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FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.

⊱ broken notes in harmony


FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

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⊱ broken notes in harmony EmptyVen 20 Fév - 18:16




Poucet, Barthélemy
we never had enough.

Cinq ans. Les cloches hurlent au loin à qui veut l'entendre. Il est midi de la cinquième année. Aujourd'hui, les notes ne s'échappent pas par la fenêtre mais le silence prenait bien plus de place encore. Barthélemy jetait un regard distrait vers l'extérieur, enfoncé bien au fond de son fauteuil en velours rouge. La brise absente le faisait frissonner une énième fois. Plus que jamais, il pouvait entendre les éclats brisés de son cœur s'affoler à chaque respiration. Lui couper la peau du torse et des poumons; s'exposer et le tuer. Plus que jamais, l'endroit ne lui paraissait pas être autre chose qu'un champ de bataille. Des tranchées oubliées, de la terre malmenée où l'herbe a eu vite fait de repousser. Son esprit s'envolait jusqu'au cimetière de Yasen où reposait sa bien aimée; jusqu'à la maison meurtrie où s'élevait son plus beau trésor. Et puis, comme si le temps s'était arrêté et reprenait enfin, il bouge lentement. Lentement, parce que la mort est trop lourde pour être rapide. Lentement, parce que rien ne s'oublie et que chaque jour lui coupe un peu plus les jambes. L'une après l'autre pour ajouter le déséquilibre.
Demain, il recommencerait à jouer. Demain, il assumerait à nouveau cet espoir de vie. Rêverait à nouveau d'apercevoir la petite silhouette de malice qu'il a jusque là tant aimé; mais aujourd'hui le monde éponge son deuil et il ne pourrait respirer qu'une fois minuit passé. Ses pas traînés jusqu'à la commode de la chambre le menaient à l'un de ses objets les plus précieux. La photo était encadrée dans un cadre du bois le plus noble qu'il ait pu trouver les jours suivants le malheur. Si l'encre fanée n'était qu'un soupir du vivant de sa dulcinée, il en allait désormais d'une nécessité. Il se savait bon pour l'exil s'il n'était plus capable de se souvenir du visage le plus lumineux de tous, des yeux les plus aimants qui soient. Le sépia de sa peau trahissait sa pâleur de lait et le brun de ses cheveux la perfection de ses boucles. Mais l'encre n'a pas mieux résisté au temps que lui, et les traits les plus précis de leur portrait de mariage appartenaient à jamais au passé. Si sa mémoire lui faisait défaut dans les prochains temps, il lui resterait toujours au moins un témoignage de ces temps heureux où la beauté habitait encore avec lui. Un temps plus éloigné encore que la création du monde. À nouveau, les cloches hurlent et un soupir s'échappe de ses lippes.
Il faisait froid à cinq ans et treize heures piles.

☾☾☾


Le ciel brillait fort à cinq ans, treize jours et seize heures, et l'air était parfumé comme l'intérieur de panier d'oranges. C'était une senteur qui lui rappelait de vieux étés alors que ses pas foulaient les pavés. Sa flûte n'était même pas dans sa poche, aujourd'hui; il avait décidé de fuir un peu. Ainsi avait-il passé un début d'après-midi à déambuler aux quatre coins de la ville, passant les portes de telle et telle boutique, perdant la face devant les prix d'une chemise et souriant d'un air nostalgique aux bambins qui se perdaient contre ses jambes le long du parc. Le colère n'était pas de mise aujourd'hui, il n'avait pas la tête à ça. Ses mains croisées dans le dos le plus délicatement qui soit, il traînait sa carcasse de Romeo Drive aux portes de Rollywood, aussi pressé de rentrer que de s'entailler jusqu'au sang. La vie lui semblait aussi lente que vide à aller et venir seul dans sa grande maison, les portraits anciens et encadrés comme seuls témoins de sa vie. Il ne se plaignait généralement pas de ses quotidiens mais les murs finissaient par être aussi hauts que ceux d'un vieux bagne; mais qu'est-ce qu'un bagne face à un cœur brisé ?
Il passait en silence, écoutant les voix s'échapper des habitations les plus chères de Rollywood. Sa maison à lui était quelques numéros plus loin, en bas de la rue. Quelques palmiers peuplaient le jardin du voisin, empiétant légèrement sur son terrain, mais il n'avait jamais jugé utile de s'en plaindre à quiconque. Au fond de son jardin à lui était une cabane pour enfants qui menaçait de s'effondrer à tout instant, recouverte tant de poussière que du vide de ces petits êtres trop espiègles. À l'avant, un simple chemin allant jusqu'à une maison sans prétention, aux murs beiges et au toit rouge brique. Sur la boîte aux lettres, il n'avait jamais pu se résoudre à effacer le nom de Luba, et il passa une nouvelle fois devant sans s'en soucier. Il remonta la petite allée, comme chaque jour, déjà las de cette routine écrasante. Mais quelque chose avait changé. Il lui suffit de pousser la porte d'une main légère pour la voir buter contre le mur de l'entrée. Il ne quittait jamais la maison sans fermer la porte, à clefs. Il entra à pas de loup dans le salon, inspectant chaque espace qui défilait sous ses yeux avant de passer dans la cuisine. Mais un fracas l'obligea à se précipiter à nouveau dans la pièce à vivre; il ne restait déjà du méfait que les éclats d'un verre cassé, et quelques tissus de bonne facture semés à terre, coincés pour l'un d'entre eux entre deux lattes de plancher. Mais les soies lui importaient peu; l'homme emportait son témoignage le plus précieux dans une course effrénée.
Et pour la première fois, Barthélemy sortit sans prendre la peine de fermer la porte.
Il n'avait jamais été fait pour les pas de courses et autres. Son allure à lui était plutôt lente et discrète; il aimait prendre le temps d'observer chaque chose, chaque détail et de l'encrer dans son esprit. Il conservait derrière deux yeux trop dilués une bibliothèque entière d'archives inutiles – les gravures des vases, les motifs des tapis, les inscriptions sur les murs. Barthélemy se souvenait de chaque note grattée sur ses partitions, bien que son oreille absolue le dispense de ce genre de fantaisies. Ses pas étaient sûrs et il aimait marcher la tête haute, à la manière dont l'aurait faite un prince. Peut-être était-il le prince de ses tourments, le roi de ses démons. Mais les circonstances étaient telles qu'il ne pouvait se contenter de marcher. Il pouvait bien avoir la prestance et l'allure du plus grand des monarques que ça n'aurait arrêté aucun voleur – l'un d'entre eux se serait tout au plus interrompu pour l'accabler d'un millier de railleries, mais ça ne serait jamais plus que des rires envolés. Ses jambes s'emballaient le long des pavés, les dévalait aussi rapidement que c'était humainement possible, mais l'homme gagnait du terrain. Il prenait parfois le temps de regarder en arrière où en était le pauvre flûtiste, mais un verre d'hydromel ne l'aurait pas mit en retard. Et puis, il trébucha. Barthélemy en interrompit sa course, perturbé par l'énorme masse blanche qui avait avalé la silhouette du voleur. Il s'approcha alors, hâtant le pas, le souffle court – décidément, il ne sortirait plus jamais sans sa flûte, tout aurait été plus simple.
L'énorme boule blanche agitait frénétiquement la queue, la langue pendue loin dans le vide, fière de sa prise du jour. Barthélemy en esquissa un sourire, pas des plus grands, mais pour sûr des plus sincères. Aldred ! Sa voix était guillerette, autant que sa course avait été paniquée. Il franchit les derniers pas le séparant de son sauveur, avant de décrocher ses yeux de l'animal pour tomber sur son maître. Il lui adressa un signe de tête tardif, bien plus reconnaissant qu'il n'en avait l'air. Poucet, Dieu merci. Leur dernière entrevue, au grand bal de Snoël, n'avait pas été des plus appréciables, et poser les yeux sur ses boucles d'ébènes était d'autant plus une surprise. Il se souvenait de la panique, l'agitation, les cris d'Elis et de Dragée – il ne manquerait pas de lui demander de leurs nouvelles, un peu plus tard. Barthélemy reprit son souffle, lentement, inspirant de grandes bouffées d'air, une main sur les côtes – il n'avait pas fait plus de cent mètres, mais son seul espoir sans Poucet et Aldred aurait été de se laisser tomber et rouler sur le coquin qui lui avait dérobé tant de choses. Le souffle toujours court, il contourna Aldred, ne lui adressant que quelques caresses rapides, et fouilla tant les mains que les poches du voleur. Il trouva : une bague, une bourse, de vieilles lettres et put même attraper un très petit flacon de parfum avant de se relever. L'homme tenta de lui attraper la cheville, mais Aldred s'étala d'autant plus sur lui, Barthélemy n'ayant même pas à reculer pour lui échapper. Mais quelque chose manquait. Il se baissa à nouveau, examinant chaque parcelle visible de cet idiot écrasé. Sa lèvre commençait à rougir sous la pression de ses dents, alors qu'une de ses mains ne s'arrêter plus de gratter la peau de son bras. Un raclement de gorge insistant le sortit de sa quête, relevant la tête vers Poucet, Saint Poucet, qui lui tendait sa chère photographie. Loué soit le Saint Poucet. Barthélemy se saisit de l'objet avec une délicatesse impressionnante, se relevant par la même occasion – manquant de tomber sur Poucet, se rattrapant au dernier moment à son avant-bras. Elle est abîmée.. Un pli disgracieux coupait le portrait en deux, alors qu'une déchirure de quelques centimètres tout au plus séparait le flûtiste et feu son épouse. Il soupira bruyamment, longuement, reprenant un sourire léger en affrontant les yeux trop noirs du maître d'armes. Ah, que ferais-je sans vous, messieurs ? Je vais finir par croire que vous êtes mes anges gardiens. Un rire doux s'éleva dans les airs, alors qu'il retrouvait enfin un souffle normal. Son pied alla jusqu'à écraser la main du voleur qui s'aventurait déjà sur les pavés, s'arrêtant sous le poids du regard de Poucet. Je ne sais comment vous remercier, mais nous pouvons toujours en parler devant une tasse de thé, mh ?
Ce devait être un jeu auquel se prêtaient les divins qui causaient chacune de leur rencontre; la victime et le héros, à défaut d'être le chat et la souris.
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FORT FORT LOINTAIN

