Nerissa & Wolfran

A truth that's not supposed to be

Après sa visite nocturne à Nerissa quelques semaines plus tôt, Wolfran a attendu sa visite avec impatience durant des jours, fébriles à l’idée de la revoir. Car c’est bien la toute première fois qu’elle le rencontrera en forme humaine…Et elle n’en n’aura aucune idée. C’était bien ce qui rendait le sorcier si nerveux. Il allait devoir agir comme s’il ne la connaissait pas, comme s’il n’avait entendu parler d’elle que par proxy. Ce qui était quelque chose qu’il n’avait jamais eu à faire auparavant. Plusieurs fois depuis cette nuit fatidique, le blond s’est posé la question de savoir s’il avait bien fait de faire une chose pareille ; de proposer à celle qui a partagé un bout de sa vie de le voir sous deux jours totalement différents. Pour le coup, parler d’un contraste entre le jour et la nuit était plus qu’approprié…

Cependant, bien vite le travail a trouvé le moyen de reprendre sa place dans la vie et l’esprit de l’apothicaire, repoussant l’inévitable rencontre qui aurait lieu un jour, peut-être. En fait, il n’était même pas certain qu’elle viendrait lui rendre visite un jour. Pour tout ce qu’il savait, elle allait bien et s’en sortait merveilleusement dans cette nouvelle vie, alors pourquoi aurait-elle besoin d’aller voir un pauvre petit apothicaire dans le quartier le plus malfamé de Fort Fort Lointain alors qu’elle avait des guérisseurs et de très bonnes boutiques d’herbes dans son quartier ? Sérieusement ? C’est ce doute, associé à son travail et au temps passant que l’idée qu’elle vienne un jour visiter sa boutique qui le fit presque oublier cette possibilité…

Ce qui explique en grande partie le manque de préparation psychologique qui prit Wolfran quand il vit Nerissa passer devant sa boutique et s’arrêter devant la devanture. Il fila dans l’arrière-boutique, essayant de reprendre contenance, de se préparer pour le mensonge qu’il allait devoir entretenir et maintenir, à moins de vouloir faire face à la déception qui peindrait son si joli visage. Il ne le voulait pas, tout mais pas ça. Il ne voulait pas non plus perdre la confiance qu’elle pensait confier à deux personnes différentes…C’était une épineuse affaire dans laquelle il se retrouvait encore. Quand la cloche de la boutique retentit, Wolfran prit une grande inspiration et passa dans la boutique principale, un sourire calme aux lèvres, alors qu’à l’intérieur, il n’était qu’une boule de nerf.

"Bonjour, bienvenue à la Cuillères d’Absinthe. En quoi puis-je vous aider ?"

Bah voilà, c’était simple et classique comme introduction. Au moins, ça ne laissait pas croire qu’il s’attendait à sa visite, ce qui aurait semblé étrange tout de même…

Nerissa & Wolfran

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Il avait disparu comme il était venu. Le loup. Son épaisse fourrure d’ébène s’était rapidement fondue dans la pénombre de la nuit, se faufilant à travers les ruelles pour regagner sa cachette. Nerissa avait bien tenté de l’observer de sa fenêtre mais elle l’avait perdu de vue dans toute cette obscurité. Le loup avait ranimé en elle des souvenirs qu’elle croyait lointains, un passé qu’elle considérait comme révolu, si différent de la vie qu’elle avait mené ensuite. Elle n’avait plus rien à voir avec la jeune sirène naïve et amoureuse que le Loup connaissait et qu’il appréciait. Que penserait-il d’elle s’il savait les crimes qu’elle avait commis ? Car si elle s’était vanté à une époque d’être la terreur des marins, le terme exact était meurtrière et c’était tout de suite moins reluisant.

