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FORT FORT LOINTAIN

Cúchulainn Forgéteinte
C'PAS MOI M'SIEUR SEGUIN JE JURE

Cúchulainn Forgéteinte

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : travis fimmel.
⊱ crédits : prout (ava.)
⊱ arrivé(e) le : 04/01/2015
⊱ manuscrits : 392

⊱ tes licornes : shéhérazade, marie, barthélemy
⊱ schillings : 310

⊱ ton conte : cúchulainn, le chien du forgeron.
⊱ ta race : bête parlante. un énorme loup blanc.
⊱ métier : combattant dans un des recoins du marché noir. celui sur lequel on mise généralement.
⊱ tes armes : une hache, camil, un bouclier. sa bestialité.
⊱ allégeance : il n'a jamais aimé les fées, celle-ci ne fait pas exception.

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⊱ unspoken EmptyMar 27 Jan - 0:31



Camil, Cúchulainn
Le plus triste dans une trahison, c'est que ça ne vient jamais de nos ennemis.

C'est tumultueux, la vie d'homme. Une découverte constante, une mer trop peur certaine, une forêt trop étendue. Le genre où on a pas forcément le temps de se relever avant que l'ours nous rattrape, où on a pas toujours le temps de remonter avant que le requin nous croque. Y a pas de seconde chance dans une vie. C'est des conneries. C'est juste des nuances, pour te dire si t'as merdé un peu ou beaucoup trop. Dans la vie de Cúchulainn, c'était surtout une suite de dominos qui se faisaient tomber les uns les autres, à l'infini. Grands au début, minuscules à la fin; comme ses chances de se rattraper auprès des personnes qui ont à lui en vouloir. Son père, d'abord. Le plus grand homme qui soit, qui ait été, tombé pour que lui puisse réussir ce qu'il avait entreprit. Mais il n'a pas pu; il n'a jamais pu. Quoi qu'ils en aient toujours pensé, il ne doit pas être fait pour ça. Combattre. Diriger les hommes au front. C'est tout ce qu'il sait faire, et pourtant il échoue encore. Son paternel s'en retournerait dans sa tombe, s'il savait, s'il voyait, les dieux doivent bien se moquer de lui tout là-haut, et le gamin a honte. Parce qu'il n'est pas à la hauteur de ce qu'on a voulu lui confier, il ne l'a jamais été. Cúchulainn, c'est l'histoire d'un grand rêveur qu'a tout raté, jusqu'à être un homme. C'est un mauvais rêve qui ne s'achève pas, qui refuse de se barrer au matin. Et c'était pas dérangeant. Jusqu'à ce qu'il s'en rende compte, parce que c'est ça le plus douloureux. Quand on a plus besoin des autres pour savoir qu'on est raté, quand on a plus besoin de tomber pour savoir qu'on a aucun équilibre. C'est dur parce que c'est la base du mur qui s'effondre, et tout le reste qui la suit. On fait quoi, quand on a tout raté ? On fait quoi quand on est vide ? Quand on est vidé d'énergie, quand on est vidé d'espoir d'y arriver ? Quand on est vidé d'encre au point de plus pouvoir raconter aucune histoire ? Il reste quoi, quand on peut plus se voit sans être dégoûté, quand on a les mains qui tremblent rien que de savoir qu'on est cette personne, qu'on hait ? Cette personne qui n'en est pas même une. C'est tumultueux, la vie d'un homme. C'est surtout douloureux.
Cúchulainn n'a même plus l'envie de soupirer; il abat la hache dans le morceau de bois machinalement, dégage les deux morceaux séparés d'un coup de botte avant d'en choper un nouveau à mutiler d'un grand coup au milieu. Et à chaque coup, il se prend un revers dans la gueule. Le vent lui griffe le visage, le froid lui blanchit le bout des mains. Il ne veut pas arrêter pour autant. Que ferait-il d'autre ? Penser à sa vie ? La belle affaire. Comme si ça quittait sa tête d'ordinaire. Il a beau ne pas en avoir l'air, il réfléchit trop, Cúchulainn. À propos de ses conneries, celles qu'il a faites et celles qu'il va faire, et ça va pas en s'arrangeant. Il sait que ça finira mal. Il le sait; mais celui qui n'est qu'à moitié homme peut-il vraiment se permettre de ne plus être ce qu'il a toujours été ? Il donne les coups, apprend à les encaisser. C'est tout ce qu'il a jamais fait, attendre que ça tombe et gérer après comme il pouvait. Les oreilles baissées ces dix dernières années. Il ne peut pas, ou il n'est plus sûr qu'il serait lui-même. Est-ce qu'on le reconnaîtrait ? Il voudrait changer, mais est-ce qu'il le pourrait ? On fait pas toujours ce qu'on veut, c'est ce qu'il se répète, mais une part de lui se convainc qu'il en a juste pas envie. Il sait que ça finira mal. Parce qu'il finira par fâcher sa propre vie et même les dieux, parce qu'il finira par se mutiler à en crever, et se regarder faire en souriant. Il laissera couler les mots; ceux qui coupent et ceux qui arrachent, continuera de cacher les doux, les harmonieux, les seuls à pouvoir le sauver. C'est une cause perdue que certains s'acharnent à vouloir remettre sur pieds, mais c'est déjà trop tard. Un nouveau coup de hache s'abat et il se retrouve à devoir faire attendre le prochain rondin pour accueillir une crise de toux. Des buissons grincent un peu plus loin, les arbres se frottent et se griffent comme dans un combat permanent. Même la forêt n'est plus sûre de qui est-ce qu'elle abrite. Même son compagnon de fortune n'est plus certain de le reconnaître.
Il a tout abandonné. Sa vie, sa famille; les amis dont il parle trop peu souvent. Les quelques peluches au fond de son lit, les vieux souvenirs et peut-être même une collection de cailloux blancs. Il a tout oublié, les étés à jouer dans le village et les noël à déballer les cadeaux; les anniversaires qu'on lui souhaitait probablement avec tout l'amour du monde. Il a tout laissé, il a suivi un loup, un inconnu, un simple idiot, un imbécile qui avait besoin d'aide, qui n'a jamais pu rien lui rendre. De sa famille il n'est qu'un substitut, quant à l'ami il se demande souvent ce qu'il en est. Leurs souvenirs sont ceux construits entre un homme et un loup, mais il regarde ses mains et ne voit plus qu'un imposteur. C'est fou, il ferait une montagne d'une poussière, mais il ne peut pas se résoudre à penser autrement. Il n'a jamais offert ni noël ni anniversaire, jamais su que montrer les crocs pour le défendre. Lui apprendre à tuer, à survivre. Il n'en aurait jamais eu besoin, au fond de son grand lit, dans son petit village. Il n'en aurait jamais eu besoin, s'il n'avait pas été là. Et s'il avait tout su dès le début, ç'aurait été bien différent. Mais il est déjà compliqué de vouloir d'un loup, pense-t-il. C'est une folie que ne se permettront que peu d'enfants. Camil est un homme, aujourd'hui. Il n'est plus aussi fou. Bien sûr que non. Il ne voudra rien entendre. Personne ne le voudra.
Serait-il resté aussi confiant envers un homme maudit ? S'il le lui avait dit, de lui-même, ne serait-ce que quelques jours avant, il aurait peut-être limité les dégâts. Ça n'est qu'un cailloux jeté à la fenêtre, mais vingt petites pierres en font une grosse et le verre éclate vite; il éclatera, lui aussi, il n'a jamais été bien fort face à la puissance des émotions. Ça se casse tout aussi vite qu'un bras mais ça guérit pas toujours, et l'éternel c'est pas son truc. Un nouveau coup de hache s'abat comme un coup du destin, et quelques branches sont écrasées dans son dos. Un coup d’œil lui suffit à apercevoir un revenant qu'il n'a plus vu depuis le matin, à en croire que la lumière l'avait fait disparaître – ou était-ce lui ? Camil s'avance sans lui jeter un regard, son souffle se traçant d'un blanc pur dans les airs. Ses cheveux sont aussi emmêlés qu'à l'accoutumée, mais ses sourcils plus froncés. La bouche de Cúchulainn s'ouvre, prête à parler, avant que les deux cadavres ne soient lancés devant lui. Ils s'écrasent vulgairement entre les branchages, alors que la silhouette étrangement bancale le contourne pour rentrer. Camil. Les prénoms sont une chose bien inutile par ici, au point que les surnoms les remplaceraient presque, mais il est des fois où ils sont de rigueur. Pour attirer l'attention d'un vieil ami qu'on a trahi. Son pas s'accélère et Cúchulainn rirait presque face au ridicule de la situation, entre l'handicapé sentimental et l'estropié, ils sont loin d'arriver au bout du tunnel. La peste et le choléra qui se nourrissent mutuellement. Qu'est-ce que tu t'es fait ? Il contourne lui aussi leur futur dîner, suit sagement le gamin en direction de leur grotte. S'ils avaient eu une grande porte, elle lui aurait déjà volé dans la gueule. Camil, répond-moi. Ils avaient l'air aussi cons l'un que l'autre, pas foutus de parler calmement. Mais c'est pas comme s'ils étaient du genre à se déballer les mots les plus doux du monde. La vie en forêt ça forge le caractère, on en perd un peu de vocabulaire mais le peu de mots qu'on connaît gagne beaucoup de nouveaux sens. C'est un nouvel univers où s'entretuer reviendrait presque à s'enlacer. Comme la suite normale des choses, le pied de Cúchulainn prend de court la jambe du plus jeune, le faisant finir parterre. La forêt, ça trouve les embrassades trop vulgaires. Ça te ferait chier de me répondre quand j'te parle ? Ses crocs se montrent comme s'il n'avait plus aucune bague vissée au doigt, répondant par avance aux canines du môme qui ne tarderaient pas à l'attaquer. Tu t'es fait quoi ? Son souffle se saccade plus ou moins, il sent qu'il ne s'en tirera pas comme ça. Ils finiraient bien par se blesser à coups de griffes si ça n'était pas de mots trop aiguisés.
C'était comme ça, dans leur forêt. Bouffer et puis se faire bouffer.
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FORT FORT LOINTAIN