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⊱ broken notes in harmony EmptyDim 22 Fév - 14:54




Barthélemy et Poucet
As-tu jamais dansé avec le diable au clair de lune ?

L'ennui, la frustration, deux choses qui vous rendent détestable un homme plus qu'il ne l'est déjà. C'est actuellement ce que subit le maître d'armes en refaisant le bandage de sa plaie qui étonnamment cicatrise plutôt bien, pauvre mollet qui fut la proie d'un gigantesque morceau de mur lors du bal en décembre qui ne laissa derrière lui que des cendres. Une attaque de rebelles dit-on à gauche, un fou qui a voulu s'essayer aux joies de la poudre est affirmé à droite et dans tout cela Poucet ne sait plus où donner de la tête. Il évite d'y songer, de toute manière cela ne ferait qu'empirer son état qui est déjà fort haïssable plus que de raison. Il est loin de tout, de sa protectrice ainsi que protégée, de son frère qui révolté par la situation a voulu mettre sa main à la patte en lui offrant ses services, or Elis le forgeron est seulement bon pour créer des épées, non pas pour panser des plaies. Alors il se débrouille seul, en compagnie omniprésente de son chien Aldred qui se moque de sa gaucherie pour retaper avec tout le talent qu'il faut son muscle endommagé. Là, chez lui, il zieute avec une attention certaine à travers la fenêtre le château qui à moitié en ruine cache sa fée qui ne peut se montrer. Trop dangereux, de surcroît le nouveau dirigeant ne serait pas assez fou pour la laisser sortir, alors il la laisse dans sa cage dorée et ils ne peuvent se contacter que par le biais de missives enflammées. Secouant sa tignasse sombre, il attrape derechef sa cape noire qu'il enfile sans plus de cérémonies. Mourir est une chose, pourrir ici, dans ce lieu où tout est propice à la solitude c'en est une autre et quitte à claquer la gueule ouverte autant le faire devant la populace qui se souviendra de son visage livide et ses yeux vitreux. Tapotant gentiment sur sa cuisse droite pour faire signe à son fidèle compagnon de venir, celui-ci surexcité gratte derechef la porte en aboyant. Il va encore réveiller les voisins, si ce n'est pas déjà fait - parce que la plupart son vieux, ou totalement décomposés dans leur lit, il ne saurait le dire de toute façon Cailloublanc ne s'est jamais donné la peine de faire les présentations. Passant une main sur le pelage opalin de la bête il ouvre la porte, le froid qui passe dans le couloir en bois lui refile des frissons et tout en traînant de la jambe, il se resserre dans ses vêtements. L'esprit encore chamboulé de ce néant ambiant, il descend avec une lenteur déconcertante les marches pendant qu'Aldred le fixe le museau levé vers le plafond. Il arrive, il arrive. Soupirant, dépité qu'il puisse le juger c'est enfin dehors qu'il remarque pour la énième fois l'étendue des dégâts. Les prostitués à Ragtwon se font de plus en plus régulières, la boisson coule à flots et les cadavres s'empilent dans un coin. Fort heureusement pour le champion, il garde toujours sur lui son précieux Aquilon, qui, malgré son petit souci d'équilibre peut lui permettre de se sauver la carcasse. Alors, rassuré, il passe ses mains sur sa capuche pour l'enfiler et s'engouffre dans les rues de la capitale sans vraiment savoir où il souhaite aller. Avec un peu d'espoir sans doute il souhaite pouvoir entrer dans le château, croiser la Duchesse qui se fait un sang d'encre à force de ne plus le voir dans sa cour. Quelle honte pour un combattant attiré, il n'est même plus capable de parer une attaque débutante. Il avance, tel un fantôme d'une quelconque cour des miracles jusqu'à ce qu'enfin arrivé dans le quartier présumé chic, il tombe nez à nez avec une fripouille qui détale beaucoup trop vite à son goût. Sans savoir où son geste va le mener, il passe sa jambe valide dans le vide pour que le voleur se le prenne de plein fouet, ce qui concrètement prend de façon totalement inattendue. Il s'écrase lamentablement au sol en geignant pendant que le clébard s'écrase sur son dos pour l'empêcher de bouger. « Allons bon, où alliez-vous de si bonne hâte ? » L'assaillant veut se débattre, souci étant c'est que le poids d'Aldred lui empêche tout mouvement trop brusque et donc de se défendre, même passer sa main dans sa poche pour sortir sa dague se veut digne d'un parcours du combattant. « J'fuyais un ours ! » Et il ose se moquer de lui en plus ? Entre ses doigts il aperçoit un morceau de parchemin, se baissant avec attention il attrape le bout friable puis se redresse aussitôt. Fronçant les sourcils, il tente tant bien que mal de reconnaître la pauvre famille dépouillée et son pauvre coeur rate un bond en reconnaissant les quelques traits qui s'affichent là-dessus. Un souvenir plutôt ancien, si ce n'est datant d'il y a une éternité. Il y voit le flûtiste aux yeux profonds, la présence d'une autre à ses côtés au visage à moitié dévoré par les méfaits du temps. Et dès lors, Poucet se rend compte que deux types de pillards existent : ceux qui veulent la richesse et ceux qui veulent détruire. Celui-ci semble pourtant trop idiot pour être capable de se rendre compte de la dimension des sentiments.