D’un geste rageur, la sirène dorée balaya les parchemins entassés sur sa table de travail. Elle ne parvenait pas à se concentrer et son travail en pâtissait. Quelle idée avait-elle eu de se lancer dans une nouvelle gamme de coloration capillaire ? Ses connaissances dans ce domaine étaient limitées, les sirènes possédaient naturellement des chevelures aux couleurs éclatantes. Tout cela pour chercher à impression le prince Charmant. Nerissa frappa le plat de ses mains sur la table. Inutile de continuer à se creuser la tête, rien ne voulait décidément venir. Son humeur était devenue exécrable et le mieux à faire était encore de quitter ce maudit bureau pour se changer les idées. Faire tourner la tête à quelques passants lui remonterait sûrement le moral. L’esprit nébuleux, elle marchait à grandes enjambées, manquant sans cesse de trébucher. Son regard était rivé sur le sol et sur tout objet susceptible de l’aider à ne pas perdre l’équilibre. Comme elle aurait dû s’y attendre en avançant à une allure aussi vive sur ses frêles jambes, elle fit un faux pas, manqua de tomber pour finalement choir dans les bras d’un passant. Lorsque son regard croisa le sien, son instinct reprit immédiatement le dessus et elle lui offrit un large sourire. L’homme commença à bredouiller quelques mots inaudibles. Nerissa se mordit les lèvres en savourant ce spectacle. Par Néré ce qu’elle pouvait aimer exercer cette attraction sur les autres. Elle ne s’en lasserait sans doute jamais. Un bref instant elle fut tentée de lui ôter son énergie vital. Juste un peu, afin de goûter à nouveau à cette douce saveur. Il n’y avait aucun mal à cela, elle ne le blesserait pas, il serait juste un peu épuisé, rien de grave. Non. Non elle s’était promis d’arrêter. Quand bien même la tentation était forte, elle devait résister, refuser de retomber dans ses travers.

D’un geste, elle repoussa l’homme et entreprit de courir, autrement dit jeter ses jambes avec force et maladresse comme un enfant encore novice avec son corps. Ridicule mai s efficace, elle s’éloigna rapidement de la tentation. Hélas elle avait quitté les beaux quartiers de Roméo Drive pour se retrouver à Ragtown. Poulpe moisi. Son regard balaya la rue et contempla les échoppes. Nerissa se trouvait face à une friperie du plus mauvais goût et se sentit soudain mal à l’aise avec sa ravissante robe de soie dorée et azure. Un coup d’œil sur le côté la fit entrevoir l’enseigne de la Sirène Amputée, ce lieu maudit où elle avait risqué de perdre la vie à vouloir jouer avec le feu. Pourtant avec un sourire elle songea au regard si envoûtant de Kaa et se dit qu’il serait fort amusant de le revoir. Nom d’une baleine édentée, son esprit était véritablement malade. La créature marine secoua la tête pour chasser ses idées rocambolesques. Une petite échoppe attira son attention. « La cuillère d'absinthe ». Ses yeux s’écarquillèrent quand elle fit le lien avec les paroles du Loup. C’était dans cette boutique qu’un jeune homme pouvait la mettre en relation avec le mystérieux loup. Comment se nommait-il déjà ? Wolfran. Les plus crédules diraient que le destin avait guidé ses pas jusqu’à lui. La sirène observa la modeste devanture puis poussa la porte et pénétra dans la boutique. Un jeune homme à peine nubile vint l’accueillir. Par Neptune était-ce une plaisanterie ?

« Bonjour jeune garçon. J’aurais souhaité voir le gérant des lieux. Monsieur Wolfran. »

Nerissa & Wolfran

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Il ne s’était pas exactement attendu à ce qu’elle comprenne tout de suite qu’il était le gérant de la boutique, mais de là à l’appeler « jeune garçon » et à le prendre pour…Aller, l’apprenti du vrai gérant. Wolfran réprima difficilement un rire amusé. Il ne voulait pas la vexer et commencer leur relation sous forme humaine du mauvais pied. Après tout, il avait proposé cette option à la sirène afin qu’il puisse la voir et discuter avec elle sans risquer de se faire arrêter et démasquer par les autorités en risquant d’aller la voir. Il devrait le faire tout de même, parce qu’elle, elle ne sait pas que le loup qu’elle connaissait était en réalité un sorcier, capable de se changer en loup à volonté.  Alors il se contenta de s’appuyer sur le comptoir en lui offrant un sourire calme. Celui qu’il réservait toujours à ses nouveaux clients.