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⊱ unspoken EmptyMar 27 Jan - 16:30



Cúchulainn et Camil
Pour trouver un nom, il nous faut un homme qui n'en a jamais eu.

La chasse n'est pas si salvatrice qu'il n'y paraît. Oh certes, l'on dit qu'elle permet aux hommes d'assouvir des besoins sanglants, lui permettant par extension de ne pas trucider ses proches. Cependant, ce n'est pas un passe-temps dont on s’accommode à la perfection sans être un animal. La bête, elle, peut tout ressentir, entendre les battements du coeur du lapin qui panique, comprendre l'effroi qui traverse la carcasse du cerf qui s'est vu prendre dans une embuscade, elle fait ça pour survivre. Tout comme Camil qui à force de courir après les lièvres, s'est vu récompensé d'une belle entorse à la cheville gauche qui la pousse à grimacer. Assis sur le sol boueux et froid de la forêt, il frotte frénétiquement l'endroit atteint qui le tiraille jusqu'à ce qu'il en chouine quelque peu, avec rage de surcroît. Décidément, rien ne va plus ces derniers temps. Il ne saurait dire si c'est le fait de s'être lourdement trompé sur son compagnon de route ou parce que la malchance est de son côté pour l'instant. Soupirant, dépité, il jette un coup d'oeil mécontent aux deux cadavres pelucheux qui n'ont pas eu besoin de se faire vider, une flèche bien décochée sur la cuisse a suffi avec en plus un cou tordu lui ayant filé des frissons la seconde d'après. Il ne prend pas tant de plaisir à tuer, disons que son estomac prend le pas sur tout et quand on s'acoquine des bois celui-ci ne vous lâche plus jamais. Inspirant profondément, il se redresse tout en attrapant les rongeurs par les pattes. Combien d'heures est-ce qu'il a passées dehors ? La matinée, voire un peu plus il ne sait plus tellement, ce qu'il remarque en revanche c'est qu'il a encore crassé ses vêtements déjà bien miteux. La pauvreté c'est plus qu'une façon de vivre, c'est une obligation imposée et tous au départ étaient des gueux rampant sur ce sol qui ne leur appartient même pas. Restant planté en plein milieu de la sylve ses prunelles claires se lèvent vers le ciel grisâtre de l'hiver. Un remerciement sourd est mérité envers toute cette nature qui ne lui crache pas à la figure toute sa rancoeur. Elle sait comment ça se passe, elle sait que la loi du plus fort érige et que par-dessus tout l'homme domine lorsqu'il s'en donne les moyens. Cependant celui-ci peut se montrer fort vicieux et plus il prend le chemin vers son habitation, plus il traîne de la patte histoire de retarder l'échéance le plus possible. Il ne voit pas voir la tête de son loup blanc, encore moins sa dégaine mortelle. Lui qui l'avait toujours pris pour un sac à puces ayant vu le jour dans un buisson avec des tas de frères, de soeurs. Pour Camil, il était né ainsi avec les poils et le museau; il n'a jamais souhaité rien lui dire et le voilà qu'encore une fois il tombe de haut. Il lui a menti sans le faire, Cúchulainn est un traître à sa manière. Essayant de ralentir les battements de son palpitant pour que son sang ne fasse pas un tour en l'apercevant, c'est peine perdue. Alors ce qu'il fait Oeilvif c'est qu'il passe outre sa présence désagréable, balance les bestiaux morts non loin de lui puis s'enfonce dans l'immense trou béant qui se veut très rude lorsque les vents froids arrivent. Il n'a même pas fait attention au fait qu'il ait pu dire son prénom, dans son crâne les choses sont assez claires : il n'a rien à lui dire. Qu'il aille se faire voir avec ses belles paroles, qu'il aille même se faire une louve ça lui passera le temps et ça lui permettra d'être seul, de réfléchir sur son existence bâclée à cause d'un chien géant qui n'en est même pas un. Rien que d'y songer ça le fout en rogne, ça le fait rentrer dans une bulle en béton qui ne laisse passer aucun son jusqu'à ce qu'il se vautre lamentablement à cause du traître, se prenant de plein fouet une douleur aiguë jusque dans le mollet. Gardant sa plainte dans le fin fond de sa gorge, ses mains se crispent sur le sol glacial pendant qu'il se concentre exclusivement sur une pierre se demandant s'il doit lui jeter à la face ou non. « Ça te ferait chier de me répondre quand j'te parle ? » Oui, concrètement oui. Il ne fait qu'agrandir le feu de dégoût qui le nourrit, crétin.