Retenant un rire sec en coin de lèvres, Aldred jette une oeillade complice à son maître qui lui rend un sourire plus que sincère, presque fier de sa prise. Où est donc la garde royale quand on a besoin d'elle ? Il faut croire qu'elle est trop occupée à se vider une pinte dans la taverne d'à côté ou à déprimer parce que personne ne veut d'elle. Bon sang, s'il n'était pas tant du côté de la reine complètement givrée, il n'aurait jamais songé à ce qu'une telle anarchie se mette en place. C'est bien plus effrayant tout en étant rassurant, c'est paradoxal, fascinant. Pinçant sa lèvre inférieure alors qu'il souhaite continuer de converser avec le triple idiot, il se fait stopper dans son élan par une voix plus lointaine, cassée, brisée en bien des morceaux. « Aldred ! » Rassuré tout comme fatigué, voilà la victime du gueux en haillons qui essaie toujours vainement de se débarrasser du bestiau royalement posé sur sa carcasse. Barthélemy qui a bien changé depuis leur dernière macabre entrevue. A chaque fois qu'il est présent, il semble que la mort souhaite s'accaparer de son âme, serait-il de fait son bourreau ? Inspirant profondément en grimaçant à cause de son muscle blessé, il se rapproche de plus en plus, de la joie étirant ses traits en une mine plus que radieuse et à la fois énervée. Il y a de quoi, il ne peut pas lui en vouloir, pourrait-il sortir sa flûte enchantée pour le noyer qu'il ne dirait peut-être rien. « Poucet, Dieu merci. » Ou pas, probablement aurait-il préféré l'incarnation divine d'une autre personne beaucoup plus agréable que lui, surtout en sachant qu'il ne l'a toujours pas remercié d'avoir voulu sauver in extremis sa jambe qui fut touchée par l'explosion. Haussant un sourcil sur deux, il dévisage le musicien qui se met à chercher sur l'homme au sol l'objet de ses désirs, vraisemblablement il y trouve des tas de choses, sauf ce morceau de puzzle que le maître d'armes tient lui contre son coeur. Sans vouloir le faire languir plus longtemps, il tend la photographie jaunie à son interlocuteur qui se redresse à l'instar d'un danseur qui prépare une belle représentation, c'est gracieux, c'est doux, c'en est presque désopilant plus qu'impressionnant. Faisant constat de l'état de son dû, Poucet fronce les sourcils en posant encore une fois toute son attention sur le crétin trop distrait. Alors donc n'était-elle pas si amochée que cela à l'origine ? Elle devait être précieuse, elle doit l'être, parce que c'est tout ce qu'il reste quand un corps jadis vivant est enterré sous de la terre boueuse. « Ah, que ferais-je sans vous, messieurs ? Je vais finir par croire que vous êtes mes anges gardiens. » Ajoute-t-il de sa voix singulière et envoûtante. Ce à quoi le guerrier hausse simplement les épaules. Il serait probablement encore en train de courir ou alors au sol à s'étouffer dans les crachats de ses poumons malades. Trop chétif pour savoir survivre sur plus d'une centaine de mètres, il est arrivé au bon moment, au bon endroit, le bon jour, sans lui Barthélemy se lamenterait sur une vie volée en quelques secondes par des mains sales. Quelques secondes après, il remarque que l'assassin artiste écrase une extrémité du filou qui ose se plaindre, alors pour le faire arrêter il lui lance un regard trop significatif pour être anodin. Les temps sont déjà assez durs ainsi, autant ne pas en rajouter et puis quitte à le faire souffrir, autant lui découper les doigts s'il en vaut seulement le coup. A en juger par les traits de son visage, le voleur doit à peine avoir plus de vingt ans. Si jeune, déjà tombant dans les prémices des ténèbres, c'en est désolant. Soupirant pour marquer son blasement, il n'a toujours pas donné ordre à son chien de déguerpir. « Je ne sais comment vous remercier, mais nous pouvons toujours en parler devant une tasse de thé, mh ? » Il n'a fait que rendre au monstre l'instrument de sa torture, l'origine même de son mal-être, en quoi pourrait-il le remercier ? Il déverse du sel sur sa plaie purulente, en aucun cas il doit lui être redevable, il devrait lui cracher à la figure.