"C’est moi le gérant. Wolfran. En quoi puis-je vous aider ?"

Il avait failli utiliser une civilité, mais il ne pouvait pas se permettre de se tromper. Alors pour le moment, il s’en passerait. Parce que lui savait qu’elle avait été mariée, mais Wolfran, l’apothicaire ne devait pas le savoir. Donc il ne pouvait pas risquer de l’appeler Madame sans se trahir ou du moins éveiller la suspicion de la dame et s’il utilisait Mademoiselle…En fait, il pourrait utiliser Mademoiselle à l’avenir, elle s’en sentirait probablement flattée qu’on la croit plus jeune qu’elle ne l’était vraiment. En tout cas, elle avait vraiment semblée surprise de le voir arriver dans la pièce principale. Etait-ce si surprenant de le voir tenir une boutique ? D’accord, il faisait peut-être un peu plus jeune que son âge réel, mais même, vingt-cinq ans, ce n’était pas si jeune pour tenir une boutique, non ?

"Tout va bien ? Vous avez l’air…Surprise."

Oui, bon, d’accord, il s’en amusait franchement. C’était comme quand Kaa avait appris qu’il avait quarante ans en réalité. Les yeux ronds de surprise, comme si la chose elle-ême était une impossibilité. C’est vrai qu’il y avait une sacré différence entre son âge réel et son apparence, mais il avait rarement eu l’occasion de voir l’effet que cela produisait sur les autres…Il faut dire qu’il ne l’a pas annoncé à grand monde dans sa vie. En fait…Que Kaa…Il secoua la tête pour se remettre les idées en place et éviter de trop penser au danseur maintenant.

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Le garçon affirma qu’il était le gérant de la boutique mais Nerissa demeura perplexe durant un long moment, l’observant avec un air que l’on aurait pu traduire par « Ne me prend pas pour une bille, gamin ». Il paraissait si jeune, son air à la fois assuré et désinvolte laissait soupçonner qu’il ne devait même pas s’en rendre compte. L’apothicaire lui offrait un sourire calme en s’accoudant sur le comptoir.

« Surprise oui. Je m’attendais à un homme d’âge mûr. Pardonnez moi, j’ai dû vous paraître désagréable et impolie ce n’était pas mon intention. »

Elle l’observa quelques instants avant d’ajouter avec un large sourire. Il était en réalité tout à fait conscient de son apparence juvénile et se plaisait à voir la surprise sur le visage de la sirène. « Petit futé, je ne t’imaginais pas si malicieux. » songea-t-elle . Au contraire il dégageait une telle candeur qu’on lui aurait donné le bon Tout-Puissant sans confession.

« Cela vous amuse, on dirait. Je suppose que ce n’est pas la première que l’on se méprend sur votre âge. »

La sirène commençait à être amusée par le jeune homme. Il l’avait tout d’abord intriguée, puis déstabilisée, et enfin agacée mais désormais elle le trouvait divertissant. Pas un instant elle avait imaginé que l’apothicaire dont lui avait parlé le Loup pouvait être aussi jeune. Elle s’interrogea sur la rencontre improbable entre deux êtres que rien ne semblait lier, un jeune apothicaire et un vieux loup magicien. Sans doute s’étaient-ils rencontrés dans la forêt. Elle imaginait tout à fait le jeune homme en train de ramasser diverses plantes pour ses potions et se retrouver nez à nez avec un loup à l’apparence terrifiante mais au regard bienveillant. Il possédait cette capacité de se faire craindre puis de se faire apprécier par sa douceur et son calme. Le Loup... Elle ne cessait de s’inquiéter pour lui. Le simple fait de l’imaginer vivre seul dans la forêt l’angoissait. Pourtant elle avait vécu des années sans se soucier de lui, sans même chercher à penser à lui. Il n’était qu’un souvenir lointain et nébuleux d’un passé révolu. Et pourtant quand il était venu la trouver à Fort Fort Lointain elle l’avait immédiatement reconnu, se remémorant instantanément les moindres détails de sa physionomie, comme si elle l’avait quitté hier. Les vingt années de séparation lui avait semblé si fugaces soudain. Il était revenu dans sa vie et elle ne voulait pas le laisser partir, elle s’y refusait, quand bien même elle devrait affronter son regard quand il découvrirait sa terrible addiction.