« Tu t'es fait quoi ? » Parce que ça l'intéresse maintenant ? Dix ans sans rien lui révéler et maintenant il croit pouvoir se sauver ainsi ? Oh non, ce serait beaucoup trop facile et ce terme n'est clairement pas pour le rôdeur qui attend quelques minutes avant de se retourner vers lui, lui lançant par extension un regard plus significatif que des mots. Il s'est simplement ramassé en chassant, ce qui à priori ne lui arrive que très rarement, ce n'est rien, ce ne sera que l'arrivée d'un bleu qui le fera pester contre le monde entier mais sinon rien de plus. C'est juste le moment idéal pour cracher le venin du serpent dans les veines de l'autre. Les caresses sont pour les citadins, et ne parlons même pas des déclarations sous le balcon ! Eux ils ne répondent pas à cette norme qui ne leur correspond clairement pas, ils préfèrent s'arracher les boyaux avec les dents plutôt que de s'avouer mutuellement cet amour qu'ils ont en commun. Pour eux, pour tout, qu'ils ne regrettent rien parce que finalement Camil n'aurait pas pu être plus heureux qu'il ne l'est maintenant. Il devrait le remercier. Ce n'est juste pas le jour pour le faire, ce ne le sera jamais parce que Cúchulainn trouvera un moyen de casser cette dynamique enfantine qui le caractérise si bien. Il l'a entraîné, il l'a poussé à s'amouracher des cadeaux de la forêt, et pour quoi ? Pour qu'il se moque de lui ? C'en est assez. Ayant un rire sec plus que mauvais lui échappant, l'archer se redresse avec un peu de mal son entorse continuant de lui en faire voir des vertes et des pas mûres. Prenant appui sur le mur mitoyen pour garder son pied en l'air. « Qu'est-c'que ça peut bien t'faire ? Hein ? J'ai pas b'soin d'toi, c'est rien, j'suis vivant et j'pisse même pas l'sang. » Dire son prénom serait comme insulter quelque chose. Ils ont pas cette manie de s'appeler par leurs noms, tout au contraire, plus il y a de surnoms et plus c'est, ils en usent seulement quand le sujet est fort sérieux - en l'occurrence ça devrait l'être, cependant et par pure provocation le plus jeune des deux n'arrive pas à le faire. Un sourire carnassier accroché à ses lèvres, il ne peut que lui rendre la pareille. Se retournant tout en ayant les traits déformés à cause de son muscle froissé, c'est son autre jambe qui agit en mettant un coup dans l'estomac à la tête blonde, l'envoyant valser à peine plus loin - il a de la force, loin d'égaler celle de Beowulf certes, néanmoins c'est assez conséquent pour qu'il recule de deux ou trois pas. « Ose encore m'toucher et j'te bouffe. » Un grognement lui échappe plus bestial que souhaité, encore un autre tic repris de ses amis les bêtes. Il n'a plus rien à faire parmi les hommes qui pullulent à la capitale, c'est une peine perdue qui se plaît dans sa désolation tout bonnement. Ils sont semblables à ce fameux serpent qui gobe sa queue, formant un signe spécifique dont Camil n'a jamais bien compris la signification. L'éternité paraît-il, ils sont un peu lui c'est vrai quand on y pense, ils se dévorent sans arriver à la fin du buffet gigantesque qui s'ouvre devant eux. Ils se battent jusqu'à ce que les organes explosent, la bienséance ne fait pas partie de leur vocabulaire. Le dévisageant de haut en bas tel le moins que rien qu'il est, le bout de sa langue passe sur ses lippes pour les empêcher de s'assécher encore plus.  « Maint'nant votre altesse, si vous m'permettez j'ai aut' chose à faire que d'me quereller avec vous. » C'est qu'il utilise des beaux termes pour rendre cette bataille encore plus ridicule qu'elle ne l'est déjà. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, ils sont terminés avant même d'avoir été façonnés. Sa colonne vertébrale à peu près droite, il se retourne en trainant de la patte gauche il finit par enlever son carquois, son arc qu'il pose sur une table branlante en bois craquelant et la boucle est bouclée. Ou presque. Quereller n'est pas le verbe juste, plutôt se déchirer, voilà qui conviendrait beaucoup mieux, là où ils étaient si reliés l'un à l'autre vient de se casser, et tout ça à cause d'un non-dit, d'un mensonge à demi murmuré qu'il a bien voulu croire durant trop de lunes. Qu'il aille pourrir en enfer. Ah, non, c'est vrai qu'ils y sont déjà.
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Cúchulainn Forgéteinte
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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : travis fimmel.
⊱ crédits : prout (ava.)
⊱ arrivé(e) le : 04/01/2015
⊱ manuscrits : 392

⊱ tes licornes : shéhérazade, marie, barthélemy
⊱ schillings : 310

⊱ ton conte : cúchulainn, le chien du forgeron.
⊱ ta race : bête parlante. un énorme loup blanc.
⊱ métier : combattant dans un des recoins du marché noir. celui sur lequel on mise généralement.
⊱ tes armes : une hache, camil, un bouclier. sa bestialité.
⊱ allégeance : il n'a jamais aimé les fées, celle-ci ne fait pas exception.

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⊱ unspoken EmptyMar 17 Fév - 3:31



Camil, Cúchulainn
Le plus triste dans une trahison, c'est que ça ne vient jamais de nos ennemis.

