☾ L'enfance de Shahryar n'est pas bien passionnante. Il a toujours été habitué à ce qu'on le serve, et obsédé par le fait de posséder mille et unes richesses, et tout autant de personnes. Il lui arrivait d'enchaîner caprices sur caprices, mais le profond respect qu'il éprouvait pour son père faisait que quand c'était lui qui disait non, le gamin n'insistait jamais bien longtemps. Pour ses études, il avait des professeurs à correspondance et des notes brillantes. Ce choix a fait que les seuls amis de Shahryar ont toujours été les gosses de l'élite d'Afshin. Il n'a jamais été confronté directement à d'autres classes sociales.

☾ Shahryar a monté son entreprise aux alentours de ses 18-20 ans. À l'époque, il refusait de prendre la suite de son père, le sultan, et déclarait que « de toute façon j'ai des tapis à tresser, j'ai pas le temps ». Son père l'a soutenu et lui a fourni les fonds nécessaires pour monter sa boîte, après quoi il n'a plus eu besoin d'aucune aide et a remboursé intégralement ce qu'on lui avait donné. Il déteste devoir quelque chose à quelqu'un. Depuis quelques années, il est le plus gros fournisseur de tapis du pays, volants ou non.

☾ Quelques mois tout au plus avant la mort de son père et qu'il devienne Roi sans possibilité de refuser, on arrangea son mariage pour lui, et il ne rencontra sa femme que le jour de la cérémonie. Elle était d'une beauté sans pareille et d'une grâce à en faire pâlir un chaton. Ils sont restés mariés plus de dix ans avant qu'il ne découvre que son épouse n'allait pas que boire le thé chez les hommes de la cour. Il entra dans la colère la plus noire de sa vie. Toutes les femmes n'étaient pour lui plus que des vipères, et il décida qu'il épouserait une jeune et belle vierge chaque jours pour l'égorger le soir venu. Il en tua plus d'une vingtaine avant que sa femme ne soit Shéhérazade, la fille de son sultan.

☾ Shahryar était prêt à trancher sa gorge quand Shéhérazade commença à lui conter des histoires. Finissant chacune de ses histoires par une fin ouverte, le roi ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre la suite le lendemain. Il garda la main sur sa dague mille et une nuits, attendant toujours la fin de ses histoires. Puis il s'inclina devant sa beauté et sa ruse, et la laissa être sa femme.

☾ Il est aujourd'hui plus riche que jamais mais aussi plus borné que jamais, en affaire comme dans sa vie personnelle. Shahryar a énormément de mal à se laisser dominer par quelqu'un d'autre que Marraine la bonne fée, à qui il se soumet entièrement. Il lui envoie régulièrement des courriers pour la tenir au courant de la situation à Afshin, n'hésitant pas à préciser combien la région marche droit grâce à lui. Parfois, il lui arrive de joindre un petit chèque ou un tapis volant en fils d'or, juste au cas où ça l'aiderait à rester dans les bonnes grâces de la Dame.