Potté semblait sérieuse. Mais les filles gâtées sont bornées et fougueuses, n’est-ce pas. J’imagine que tu as donc une excellente raison d’être ici. Elle aurait voulu se retenir d'un geste si familier, mais ne put s'empêcher de le prendre dans ses bras un moment. Ah, Potté. As-tu seulement rencontré une autre princesse dans ta vie ? Je ne me permettrais pas dans d'imprudence sans te savoir dans les parages, ne t'en fais pas. Elle prit également le temps de l'observer, sourire aux lèvres, s'assurant que le recherché n'avait aucune blessure ni problème en apparence. Elle n'avait entendu de l'incident du bal de Snowël que de mauvaises choses, mais n'avait pas vu Potté depuis bien longtemps avant, sans opportunité de s'assurer qu'il allait bien. S'il était encore à se cacher, loin de Sinbad et dans un tel lieu qui plus est, il était évident que rien de majeur n'était à déclarer, mais elle ne pouvait jamais s'empêcher de lever un regard presque maternel sur les gens pour qui elle avait de l'affection. Et s'il avait la moindre égratignure, elle aurait escaladé les murs chaque jour s'il l'avait fallu pour vérifiait que tout s'arrangeait petit à petit.
Prenant ses aises, Shéhérazade fit un tour de la pièce, seulement le temps de gérer toute son excitation pour ne pas hurler comme une gamine. Ce serait gênant, ridicule, et n'aiderait en rien Potté à la prendre au sérieux. Elle savait pertinemment que ce qu'elle souhaitait entreprendre serait un voyage long et compliqué pour quelqu'un qui n'a jamais rien connu de la sorte, mais elle le souhaitait plus que tout au monde.
Ses mains douces passaient sur chaque meuble et chaque objet, détaillant rapidement les bibelots posés çà et là. Elle allait et venait entre Potté et la fenêtre dont les rideaux étaient délicatement tirés pour plus de discrétion, avant de se poser immobile dans le dos du mercenaire. Je suis fatiguée de rester à me lamenter dans une grande chambre vide. Si je dois me blesser, alors je veux apprendre à me défendre. Voir les blessures pour mieux les laisser guérir, quitte à connaître la douleur mieux que je ne l'ai jamais connue. Coincée dans sa tour d'argent et condamnée à un malheur sans visage, une femme n'a d'autre choix que de devenir folle. C'était direct, mais il n'y avait aucunement besoin de tourner autour du pot avec lui. Il aurait de toute façon été suffisamment malicieux pour lui tirer les vers du nez en quelques secondes à peine. Il paraîtrait que l'une d'entre elle, emportée par une folie passagère, aurait même traqué un mercenaire réputé pour tenter de l'assassiner. Te rends-tu compte ? Elle s'approchait alors, riant doucement et le forçant d'une main sur l'épaule à se tourner face à elle. Son visage était tendre tant que suppliant, mais elle n'hésiterait pas à se montrer fermer s'il le fallait. Je te le demande comme un service d'ami à amie. Ça n'est pas le meilleur moment pour toi, j'en suis consciente, mais j'exaucerai le moindre de tes souhaits. Seulement si tu refuses, sache qu'une femme compte parmi les êtres les plus rancuniers au monde, et que je pourrais t'apporter bien des malheurs si ce devait être ma seule arme de défense contre un de tes refus. Tu pourrais aussi bien vite te retrouver avec la mort d'une amie si ça n'est pas d'une princesse sur la conscience; je ne reculerai devant rien, rappelle-t'en, pour obtenir ce que je veux. Les filles gâtées sont aussi capricieuses.
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⊱ be a man, with all the strenght of a raging fire EmptyMar 21 Avr - 23:48