Le vent s'agite contre sa peau jusqu'à l'intérieur de la caverne. Quand il a connu Camil, il n'était pas comme ça. Quand il a connu Camil, il n'avait qu'à pleurnicher contre lui pour obtenir quelques caresses et les mots doux d'un enfant. Quand il a connu Camil, il ne leur a fallu que deux semaines pour être tout ce qu'il restait à l'autre. Ça n'avait peut-être pas été assez. Ils avaient peut-être tout bâclé, c'est ça; leur vie n'est qu'un croquis mal dessiné. Ils ont la mine tremblante et le trait peu sûr, ça tient mais à pas grand chose. Quand il a connu Camil, et quand ils n'était plus qu'eux deux, Camil était différent. Il avait les mêmes yeux malicieux, oui. Le même sourire en coin, à la fois doux et espiègle. Ses mains sont les mêmes, si ce n'est qu'elles ont grandi. Sa peau s'est foncée, à trop rester dehors. Ça n'est probablement pas bon pour un gamin, mais avaient-ils d'autres choix ? Par-ci par-là sont nées des cicatrices, des traces, des bleus. Pour Cúchulainn, l'enfant n'en était que plus beau. Il était motivé, dévoué. Prêt à tout, littéralement, depuis qu'il avait tout perdu. Prêt à retourner à un état presque sauvage, prêt à être recouvert de bleus et à avoir les cheveux emmêlés. Il était le plus beau des frères, le plus beau des fils; c'était une manière de voir les choses que beaucoup auraient trouvée corrompue, mais il n'arrivait pas à s'en empêcher. Il l'avait vu grandir. Il l'avait vu s'épanouir, se forger. Il l'avait forgé. Leur sang était différent, mais ils partageaient la même carapace. Dans la forêt, on se foutait d'avoir les mêmes yeux ou le même nez. On se fichait de porter le même nom et de partager les mêmes ancêtres. Tout ça n'existait plus, chez eux. C'était un nouveau monde, et une nouvelle perspective. L'enfant élevé par un loup, ça n'avait plus rien d'étonnant. Et maintenant qu'il avait grandi, il n'était plus sûr d'être encore bien utile. Il lui arrivait de douter; c'était là un trait bien humain qui animait une flamme au fin fond de son être. Lui s'en était bien sorti, sans parents. Il était devenu un guerrier, un vrai, et avait fui tous ses proches simultanément. Il lui restait des fantômes nocturnes et des trous creusés dans le cœur, mais il n'avait objectivement plus besoin de son père ni sa mère. Dans la forêt, on avait seulement besoin de se former pour s'enfuir au lointain. Il pouvait depuis quelques temps jeter un regard confiant sur Camil, le menton faut et le torse bombé de fierté d'avoir su lui apprendre à survivre ici bas. Mais il n'était plus le seul guerrier; aussi ironique que ce soit, à présent humain, il n'était même plus quelqu'un. Camil s'enfuirait à son tour. Il était un guerrier. Un guerrier de Nature, aussi habile sur terre qu'en haut des arbres, assez doué pour que son arc ne soit qu'un prolongement de lui-même. Camil était la forêt. En venant jusque là, en grandissant au milieu des arbres verts et des bosquets calmes, il avait accepté de ne faire qu'un avec cet endroit; c'était sa maison, son refuge, ses origines de fortune. Cúchulainn lui venait de bien loin, par-delà les collines. Il est peut-être temps, songea-t-il, avant d'arracher sa pensée d'un coup de dents trop violent. Il ne serait jamais temps. Il lui casserait les deux jambes, lui couperait un bras, lui arracherait la langue s'il n'y avait que ça. L'homme-loup n'était pas plus maladroit qu'un autre quant à ses sentiments, mais il n'y avait pour l'expression de ceux-là aucune place dans leur vie. Ça pouvait être frustrant et douloureux, à défaut d'être apaisant et rassurant, mais il ne pouvait pas aller à l'encontre des lois de la forêt aussi simplement qu'il l'avait fait avec les lois humaines. Il avait gagné du loup la possessivité, en plus de la bestialité, bien qu'il ne s'en félicite pas. Et si Camil n'était qu'un humain élevé au mauvais endroit, Cúchulainn ne pouvait faire autrement que rester avec les siens. Rester avec ses compagnons, sa famille, ses enfants, ses frères et ses pairs. Son regard vogue le long de la silhouette du plus jeune qui se relève douloureusement, une jambe maintenue en l'air. Qu'est-c'que ça peut bien t'faire ? Hein ? J'ai pas b'soin d'toi, c'est rien, j'suis vivant et j'pisse même pas l'sang. Aussi imperceptible que ce soit à travers sa barbe blonde, Cúchulainn serre les dents aussi fort qu'il le peut. Sa langue s'agite doucement dans sa bouche; c'est un tic humainement ridicule qui a pourtant l'avantage de l'aider à canaliser sa colère quelques instants de plus. Celui qui n'était qu'un gamin il n'y a pas si longtemps écrase son pied dans son estomac, le jetant à trois pas de là. Il n'y avait même plus à s'étonner d'une telle scène, la violence s'est substituée aux mots d'amour il y a longtemps. Ça n'est pourtant jamais bien innocent, ça n'est pas aussi naïf qu'une parole douce ou un geste tendre, c'est tout ce qu'ils ont trouvé pour survivre l'un à l'autre, pour ne pas s'arracher la jugulaire. Leur vie était de toute façon semblable à une valse malbranlée au bord d'une falaise bien trop haute. Imprévisible et dangereuse. Ose encore m'toucher et j'te bouffe. Cúchulainn reprit sans attendre les trois pas qu'il avait perdu, le violon de son cœur menaçant de casser une corde au moindre mot prononcé. L'autre grogne, et la respiration du plus vieux ne peut faire autrement que se saccader. Sa silhouette se courbe progressivement, lentement, effaçant de sa personne la moindre humanité qu'il avait cru trouver en sa nouvelle apparence. Maint'nant votre altesse, si vous m'permettez j'ai aut' chose à faire que d'me quereller avec vous. Il tourne le dos à la Bête, dépose les armes sans plus s'en occuper. Les pas du plus vieux s'approchent pourtant lourdement, comme une menace sur le monde. Sa tresse se balance de part et d'autre de son dos en rythme avec son avancée, des traînées de terre et de feuilles mortes de forment sur le sol de pierre, aux endroits exacts où se sont posées ses pattes. Il a l'impression d'être une vieille mélodie cassée et mal huilée, de n'être part que d'une boîte à musique trop ancienne et poussiéreuse qu'on ne cesse de remonter aux mêmes notes. Il n'y a pas de début et pas de fin, jamais de répit pour les guerriers. Son pied gauche s'envole devant l'enfant sauvage, se relevant rapidement pour le faire basculer en arrière. Un grognement trop haineux fait écho dans la caverne, se répercutant sur chacune de leurs rages et déceptions. Il se jette sauvagement sur le plus jeune, attrapant fermement ses épaules. Il ne fait pas attention aux coups trop brusques et aux griffures qui auraient pu être évitées, se stoppant quelques instants seulement, la respiration agitée, pour le fixer dans les yeux. Il ne voit plus grand chose de ce qu'il avait entraperçu les premiers jours de leurs aventures, il ne voit plus la naïveté ni l'innocence qui lui allaient si bien. Il ne voit plus la pitié qu'il avait pour ce loup trop blanc, il ne voit de l'affection qu'il lui portait qu'une lueur difforme et enflammée; pas assez pour la passion d'un homme pour son frère, et pourtant trop pour ne pas finir par tout cramer. Ses grandes mains se détachent de lui avant qu'il ne se redresse, saisissant un des avant-bras du gamin pour le traîner sur le sol durant quelques mètres. Jusqu'à atteindre ce qui pourrait être un panier à premiers soins, s'il n'était pas aussi crasseux ni aussi vital. Pour eux, il était vite devenu un panier à survie. Il y attrape rapidement un long bout de bois qu'il casse en deux, puis se saisit d'un bandage chipé quelque part à la capitale. Sans lâcher le bras de Camil, il jette son pied en arrière, aux alentours de ses côtes, accompagnant le moindre geste d'un grognement presque subtil. T'as l'air de t'croire bien fort, face aux forces de la Nature. C'est pas parce que tu saignes pas qu'il faut ignorer les blessures qu'elle t'inflige. Son pied appuie un peu plus contre la peau du blessé. Est-ce que je n't'ai jamais appris ça ? On déconne pas avec ce genre de trucs. Et s'il faut juste que tu vois du sang pour arrêter d'être un idiot, il tourne doucement sa tête vers le côté, passe du visage de Camil à sa jambe endolorie, j'peux toujours arranger ça. Un dernier coup est donné du bout de sa botte, déplaçant légèrement Camil sur le sol. Sa main abîmée se sépare du bras du plus jeune, attrapant plus de bouts de bois et de bandages que nécessaire. On n'était jamais trop prudent avec ces deux-là. Assied-toi sur la chaise et laisse-moi t'mettre ça, maintenant, ou ton altesse va t'faire la symétrie et te donner une raison de v'nir râler. Il avait le ton haineux et grave comme une tempête qui écorche les peaux et fait pleurer les yeux, les gestes bruts d'un torrent meurtrier.
C'était comme ça qu'on faisait, de là d'où ils sont.
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⊱ unspoken EmptyMar 24 Fév - 23:04



Cúchulainn et Camil
Pour trouver un nom, il nous faut un homme qui n'en a jamais eu.