« Je viens vous voir au sujet d’une connaissance commune… »

Elle hésita mais elle se rappela que le Loup avait pleine confiance en Wolfran.

« Un loup noir vivant dans les bois et doué de parole. »

Des créatures de la sorte liées à des humains ne devaient pas être légions et elle cessa de donner des détails inutiles.

« C’est un ami très cher que je croyais perdu. Cela doit être risqué pour lui de vivre ainsi. Avez-vous eu des nouvelles récemment ? Comment allait-il ? Y a-t-il un moyen de le voir, d’une quelconque manière ? »

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Elle avait toujours cette façon de s’exprimer si délicate et riche, démontrant qu’elle n’était pas issue de n’importe quel milieu. Toujours cette politesse pour rester dans les limites de ce qui était acceptable. Wolfran s’en souvenait bien et ça lui faisait tant plaisir de pouvoir discuter avec elle de manière normale, sans avoir à se soucier de sa forme de loup…Pourtant tout était entaché de ce mensonge qu’il avait mis en place, plutôt que de simplement lui avouer la vérité. Le passé, le présent et probablement le futur, vu la direction qu’il avait lui-même fait prendre à leur relation. Il préféra cependant ne pas s’attarder sur ces pensées un peu sombres et se concentra sur l’amusement que la situation actuelle provoquait. Un simple signe de main de sa part fit comprendre à la jeune femme – sirène – qu’il n’y avait pas de mal. Ca lui arrivait suffisamment souvent pour que ça en devienne plus amusant que vexant, alors venant d’elle – entre toute – il en prenait un grand plaisir et un amusement certain.

"Non, ce n’est pas la première fois. Mais je dois admettre que ça me fait toujours autant rire. C’est fou ce que les gens donne comme importance aux apparences…"

Puis elle aborda directement le sujet qu’il redoutait. Celui qui était de lui demander des nouvelles, une entrevue, avec le Loup. Son sourire se figea une seconde quand elle fit clairement référence au loup et il leva une main, lui faisant comprendre qu’elle devrait patienter une seconde de plus. Wolfran contourna le comptoir et vérifia que personne ne soit sur le point de rentrer avant de retourner s’installer derrière le comptoir. Il ne pouvait pas fermer boutique, quand bien même il l’aurait préféré. Il avait encore des clients qui devaient passés pour récupérer leurs prescriptions et il serait totalement anti-professionnel de sa part que de leur montrer porte close sans aucun préavis.

"Votre ami est un être libre. Je l’ai rencontré dans la forêt, il a senti que je ne lui voulait pas de mal et…je ne sais pas pourquoi, il a considéré que je pourrais l’aider quand il vient en ville." Il haussa les épaules. Depuis quand était-il devenu un si bon menteur ? A croire que la perte de sa magie l’a rendu bien plus humain qu’il ne l’aurait cru "Je me demandais d’ailleurs pourquoi il ne restait pas simplement dans la forêt, pourquoi ce besoin de venir en ville de temps en temps. Maintenant je comprends." Il offrit un sourire d’une douceur sans pareille à Nerissa, avant de continuer "Il vient quand il en a envie, par une porte à l’arrière de la boutique, de nuit généralement. Je n’ai pas de moyen de le contacter quand je le souhaite. Cependant, je peux assurez qu’il va bien. Ce n’a pas été chose facile, mais j’ai obtenu de lui que je l’ausculte à chacune de ses visites." Au moins, il la rassurait. Oui, il allait bien, la preuve devant vos yeux madame, bien que vous n’en n’ayez aucune idée. Cependant, il ne pouvait pas la laisser croire qu’il était inaccessible. "Si vous voulez, je peux lui dire que vous êtes passée par la boutique la prochaine fois que je le vois. Voir lui laisser un message de votre part…"

Au moins, cela donnerait une bonne raison pour que le Loup refasse une apparition chez la jeune femme…Puis il se rendit compte qu’avec tout cela, il avait oublié les plus basiques règles de politesse…

"Mais où sont mes manières ?! Je peux vous offrir quelque chose à boire ? Un thé ? Une boisson fraîche ?"