Shéhérazade & Potté

Le voleur se rappelait de ses premiers ébats, comme on se rappelle de nos premières fois, nos grands moments. Il lui avait fallu un certain temps avant qu’un éclair de lucidité ne traverse ses pupilles de chaton. San Ricardo. Afshin. C’était des années d’errance. Des milliers de secondes emplies de questions. Mais finalement, une multitude de grains de sable qui, mis côte à côte, avait rempli son coeur infiniment petit d’un destin infiniment grand. Potté avait fini par comprendre pourquoi il était seul dans ce monde, sans aucune idée de ses origines. S’il n’avait pas d’attaches, rien ne le retenait. Aucun lien ne pouvait l’enchaîner à son passé, à ce qui était censé le définir. Il comprit que seules ses actions avaient le pouvoir de lui dicter qui il était. Pas les autres, et surtout pas lui. Il pouvait créer un monde, à partir de rien. Il pouvait embraser la flamme qui consumait son coeur, lui donner une odeur. Ce feu crépitant, il le voit en Shéhérazade. Il peut le voir en elle comme il l’a senti vibrer en lui alors qu’il n’était qu’un gamin orphelin. Il peut sentir cette furie, cette passion qui dévore ses entrailles et lui donne la force de briser chaque roc. Il entend son palpitant tambouriner pour reprendre un souffle qui sera peut-être le dernier, mais sans aucun regret. C’est un retour aux sources, une évidence humaine qui donne l’ardeur de consommer la vie comme il se le doit. Potté reconnait cela. La princesse se jette à son cou. Le mercenaire est démuni, pris au dépourvu et lance des oeillades inquiètes comme si quelqu’un allait les surprendre dans un moment compromettant. Les poils hérissés, les narines plissées, il suspend son rythme cardiaque en inhalant les doux parfums que dégagent ses cheveux lissés. Jasmin, amande, pavot et peut-être un soupçon d’orange. Son odorat ne peut le tromper, seulement lui faire tourner la tête, tout comme les femmes. Celle-ci, en l’occurrence, n’en est pas une que l’on peut confondre. C’est l’image même de la femme téméraire qu’on a tout intérêt à ne pas regarder de travers ou offenser. Le genre de femme à laquelle il ne vaut mieux pas voler un seul rubis.