Ne peuvent-ils donc pas se conduire comme des hommes civilisés ? Non, après tout ils ne sont pas des êtres humains, ils sont des bêtes sauvages qui se crient dessus pour avoir un morceau de viande avarié. Ah qu'ils sont ridicules à se grogner dessus, à sortir les dents lorsque ce n'est pas tellement nécessaire, pour un oui ou encore un non ils en viennent à se cracher à la figure le plus horrible poison jamais connu à la capitale. N'est-ce pour autant pas triste de n'avoir rien de mieux pour communiquer ? C'est brut, c'est unique en même temps et ça vaut certainement le détour pour lancer des paris. C'est ce que Camil dirait en temps normal, qu'il mettrait une bourse d'or sur la tête de son compagnon alors que celui-ci viendrait à mettre un seul schilling sur sa pauvre tête brune. Sauf que pour le moment, il n'a pas envie de rire, il n'en a plus la force et se sent profondément blessé jusqu'à un point où il lui est impossible de laisser sa rage exploser si ce n'est autrement que par les coups. Si quelque part le frapper lui fait du bien, d'un autre côté il se sent étrangement mal, traversé d'une nausée qui pourrait le mettre à terre il se sent totalement démuni face à ce flux d'informations qui lui est tombé lamentablement sur la trogne. Il n'est pas un loup, il était un homme, maudit en quelque sorte et surtout ne lui ayant pas avoué son enfance, le laissant divaguer dans ses propres rêveries il n'a en rien aidé à l'éclaircissement qu'est ce qu'il incarne. Tant une fascination bestiale qu'un respect mortel, il remet dix années à se serrer les coudes totalement en doute jusqu'à se demander s'il a bien fait de venir avec lui, de l'accompagner, s'il ne ferait pas mieux là, maintenant, tout de suite de prendre ses affaires et se carapater à une vitesse folle loin du grand méchant loup qui lui a arraché son innocence de ses mains sales et boueuses. Cúchulainn est fourbe, vicieux, pourri jusqu'à la moelle. Pourtant Cúchulainn est aussi la seule famille qu'il lui reste, une sensation toute drôle en son palpitant grossi par l'effort, une présence qui le rassure. Quoi donc exactement ? Il n'arrive pas à mettre de terme exact. Il est tant un frère qu'un ennemi, tant un père qu'un inconnu. Nom de Dieu, il ferait mieux d'être pendu pour être tant de choses à la fois, ça ne devrait pas être humain. Pestant autant intérieurement qu'extérieurement, il n'a aucunement le temps de comprendre ce qu'il lui arrive que le voilà déjà au sol à sentir tout son dos le tirailler vers le fond. Quelqu'un lui a attrapé la main en plus de lui avoir réduit en bouillis la colonne vertébrale, souhaitant se débattre au départ son loup préfère davantage l'en empêcher plutôt que de continuer à jouer à ce petit jeu qui pourrait le perdre. Il n'a pas hissé le drapeau blanc loin de là, qu'il fasse donc, ça ne fait qu'envenimer la situation bien qu'au bout d'un moment il faudra bien que le coup de griffe blesse une partie de son visage et brise ce fichu masque qu'ils se mettent sur la face pour faire semblant. Dans la ville comme dans la forêt il n'y a que les apparences qui comptent, après tout la fameuse loi de la jungle ne vient pas de n'importe où et les hommes capables de s'adapter n'ont fait que reprendre les habitudes animalières pour mieux s'entre-dévorer. Ils sont les deux en même temps, ils sont les résultats d'une création qui a mal tourné. « T'as l'air de t'croire bien fort, face aux forces de la Nature. C'est pas parce que tu saignes pas qu'il faut ignorer les blessures qu'elle t'inflige. » Qu'est-ce que c'est que cette fable maintenant ? L'heure de la morale qui fera changer diamétralement l'adolescent en pleine crise qui veut absolument monter à cheval ? Il devrait savoir que ça ne marche pas sur lui, que rien ne marche dans des circonstances pareilles et que peu importe l'enseignement qu'il lui a donné, il ne peut plus agir quand ses instincts reprennent le dessus. Le défiant uniquement du regard, il lâche un couinement plaintif lorsque son pied pousse un peu plus sur ses côtes probablement elles aussi atteintes, fêlées qui sait, il n'en a pas la moindre idée, ce qu'il sait c'est qu'il survivra et peu importe le reste ; plus rien n'a d'importance. « Est-ce que je n't'ai jamais appris ça ? On déconne pas avec ce genre de trucs. Et s'il faut juste que tu vois du sang pour arrêter d'être un idiot, j'peux toujours arranger ça. » Une jambe ça se répare, une jambe ça a rien de bien impressionnant encore moins un mollet qui fait son grand caprice. Mais, que peut-il faire dans le cas d'un coeur qui a été explosé en plein contre un mur ? Que peut-il faire des morceaux qui se ramassent juste en bas ? Du sang qui attire les vers qui ne se font pas prier plus longtemps ? Dans ce cas, qu'est-ce que Forgéteinte peut fabriquer pour que la cicatrisation se fasse ? Une confiance, un amour ça ne se bouche pas avec de la terre, il faut beaucoup plus et surtout du temps. Il n'a pas l'air de le comprendre.

« Assied-toi sur la chaise et laisse-moi t'mettre ça, maintenant, ou ton altesse va t'faire la symétrie et te donner une raison de v'nir râler. » Qu'il crève, qu'on l'assassine sur le champ ça lui fera une belle paire de manches, un joli coup de cartes tellement impressionnant qu'il se rendra compte de sa bêtise une fois le malheur tombé sur son propre destin. Fronçant d'autant plus les sourcils, un énième grognement lui échappe alors que d'un tour de jambe assez fort et de bras par extension il se défasse de son emprise de colosse complexe à défaire lorsque l'on ne connaît pas ses points sensibles. Ce doit être à cause de l'adrénaline, le remord mêlé à un soupçon de déception. Il ne se fait pas prier, n'attend clairement pas les cérémonies pour se lever avec gaucherie et vitesse, il se jette sur lui jusqu'à le faire tomber au sol et pour une fois Camil se retrouve être le meneur de la danse. Qu'est-ce qu'il va faire ? Des pas rapides ? Lents ? Des pirouettes serpentines qui feront presque tomber son partenaire ? Là, ils ne sont plus ensemble, ils dansent chacun de leur côté sans vouloir se soucier des maladresses de l'autre. Assis à califourchon sur son bassin il voudrait l'étouffer dans sa grande gueule aux crocs acérés, il voudrait lui faire regretter d'avoir sorti le bout de son nez du corps de sa mère, il voudrait des tas de choses, sa disparition immédiate en l'occurrence. Cependant et avec plus de recul, il pourrait se rendre compte qu'il est devenu vital, il pourrait voir que sans lui tout ça n'aurait plus aucun sens. Or, le souci de l'homme c'est qu'il est réputé pour son côté totalement insensé, illogique à outrance. Attrapant son menton entre ses doigts fins, il serre un peu plus la pression autour de ses joues comme si par ce biais il allait lui arracher la tête. « Foutu clébard. » Craché parce qu'il y reste attaché, haineux parce qu'il lui en veut, aimant parce que c'est cette chose dont il n'arrive à se défaire malgré lui. Murmurant plus que gueulant il le dévisage, le voit de haut comme un bourgeois pourrait se moquer ouvertement d'un enfant pauvre qui fait la manche dans une ruelle piteuse. « Qu'est-c'que tu vas faire pour moi ? HEIN ?! Pour dix ans, t'vas faire quoi m'sieur le guérisseur ? » Il voudrait en pleurer, laisser les larmes dégager enfin de ses yeux pour qu'il puisse se retrouver après coup en paix ou du moins un minimum calmé par cette bataille qui ne mène pas large. C'est vrai, ils se battent contre leurs propres démons et n'arriveront pas à s'asséner le coup fatal puisque dans toute guerre il faut une raison pour qu'elle continue, se faire saigner reviendrait à arrêter tout cela et ils ne peuvent pas, ils n'en sont pas capables alors quittes à se haïr il vaut mieux le faire sur le long terme. Tremblant de tout son être tant par excitation malsaine que par nervosité il mord avec force l'intérieur de sa joue jusqu'à ce qu'une plaie naisse tout en lui faisant regretter amèrement son geste. Injuriant contre sa propre bêtise, la seconde d'après il crache le peu de liquide vermeil qui s'est incrusté entre ses dents à côté de leurs carcasses puis reprend d'un rire désolé, affolé. « La forêt elle a rien à voir là-d'dans, c'est toi et rien qu'toi, tout ça, c'est toi, moi aussi c'est toi et regarde seulement c'que t'en fais. » Tout cassé, tout brisé, il a préféré la violence des gestes plutôt que la tendresse des mots. Petit à petit il perd pied, se débarrassant du démon qui lui refile une envie irrépressible de vomir. Il se fait la malle, il le sent se dégager de ses lèvres pour attaquer une autre victime, ah douce fatalité, quand elle n'est plus là il faut toujours malgré tout s'en méfier. « TU M'AS RIEN DIT ! J'te f'sais confiance et toi... T'as rien dit Lainn. Rien du tout. » De plus en plus bas ses muscles se détendent la pression retombe, il lâche enfin son visage pour redresser le haut de son corps dans un mouvement presque trop lent. Zieutant attentivement un point invisible sur le front de son protecteur, il arbore un sourire cynique et peiné, il ne sait plus de quel côté aller, vers quel coin la balance penche. Il se sent petit, tout petit dans ce monde trop grand pour lui, à porter des vêtements pour adultes alors qu'il sait que ça ne lui ira pas. Il veut des réponses à ce foutu point d'interrogation, il veut seulement comprendre pour qu'enfin ses nuits puissent se faire d'une traite. Il voudrait arrêter. Il voudrait qu'on apaise ses souffrances. Il aurait voulu probablement ne pas savoir, et maintenant que c'est trop tard il n'a plus d'autres choix que de s'accommoder à cette nouvelle lame rouillée qui transperce sa gorge sèche.
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FORT FORT LOINTAIN

