Il existe des personnes, qui n'ont qu'à claquer du doigt pour se trouver un travail. Surtout lorsqu'ils sont riches, très riches, très nobles. Alors ils leur suffit de graisser un peu la patte de certaines oies trop piailleuses et facilement flattés, et bim… Ils ont un travail.
La famille Quatrefois était un peu plus pauvre, bien évidemment. Pas trop d’argent, avec un père menuisier, un mère absente, sûrement décimé par une maladie – La Vache Qui Rit Trop ou La Grippe Atchoum -.
Et ce fut de cette façon que le père d’une fratrie de quatre marmots braillards, pris une décision : quand viendrait l’heure, il s’occuperait de leurs cas, leur ferait confiance, et les laisserait dans la nature, se chercher du travail comme des grands.
En gros voilà ce que comptait faire monsieur Quatrefois quand l'heure serait venu : Les foutre dehors.

Arsène étant l’aîné, fut éduqué de façon à être suffisamment protecteur avec ses frère. Pour éviter que Galilée assomme Jean-Paul par mégarde avec n’importe quel objet, et surtout, qu’enfin Actéon se fasse enfin des amis. Tout un travail de grand frère, mais qu’il releva haut la main, possédé par une espèce d’âme de leader né - qu'il fera grandir plus tard, bien plus tard -
Il possédait un charisme tel, que ses petits frères l’adoraient, bien qu’ils n’aient pas tant de différence d'âge que cela. Par son intelligence, il parvenait à les surprendre, à les faire sourire, et surtout, à les réprimander sans crier pour rien.

Autant dire que leur père était fier : Mais ça ne changea rien, quand vint le jour, que le petit dernier – Galilée – atteint un âge correct pour se mettre au travail, donc quatorze ans, et qu’Arsène avait dix huit ans, il les regarda, droit dans les yeux et leur dit en gros : « Bon maintenant vous vous trouvez un boulot, et vous vivez de vous-même, bonne chance, et merci »
Et ce fut ainsi que les quatre s’en allèrent, non sans râler de se retrouver dehors, alors qu’ils n’avaient rien demandé. Forcément, Galilée fondu en larmes, Jean-Paul voulu l’assommer, et Actéon restait dans son coin en ne disant rien. Et qui dû faire en sorte qu’ils ne soient pas trop insupportables le long du chemin ? Arsène bien évidemment.

Bon, finalement ils parvinrent à un but précis. Un peu flou quand même, le but précis, vu qu’ils ne savaient pas où aller de base. Mais tout devint plus net quand Galilée eut envie d’aller aux toilettes, et tombant sur un carrefour avec quatre chemins, décida de faire sa crise d'adolescence et de remise en questions inutiles.
Arsène, qui en avait plus qu’assez de se taper ses frères - pas dans le sens que vous pensez bande de pervers... -, se dit qu’il allait devoir les laisser grandir un peu. Histoire qu’ils deviennent plus fermes, comme des bons gros fromages, ou du vin. Vous savez, les abandonner, et quelques ans plus tard, ils deviendront de grands crus.
Alors, il déclara qu’ils allaient se séparer là,  et que dans quatre ans – donc quand Galilée sera suffisamment intelligent pour se retenir de brailler pour rien – ils se retrouveraient au même endroit.
Cela laissait suffisamment de temps aux frères pour trouver un boulot, et retrouver son chemin – n’oublions pas qu’ils se retrouvaient sur un carrefour un peu au fin fond du nulle part profond… -

Ce fut ainsi qu’Arsène se débarrassa de ses frères, et se retrouva, quelques kilomètres plus tard - un kilomètre à pieds, ça use, ça use ! - face à un type assez spécial. Portant une longue cape noire assorti d'une capuche cachant tout son visage. Toute son allure aurait rendu jalouse la faucheuse en personne.
Il s’avéra que c’était un homme qui pouvait lui proposer un travail plutôt intéressant. Voleur.
Forcément, Arsène le prit plutôt mal, il n’avait guère envie de se retrouver en prison ou de finir zigouillé sur la potence, parce qu’il aurait hérité d’un métier dangereux. Donc il refusa.
Mais son maître fut très persuasif, à lui dire qu’il serait suffisamment agile pour ne jamais se faire attraper, qu’il serait toujours discret pour que jamais on ne sache qu’il avait commis un crime. Qu'il lui apprendrait tout cela avec talent.
Forcément, Arsène se dit que finalement c'était pas si mal. Et puis, il en avait assez de marcher.

Ce fut ainsi que la carrière de voleur d’Arsène commença. Et durant trois années et demi il excella dans cet art, et quand enfin il comprit que l’heure était venu de retrouver le coin paumé ou il avait largué ses frères, il repartit, laissant son maître se débrouiller seul.
Et il mis trois mois pour retrouver le carrefour où il avait perdu ses frangins. Il lui restait alors trois mois a attendre. De fait, il passa les trois derniers mois à dérober avec discrétion, tout ce qu’il désirait. Et puis, a faire le tour des alentours aussi. Par la même occasion.