Tout le contraire se déroule, il lui est d'une reconnaissance si grande qu'il n'en croit pas ses prunelles sombres. Papillonnant des cils presque soufflé d'une humeur si rayonnante, il ne peut empêcher la méfiance de naître dans le creux de ses entrailles ; tout bonnement parce qu'il a vu cet être à l'oeuvre, souhaitant le noyer sous la pleine lune c'est pris d'un soupçon de remord qu'il sauta à l'eau pour le sauver. Encore maintenant, il peut se souvenir de l'eau se glissant dans sa gorge pour ressortir du bon côté. Du reste, il n'a plus aucun souvenir, tout ceci n'est plus qu'une zone d'ombre que son interlocuteur ne veut pas éclaircir. Les sourcils froncés, il doit se sentir à l'aise dans ce chaos qui règne à Fort Fort Lointain, en tant que fanatique des chants du Diable il ne pouvait demander plus pour se sentir tel un poisson dans son océan gigantesque. Parmi les dégénérés il se sent des siens, parmi les incompris il se sent totalement apaisé là où Poucet se sent de trop, à chaque coin de rue il se prépare à dégainer son épée coupante telle une lame de rasoir. Faire couler le sang, trancher les veines devient une monnaie un peu trop courante ici, ils voulaient une révolution, ils n'ont eu qu'un retour de flammes et Dieu seul sait ce que prépare Charmant dans son coin. Bien sûr, en tant qu'externe au conflit, il n'a pas été mis au courant des plans qui se murmurent dans les couloirs clinquants du château, ne le sera probablement jamais sauf le jour où il sera totalement rétabli. Sa frustration reprend le dessus, il essaie de la dégager et accorde un sourire poli, sans aucune profondeur à son sauveur double-face. « Vos anges ? Ne vous y trompez pas, nous sommes loin d'avoir des ailes dans le dos et la candeur qui sied si bien à ces créatures. » Ensemble ils seraient plus semblables aux incarnations de l'apocalypse ou ce qui s'en rapproche le plus, des anges déchus qui souillés par leurs idéaux sont tombés dans ce royaume puant l'herbe à chat. Pinçant sa lèvre inférieure par pur automatisme, il fait signe à Aldred de s'enlever, ce qu'il fait et alors que le voleur se prépare à repartir, Poucet le rattrape par le col et scindant ses iris apeurés il souffle naturellement. « La prochaine fois, l'ami, il ne fera pas que t'empêcher de bouger. Ce que tu as entre les jambes passera pour son dîner. » Ce à quoi le chien aboie pour le faire sursauter. Sans plus de politesses, une fois relâché le pillard repart ses jambes à son cou et disparaît au bout de quelques mètres, cherchant sans aucun doute une autre victime à faire pleurer. Toussant vaguement pour éclaircir sa gorge, il prend appui sur son membre valide pour arrêter l'autre de trop travailler, ce n'est pas bon, cela risquerait de retarder tout le processus mis en oeuvre pour qu'il puisse à nouveau marcher comme avant. Ne sachant réellement où s'attarder, il se décide à remonter progressivement vers le visage du flûtiste maudit. L'estomac serré plus par nervosité qu'autre chose, il fait volte-face de son appréhension en gardant cette forme de petite lune sur ses lèvres. Il ne vaut rien ce sourire-là, il ne vaut pas grand-chose si ce n'est des clopinettes, il n'est même pas totalement sincère, peut-être qu'une petite parcelle l'est, toutefois elle est si minime que s'y concentrer n'y vaudrait pas tant le coup - au moins est-ce un début vers la longue route qu'est l'appréciation. « A votre guise, même si j'estime qu'il est normal d'agir pour le bien d'autrui. » Que de belles paroles qui viennent directement du manuel de chevalerie caché dans la bibliothèque gigantesque du château royal. « Surtout que depuis le bal, rien ne va plus, les criminels pullulent un peu partout et il faut sans cesse se préparer à sortir les crocs. » Il est des leurs, il le sait, il se fout bien de l'impact que peut avoir la violence de ce terme sur le visage de cette âme esseulée. Il y a des vérités qui ne sont pas bonnes à cacher, et même si le personnage en son coeur peut être tout à fait louable, possible à aimer, il reste ce qu'il est de l'extérieur ; un tueur. Alors, tout en ne faisant pas fît de ce détail qui a son importance, il n'en a pas pour autant peur et souhaite à nouveau essayer de détailler sous des tas d'envergures ce qui a forgé cette coquille d'apparence parfaite. Parce qu'il en use le Barthélemy, oh oui qu'il utilise les beaux vêtements pour se donner la dégaine d'un prince, qu'il aguiche les belles phrases pour se faire pardonner, pour charmer, qu'il écrit des morceaux pour se libérer des démons qui tiraillent son coeur gonflé. Reprenant le fil de sa propre affirmation, Cailloublanc ne baisse pas le regard, pas cette fois-ci et se plonge même dans celui du condamné. « A ce sujet, je n'ai toujours pas eu l'occasion de vous remercier pour votre participation à mon sauvetage quelque peu discutable. Même si vous n'avez pas fait le plus gros du travail, vous avez été une aide en plus, alors... Merci. » Parce qu'il n'est pas capable de lui offrir plus, parce que pour une fois il est totalement franc en sa présence et ce n'est peut-être pas plus mal pour pousser quelqu'un à se laisser aller. Là où l'un se cache, l'autre se dévoile dans sa presque totalité, qui sait, il pourrait suivre son exemple un jour et oublier les bijoux pour qu'enfin la populace puisse voir ce qui se trouve dans son âme.
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FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
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⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

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⊱ broken notes in harmony EmptyLun 9 Mar - 23:16




Poucet, Barthélemy
we never had enough.