Cúchulainn Forgéteinte
C'PAS MOI M'SIEUR SEGUIN JE JURE

Cúchulainn Forgéteinte

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : travis fimmel.
⊱ crédits : prout (ava.)
⊱ arrivé(e) le : 04/01/2015
⊱ manuscrits : 392

⊱ tes licornes : shéhérazade, marie, barthélemy
⊱ schillings : 310

⊱ ton conte : cúchulainn, le chien du forgeron.
⊱ ta race : bête parlante. un énorme loup blanc.
⊱ métier : combattant dans un des recoins du marché noir. celui sur lequel on mise généralement.
⊱ tes armes : une hache, camil, un bouclier. sa bestialité.
⊱ allégeance : il n'a jamais aimé les fées, celle-ci ne fait pas exception.

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⊱ unspoken EmptyMar 31 Mar - 0:12



Camil, Cúchulainn
Le plus triste dans une trahison, c'est que ça ne vient jamais de nos ennemis.

Tu ne dois jamais mentir, Setanta. Tu m'entends bien ? Une vérité peut faire pleurer ton pire ennemi, mais un mensonge brisera le meilleur de tes amis.
- Oui, Mère.
Une forêt de nœuds s'emmêlait dans son crâne et lui tirait de chaque côtés, les resserrant au lieu de les démêler. Combien de temps s'était-il écoulé ? Une vie, deux ? Combien en avait-il vécu ? Il avait été Setanta, un gamin. Il avait été Cúchulainn, un battant. Il avait été un renouveau, un loup.
Il était à nouveau lui, mais sans savoir lequel.
Il n'était plus un gamin, pour sûr, mais son esprit se perdait trop régulièrement entre l'homme et le loup pour qu'il puise être clair au quotidien. N'était-il pas plus animal qu'il était humain ? Une paire de pouces et une barbe suffisaient-elles à lui offrir une identité, humaine, comme on l'entend au quotidien ? Est-ce qu'il avait vraiment été, lui, ce gamin qui promettait à sa mère, ou était-ce le souvenir d'une ancienne vie qu'il n'avait jamais su oublier ? Les couleurs s'ôtaient à sa vision, les sons se décuplaient au point d'entendre sa respiration et celle de Camil s'entrechoquer. Il n'y avait rien d'autre, rien, qu'un esprit pour osciller ainsi entre les vies. Il n'était peut-être pas un homme, non, ni un loup. Il n'était peut-être qu'un voyageur, qui expérimente. Un aventurier, qui découvre. Avait-il déjà fait autre chose ? Sept ans dans une vie, dix-huit dans la seconde, une dizaine dans la troisième. Chaque jour, savoir combien durerait la présente l’obsédait, au point que ça en devienne malsain. Et s'il y avait un moyen de choisir, oublierait-il ses autres existences ? Le jumeau du gamin et les parents du combattant et le fils de l'animal ? Le fils de l'animal. Il jeta un regard à Camil, comme s'il ne le faisait pas vraiment, comme s'il n'était même plus là et que le temps s'était stoppé; il le regardait. Avec une once de nostalgie et une pincée d'amour – pincée, c'était le mot qui se rapprochait le plus de ce qu'il ressentait. Ça le pinçait en tous points et lui tordait les boyaux et il aurait pu en dégueuler des excuses et des retours en arrière. Mais c'était impossible, il avait déjà essayé trop de fois pour entrer dans les statistiques. Au mieux, il avait recraché le lièvre durement gagné de la veille.
Mais il n'avait jusque là jamais considéré ses non-dits comme des mensonges. Pourtant, il avait brisé son meilleur ami. Il entendait valdinguer les copeaux de son cœur à l'intérieur de son torse trop grand alors que lui était si petit. Il n'était qu'un gamin, et il l'avait déjà brisé. Il devait être un monstre pour ne faire preuve d'aucune pitié; ou le plus gentil des hommes, ce qui ne faisait que peu de différences à ses yeux. Il était un loup, avait-il besoin d'en dire plus ? Il ne pensait pas que la chance de marcher sur des pieds lui serait à nouveau offerte. À vrai dire, si la malédiction avait été poussée, il ne lui restait plus qu'un an et quelques à vivre, et Cúchulainn se voyait bien les vivre pleinement et en silence quant à son passé, avant de s'éteindre aux côtés de Camil. Était-ce un crime de ne pas avoir parlé ? Au tribunal de ses pensées, sa tête le désignait innocent mais son cœur le savait coupable. Et le plus dur, c'est que personne n'y pouvait rien. Camil n'avait fait que subir la bombe que lui avait lancée, et il ne connaissait personne capable de réparer de tels dégâts. Est-ce qu'il était pourtant criminel, en n'ayant pas pensé à mal ? S'il avait su qu'il causerait de telles crevasses dans la confiance que lui accordait son enfant sauvage, il aurait commencé par : Bonjour, je suis un loup, aussi un homme. À vrai dire, je suis maudit. Pourrais-je entrer, s'il te plaît ? Il aurait mieux valu ne jamais le connaître que de causer telle peine.
Mais le mal était fait et il n'avait pas de connaissances suffisantes – connaissances tout court – en magie pour inverser le cours du temps et rajouter ces quelques détails.
D'un tour de bras et un coup de jambe, Camil se dégagea de l'emprise qu'avait son aîné sur lui. Si une chose était sûre, c'est qu'il avait été élevé comme un petit loup. Teigneux, parfois irrespectueux, gueulard, mordant. Camil n'abandonnait pas. Camil ne l'abandonnait pas.
Il avait mal, mais il avait mal à ses côtés. Dans un élan presque malsain, cette pensée suffisait à le rendre heureux, un peu.
Un coup de plus et il finissait à terre, dominé par ce gamin bien dressé. Foutu clébard. À savoir s'il fallait en rire ou en pleurer; ce qui était une insulte ailleurs était mot d'amour ici. Pour Cúchulainn, on pouvait détester un parent un jour, un mois, un an ou dix, mais on ne pourrait pas le haïr indéfiniment. Camil était lancé par une rage qui passerait, un jour. L'amour qu'ils avaient construit, en revanche, resterait toujours. On n'effaçait pas dix ans de compagnie en un mensonge. Pas chez eux. Ils étaient animaux, pas dépourvus de sentiments. Tant que le sang passerait dans leurs veines, un lien les liera. Ils n'avaient pas de nom en commun pour le prouver et pas même la même couleur d'yeux, mais c'était plus que ça. C'était bien plus, tant à vrai dire qu'ils ne pouvaient le décrire. C'était éternel.
Ses joues se retrouvèrent pressées entre les mains de Camil mais il n'arrivait même plus à réagir à la légère douleur tant son esprit était embué dans un sauna de pensées. Qu'est-c'que tu vas faire pour moi ? HEIN ?! Pour dix ans, t'vas faire quoi m'sieur le guérisseur ? Ses sourcils se haussèrent d'une presque-surprise. Il n'avait rien pour lui. Il savait tout juste s'occuper de lui-même, c'était un miracle qu'il ne lui ait pas claqué entre les doigts ces dix dernières années.
Voir Camil aussi bouleversé lui retournait l'estomac bien plus que n'importe laquelle des réflexions. Il ne s'en voulait pas d'avoir tué, mutilé, torturé. Il ne s'en voulait pas d'avoir massacré, fait hurler ou pleurer. Le pire qui lui était arrivé, c'était sans doute ça. La déception dans des yeux faits des pierres les plus précieuses qu'il ait jamais vus. Avoir cassé son plus beau trésor à trop avoir joué avec. On amène pas un poupon dans la rivière. On amène pas une peluche près du bûcher. Une tâche de sang crachée à côté d'eux lui arrache une grimace, pour une seconde il a cru en être la cible, avant de reporter son attention sur la marionnette cassée. Son rire le terrifie à lui en glacer le sang, ses sourcils se froncent tristement. Au regard qui lui crie sa déception, il ne trouve rien d'autre à répondre que des excuses. TU M'AS RIEN DIT ! J'te f'sais confiance et toi... T'as rien dit Lainn. Rien du tout. Le cri résonne pour presque une éternité avant de s'éteindre, et Camil relâche la pression autour du loup. Toute l'attention lui est portée quand bien même il n'en veut pas, et la tentation est forte d'ôter son Charnel pour redevenir celui qu'il a connu. Il ne saura jamais aussi bien lui parler qu'avec sa fourrure sur le dos et roulé en boule contre lui. Mais il ne faut pas. S'il doit s'expliquer, il veut se mettre à nu. Être sincère. Pas avoir besoin de se cacher derrière une sécurité qui ne fera qu'amenuiser le poids de ses mots. Il n'y a pas besoin présentement d'être différent, mais de sortir les bons mots. Sa voix est basse bien que peu assurée, et son regard se perd dans la banalité du plafond en pierres. Qu'est-ce que j'aurais dû faire, selon toi ? Un rire sec s'échappe de sa gorge, si inattendu qu'il lui vaut de tousser. Tu ne me feras pas croire que tu serais resté aux côtés d'un maudit. Même un gamin ne serait pas assez idiot, surtout pas toi. Un regard lui est lancé, il implore son pardon en silence. Si tu savais combien de gens j'ai tué, Camil. Si tu savais.. les atrocités, les monstruosités. Il passe une main sur son visage, presque en douceur, et secoue doucement la tête. J'aurais pas du t'embarquer dans tout ça. Mais t'aurais fait quoi, si une fois en forêt, tu avais su ? Loin de tout, t'aurais pas voulu fuir, hein ? Tu crois que j'ai envie que tu te barres par peur de moi ? pause Je t'ai tout prit, Camil. Tout. Et je le sais. Mais on est tout ce que l'autre a. Je voulais pas tout t'enlever une seconde fois. Je m'en veux déjà, toujours, de t'avoir fait subir ça. T'aurais fait quoi, hein ? T'y pouvais rien, pas plus que moi. J'ai été maudit, et.. Ça coince dans sa gorge alors que les larmes perlent dans ses yeux. J'avais peur, peut-être ? Peur que t'aies peur. Que tu veuilles fuir, t'en aller plus me voir. C'est égoïste, Camil. J'suis qu'un putain d'égoïste. J'voulais pas être tout seul. Il se redresse difficilement, ravale les larmes qui menaçaient de dévaler ses joues en écartant un peu Camil. Frappe-moi, si tu veux. Je l'avoue pas souvent, mais j'ai été con. Il prend une grande bouffée d'air, une dernière fois, avant de pousser doucement Camil pour se relever, reportant son regard sur lui. En loup ou en homme, ça change rien. C'est pour ça que je t'en ai jamais parlé.