« Ah, Potté. As-tu seulement rencontré une autre princesse dans ta vie ? Je ne me permettrais pas tant d'imprudence sans te savoir dans les parages, ne t'en fais pas. » Shéhérazade se décale légèrement pour observer ses yeux félins dont il ne peut cacher l’émoi devant tant de tendresse. S’il avait su que causer du tort à une princesse pouvait la faire tomber dans ses bras, peut-être aurait-il du songer à en voler plus d’une. « C’est bien ce qui m’inquiète… » qu’il marmonne en lui rendant son sourire complice, avant de se frotter la tignasse d’une main peu assurée. Tandis qu’elle s’éloigne dans une grâce et une souplesse qui n’appartiennent qu’à elle, il fait descendre sa main gratter sa barbe mal rasée, la suivant d’un regard inquisiteur. Les bras ballants, les jambes faisant des allers et venues d’avant en arrière, il attend, des questions lui taraudant l’esprit, l’inquiétude prenant désormais ses aises. Aux aguets, l’oreille en alerte, appréhendant chaque seconde que des pas se fassent entendre dans le couloir. Si elle a été suivie, pourra-t-il la protéger, et se protéger lui-même ? Elle frôle tout ce qui lui passe sous la main, détaillant chaque objet de la pièce dans un silence mystérieux qui pèse sur le voleur. Il ignore s’il doit être content ou furieux, l’idiot. Il aimerait qu’elle brise ce néant pour lui donner de bonnes nouvelles qui lui feraient oublier ce genre de questions. Il aimerait bien des choses ces temps-ci mais il attend, comme se doit de le faire un homme dont la tête est mise à prix. Il attend patiemment un miracle. Quand soudain elle se fige derrière lui de manière si solennelle que son sang ne fait qu’un tour. Il sent, il sent comme un nuage oppressant lui boucher les narines, lui voiler les yeux, avant que le ton fluet de sa voix ne comble le silence. « Je suis fatiguée de rester à me lamenter dans une grande chambre vide. Si je dois me blesser, alors je veux apprendre à me défendre. Voir les blessures pour mieux les laisser guérir, quitte à connaître la douleur mieux que je ne l'ai jamais connue. Coincée dans sa tour d'argent et condamnée à un malheur sans visage, une femme n'a d'autre choix que de devenir folle. » Son corps entier se détend, sous la surprise ou le soulagement, il ne saurait le dire. La glace qui transperçait sa peau fond sous une nouvelle chaleur. Le mercenaire fait un pas en avant, puis deux tout en l’écoutant, attentif, silencieux. Quelque part, il songe que ceux censés être les plus heureux se retrouvent en fait être les plus seuls, et un aiguille lui pince alors doucement le coeur. Il comprend sa détresse, il entend ses pleurs. Il respecte même, qu’elle ne le regarde pas en face. Ce serait se dévoiler toute entière, ce serait y perdre, mais elle a peur. La princesse du désert parait moins forte que les tempêtes qu’elle sème tout à coup. Potté réalise et comprend sans qu’elle ne mette plus de mots dessus. Shéhérazade n’a que l’envie de se trouver réellement et donner un sens à sa vie. Il n’y a aucun autre moyen de se sentir vivant que de comprendre la douleur, et ce qu’elle lui demande là, c’est de s’y préparer. Plus de triche, plus de masque. N’importe qui pourrait avoir pitié, pourtant Potté la voit toujours comme une divinité, une princesse et non pas une chose frêle sans défenses. Des défenses, elle en a maintes. Mais elle ne sait pas encore comment s’en servir. « Il paraîtrait que l'une d'entre elle, emportée par une folie passagère, aurait même traqué un mercenaire réputé pour tenter de l'assassiner. Te rends-tu compte ? » Le voleur baisse le menton et se laisse aller à un sourire, étiré jusqu’aux oreilles, étouffant un rire. « Une histoire scandaleuse oui. J’ai toujours voulu la connaitre et lui exprimer mon admiration. » Quand il y pense, leurs rencontres ponctuées d’horreur et de peur ont finalement menées à un lien bien étrange, ayant trop de valeur pour être brisé. Il sent alors une main se poser sur son épaule et suit le mouvement sans broncher, pour la toiser de tout son long. Ses pupilles vibrent tandis qu’il contemple celles presque suppliantes de Shéhérazade. « Je te le demande comme un service d'ami à amie. Ça n'est pas le meilleur moment pour toi, j'en suis consciente, mais j'exaucerai le moindre de tes souhaits. Seulement si tu refuses, sache qu'une femme compte parmi les êtres les plus rancuniers au monde, et que je pourrais t'apporter bien des malheurs si ce devait être ma seule arme de défense contre un de tes refus. Tu pourrais aussi bien vite te retrouver avec la mort d'une amie si ça n'est pas d'une princesse sur la conscience; je ne reculerai devant rien, rappelle-t'en, pour obtenir ce que je veux. Les filles gâtées sont aussi capricieuses. » Elle lui rappelle Gretel, avec sa détermination sans faille, cette recherche incessante de la liberté, sans s’arrêter avant de l’avoir touchée. Potté sourit tendrement à ses menaces, sans mesquinerie, il ne démentira pas pour dire qu’elle est culottée. Mais ça lui plait. Personne n’ignore que c’est exactement de cette façon que les femmes le séduisent. Il découvre des détails sur son visage qu’il n’avait pas remarqué l’autre fois, sous ce capuchon. Des éclats de lumière reflétant bien des choses. Une beauté d’Afshin. « Comment refuser, avec des propos si délicats ? » ironise-t-il un instant. « Comment peux-tu même croire que je puisse refuser une telle aventure ? Apprendre à une princesse à se défendre, une opportunité comme celle-la ne se représentera pas deux fois. Mais tu es bien placée pour savoir que mes services ne sont pas gratuits. » Il n’a pas à réfléchir longuement, à vrai dire, si ce n’est à ce qu’il va lui demander en retour. Car le chat Potté ne fait pas dans la charité, et ne donne pas sans rien obtenir. Il étire un peu plus son sourire et s’approche si près d’elle qu’il peut sentir son souffle contre son torse. Elle recule face à lui, jusqu’à cogner la porte. Pour son plaisir personnel, il prend son menton dans sa paume et avance son visage du sien, prenant quelques secondes, juste assez pour qu’elle s’imagine ce qu’il attend qu’elle imagine. Mais il ne fait que souffler à son oreille, satisfait et pas peu fier de son petit jeu. « Connais-tu Jeiran Aurorefauve ? J’ai entendu qu’il avait inventé une arme puissante, une arme à feu dit-on. J’aimerais que tu m’en procures une. Et par la même occasion, que mon visage ne soit plus recherché par la garde royale. Je suis sûr que tu peux en toucher un mot à la capitaine. Les Lames de Cendres ont encore beaucoup à faire, et je ne pourrais rien faire pour toi si je ne peux même pas protéger mes troupes. » Le voleur se recule enfin pour la libérer, faisant passer sa main dans ses cheveux fins. « Si tu fais ça pour moi, je t’apprendrai tout ce que je sais, et tu seras la princesse la plus crainte d’Afshin. Mais si ce n’est pas trop indiscret, quel a été le déclic de ce réveil brutal ? »
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FORT FORT LOINTAIN