La folie lui était venue comme la peste venait à d'autres. Soudaine. Incontrôlée. Incontrôlable.
Barthélemy ne fuyait pas les regards, et devinait sans les voir les silhouettes bourgeoises perchées de l'autre côté de leur double vitrage et leurs rideaux de soie. Aucun n'aurait bougé s'il l'avait passé à tabac; ils ne s'en seraient pas préoccupé plus de quelques minutes, un aurait peut-être soupiré pour lui-même avant de retourner dans sa vie bien isolée de toutes les autres. Il n'y avait ici que des regards jugeurs, aucun pour agir. Les rideaux se tiraient bien vite, alors que le voleur de sentiments gémissait de douleur au sol, et que Barthélemy se contenait tant que possible pour ne pas céder à une pulsion. Plus qu'une pulsion, en réalité, c'était une intuition, une voix bestiale et animale qui lui hurlait avec haine de ne pas s'arrêter là et de continuer ce qu'il a commencé. De piétiner l'homme qui ne s'est pas même rendu compte de ce qu'il faisait. Il venait probablement dérober les bijoux et les bourses, mais quelques années n'ont pas suffi au flûtiste pour se remettre d'un trop plein d'émotions. Dans quelques jours, il lira probablement dans le FFL Times que la maison d'un riche bourgeois a été retournée, des bijoux envolés; pour cette fois, il n'était pas entré dans la bonne maison. Il avait encore le cœur à vif, les engrenages de ses organes qui craquaient et se fissuraient, qui hurlaient à ceux qui voulaient les entendre de les huiler un peu mieux. Les bruits autour de lui, si ça n'est la flûte et sa propre respiration, ses peurs et ses remords, le vide et les fantômes, tout lui semblait lointain. Les voix s'en seraient presque déformées, la sienne surtout. Il n'en reconnaît plus la tendresse d'autrefois ni la clarté, il ne reconnaît plus sa personne en ce rire qui s'envole dans les airs. A-t-il seulement encore le droit de rire ? C'était comme être enveloppé dans un nuage de coton depuis des années, depuis deux pertes, depuis une mort. Barthélemy attendait patiemment dans le fond de son cocon. Il aurait pu en sortir, il le savait. Il y a déjà longtemps que les ailes ont poussé contre son gré entre ses omoplates, mais il n'en fait qu'à sa tête. Il ne sera pas un papillon.
Elle n'aimait pas un papillon.
Elle a aimé une chenille, qui ne savait pas encore vraiment où aller. Elle a aimé une chenille qui était prête à se transformer pour mieux lui plaire, pour s'élever à sa hauteur. Pour en être enfin digne – mais il ne peut pas. Il la trahirait, à avancer sans elle. C'est insensé. Insensé. Comment pourrait-il encore se regarder sans briser le miroir s'il fallait qu'il s'en sorte sans elle ? Comment pourrait-il ne pas se bouffer tout cru s'il savait qu'il pouvait vivre sans elle ? C'était une raison de plus à rajouter à la liste des choses à haïr en l'être humain. Barthélemy s'arracherait les ailes au couteau s'il le fallait, Barthélemy se les transpercerait avec les branches d'un arbre avant de s'envoler. Il les déchirerait, puis il s'écraserait. Encore.
Ce qu'il lui restait au fond du cœur s'agitait à tout va, la main serrée sur la photo si précieuse. Il ne serait pas un papillon.
Son sourire persistait pourtant, alors que le voleur s'agitait plus encore. Poucet lui restait bien vissé au sol, Aldred tournant sans cesse la tête entre les deux. Avec un peu de recul, quelque chose en lui que Barthélemy aurait cru extérieur à son esprit lui hurlait qu'il n'aurait pas du remercier Poucet. Qu'il aurait du laisser fuir ses mémoires comme un vieux tonneau à vin. Il aurait du en retirer les planches, tout arracher en vitesse. C'est ce qu'on fait avec les pansements, aller vite pour ne pas avoir mal. Barthélemy le décollait et le recollait sans cesse jusqu'à ne plus sentir sa peau, avant de changer d'endroit sur son cœur. Et ils venaient de lui amener un peu plus de bandes adhésives. C'était tant pis, c'était trop tard; le mal était fait et le flûtiste vendait son âme au Diable. Un fois de plus.
Vos anges ? Ne vous y trompez pas, nous sommes loin d'avoir des ailes dans le dos et la candeur qui sied si bien à ces créatures. Non, c'est vrai. Si Aldred se perdrait avec aise dans la poudreuse de Yasen, Poucet n'est qu'une tâche noire dans l'horizon, aux bords flous. Il est un désert de sables mouvants dans lequel on s'enlise sans y faire attention, mais il n'est pas un ange. Il est un tourment gardien, tout au plus, à défaut d'être divin. Avec enthousiasme, la boule de neige se lève et rejoint son maître, alors que le voleur s'enfuit à toute hâte, bien refroidi par son aventure du jour. Aldred en aboie même quelques chanson effrayante pour le faire accélérer, alors qu'il disparaît au prochain croisement. Et qu'eux restent là. A votre guise, même si j'estime qu'il est normal d'agir pour le bien d'autrui. Surtout que depuis le bal, rien ne va plus, les criminels pullulent un peu partout et il faut sans cesse se préparer à sortir les crocs. Barthélemy n'en croyait pas un mot; Poucet n'était pas même convaincant. S'il avait des crocs à sortir, il devait les limer depuis longtemps à n'avoir plus que des naissances de dents arrondies. Il ne s'était pas même défendu à l'article de la mort, que pourrait-il bien faire de son vivant ? Barthélemy, lui, est de ceux qui pullulent. La belle façade de sa maison bourgeoise ne trompera personne, il assassine tant par la flûte que d'un sourire et y prend un malin plaisir. Sa gorge se serra et ses yeux se baissèrent – un instant, juste un – d'avoir pu décevoir celui caché derrière les yeux de son passé. Au bout de sa manche, ses doigts s'agitent en rythme comme s'il jouait la plus hypnotique des balades, mais sa flûte est restée bien au chaud. Alors qu'il balaient le paysage sagement, ses yeux finissent par croiser les océans de pétrole du maître d'armes, par les soutenir. Il pourrait en vomir d'émotions mais se contient, trop effrayé quelque part au fond de lui de refaire la bêtise qui en viendrait à l'éloigner définitivement de cette portion de son amour qu'il se fait l'illusion de retrouver. A ce sujet, je n'ai toujours pas eu l'occasion de vous remercier pour votre participation à mon sauvetage quelque peu discutable. Même si vous n'avez pas fait le plus gros du travail, vous avez été une aide en plus, alors... Merci. Pas certain d'avoir droit à un réel remerciement ou à une accusation d'incapacité de la part de l'estropié, Barthélemy se contente se lui offrir un signe de tête, les épaules hautes et le dos bien droit. Les émotions passées, le voilà qui s'en retourne à ses masques passés. Si vous me considérez avoir été d'une quelconque aide, je nous suppose quittes ? C'est probablement tant mieux pour moi – je déteste devoir quelque chose à quelqu'un. Un petit sourire se dresse entre ses pommettes rosées, malicieux tant que faux, et ses mains se rejoignent noblement dans son dos. Un thé, donc ? Jetant un regard à Aldred et sans se préoccuper de celui de Poucet qui le scrutait encore, Barthélemy lui promit du bout des lèvres un bol de lait et quelques gâteaux qu'il avait gardé depuis sa première rencontre avec l'animal. S'il haïssait les hommes au plus haut point, il s'était toujours prit d'affection pour les bêtes. Il ne s'accommodait pas aussi bien à un serpent qu'à un chat, et les insectes le dégoûtaient presque, mais il voyait en ce chien plus encore qu'en chaque autre quelque chose de majestueux qui lui donnait envie de sourire. Avec sincérité, cette fois. Presque comme s'il était son maître, il imita Poucet en tapant du bout des doigts sur sa cuisse, faisant se rapprocher l'animal pour le caresser tendrement. Nul doute que s'il avait pu en avoir un semblable, Barthélemy aurait déboursé jusqu'au dernier de ses schillings. Vous venez probablement de chez Dame Plumosucre, pour passer par ici ? Je n'ai pas l'impression que vous appréciiez la vue des bourgeois, pas plus que celle des criminels. Quelle autre raison aurait-il de venir ici ? Il ne l'a jamais aperçu dans les parages, et sait qu'il ne vit pas à Rollywood. Il doit pourtant lui falloir une bonne raison de s'être déplacé ici, et à en voir l'état dans lequel son sauvetage a mit Dragée au grand Bal, leur lien doit être plus fort que celui unissant habituellement un riche protecteur et son champion. J'espère qu'elle se rétablit, elle aussi. Ça n'est qu'un murmure du bout des lèvres, quelque pensée à haute voix qui n'en demeure pas moins vraie. Si la Duchesse se méfie du flûtiste, il reste reconnaissant envers celle qui l'a sorti de sa tour d'argent. L'occasion d'aller la voir ne s'est pas présentée; il a pensé envoyer une carte, tant pour nouvelle année que pour lui souhaiter prompt rétablissement, mais de nouvelles directives quant à une cible lui étaient depuis parvenues, et il avait supposé qu'elle allait mieux que ce qu'il avait cru.
Lentement, ses pas remontèrent les pavés, sans se retourner vers Poucet, ni même Aldred dont il ne voyait que quelques poils le dépasser parfois, à gauche ou à droite. Bergamote ou chlorophylle ? Un silence pour seul écho, Barthélemy soupirait doucement, rajoutant en vitesse : Pour le thé, je veux dire. Ses pas se stoppèrent, alors qu'il scrutait le ciel rempli de nuages bien trop blancs. J'ose espérer que vous n'allez pas vous défiler à cette invitation si je retire cette promesse de moyen de remerciement ? S'il en avait vraiment fallu un, Barthélemy l'aurait fait, mais il doutait que Poucet soit si désespéré. Il se tourna sur un pied, faisant face aux acolytes. Maintenant que j'y pense, j'ai bien peur de ne pouvoir de toute façon rien vous offrir, si ça n'est une grande tasse et un peu de musique. Mais je ne crois pas qu'Aldred vous laisserait le faire passer à côté de quelques biscuits, mh ? Un regard malicieux adressé au canin, Barthélemy reprit sa route, en oubliant presque la photographie bien rangée dans le fond de sa poche, là où personne ne viendra la lui voler. Comme si il s'apprêtait à agrandir la tour de livres à son chevet d'un tout nouveau, remplaçant le dernier ayant occupé ses soirées.
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⊱ broken notes in harmony EmptyMar 24 Mar - 14:39




Barthélemy et Poucet
As-tu jamais dansé avec le diable au clair de lune ?