Puis enfin. Ses frères réapparurent en même temps - a croire qu'en quatre ans, ils ne s'étaient pas perdus de vue, au point de se coordonner -. Quand ils furent donc quatre, Arsène pu constater avec joie que ses frères avaient grandi. Galilée, âgé de dix huit ans, ne semblait plus être du genre à pleurer pour rien, et même, il semblait sûr et fier de lui. C’était extrêmement rassurant. Leur lien fraternel se ressouda alors, durant le chemin qui les conduisirent jusqu’à leur père.
Celui-ci d'ailleurs avait hérité d’une jolie touffe de cheveux blancs entre temps, et accepta d’écouter leur histoire à chacun. Ce fut bien sûr Arsène le premier, qui divulgua son identité de voleur, décevant puis fascinant son père, quand il raconta l’étendue de ses talents. Il apprit aussi que Jean-Paul était devenu tailleur, Galilée, astronome et Actéon, chasseur.

Mais le paternel ne comptait pas s'arrêter là, oh non. Il décida de les mettre à l’épreuve, et leur donna un test, sous la forme d’un nid d’oiseau, dont il fallu observer le nombre d'oeufs, les piller, puis "les tuer" et enfin les recoudre pour qu’ils restent vivant pour les remettre dans le nid sans que leur mère ne se rende compte de rien.
Tout se passa si bien, que leur père en fut ravi. Logique, il venait d’assister à un miracle sur terre. Encore plus quand, lorsque les œufs éclosent et donnèrent des poussins en pleine forme. Il les accepta dans leur maison, et les chouya comme il pu, malgré son manque d’argent.

Plus tard, le roi du royaume où il vivait, paru paniqué. Sa fille, un peu bête, Pêche venait de se faire enlever par un gros dragon énorme tellement géant, que tous les chevaliers s’étaient enfuis en voyant sa tête.
Ce fut ainsi, que les quatre frères se retrouvèrent dans une aventure, ou chacun servi à quelque chose : Galilée observa et trouva la princesse sur une île au loin, Jean-Paul cousu un magnifique navire – son aiguille avait quelques particularités magiques… - Arsène vola la princesse – enfin donner c’est donner, reprendre c’est voler, mais là, voler c’est voler, et voler un vol c’est… ? –
Actéon tua enfin le dragon, et ils purent s’enfuir. Là le roi fut si ravi qu’il leur proposa la princesse en mariage. Mais la solidarité fraternel ne se délia pas, et constatant qu’on ne pouvait pas diviser une princesse en quatre parties, le souverain leur donna a chacun un bout du royaume, en part égale.

Ce fut ainsi qu’Arsène se retrouva seigneur d’un bout de terre, et qu’il en fut ravi. D’ailleurs, d’après les statistiques, il était un très bon seigneur. Il aidait même ses frères - qui lui rendaient beaucoup de service en échange, à leur tour -. Ils étaient riches, heureux, et avaient appris un métier pour pas grand-chose. Enfin, si Arsène ne volait plus, Actéon continuait de chasser, Galilée d'observer - très utile hein ? - et Jean-Paul de faire des vêtements.

Et puis, Marraine Bonne Fée décida de régner sur Fort Fort Lointain, royaume adjacent au leur, et ce fut de cette merveilleuse façon, que tout se passa trop vite. Bien que le royaume où siégeait les quatre frères paraissait indépendant, il était trop petit, et dépendait ainsi de beaucoup de Fort Fort Lointain, niveau économique, défense, tout ça…Ce fut de cette merveilleuse façon, que certains fans de Marraine Bonne Fée, apprirent qu’un des quatre seigneurs de ce petit royaume d'à côté était…Un voleur.
Comprenez bien : comme ça, être un voleur vous parait classe, mais n’oublions pas que c’est un crime. Ce fut comme ça que pour éviter de se faire trucider, Arsène fut jeté dehors, et se retrouva sans le sou.

Fin de l’histoire.
Ou presque.
Ses frères l’aidèrent, le soutinrent, après tout, les trois avaient manqué de se faire jeter dehors, Jean-Paul, s’il n’avait pas produit de merveilleuses collections de robes faisant plaisir à beaucoup, Actéon lui s’était marié a une véritable princesse et Galilée avait découvert une chose merveilleuse qui lui avait valu de garder sa place.

Ce fut Jean-Paul qui eut l’idée de changer l’aîné en cambrioleur charismatique et gentleman mais Arsène a préféré oublier qui est l’abruti de ses frères a avoir trouver un surnom aussi stupide.
Dans tous les cas, il vit entre trois petits bouts de terre, en tentant de retrouver son travail, et vole un peu tout le monde avec une classe innée.