Shéhérazade Fildor
CAY LA DANSE DU BIBOUDE

Shéhérazade Fildor

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aishwarya rai
⊱ crédits : avatar, moua. gifs, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 29/08/2014
⊱ manuscrits : 470

⊱ tes licornes : marie la catin, barthélemy l'assassin, cúchulainn le loup.
⊱ schillings : 851

⊱ ton conte : les mille et une nuits
⊱ ta race : humaine
⊱ métier : diseuse de bonne aventure; arnaqueuse de première. reine d'afshin.
⊱ tes armes : une dague en permanence sur elle. quand elle est à afshin, elle a parfois un sabre.
⊱ allégeance : sans avis.

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⊱ be a man, with all the strenght of a raging fire EmptySam 30 Mai - 22:51



Potté, Shéhérazade
"you're unsuited for the rage of war; so pack up, go home you're through, how could I make a man out of you?"

La peur de l'échec, Shéhérazade tente de l'oublier déjà. Elle a accaparé ses jours et ses nuits seize ans durant; faisant se soulever sa poitrine à chaque respiration et bouger ses yeux à chaque mouvement. C'était pesant, stressant, blessant. Quoi qu'elle fasse maintenant, Shéhérazade n'avait personne à décevoir. Elle n'avait cure de son mari, et son amant s'en est allé. Des amis, elle en a peu, et moins encore d'ennemis, quant à sa famille, elle la sait bien trop heureuse de son apparente réussite pour dire quoi que ce soit. Non, si elle devait décevoir quelqu'un, elle se décevrait elle-même. Son pire ennemi, c'était elle. Shéhérazade savait qu'elle ne devait rien craindre, de personne d'autre, seulement son reflet dans le miroir, l'éclat de ses yeux brûlants comme une flamme et l'arc de son sourire acéré comme un couteau. Pourtant une partie d'elle s'en voulait déjà de décevoir Potté. Elle n'avait rien fait, pas encore touché au moindre sabre qu'il mettrait entre ses doigts que tout revenait. Comme une maladie incurable qui la suivait partout, un poids énorme à emporter partout avec elle. Une ombre qui ne s'en allait pas et créait au besoin un second soleil pour survivre. Inarrêtable. Immortelle. Un fléau.
C'était pourtant un risque qu'elle était prête à affronter. Elle savait Potté fidèle, bien assez pour ne pas l'abandonner en humiliation mais la conduire à la réussite, quoi qu'il lui en coûte s'il avait donné sa parole. Elle le savait dévoué, suffisamment pour passer sa vie entre ses mains et le laisser la rattraper quand elle ne pourrait plus se tenir debout. Dans la plus grande des guerres, elle aurait beau avoir toutes les relations que le statut de femme du sultan lui permet d'avoir, Potté serait parmi ses meilleurs alliés. Un voleur, rebelle, leader; le pire des voyous qu'il lui ait jamais été donné de rencontrer, le meilleur aussi. Si quoi que ce soit se présentait en travers de sa route, elle savait qu'elle ne croirait presque qu'en lui. En son agilité, sa rapidité, sa fidélité. Encore, toujours.
Une histoire scandaleuse oui. J’ai toujours voulu la connaître et lui exprimer mon admiration. Shéhérazade tournait encore dans la pièce, inlassablement, les lèvres étirées en un sourire discret. Oh, comme elle l'avait haï. Elle avait été prête à arracher ses poumons à mains nues, s'il l'avait fallu, pour être certaine qu'il ne verrait plus jamais la lumière ni jour, ni l'éclat du moindre bijou. Et la voilà qui lui offrirait le monde et trois Royaumes. Plus le temps passait, plus il lui semblait évident qu'elle n'était capable d'aucun bon jugement. Ceux qu'elle a détesté, ceux qui l'ont détruite sont aujourd'hui les seuls en qui elle a foi. Sinbad. Potté. Shahryar. Ce dernier nom lui arracha un rire qu'elle ne pouvait contenir. L'ironie faisait parfois des miracles. S'ils savaient, tous. Ce dont elle est capable. Personne ne sait, non, pas même elle. Mais elle