On est une famille, c'est tout c'qui compte pour moi.
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⊱ unspoken EmptyVen 15 Mai - 2:10



Cúchulainn et Camil
Pour trouver un nom, il nous faut un homme qui n'en a jamais eu.

Les trahisons, ça arrive. Faut pas en faire une fatalité paraît-il, même que pardonner est monnaie courant lorsqu'il s'agit d'un proche aimé à outrance, d'un père, d'une mère, d'un frère ou même d'un ami d'enfance. Généralement, la main devrait se tendre, non pas frapper. Pourtant, Camil, lui, ne sait pas faire les choses à moitié, il part au quart de tour, il divague, il part dans des retranchements qui lui sont étrangers, si bien qu'il se découvre parfois des côtés qu'il aurait préféré sans aucun doute oublier. Il lui est déjà arrivé de mettre ses griffes sur la gueule de son compagnon, tant par taquinerie que par entraînement. Néanmoins, ce cas présentement reste rare, même totalement inconnu pour l'enfant élevé parmi les sauvages. Il a jamais connu ça en sa compagnie, il sait même pas comment l'appeler. La douleur, celle-ci, qui s'effondre en son coeur pour tomber dans le creux de son estomac ; ça a l'amertume de la déception, la douceur et la violence de la peine qui serpentant entre ses os, ne se fait même pas sentir. Sauf cette fois-ci, sauf maintenant, parce qu'il vient d'apprendre quelque chose, plutôt qu'il savait, en revanche il gardait les yeux fermés. Jouer les aveugles, ça n'a jamais été son jeu préféré, il l'a d'ailleurs depuis toujours détesté, à quoi sert donc l'existence s'il n'y a que des mensonges ? Pourrait-il faire croire à une bonne femme crédule qu'il est prince ? Probablement, sans aucun doute, puisque malgré lui, le colosse sous ses jambes lui a fait malgré lui gober un passé qui n'existait nullement. C'est lui l'idiot, le stupide, le ridicule, le bouffon du roi qui devrait se prendre des tomates pourries jusqu'à ce qu'il s'étouffe dedans. Qu'il a été risible de croire en des chimères qui n'étaient même pas entendues, qu'il a été d'une niaiserie d'enfant pour se bercer d'images attendrissantes d'un louveteau essayant de se mesurer à ses frères aînés, jusqu'à ce qu'il se fasse arracher à sa famille par des chasseurs. Y'a jamais rien eu de tout ça, ça n'a été qu'une pure invention de la part d'un marmot qui se donnait de la logique là où il n'y en avait pas. Il le déteste, ce gamin, il le hait pour ne pas avoir été ne serait-ce qu'un peu méfiant. Ce bestiau il causait trop bien, cet animal il utilisait des termes trop bourgeois pour sa carrure massive et brutale. C'était ça, il était comme lui, il respirait comme lui, dormait comme lui, se nourrissait comme lui, et dans tout ça il n'avait pas une seule seconde douté de lui. Lui qui lui avait tout appris, lui qui avait gaspillé du temps, de l'énergie pour qu'enfin Camil daigne croquer dans de la viande crue et sanglante. Il avait tout fait. Tout. N'empêche qu'il l'avait pas sortie de son propre bourbier, qu'il avait pas assez parlé, qu'il avait alimenté un mythe qui maintenait le morveux debout quand il tremblait face à des ours enragés. Il voudrait en rire, il veut sincèrement s'en bidonner jusqu'à en vomir ses entrailles si possible. Rien ne sort, du moins pas de sincère qui vaille le coup de se faire entendre. Et Cúchulainn sait pertinemment qu'il lui est impossible de faire dans la dentelle, de préparer le terrain ; c'est ainsi qu'il l'a éduqué après tout, ou du moins changé selon ses propres plans. C'était un pauvre loup jadis, c'était une boule de poils blanche qui couinait contre ses bottes sales, c'était un rêve incompréhensible qui prenait des allures étranges maintenant. Est-ce qu'il regrette pour autant ? L'idée lui effleure l'esprit, il s'en dégage aussi vite qu'il peut ; mais ça revient tout aussi sec. Il voudrait lui cracher à la figure cette culpabilité d'avoir derrière lui des parents inquiets, certainement décédés maintenant. Puis cette haine de ne pas avoir eu le choix, de s'être accroché à cette voix venant d'un enfer sans nom. Il lui en veut, c'est indéniable. Pire encore, il s'en veut à lui tout seul.