Quelque chose a changé, non pas seulement l'environnement mais eux en même temps. Cette animosité n'est plus ou du moins presque plus, et à la réalité Poucet ne serait pas prêt pour se battre contre le joueur de flûte qui malgré sa stature maigrichonne pourrait sans aucun doute le mettre à terre d'un croche pied bien placé. Il n'a pas le courage de s'énerver, ou du moins pas énormément contrairement aux habitudes. Pour tout avouer, depuis que le morceau de mur est tombé sur son mollet, la situation délicate dans laquelle il a pu se trouver suite à sa presque noyade n'est plus d'actualité. Il y songe encore parfois en se demandant s'il n'aurait pas mieux fait de se jeter encore une fois dans le lac, pourtant cette idée disparaître quand il sait qu'au moins deux êtres comptent sur lui dans le royaume. Même si maintenant il n'est plus qu'un jouet disloqué, même si maintenant il n'est plus grand-chose si ce n'est un amputé des grands chemins. Aujourd'hui pourtant il a su se rendre utile en faisant se stopper un voleur en plein dans son larcin, une bonne action qui avec de la chance pourra le conduire au paradis - si au moins il y croyait un minimum. Or, l'ironie du sort a voulu qu'il sauve la mise d'un assassin, la vie a donc un minimum de sens de l'humour même si le maître d'armes a complètement perdu la notion d'amusement à ce sujet. Il n'en a pas beaucoup, pas assez pour être joyeux à outrance, se dire que tout ceci est d'une beauté déconcertante. Il n'y voit que le laid, que la débauche, que l'horreur avec une once de légereté qui pour le coup appartient à Barthélemy. Le personnage est encore trop complexe à cerner, à comprendre, un jour il dit noir, l'autre il dit blanc, semblable à deux jumeaux qui s'échangent selon leurs humeurs. Peut-être est-ce le cas ? Par Merlin, c'est qu'il en vient à se créer des élucubrations pour expliquer ceci ou cela, pour se dire qu'effectivement il a une once de bonté dans ce corps tailladé par les accusations, par le meurtre, par l'irrécupérable, l’innommable. « Si vous me considérez avoir été d'une quelconque aide, je nous suppose quittes ? C'est probablement tant mieux pour moi – je déteste devoir quelque chose à quelqu'un. » Oh ça pour l'être ils le sont, même si ce n'est absolument pas pareil et la dette qui pendait au nez du musicien s'en est allée à peine plus loin. Parce qu'il a encore quelque chose à se faire pardonner, à se faire expier celui d'une tentative de vouloir se débarrasser du champion sans aucune raison apparente, ou du moins pas de celles qui lui paraissent si évidentes. Ne gardant qu'une ombre d'un sourire poli sur le visage il grimace à peine en sentant une énième piqûre dans sa jambe boiteuse. Difficile pour un guerrier de passer au statut de pauvret abandonné. Doit-il pour autant faire le deuil de son passé ? Loin de là, d'ici quelques semaines il sera de nouveau comme avant, il pourra combattre pour la cause d'une fée protectrice qu'il ne peut plus voir, il sera à nouveau sur le sable brûlant des arènes et ne vivra que par ce biais, même si ça ne plaît pas à son frère, même s'il déçoit. Façonné pour les arts de la guerre, il ne peut se défaire du destin en se promettant de faire carrière dans le monde des arts, dans celui de la comédie ou encore des saltimbanques qui crachent du feu. Il n'est pas fait pour briller, ni pour mourir totalement inconnu ; il est là pour désarçonner, défendre, apprendre, et finalement peut-être qu'il ne vaut pas mieux que son interlocuteur qui peu importe les circonstances garde sa stature plus que princière. Un thé qu'il ajoute du bout de ses lippes roses, soit peu importe ce n'est pas comme s'il allait faire quelque chose de sa journée, du moins quelque chose de bien constructif si ce n'est scruter son horizon d'un oeil accusateur. « Vous venez probablement de chez Dame Plumosucre, pour passer par ici ? Je n'ai pas l'impression que vous appréciiez la vue des bourgeois, pas plus que celle des criminels. » Pas très loin, pas bien proche non plus, il voulait seulement ne serait-ce que l'apercevoir parce que les ordres sont les ordres. S'ils discutent dorénavant par le biais de missives éphémères, il n'empêche que ce contact avec sa protectrice lui manque horriblement. Ce n'est plus pareil, même s'il ne l'avouera pas à quelconque passant qui voudra lui tirer les vers du nez, il a la sensation que quelque chose lui a été arraché, non pas comme il est possible de le faire avec un enfant et sa mère, plutôt celui d'une part de son âme qui s'est envolée entre la rivière du désespoir et le lac aux damnés. Retenant un rire sec pour lui tout seul à cette idée, c'est qu'il en deviendrait presque poète noir et ce pourrait être une idée si jamais il n'arrive plus à tenir Aquilon dignement. « J'espère qu'elle se rétablit, elle aussi. » Probablement, sans aucun doute, le nouveau roi n'a pas annoncé ses funérailles alors c'est qu'elle doit se tenir comme un charme ou presque. Inspirant profondément à cette question à laquelle il ne saurait répondre, il le suit sans vraiment se faire attendre et bien que plus lent que son hôte il reste happé par ses inquiétudes muettes, sourdes. Il ne porte plus tellement attention à celui qu'il vient de sauver de la dépouille même si ses prunelles s'attardent sur son dos bien droit. Si au moins il était possible de tout recommencer, il ne serait pas venu là-bas, il aurait empêché Dragée de se joindre à ce bal et ils auraient pu continuer à se faire la morale tout en se hurlant dessus. Est-il pour autant un dépendant de la souffrance ? Plutôt de celle qui peut soigner à la fois. Aldred reste à ses côtés, il ne se dépêche pas tant que cela bien que son estomac crie famine et que ses babines se délectent d'avance d'avoir une quelconque sucrerie. Ah, qu'il doit être bon d'être un animal, pas de grands problèmes, des crocs pour se défendre et une grosse fourrure pour éviter les intempéries du temps. Tout est plus simple quand on a quatre pattes.