suppose. Quelque chose le lui hurle, au fond de ses entrailles. Quelque chose, juste à la frontière de ses lèvres, le lui murmure. Elle peut. Il n'est plus question de déterrer les vieilles boîtes à trésor ni les amants disparus, il n'est plus question de se laisser abattre par quiconque. C'est elle aujourd'hui qui s'envole, c'est aujourd'hui qui renaît. Une vie pour une vie lui semble être un prix correct à payer. Un instant, la princesse sonde les yeux de Potté. Doit-elle tout lui avouer ? Ses secrets, ses desseins ? Il n'y a pas une chose qu'un beau parleur comme lui ne ferait pas pour une belle femme, et elle savait ne pas le laisser totalement indifférent; mais un ami raisonnable l'accompagnerait-elle dans telle folie ? Mais ça n'était pas de la folie, seulement de la survie. Un moyen de se réveiller, de hurler avec les cordes vocales amputées. Elle devait faire quelque chose, agir, comme les rebelles l'avaient fait. La présence de Marraine ne lui était pas dérangeante, à elle qui se paraît des plus beaux rubis et des tissus les plus nobles, mais elle savait ses amis souffrants, le visage enfoncé dans la terre quand un mot était prononcé plus haut que l'autre. Elle savait, tout, et même ce que ça avait coûté à certains d'oser se rebeller et forcer les choses à aller dans leur sens. Ça n'était que le début de quelque chose, quelque chose de grand, ou qui le deviendrait, et elle voulait en faire partie. Ils ne partageaient pas le même ennemi, mais leur cause était similaire. C'était seulement trop tôt pour l'avouer. Trop tôt pour que son esprit se fasse à l'idée. Il fallait y aller en douceur, c'est comme ça qu'on faisait à Afshin. Un coup de poignard caché derrière un sourire tendre; et elle serait le plus aiguisé de tous.
Comment refuser, avec des propos si délicats ? Comment peux-tu même croire que je puisse refuser une telle aventure ? Apprendre à une princesse à se défendre, une opportunité comme celle-la ne se représentera pas deux fois. Mais tu es bien placée pour savoir que mes services ne sont pas gratuits. Elle sourit à en dévoiler ses dents, parce qu'elle le sait mieux que quiconque. Le chat est un animal bien vénal, elle l'a apprit à ses dépends, mais ses griffes sont parmi les plus pointues.
Le regard de Shéhérazade se laisse aller le long des cheveux de Potté, avant de passer à ses yeux qui se rapprochent de plus en plus, presque à ne faire plus qu'un, sans qu'elle ne se défasse de ce contact qui lui donnerait des frissons si elle ne le connaissait pas comme c'est le cas. Elle connaît Potté, son caractère, ses intérêts ainsi que sa réputation, et tout lui fait penser qu'une maison close n'est pas un endroit choisi au hasard. Si il lui semble avoir entendu des rumeurs sur lui et une femme de la capitale, il ne lui faut aucun effort pour l'imaginer avoir déjà occupé toutes les chambres de l'établissement. À vrai dire, elle serait un peu déçue du contraire. Le laissant mener la danse comme elle l'a déjà fait d'autres fois, Shéhérazade se laisse emporter jusqu'à s'écraser contre la grande porte de bois, le regard perdu dans ses pupilles hypnotisantes de chat errant. Elle dévie un instant vers ses lèvres qui laissent échapper un parfum de menthe et une pointe de coriandre, jusqu'à sentir sa main se saisir de son menton. Son regard se redresse vers des yeux qui n'auraient pas besoin de lire en elle pour découvrir le moindre de ses secrets, alors qu'elle ne peut s'empêcher d'être parcourue d'un frisson au moment où tous ces r roulés parviennent délicatement à son oreille. Connais-tu Jeiran Aurorefauve ? J’ai entendu qu’il avait inventé une arme puissante, une arme à feu dit-on. J’aimerais que tu m’en procures une. Et par la même occasion, que mon visage ne soit plus recherché par la garde royale. Je suis sûr que