Le voilà qui commence son beau récit le guerrier, qu'il entame des questions rhétoriques qui piquent dans son crâne embrumé. C'est vraiment pas le moment pour rendre le tas de noeuds encore plus complexe qu'il ne l'est déjà. Il arrange rien, il empire tout avec cette sale manie qu'il a de tout faire voir à travers ses grands yeux bleus. Il y voit tout dedans, un peu de lui aussi et surtout une sensation d'avoir loupé quelque chose, le coche, la colombe qui s'est écrasée contre des murs poisseux. Sa respiration se calme peu à peu dès lors que ses phrases pénètrent en son for intérieur. Il voudrait ne pas les analyser, ne pas les prendre en compte, nourrir une haine de titan pour lui décocher une flèche en plein milieu du front. Or, le souci étant avec Oeilvif, c'est qu'il s'accroche trop facilement. Un sourire peut suffire, une parole agréable, un gloussement partagé devant une bouteille pleine de rhum. Il l'a pas joué comme ça, Cúchulainn, méthodique il avait frappé en plein palpitant, là où la maladie est si peu visible qu'elle le devient seulement lorsqu'une cassure se fait. Il peut l'entendre, les bribes se frottent entre elles, prennent feu, d'un foutu feu bleu qui crépite, réclamant un peu de bois, de la chair de son aîné pour resplendir sous la voute céleste, pour tout auréoler, pour lui montrer le chemin à prendre, et celui à ne pas tenter. L'archer le regarde, sans pour autant être fixe dans les gestes de ses iris qui ne savent plus trop où aller, à gauche, à droite, sur son tas de peaux, sur son crâne tatoué ou encore sur sa barbe longue. Il voudrait se mettre la tignasse sous terre, ou au contraire lui arracher la sienne pour la suspendre à une pique. Déglutissant, il évite le plus possible de trop s'attarder sur le tintement répétitif de ses veines qui agonisent sous son sang qui bouillonne d'un tas de sentiments contradictoires. Il veut lui prouver à quel point il compte, à quel point il est ce quelqu'un qui lui manquait dans son quotidien. Il veut pas accepter ça. Jusqu'à ce qu'il prononce famille, jusqu'à ce que tout ça retombe en même temps que le silence. Il tend à peine l'oreille, les bruits de la forêt se cantonnent à l'orage qui s'écrase sur les deux frères. Elle écoute, elle s'intéresse, elle prendra leur vie un autre jour, pour le moment elle jubile de cette dispute qui lui permet de repousser ses pièges au loin. Le vent siffle, quelques branches craquent, des gouttes tombent, paupières closes, Camil baisse la tête. Il se sent vide, tiraillé entre deux fils coupants. « Tu crois vraiment que j'sais ? » Il sait pas, c'est ça le problème. Il peut pas y répondre parce qu'il est pas fait pour ça. Pour la chasse, pour suivre un cerf sur plusieurs royaumes, pour attendre impatiemment et tirer à la perfection un carreau ; là oui. C'est quoi, le but de cette manoeuvre si ce n'est de le rendre encore plus sot qu'il ne l'est déjà ? Camil qui ne sait pas lire, encore moins écrire. Camil qu'est pauvre d'esprit, pas de coeur. « Si on est une famille, pourquoi ? J'comprends pas, j'suis p'tête pas l'plus malin, mais j'comprends pas. Tu m'faisais pas confiance ? » Grimaçant à cause de sa jambe endolorie, il grogne à nouveau par pur réflexe avant de tourner la tête pour observer l'étendue des dégâts. Elle sera gonflée d'ici la prochaine matinée, peu importe, et quel gâchis. Ce n'est pas le moment de se plaindre, il en est plutôt de celui de revenir au sujet principal, qui lui fait mal, qu'il voudrait consciemment ou non totalement fuir. Retenant un rire sec à mi-chemin entre le désespoir et l'ironie, il se laisse tomber à ses côtés, lamentable, lourd, dépassé par les révélations qui forment un vase de valeurs éclaté par un maladroit. C'est ça, ils sont juste malhabiles, ils savent pas faire gentiment. Il s'attarde sur le plafond de la grotte, ses rochers qui pourraient leur tomber dessus et les écraser sans aucune explication. Il prie pour que ça arrive. Ce serait trop facile, forcément que ça reste intact, ce sera que quand il sera complètement heureux qu'une présence divine viendra lui arracher la vie. « Pauv' raclure, j'devrais t'faire bouffer ta langue à trop causer. » Oeilvif s'arrête, il voudrait ne plus faire qu'un avec le sol, retourner à la poussière. « T'as tué ? Très bien. T'as fait des erreurs ? Encore mieux, on en fait tous j'te rappelle, j'suis pas blanc comme neige moi, hein. » Son timbre reprend l'attaque, ça ressemble plus à des couteaux rouillés qu'à de fines épées fondues dans de l'acier venant de Saay. Il se redresse un peu par le biais de ses avant-bras, pousse un soupir blasé puis rajoute, toujours bougon, dents grinçantes. « Pis y'a des mots là, j'suis pas sûr de comprendre. Peur ? Peur d'quoi ? Une famille, ça s'lâche pas pour un oui, pour un non. Une famille ça accepte c'qu'est pas joli joli, ça s'fait une raison. » Tout comme lui qui est passé d'un stade à un autre, même si c'est pas encore gagné pour qu'il lui accorde des excuses bien méritées. C'est trop frais pour ça, ce serait trop idyllique de toute manière. Pour agrémenter le tout, une oeillade est accordée à son voisin affalé, un air dédaigneux s’inscrit sur ses traits. « J'sais pas qui a pu t'raconter l'contraire, mais c'faux, c'est qu'des foutaises ou alors c'est qu't'as pas été chanceux avec la tienne, de famille. D'toute façon, c'pas ma tâche de t'tirer les vers du nez, alors arrête d'faire les bons princes. C'est beaucoup d'tournures de riches pour un message qui s'perd entre. »
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