Arrêté dans son élan par Barthélemy qui en a fait de même, il n'a même pas eu la bonne et glorieuse idée de prendre en considération le choix qui s'est offert à lui ; quoi prendre pour le thé ? Bon sang, eux qui étaient prêts à s'entre-tuer il y a encore un mois ou deux, c'est à en rire ou plutôt grincer des dents. Il y a une sorte de sincérité hypocrite chez cet homme qui exaspère au plus haut point le cadet Cailloublanc qui fronce peu à peu les sourcils tout en poussant son esprit à ne pas sortir de ses retranchements. Il ne lui a pas fait de mal - pas encore - inutile est ne serait-ce que l'idée de s'énerver contre lui, même si méfiant il ne peut s'empêcher de garder un oeil sur son épée qui encore bien tranchante saurait se rendre utile en cas de besoin. Pinçant nerveusement sa lèvre inférieure il serre à peine les poings ; c'est à n'en plus rien comprendre, et Poucet n'aime pas ne pas savoir où il en est. « Maintenant que j'y pense, j'ai bien peur de ne pouvoir de toute façon rien vous offrir, si ça n'est une grande tasse et un peu de musique. Mais je ne crois pas qu'Aldred vous laisserait le faire passer à côté de quelques biscuits, mh ? » Timbre fluet, phrase beaucoup trop polie il n'est plus devant le même homme. C'est impossible ou presque, ou encore il n'est juste pas tombé au bon moment face à celui qu'il croisait trop souvent dans les couloirs du château. D'ailleurs, il ne comprend guère ce qu'il fait dans les rues, il devrait être là-bas à tendre son instrument maudit pour défendre les nobles d'une attaque de pillards. Il n'en est rien, il est là parmi eux tout en se détachant du troupeau de moutons noirs. Roulant des yeux tout en s'attardant sur son visage par la suite, Poucet ne trouve pas vraiment ses mots, trop de choses à dire, à répondre, même à râler pourquoi pas, tout lui paraît irréel, tout est millimétré comme sur du papier à musique. A trop passer du temps entre quatre murs, c'est qu'il a fini par indéniablement perdre la raison. « Non, non bien sûr que non, il me ferait payer cet aff- » Le combattant s'arrête, il se rend compte qu'il rentre dans son jeu malsain des cartes qui n'ont pas été mises sur la table. Toujours la trogne emmitouflée dans sa capuche il glisse sa main libre sur son front, feignant un quelconque agacement il murmure. « RAH, c'est ridicule. » Ils le sont plus que n'importe qui, comment peuvent-ils croire une seconde qu'ils pourront agir telles de vieilles connaissances qui ont beaucoup trop de souvenirs à se remémorer ensemble à l'instar d'une guerre, d'une soirée passée à se bourrer la face pour la bonne cause ou encore au bordel à glousser face aux prostituées. Qu'il le fasse si ça le chante, après tout il est synonyme de serpent, l'ours bourru en revanche n'est pas capable de tomber dans un extrême tel que celui-ci, il n'arrive pas à enfiler un autre masque que celui de l'indifférence mêlée à la franchise. Laissant retomber le bras le long de son corps il s'attarde quelques secondes sur le ciel avant d'avoir un rire de gorge presque sarcastique. Rien ne sera jamais totalement normal avec Lacoulée, c'est indéniable. « Je ne comprends pas à quoi peut bien servir cette mascarade, à faire comme si, parce que vous savez très bien qu'il y a encore des incompréhensions qui persistent. Il y a quelque temps encore vous souhaitiez me faire disparaître de la surface du royaume et maintenant vous voulez m'offrir un thé ? » Abasourdi, il n'a toujours pas trouvé réponses à ses questions, et ça le fatigue d'en arriver là pour devoir discerner ce qui est faux, ce qui est vrai. « La proposition n'en est pas moins charmante, n'y voyez pas là une quelconque envie de ma part de vous dénigrer ou encore de vous en vouloir indéfiniment. » Parce que la vengeance est bonne pour les esprits faibles, si jadis Poucet en fut un dorénavant il n'est plus que l'ombre de lui-même, agissant tel un grand idiot ou encore à l'instar d'un chevalier ou ce qui lui ressemble le plus. Le bout de sa langue vient humecter ses lèvres sèches et reprenant des traits un peu moins insondables il en vient à croiser ses bras sur son torse, signe qu'il n'est pas prêt à négocier, qu'il se renferme un peu plus par chaque fois. Le doute, la peur, mais de quoi exactement ? Même lui ne saurait pas le dire, probablement celle qu'il arrive à faire tomber son armure de glace, d'argent et de rouille. « Disons seulement que je n'ai pas l'étoffe d'un comédien, que contrairement à beaucoup de saligauds ici je suis incapable d'endosser le rôle d'un vieil ami. » Même pas celui d'une connaissance, juste celui de quelques regards échangés, d'une phrase dite qui encore maintenant lui tord l'estomac. Vous avez ses yeux qu'il lui avait affirmé avant de disparaître dans la pénombre. Vous avez ses yeux. Les prunelles de qui ? C'est de pire en pire, sa malchance physique n'aide en rien pour qu'il se rétablisse psychologiquement et à trop ne plus faire battre le fer il en est venu à réfléchir ; trop réfléchir d'ailleurs, jusqu'à partir dans des hypothèses qui ne riment à rien si ce n'est la folie pure et dure. « Quant à la Duchesse, j'ai interdiction de l'approcher jusqu'à ce que je me rétablisse complètement, de fait je n'ai aucune idée de son état actuel et... Là n'est pas le coeur de la discussion. » Restant planté sur les pavés froids de la rue, il n'est pas capable de prendre le chemin inverse pour repartir vers lui ; il en viendrait à se planter à lui tout seul une dague dans le dos, alors il reste prêt à affronter le croque-mitaine qui pourrait n'en faire qu'une bouchée.
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FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

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⊱ broken notes in harmony EmptyMer 13 Mai - 2:37




Poucet, Barthélemy
we never had enough.

Ça se sentait, qu'il n'y croyait plus. Ça se sentait, tout sur lui puait les faux-semblants. On survit comment, à la perte de son amour ? Plus le temps passait et plus ça le prenait aux tripes. Plus les jours défilaient, et plus tout changeait à l'en faire gerber. C'était plus question de voir passer le champion dans les couloirs en un sourire poli et un regard d'agneau. C'était plus question, parce que derrière les sourires, au fond, ça le foutait en rogne. Ça l'enrageait plus encore que tout le reste, il en perdait ses allures princières. Sans aucun voleur, il aurait bien mieux retourné sa maison. Envoyé les vases et les photos dans un mur. Hurlé à la mort, et joué, encore, encore, à s'en évanouir dans les restes de sa descente aux enfers. Joué ses peines et ses colères, joué parce qu'il ne peut rien faire d'autre. Parce que Barthélemy ne frappe pas, parce que Barthélemy ne se défend plus. C'était insupportable de ne même plus pouvoir vivre tranquille. C'était invivable de rester en équilibre sur un fil, prêt à flancher à tout moment. Sans arriver à tomber ni à se stabiliser assez pour avancer jusqu'au bout. On pouvait pas lui demander de faire comme s'il ne se passait rien. Comme si au fond des prunelles de Poucet, y avait pas quelque chose qui hurlait son nom, inlassablement. Qui lui gueulait tout ce qu'il ne pouvait pas comprendre, qui lui hurlait qu'elle était là. Quelque part. Elle est encore là, en prison dans ses yeux. Il le sait, pourtant, et ça le réveille parfois la nuit. Ça l'obsède et ça le bouffe, ça le rogne comme un seau d'acide trop plein. Chacun des mots du champion résonne dans sa tête comme si c'était elle. Chacun de ses regards, il le sait, c'est encore elle. C'est obligatoirement elle.
Au fond, il aurait voulu le laisser couler. Plonger récupérer une dépouille sans vie et se laisser mourir tout contre. Une dernière fois, dire adieu à son amour.
Non. Barthélemy ne disait pas adieu. Barthélemy priait un au revoir, tout au plus. Il priait que la peste l'emporte avant le prochain qu'il ait à faire. Il priait pour que tout s'arrête, tout. Maintenant.
Mais il réussissait toujours à ouvrir les yeux, et le monde continuait de tourner. Avec lui qui ne pouvait vivre qu'à moitié, et Poucet bien vivant face à lui. Poucet qu'il voudrait étriper, quand il y pense. Poucet qu'il voudrait éventrer, sur la place publique, Poucet dont il voudrait arracher les yeux. L'entendre hurler comme lui n'y arrive plus. Il voudrait le frapper, poser sa main sur sa poitrine et sentir ses poumons se remplir d'eau, le sentir prier les dieux. Il voudrait qu'il ait mal, Poucet, comme lui a mal. Il voudrait qu'il ait mal, d'avoir prit les plus beaux joyaux de la terre pour s'en faire des yeux, il voudrait qu'il pleure, de raviver quelque chose. Une douleur. Et puis de le maintenir en vie.
De le laisser y croire un peu moins chaque jour. Mais toujours un peu. Qu'il crève, crève, crève, qu'on lui ouvre les côtes, qu'on lui bouffe le cœur. Barthélemy soupire devant la cruauté du champion et sa propre sauvagerie. Lui s'enflamme et le monde avance, emportant avec lui son voleur de sentiments. Et rien d'autre qui lui vient qu'une envie de lui courir après pour sourire encore une fois au fantôme de son amante. De nettoyer son alliance chaque jour et réparer les cadres cassés, les vases ébréchés. C'est un cercle vicieux qui le torture tellement qu'il arrive à en vivre. Et ça ne lui plaît pas.