tu peux en toucher un mot à la capitaine. Les Lames de Cendres ont encore beaucoup à faire, et je ne pourrais rien faire pour toi si je ne peux même pas protéger mes troupes. Si tu fais ça pour moi, je t’apprendrai tout ce que je sais, et tu seras la princesse la plus crainte d’Afshin. Mais si ce n’est pas trop indiscret, quel a été le déclic de ce réveil brutal ? Il cesse enfin son jeu d'enfant, et laisse une distance entre eux, plus sérieuse quand on parle d'affaires. Shéhérazade ne se décolle pas pour autant du bois frais de la porte, se contente de sourire, la tête penchée sur le côté. Tu te doutes bien qu'il n'y a pas une chose que je ne ferais pas pour arriver à mes fins. Prenant une impulsion contre le morceau de bois dans son dos, Shéhérazade se permet de s'avancer à son tour vers Potté, de lui tourner autour comme une lionne tournerait autour de sa proie. Donne-moi deux jours, Potté, et tes portraits disparaîtront des tavernes. Je ferai déposer un paquet à ton attention le jour suivant, et tu auras alors tout ce qu'il te faut. Trois jours, il ne lui faudrait pas plus. Chaque personne haut placé a facilement accès à ces fameuses armes à feu, et il n'est pas difficile pour Shéhérazade de mentir et prétexter avoir grand besoin de l'une d'elle; il ne faudra qu'une ou deux bourses pour acheter la garde royale, qui se pliera aux ordres des autorités supérieures pourvu qu'on leur dise de le faire. Trois jours, et il sera en mesure de lui apprendre tout ce dont elle a besoin.
S'arrêtant de tourner, elle s'approchait à son tour du mercenaire, se saisissant de ses mains pour les passer dans son propre dos et le forcer à une étreinte. Ses mains à elle se posaient sur les épaules de Potté, glissant son visage à son oreille au point d'effleurer sa peau du bout de ses lèvres. T'ai-je déjà dit à quel point tu ferais un bon sultan ? Elle soufflait à ses narines des parfums bien de chez eux, des effluves de vanille et des zestes d'orange qui la suivaient partout depuis toujours. Ses mains se glissaient doucement aux côtés du visage de Potté, alors qu'elle s'en approchait, déviant au dernier instant pour éclater un baiser sur la joue du voleur. Les jeux de séduction étaient monnaie courante à Afshin, et Potté était un homme irrésistible, la princesse se devait de l'admettre. Elle n'irait pas plus loin avec lui sans qu'il l'y entraîne, mais une tension comme celle-ci l'amusait comme elle ne l'avait pas été depuis longtemps. Ses bras finissaient autour du cou du recherché, jouant sans se priver avec les ondulations de ses cheveux, affichant un fier sourire, les yeux dans les yeux. Ne me fais jamais défaut Potté, et tu auras un jour une nation entière à tes côtés. Un rire s'envolait dans la pièce avant qu'elle ne s'éloigne à nouveau de lui, de quelques dizaines de centimètres seulement, dégageant ses cheveux d'une partie de son cou pour mieux dévoiler la cicatrice qui lui avait été offerte la première nuit de son mariage. Largement suffisante pour arrêter son cœur de battre si une lame s'y enfonçait à nouveau pour finir le travail ainsi commencé. As-tu entendu parler de cette jeune fille, par-delà les frontières, endormie depuis plus d'un siècle avant qu'on ne la réveille ? Je n'attendrai pas autant avant de me réveiller, et si je crains de ne pouvoir t'en dire plus, j'espère que tu pourras m'offrir l'aide que je te demande. Tu me sais être une femme d'honneur et de justice, Potté, et je peux t'assurer que je n'ai jamais fait de choix aussi bon de ma vie. Et si c'est la folie qui m'a entraîné dans l'union qui m'a valu cette cicatrice, il n'y a que ton aide qui me libérera de tout ce qui m'enchaîne.
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⊱ be a man, with all the strenght of a raging fire EmptyJeu 11 Juin - 17:58