Il s’était redressé derrière son comptoir, prêt à aller préparer un thé si besoin était.

Nerissa & Wolfran

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« Oui nous sommes les premières victimes du premier regard.»

Elle-même était la première à se ruer sur le moindre objet brillant qu’elle apercevait. C’était sa nature même de sirène qui l’attirait vers tout ce qui reflétait la lumière. Faiblesse étrange pour un peuple de créatures séductrices et dangereuses. La Nature avait de ces étranges contradictions. Le jeune apothicaire leva la main brusquement tandis qu’elle lui exposait les raisons de sa venue. Nerissa battit des paupières en signe d’incompréhension et observa le garçon, il demeurait un garçon à ses yeux, se poster devant la porte de son échoppe avant de finalement revenir derrière le comptoir. Il avait une boutique à gérer après tout, elle l’avait presque oublié.

Le récit de la rencontre entre le jeune homme et le loup tenait presque du merveilleux. Mais pouvait en réellement en attendre autrement dans une forêt enchantée avec un loup magicien ? Il lui offrit un sourire qui malgré sa douceur la mit mal à l’aise sans qu’elle puisse en donner la moindre raison. Quelque chose la troublait mais elle pouvait l’expliquer clairement. Par conséquent elle n’écoutait plus aussi attentivement le discours de l’apothicaire, scrutant son visage, ses gestes, ses mains, la moindre de ses manies comme si le fixer ainsi lui permettrait de comprendre son malaise.  

« Un message... Bonne idée oui… » s’entendit-elle prononcer sans grande conviction.

Puis la voix de Wolfran résonna plus fort et elle sursauta presque.

« Oui de l’eau je vous prie. » répondit-elle avec un sourire.

Elle avait peut-être simplement soif. Cela faisait déjà un long moment, pour une sirène du moins, qu’elle ne s’était pas hydratée. Trop concentrée sur le Loup, elle n’avait pas songé à utiliser sa petite bouteille en verre, et puis ce n’était pas très poli de boire devant une personne dans sa boutique sans y avoir été invitée après tout. Mettons cela sur le compte de la déshydratation voilà tout. Que pouvait bien cacher un jeune homme comme Wolfran ? Il n’avait rien fait de mal, il n’avait rien de louche chez lui. Et pourtant même une fois qu’elle vida le contenu de son verre, elle ne parvenait pas à s’ôter cette étrange idée de la tête. Il lui fallait mettre cela au clair mais elle n’était pas des plus futées, juste un peu manipulatrice sur les bords.

« C’est un ami commun bien étrange que nous avons là, avouons-le. Il doit être le seul loup magicien de ce pays, peut-être même de ce monde qui sait ? Il m’a toujours étonné et intrigué. La première fois que je l’ai rencontré il m’avait joué un bien vilain tour et j’étais apeuré. C’était la première fois que j’assistais à un tour de magie. évoqua-t-elle en songeant à son prince et leur coup de foudre qui n’avait été possible que grâce à la magie du Loup. « Je ne parviens toujours pas à croire qu’un être aussi extraordinaire que lui puisse vivre seul dans la forêt. Cela doit être une vie si solitaire. Cela m’attriste, surtout car je sais que moi j’en serais incapable. Pour moi il relève presque du domaine de l’impossible. La dernière fois que je l’ai vu, j’ai cru à un rêve, ceux que l’on fait juste avant de mourir quand les connaissances du passé viennent vous visiter. Pfou ! Quelle bavarde je fais parfois ! »