De temps à autres, la main assassine du flûtiste se tendait vers le champion, retombant à mi-chemin. Il n'était pas sûr de l'heure qu'il était, mais c'était à coup sûr trop tard, ou bien trop tôt. Non, non bien sûr que non, il me ferait payer cet aff- RAH, c'est ridicule. Barthélemy écarquille les yeux dans sa surprise, se surprend même à sursauter avec douceur. Ridicule, c'était un mot bien fort. Il l'aurait bien utilisé pour ces catins qui dansent aux tables des auberges et ces fous qui se laissent battre contre quelques schillings. Il restait, quant à lui, plutôt confiant. La brèche s'ouvrait petit à petit, mais aux yeux des inconnus il n'en restait pas moins le même. Incassable. C'est ce qu'il voulait. Je ne comprends pas à quoi peut bien servir cette mascarade, à faire comme si, parce que vous savez très bien qu'il y a encore des incompréhensions qui persistent. Il y a quelque temps encore vous souhaitiez me faire disparaître de la surface du royaume et maintenant vous voulez m'offrir un thé ? C'est à Barthélemy d'éclater d'un rire ironique, une ou deux ondulations de cheveux jouant aux ombres chinoises sur sa peau d'un blanc maladif. Les incompréhensions n'étaient pour sûr pas les mêmes des deux côtés. Barthélemy n'avait pas de soucis à savoir ce qui l'enrageait, ce qui en Poucet lui donnerait l'envie de brûler tout un Royaume. Tout un Royaume, pour ces deux yeux. La proposition n'en est pas moins charmante, n'y voyez pas là une quelconque envie de ma part de vous dénigrer ou encore de vous en vouloir indéfiniment. Un sourire lui fend la gueule, comme si ça n'était qu'une blague. Il ne peut s'empêcher de se demander si c'est pour éviter de finir au fond d'un autre lac que Poucet se force à mettre les formes à ses critiques, à limiter ses cris en serrant les dents. C'est un drôle de jeu auquel ils se livrent. Amusant autant qu'énervant. Les bras du champion se dressent comme une barrière sur sa poitrine, alors que Barthélemy se rapproche. D'un pas, un seul, mais assez grand pour ne les séparer que d'un mètre, et encore. Son regard arpente lentement les maisons alentours, avec une lassitude polie qui lui est propre, et le bout des lèvres joyeusement retourné. Disons seulement que je n'ai pas l'étoffe d'un comédien, que contrairement à beaucoup de saligauds ici je suis incapable d'endosser le rôle d'un vieil ami. Il se sent visé, mais n'en reste pas moins fier. Il est un comédien, oui, et si Poucet le mène à ses limites il préfère éliminer que de risquer quoi que ce soit. Un homme sincère est un homme mort, c'est tout ce qu'il a apprit. Mais il n'a jamais prétendu être un vieil ami. Barthélemy n'est pas un ami, pour personne. Il est.. une connaissance, un errant qui se dessine grossièrement à l'arrière-plan des photos des touristes. Il est un mauvais souvenir, surtout, pour Poucet comme pour lui-même. Quant à la Duchesse, j'ai interdiction de l'approcher jusqu'à ce que je me rétablisse complètement, de fait je n'ai aucune idée de son état actuel et... Là n'est pas le coeur de la discussion. Un regard jeté à la jambe blessée de Poucet et Barthélemy hoche la tête. Poucet ne le lâchera pas sans le fin mot de l'histoire, et le flûtiste ne peut s'empêcher d'en sourire. Il est forcé à donner des réponses mais Poucet sera forcé de rester à ses côtés jusque là. Ses épaules retombent doucement, comme si un poids leur était ôté, et ses mains se tendent enfin dans les airs. Sans retomber.
D'une délicatesse sans pareille, Barthélemy fait tomber la capuche de Poucet et sourit faussement, quoi que le plaisir soit bien joué, à ce visage trop peu sûr. Il effleure sa peau, comme si ça n'était pas voulu, sans se lasser d'une vue dangereuse pour son esprit fragile. Puis ses sourcils se froncent presque tristement, sans qu'il en perde son sourire. Pourquoi faites-vous ça, Poucet ? Il se laisse aller à un rire plus mielleux que tous les autres, se perdant entre deux de ses boucles brunes. Vous sautez dans le précipice sans même fermer les yeux, mais quel est l'intérêt ? Je pourrais n'être que cette horreur qu'ont dépeint les journaux, que cet assassin sans cœur qui se plaît à sentir le dernier souffle venir. Sa voix se baisse progressivement, avant qu'il ne chuchote, comme un secret : Vous l'avez vu, vous-même. Alors pourquoi ?
Il s'amuse, oh, de le savoir aussi contrarié. C'est aussi dangereux que c'en est excitant. Sa main se pose doucement sur l'avant-bras de Poucet, dégageant sa patte blanche de la paume de son épée. Je vous déconseillerais d'essayer de m'attaquer, vous savez ? Je ne suis pas le meilleur des combattants, mais j'ai bien des secrets qui semblent vous intéresser. Ce serait regrettable de les perdre, ne croyez-vous pas ? Il s'en veut, au fond, si jamais Luba est là de les mener en bateau. Il s'en veut de ne rien avoir à faire avec Poucet, ni pour lui, quant il raccroche un dernier fil de vie à son manteau de fourrure. Il s'en veut même de devoir en arriver à le menacer pour le garder inoffensif. Finalement, il se reprend, comme si ça n'était qu'une blague. Il devient dangereux de sortir sans son masque. Je voudrais seulement.. Mais les mots lui manquent. Vous bénir. Vous étriper. Vous embrasser. Vous dévorer. Vous a-t-on déjà fait remarquer à quel point de tels yeux ne sont pas communs ? C'est un cri au secours qu'il tente de masquer, une lettre de suicide déguisée. Un regard que l'on ne voit pas deux fois. Il a le ton dur, presque accusateur. Une fausse note en devenir. Ses doigts s'activent dans les airs comme s'il se voyait jouer un air de piano, mélancolique. Un qui sonne faux. Qui fait mal aux oreilles. Comme jouer sur un instrument brisé, sur lequel on ne s'est pas exercé depuis trop longtemps. Puis il s'éloigne, cessant toute fantaisie du bout de ses doigts, un sourire plus poli et contrôlé étirant ses lèvres. Je ne suis pas sûr de savoir ce que vous cherchez, Poucet. Mes réponses vous décevraient peut-être, qui sait, peut-être même qu'elles vous feraient fuir ? Barthélemy se permet une hésitation, presque craintif. Il se tourne, se rapproche de sa maison de quelques pas.
C'est le risque, avec les saligauds. En attendant d'être suffisants, nous jouons à être ce que nous ne sommes pas.
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