Shéhérazade & Potté

Le mercenaire songeait à sa terre natale, le sable fin, battu sous ses bottes. Un désert ambulant d’amas ivoires, sans rien à l’horizon. Un chemin qui semble sans fin, ouvrant à toutes les opportunités possibles et inimaginables, accédant à la liberté. Afshin n’était pas seulement une contrée. C’était un pays à ses yeux, une nation pour laquelle il se battrait jusqu’à son dernier souffle, afin que ses habitants se sentent à l’abri et libres, libres de faire leurs propres choix, mener la vie qu’ils veulent. Afin qu’il n’y ait plus d’esclaves, d’orphelins, plus d’ordres ni de tortures. Si le chat devait passer le reste de sa vie en prison, il le ferait. S’il devait se rendre à la potence pour sauver toutes ces âmes inconnues, il n’hésiterait pas. Mais s’il n’était pas là, qui se soucierait des afshiniens ? Il n’avait jamais trouvé de réponse à cette question avant récemment, avant de la rencontrer. La princesse. Shéhérazade n’avait en rien les mêmes ambitions que son régent. La fleur divine représentait bien plus qu’une conteuse d’histoires, bien assise sur ses coussins en soie. Elle avait eu maintes occasions de l’éliminer, d’un claquement de doigt, simple, bref. Arracher une vie est si facile aujourd’hui, mais qui peut se prétendre détenir le droit. Sûrement pas cette poupée de porcelaine, faisant danser un palpitant bien trop blanc et pur entre les barreaux. Shéhérazade n’était pas seulement la diseuse de bonne aventure, la princesse du désert ou la conteuse cachée derrière sa cape. Elle était une alliée, une partenaire inestimable. Mais plus encore, elle était une amie.

« Tu te doutes bien qu'il n'y a pas une chose que je ne ferais pas pour arriver à mes fins. » Elle sort enfin de son silence, souriant comme si elle possédait tout l’or du monde, toutes les cartes en main, et un mercenaire sous le bras. Sa silhouette se détache de la porte pour déambuler de volupté autour du voleur. Potté reste immobile, baissant de temps à autres le menton pour tenter de la suivre du regard, silencieux. « Donne-moi deux jours, Potté, et tes portraits disparaîtront des tavernes. Je ferai déposer un paquet à ton attention le jour suivant, et tu auras alors tout ce qu'il te faut. » Il clôt ses paupières, dessinant un fin sourire en coin. Pourquoi se priver d’un tel avantage que d’avoir une princesse à ses côtés ? Une telle alliance ne peut que lui apporter du bon, et faire évoluer les choses une bonne fois pour toutes.  Olga et lui, enfin débarrassés des gardes, effaçant les derniers évènements. Ce serait pour les Lames un nouveau départ, une occasion de se racheter et surtout, se faire une place réelle dans la société. Mais, sa curiosité piquée à vif, il serait bien enclin à connaitre la raison de ce service alléchant, pourquoi, ou pour qui, veut-elle devenir si forte. Si elle le lui demandait, si un homme était aux trousses de la princesse, il irait lui même faire le sale travail. Mais sa détermination vaut bien plus que tout ce qu’il pourra lui apporter. Soudainement les choses prennent une tournure bien plus agréable quand Shéhérazade se rapproche de son déguisement charnel pour y poser ses mains douces et hâlées. Un frisson lui parcoure l’échine quand elle emprisonne ses mains pour les poser délicatement en bas de son dos, dégageant des odeurs appetissantes. Le voleur se laisse aller aux avances, la moustache redressée, les mains baladeuses sur ses étoffes colorées. Il sent ses lèvres s’approcher de son oreille, le souffle chaud lui caresser la peau, et crispe ses mains pour ne pas faire une chose qu’il regretterait. Un pêché qu’il ne pourrait se pardonner, bien qu’il soit sous le charme de sa séduction royale. « T'ai-je déjà dit à quel point tu ferais un bon sultan ? » Si le voleur était un dom juan sûr de lui d’ordinaire, il ne s’était jamais attendu à une telle proximité avec une princesse, et il devait bien reconnaitre sa nervosité. « Non, c’est une chose que tu m’avais probablement cachée. » Déglutissant rapidement, ses mains rêches glissent jusqu’aux hanches de la conteuse pour la serrer plus fort qu’il ne devrait, résignant ses envies les plus subtiles et gardant le contrôle, tandis qu’elle enfouit ses doigts dans la tignasse du mercenaire. Leurs rétines confrontées, l’un comme l’autre se jouent de la situation tout en restant sérieux et concentrés, sur leur garde comme si quelqu’un allait sortir une dague de sa manche. « Ne me fais jamais défaut Potté, et tu auras un jour une nation entière à tes côtés. » Méfiante, piquante et empoisonneuse comme une vipère du désert. Et pourtant c’est un appel à l’aide qu’il entend, un service pour un autre, un marché en bonne et due forme avec le consentement de chacun. Mais tant qu’il aura toujours à y gagner, le chat Potté jamais ne trahirait. « Je donnerais ma vie pour ma reine. » susurre-t-il en attrapant sa main pour y déposer un long baiser, mesquin et pourtant sans une once de fausseté. Le rire cristallin de Shéhérazade ricoche dans la pièce de tous les pêchés, alors qu’elle s’éloigne à nouveau pour dévoiler la cicatrice de son cou au voleur. Il serre les poings, une grimace d’horreur traversant son visage quand il aperçoit l’oeuvre probable du démon. Aucune de ses femmes ne s’en est sortie indemne, sauf une, sauf elle. « As-tu entendu parler de cette jeune fille, par-delà les frontières, endormie depuis plus d'un siècle avant qu'on ne la réveille ? Je n'attendrai pas autant avant de me réveiller, et si je crains de ne pouvoir t'en dire plus, j'espère que tu pourras m'offrir l'aide que je te demande. Tu me sais être une femme d'honneur et de justice, Potté, et je peux t'assurer que je n'ai jamais fait de choix aussi bon de ma vie. Et si c'est la folie qui m'a entraîné dans l'union qui m'a valu cette cicatrice, il n'y a que ton aide qui me libérera de tout ce qui m'enchaîne. » Les bras du mercenaire sont croisés sur sa poitrine, fermés à tout alors que ses yeux sont grands ouverts. Peut-être ne saura-t-il jamais comment elle a fait, comment elle a pu lui échapper. Bien qu’elle soit toujours en vie, Shéhérazade n’aura pas été épargnée. Ses souffrances silencieuses en disent long sur son vécu. Ses mots durs comme la pierre ne cachent pas son choix ferme et inébranlable. Elle est une princesse, elle est libre de ses décisions. Si elle lui demandait, il tuerait pour elle. « Tu m’as donné plus d’une seconde chance, princesse. Je ne te décevrai pas. Mon épée est tienne. » Il dégaine son arme et la plante dans le bois du parquet bruyant, avant de poser un genou à terre et baisser le regard. Il tend l’oreille, et écoute des pas se rapprochant dans le couloir. Il est temps pour la princesse de s’en aller. Aussitôt le voleur se redresse pour ranger son arme et attraper Shéhérazade dans son élan, la poussant jusqu’à la fenêtre. « Du moment que j’obtiens ce que je veux, tu peux compter sur moi, je ne te trahirai pas. Mais va maintenant, pars. Tu n’es pas en sécurité ici. Quand tu seras prête, rejoins moi au refuge des Lames, je t’enverrai un messager. » Pressé par le temps, le mercenaire ne demande pas la permission et arrache la princesse au sol, la portant pour la poser sur les toits de tuiles. « Adieu, princesse. »



RP terminé :coeur:  
 
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